« […] Le soin des âmes n’appartient pas au magistrat ; je veux parler, si l’on peut ainsi dire, de ce soin autoritaire qui s’exerce en commandant par des lois et en contraignant par des sanctions ; mais on ne peut refuser à personne ce soin charitable qui consiste, au contraire, à aider les autres en les enseignant ou en les avertissant, en les persuadant. Ainsi le soin de sa propre âme est entre les mains de chacun, et il faut le laisser à chacun. Mais, direz-vous, si quelqu’un néglige le soin de son âme ? Je répondrai : et s’il néglige sa santé ? et s’il néglige ses affaires domestiques, qui dépendent cependant plus directement du pouvoir du magistrat ? Faudra-t-il que le magistrat prenne garde, par un édit (1) dûment publié, qu’il ne devienne ni pauvre, ni malade ? Autant que faire se peut, les lois s’efforcent de protéger les biens et la santé des sujets contre la violence étrangère ou la fraude, mais non contre l’incurie (2) ou contre la dissipation de ceux qui en jouissent. Nul ne peut être forcé contre sa volonté à se bien porter ou à s’enrichir. »
Locke, Lettre sur la tolérance (1689)
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