« O homme ! Reconnais donc la bienfaisance de la nature ; car elle t’a donne? cette intelligence qui pourvoit a? toutes tes ne?cessite?s. Mais que la paresse, se faisant passer pour de la gratitude, ne te persuade pas de te contenter de ses pre?sents ! Voudrais-tu revenir en arrie?re, a? l’herbe crue pour nourriture, au ciel pour couverture, aux pierres et aux ba?tons pour toute de?fense contre les animaux voraces du de?sert ? Alors, retourne aussi a? tes mœurs sauvages, a? tes superstitions craintives, a? ta bestiale ignorance, et sombre plus bas que ces animaux dont tu admires la condition et que tu voudrais si ardemment imiter ! La nature, ta tendre me?re, t’ayant donne? l’art et l’intelligence, a rempli toute la terre de mate?riaux sur lesquels employer ces talents. Pre?te l’oreille a? sa voix qui te dit si clairement que tu dois e?tre aussi toi-me?me l’objet de ton industrie (1), que c’est par ton art et ton application seuls que tu peux acque?rir ce pouvoir qui t’e?le?vera a? ta juste place dans l’univers. Vois l’artisan qui d’une pierre grossie?re et sans forme tire un noble me?tal et qui, fac?onnant ce me?tal de ses mains habiles, cre?e comme par magie toutes les armes ne?cessaires a? sa de?fense, tous les instruments utiles a? sa commodite?. Il ne de?tient pas cette habilete? de la nature ; c’est l’usage et l’exercice qui la lui ont enseigne?e ; et si tu veux e?galer son succe?s, il te faut suivre ses pas laborieux (2). »
Hume, Essais moraux, politiques et litte?raires (XVIe)
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