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Les individus ne sont pas toujours prêts à limiter leurs actions présentes au nom de bienfaits futurs très hypothétiques. L’éthique de la responsabilité de Jonas, pour être politiquement possible, peut nécessiter une dictature écologique, s’appuyant sur la science et visant les intérêts profonds de l’humanité.
Dans les Principes mathématiques de la philosophie naturelle, Newton offre ses définitions du temps et de l espace, distinguant temps et espace absolu et temps et espaces relatifs. Cette distinction permet de définir le cadre spatio-temporel de la physique classique, cadre remis en cause au XXe siècle avec la découverte de la relativité restreinte.
La théorie de la relativité établie par Einstein au début du XXe siècle affirme qu il n existe aucun système de référence universel par rapport auquel on puisse mesurer un mouvement et que le temps est relatif à la position des observateurs. Alors que la physique classique pense le temps comme un invariant, la science actuelle l envisage comme un devenir ouvert et irréversible.
À observer le cours général de l histoire, il semble parfois difficile d y trouver un ordre, une logique et davantage encore un sens, tant les guerres sont nombreuses et les catastrophes fréquentes. Pour autant, ces désastres, tant physiques que moraux, sont-ils incompatibles avec toute forme de progrès ?
Il est faux de dire que certaines civilisations sont moins avancées que d autres.
Timée, en un long discours exposé à la demande de Socrate, cherche à expliciter comment « le devenir, c’est-à-dire notre univers », a été constitué et « pour quelle raison » (Timée, 29e). Dès lors, comment ne pas chercher, ne serait-ce que sur un mode mythique, à qualifier la nature du temps ?
Le temps n’est pas le mouvement, puisque le mouvement peut être lent ou rapide, alors que le temps ne peut, semble-t-il, sans se contredire, comporter lui-même de vitesse. Mais le temps a quelque chose du mouvement, puisque l’existence même du temps ne va pas sans celle du mouvement. C’est cette primauté du mouvement sur le temps qu’Aristote discute au quatrième livre de la Physique.
Dans quelle mesure le temps est-il le « milieu » dans lequel les événements se produisent ? Se référant à différents événements de la guerre entre Grecs et Troyens, chantée par Homère dans L’Iliade, Lucrèce soutient qu’il faut prendre garde à ne pas donner au temps une existence propre.
Les commentateurs d’Aristote, à partir du livre IV de la Physique, avaient élaboré une compréhension cosmologique du temps comme « nombre du mouvement ». Une telle conception du temps suffit-elle à épuiser son essence ? Dialoguant de façon critique avec cette tradition, Augustin propose une définition alternative du temps.
Dans les Discours sur la première décade de Tite-Live, Machiavel s’étonne que les exemples du passé soient « plutôt admirés qu’imités » : alors que l’Antiquité fait l’objet d’un éloge presque unanime, peu nombreux sont ceux qui cherchent à en tirer profit pour un présent qu’ils méprisent souvent.
Les Pensées de Pascal proposent une analyse du « divertissement ». Il ne faut pas entendre là un amusement occasionnel, mais la tendance constante des hommes à se détourner de la réalité présente. Cette nécessité de diversion ne nous conduit elle pas à errer dans des temps « qui ne sont point nôtres » ?
Dans le Post-scriptum définitif et non philosophique aux Miettes philosophiques, Kierkegaard critique une manière « abstraite » d’interroger l’existence, qui en dépouillerait notamment le caractère temporel. Il soulève ainsi le paradoxe d’une pensée qui ne s’interroge pas sur ses propres conditions temporelles d’existence.
Le premier chapitre de "L’Évolution créatrice" analyse « l’évolution de la vie », en discutant les concepts de mécanisme et de finalité. Dans ce cadre, Bergson soutient que « quant à la vie psychologique, telle qu’elle se déroule sous les symboles qui la recouvrent, on s’aperçoit sans peine que le temps en est l’étoffe même ».
L’analyse peut découvrir des différences logiques importantes là où un seul fait est apparent. C’est ainsi que Russell, en distinguant deux sortes de souvenir, précise les rapports qu’il y a entre la mémoire des expériences passées et la question de l’identité personnelle dans le temps.
Au début de La Pensée et le Mouvant, Bergson procède à une brève récapitulation de son itinéraire philosophique. Il rappelle la distinction entre la durée – temps de la conscience – et le temps spatial qu’étudie la science. Leur différence n’est-elle pas celle qui sépare un temps mouvant et un temps immobile ?
Merleau-Ponty considère que la métaphore qui rapproche le temps d’une rivière est « en réalité très confuse », car elle fait comme si le temps existait indépendamment d’un sujet qui le considère. Or, si cette métaphore garde un sens, c’est sans doute en raison de la continuité immanente au temps. Cette continuité pourrait-elle exister sans le sujet qui se projette et se remémore ?
Michel de Certeau, spécialiste de l’histoire de la mystique à l’époque moderne, s’interroge, dans « L’Opération historique », sur ce que fait l’historien. Pratiquer les sciences historiques, c’est nécessairement entretenir un certain rapport à la mort, mais c’est aussi ouvrir une brèche dans le présent, par la représentation de ce qui ne s’y réduit pas.