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Fontenelle propose de voir la nature comme une sorte de théâtre de machines produisant des effets parfois étonnants à partir de rouages cachés à nos regards.
La théorie de l évolution, qui articule la modification aléatoire et la sélection naturelle, permet d expliquer les phénomènes biologiques sans recourir à l idée de finalité. Grâce à elle, Darwin relativise et explique aussi par des causes efficientes deux faits : la beauté naturelle et l apparente perfection des êtres vivants.
Comment articuler les phénomènes culturels et naturels ? L anthropologue et philosophe Claude Lévi-Strauss s intéresse à la manière dont la culture prend le relais de la sélection naturelle pour constituer un niveau spécifique de détermination.
Le devoir est toujours un devoir de l homme envers lui-même. La philosophie pratique de Kant pose que seules les personnes, c est-à-dire les sujets doués de raison, sont dignes de respect, car elles sont les seules à être des fins en soi. La nature se présente alors comme un objet de connaissance et comme un ensemble de moyens dont les hommes peuvent disposer à leur guise.
La plupart des modèles moraux traditionnels de l Occident sont anthropocentrés et se concentrent sur les devoirs des humains envers les autres humains. Hans Jonas propose un déplacement profond de l éthique en l étendant à un ensemble plus vaste, celui des êtres vivants partageant la nature.
L’objet de la Physique est la nature (physis, en grec). Aristote cherche à déterminer des principes qui vaudraient pour tous les êtres naturels et qui distingueraient ces derniers des êtres artificiels. Mais n’y a- t-il pas une porosité entre ce qui est naturel et ce qui est artificiel ?
Après avoir loué Épicure, pour son effort de dissipation des ténèbres de l’ignorance et de la superstition, Lucrèce affirme que seule une explication des phénomènes naturels permet de dissiper les vaines croyances. Cette approche de la nature suppose de récuser l’idée de création ex nihilo et de considérer l’existence de relations déterminées entre les causes et leurs produits.
Pour Marc Aurèle, la nature est ce qui nous entoure et ce à quoi il s’agit de se conformer. Elle est aussi comprise comme une providence, qui fait tout au mieux pour l’ensemble des créatures. Comment expliquer alors qu’elle soit également un flux, dans lequel toutes choses s’altèrent et disparaissent ?
À l’intersection de la tradition platonicienne et d’un récit biblique revisité, l'auteur Pic de la Mirandole, avec son livre 'De la dignité de l’homme', publie ce qui constitue un manifeste de la pensée humaniste de la Renaissance. La nature humaine ne saurait être réduite à une norme préétablie : n’est-elle pas une ébauche, dont l’achèvement nous revient ?
« La présomption est notre maladie naturelle et originelle », diagnostique Montaigne dans l’« Apologie de Raymond Sebond », réflexion consacrée en grande partie à la différence entre l’homme et les autres animaux. N’est-ce pas un amour de soi peut-être excessif qui incite l’homme à se considérer comme une exception au sein de l’ordre naturel et à s’en écarter ?
Les sceptiques supposent les secrets de la nature impénétrables, les dogmatiques pensent y lire à livre ouvert. Récusant ces attitudes, Bacon promeut l’invention d’un nouvel instrument théorique, un Novum Organum, censé accroître notre empire sur la nature sans prétendre la commander. L’homme n’étend ses actions et ses connaissances qu’à mesure de ses observations ; il ne sait ni ne peut rien de plus.
Nous croyons avoir une idée claire de ce qu’est un animal. Mais savons- nous définir ce que nous croyons savoir ? Définir, c’est délimiter ; c’est regrouper dans un même genre des individus différents et, ainsi, les distinguer de ceux qui appartiennent à un autre genre. La diversité profuse du monde animal autorise- t-elle une telle délimitation ?
Rousseau a consacré plusieurs moments de sa vie à l’étude de la botanique, pour laquelle il a posé les jalons d’un dictionnaire scientifique. Cette étude, dans son œuvre, est néanmoins irréductible à la seule quête de connaissance. Elle pose la question du sens de l’existence, sur le mode d’une déambulation libre et heureuse.
Le soixante- cinquième paragraphe de la Critique de la faculté de juger est intitulé : « Les choses en tant que fins naturelles sont des êtres organisés ». Kant y soutient que la nature s’organise « d’elle- même, et cela dans chaque espèce de ses produits organisés, selon un même exemplaire dans l’ensemble, mais cependant aussi avec des écarts convenables et exigés selon les circonstances pour l’auto-conservation de l’espèce ».
L’esprit humain récolte, sur la nature, des connaissances prolifiques en observant ses différentes manifestations. La connaissance humaine doit-elle pour autant se limiter, dans son rapport à la nature, à ces savoirs particuliers, ou développer un savoir unifié, compréhensif, de l’être de la nature ?
On peut, selon Schopenhauer, considérer l’homme de deux points de vue : ou bien comme sujet qui se représente le monde par son entendement et le contemple pour le connaître ; ou bien comme organisme traversé par des pulsions et des forces qu’il nomme « volonté ». Face à une nature hostile, ces deux dimensions n’entrent-elles pas en conflit ? Que produit ce conflit ?
« Supposer que l’œil, avec tous ses dispositifs inimitables », reconnaît Darwin dans L’Origine des espèces, « pourrait avoir été formé par sélection naturelle, semble, je l’avoue sans mal, absurde ». Les apparences, toutefois, sont trompeuses : n’est-ce pas une compréhension trop humaine de la nature qui nous empêche de reconnaître que les organes les plus complexes se forment graduellement ?
La parenté, la filiation ou les relations matrimoniales se situent à l’intersection – délicate à saisir – de la nature et de la société. Lévi-Strauss montre comment la prohibition de l’inceste bouscule les propriétés habituellement attribuées à la nature, d’une part, et à la règle, d’autre part.
« La nature humaine est telle que, si nous atteignons une maturité assez englobante, il nous est impossible de ne pas nous identifier avec tous les êtres vivants », soutient Naess dans La Réalisation de soi. Cette disposition espérée de notre nature ne recèlerait-elle pas la possibilité de modes de vie préférables aux nôtres ?