Toutes les références de notre base de données.
Une telle croyance rationnelle serait cependant inutile pour le salut. Par ailleurs, comment se forcer à croire ? Il faut faire comme on fait les autres croyants, se mettre à genoux et prier : c’est ainsi qu’on pourra « s’abêtir » et se rapporter à Dieu autrement qu’avec notre raison.
La religion naturelle consiste à trouver le sens singulier et personnel de la croyance en se fondant sur les facultés naturelles que sont le coeur et la raison. Pour Rousseau, les religions instituées sont autant de manières de nous éloigner d une expérience de la foi authentique. L homme est capable de saisir le divin en lui-même.
Pour Averroès, l homme, créé par Dieu, est un être doué de raison : il serait donc illogique que la religion nous demande de renoncer à notre faculté de penser. Dans cette perspective, la foi et la raison ne sauraient s opposer. Il n y a aucune concurrence entre la raison et la foi
Bergson montre que la religion détermine toujours une perspective morale, mais aussi que religion et morale peuvent avoir deux sources radicalement différentes. La première source réside dans la nécessité de ressouder les sociétés humaines fragilisées par les consciences individuelles. La seconde source réside dans une impulsion émotionnelle et originelle, qui se laisse inspirer par des figures exemplaires et qui oeuvre pour l humanité tout entière.
Shaftesbury nous met en garde contre l idée que tout homme pieux et religieux serait nécessairement irréprochable moralement. Selon lui, il faut distinguer soigneusement la morale et la religion.
Pour Lévinas, il n est pas certain que l intolérance religieuse soit un phénomène appartenant au passé. En effet, toute religion n est-elle pas par essence persuadée de détenir la vérité à l exclusion de tout autre ? N y a-t-il pas là le germe de l intolérance, de l exclusion, voire de la violence ?
Euthyphron prétend connaître « ce qu’il en est du divin ». Interrogé par Socrate, le devin définit le pieux comme « ce que tous les dieux aiment » (9d). Mais faire des sentiments des dieux la norme de ce qui est pieux, n’est-ce pas promouvoir une conception arbitraire des principes religieux et de la morale ?
Proposant d’abord une interprétation rationaliste et physique des noms de dieux, Cicéron, dans "De la nature des dieux", cherche ensuite à mettre en évidence l’absurdité des mythes et les excès de la superstition. Le véritable culte des dieux ne se caractérise-t-il pas par sa sobriété extérieure ?
Le Discours décisif d’Averroès est une fatwâ, c’est-à- dire un avis juridique, qui soutient que l’interprétation du texte réputé sacré peut être une obligation pour qui en a la capacité rationnelle. Il s’agit donc de déterminer quelles sont les propositions du texte révélé dont l’interprétation est légalement obligatoire pour le philosophe.
Pour Thomas d’Aquin, la religion n’est pas une vertu « théologale » comme le sont l’espérance, la foi ou la charité. Celles-ci sont ordonnées à un objet qui dépasse la connaissance humaine. La religion, au contraire, est une vertu morale, en lien avec la justice et la vie sociale. C’est dans ce contexte que se pose la question de la possibilité d’un excès de religion.
Les croyants, soutient Pascal dans les Pensées, ne peuvent « rendre raison de leur créance », mais « cela n’excuse pas ceux qui la reçoivent », dont on ne saurait exiger a priori qu’ils renoncent à toute raison. C’est donc dans la perspective d’une réception de la croyance qu’il convient d’examiner l’existence de Dieu.
« Je n’examinerai donc les diverses religions du monde, que par rapport au bien que l’on en tire dans l’état civil », précise Montesquieu au début du chapitre de "De l’esprit des lois" consacré aux religions. C’est dans ce contexte politique, et non théologique, qu’il critique le jugement de Bayle sur les défauts respectifs de l’idolâtrie et de l’athéisme.
Pour l’intelligence, la foi ne peut prendre, selon Kierkegaard, que la figure du paradoxe. Si la croyance est motivée par une passion existentielle, l’intelligence demeure à jamais impuissante à la fonder. Dieu ne serait-il pas le lieu d’une différence infinie, différence pressentie mais à jamais inexplicable ?
L’annonce retentissante du meurtre de Dieu est une provocation pour le croyant. Toutefois, ne s’agit-il pas autant, sous la plume de Nietzsche, de la mise en question d’un athéisme convenu, qui ne mesurerait pas à sa juste valeur le bouleversement qu’implique la fin proclamée d’une croyance collective majeure ?
En 1876, Clifford, dans « l’Éthique de la croyance », avait soutenu que « si je m’abandonne à croire quoi que ce soit sur la base d’éléments de preuve insuffisants », alors « il est inévitable que je cause, en m’abandonnant à croire de cette façon, un grand tort à l’Homme, celui de m’être rendu crédule ». Vingt ans plus tard, dans « la Volonté de croire », James cherche à répondre à Clifford. La liberté de croire ne peut s’appliquer qu’à des options vivantes entre lesquelles l’intelligence de l’individu concerné ne peut trancher par elle?même ; et une option vivante ne paraît jamais absurde à celui qui l’envisage.
À partir de l’exemple du totémisme australien, Durkheim réfute l’idée que les premières conceptions religieuses trouvent leur origine dans « un sentiment de faiblesse et de dépendance, de crainte et d’angoisse ». Si la religion est irréductible à une illusion provoquée par l’angoisse devant l’inconnu, d’où lui vient donc sa force ? Par cela seul qu’elles ont pour fonction apparente de resserrer les liens qui attachent le fidèle à son dieu, du même coup elles resserrent réellement les liens qui unissent l’individu à la société dont il est membre, puisque le dieu n’est que l’expression figurée de la société.
« Les messages de notre fonds culturel qui pourraient avoir la plus grande signification pour nous » sont « ceux précisément dont l’accréditation est la plus faible de toutes », remarque Freud dans "L’Avenir d’une illusion". Et Freud s’interroge : comment expliquer le crédit des doctrines religieuses ?
Les convictions religieuses s’énoncent dans des discours. Mais quel est le sens des concepts, des propositions et des arguments qui y sont employés ? Wittgenstein, toujours sensible à la possibilité qu’une proposition soit dépourvue de sens, analyse le mode de signification des discours religieux afin de mettre au jour leur singularité.