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Pour suivre la nature, je dois suivre ma nature d homme. Marc Aurèle se livre à un exercice spirituel reposant sur un dialogue intérieur. Il développe le thème de l appropriation (oikeiosis), pensée selon laquelle chaque être de la nature doit vivre selon sa nature propre afin d être en accord avec l ordre nécessaire du monde. Le devoir d un être doué de raison comme l homme, c est d agir au sein de la société, et non de rester couché !
Le visage d autrui exprime mon devoir. Le visage est à la fois vulnérable (car il est fait de chair) et inaltérable (car un être qui m échappe, autrui, s y donne à voir). Sa rencontre, d emblée éthique, me bouleverse en défiant paradoxalement mon pouvoir de tuer. Il exprime en moi, à travers son dénuement sensible, l infinie résistance qui énonce mon devoir.
L homme social doit tout à la société. Mon existence n est pas solitaire, mais sociale, et de ce fait morale. Je ne dois donc pas seulement prendre conscience des vices engendrés par certains de mes rapports sociaux, je dois aussi avoir une attitude éthique envers le corps social dans son ensemble, et reconnaître la dette que j ai envers la société.
La conscience morale n est rien d autre que la voix de la société. Le devoir se fait entendre en nous comme une voix mystérieuse, souvent attribuée à des divinités imaginaires, mais qui est en fait celle d un être supérieur réel : la société. La sociologie pourrait ainsi détenir la clé de notre existence morale.
La raison énonce la loi morale sous trois formulations. Dire que le devoir existe, c est dire que le sujet est obligé dès qu il se représente la loi morale, grâce à la raison, sous une de ses trois formes : 1. Un acte moral doit pouvoir être universalisable, l universalité étant la forme même de la loi. 2. Un être raisonnable, une personne, doit toujours traiter une personne comme une fin et non seulement comme un moyen. 3. La volonté autonome d un être raisonnable est d être uni avec tout autre être raisonnable sous une loi universelle.
Le devoir est absolument invariable. Pour Constant, ne pas mentir n’est qu’un impératif hypothétique (relatif aux conditions et aux conséquences) et un devoir est toujours l’envers d’un droit. Pour Kant, l’impératif d’un devoir est au contraire catégorique (indépendant des conditions et des conséquences) et le devoir ne répond pas au droit d’autrui mais d’abord à la dignité morale de l’humanité. Peu importe quand l’on ment, ou à qui l’on ment, mentir ne peut jamais être moral.
Je m’engage envers l’autre lorsque je le contrains moralement. Que faire lorsque l’autre se détourne de sa liberté, veut se nuire ou se tuer ? Loin d’appliquer une règle universelle, je choisirai d’être présent auprès de lui. Le soin que je prends d’un malade, d’un faible ou d’un désespéré ne m’ouvre pas des droits sur lui, mais des devoirs.
Le devoir de mémoire rend justice à l’autre. Notre devoir moral peut aussi s’étendre aux hommes du passé. Il prend alors la forme d’un devoir de mémoire animé d’un esprit de justice envers les victimes, devoir qui doit rester altruiste, lucide et désintéressé, et ne pas être confondu avec le travail des historiens.
Pour Aristote, dans l’Éthique à Nicomaque, la question morale n’est pas, ou pas seulement, que dois-je faire ? , mais qui suis- je, qui fais ce que je fais ? . Dès lors, la morale s’entend comme un équilibre entre des excès et des défauts, équilibre qui relève autant de la règle en elle- même que du caractère de la personne. Comment caractériser cet équilibre ?
Parmi toutes les actions qui constituent les pratiques humaines, une discrimination fine doit être opérée. Certes, le bien, dans la tradition stoïcienne, se résume à l’action vertueuse, c’est-à- dire harmonieuse. Mais cette caractérisation du bien nous dispense- t-elle de faire la part entre des actions qui sont préférables, que Cicéron nomme offices , et des actions non préférables, dont il faut se prémunir ?
Dans la troisième antinomie de la Critique de la raison pure, Kant tente d’éviter la contradiction entre la nécessité absolue et la liberté. Il soutient qu’il est possible de considérer tout acte selon deux points de vue : celui de la causalité déterministe, par laquelle on remonte la chaîne des causes qui ont produit l’acte, et celui de la causalité par liberté. L’acte peut alors être imputé à un agent autonome, qui se détermine lui-même par rapport à ce que lui dicte sa raison.
D’après Kant, la loi morale est un fait de la raison qui prescrit formellement ce que nous devons faire. Objectivement, elle se présente donc comme un principe contraignant nos inclinations. Est-ce à dire que subjectivement, agir par devoir ne procure qu’un sentiment de peine et de soumission ?
On accomplit son devoir, selon Kant, lorsqu’on agit avec l’intention de respecter la loi morale, formulée sous la forme d’un impératif catégorique : Agis uniquement d’après une maxime telle que tu puisses vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle . Dans le chapitre iii de la Critique de la raison pratique, Kant prend soin de distinguer cette action accomplie par devoir d’un fanatisme moral, qui menace la vie éthique.
Bentham, dès les années 1770, se montre soucieux de refondre les principes du droit et de développer sa codification. Dans l’Introduction aux principes de morale et de législation, il discute le principe d’utilité, défini comme le principe qui approuve ou désapprouve toute action, quelle qu’elle soit, selon la tendance qu’elle semble avoir à augmenter ou à diminuer le bonheur de la partie dont l’intérêt est en jeu .
L’évaluation morale d’une action porte aussi bien sur ses conséquences objectives que sur les intentions subjectives qui la gouvernent. C’est dire que l’exercice ne va pas de soi. Et il se complique encore si l’on considère la possibilité de conséquences involontaires. Dans quelle mesure sommes-nous moralement responsables des suites imprévues, et parfois imprévisibles, de nos actions ?
Dans L’Utilitarisme, Mill répond aux objections adressées à une philosophie morale fondée sur la maximisation de l’utilité au plus grand nombre. Entre autres critiques, on objecte à l’utilitarisme son incapacité à fonder des principes moraux, tel le devoir de véracité qui semble prescrire certaines actions contre l’utilité, qu’elle soit personnelle ou collective.
Dans L’Intention, Elizabeth Anscombe critique la conception ordinaire de l’intention comme état mental interne antérieur à l’action et cause de l’action. Son argumentation réactualise la distinction aristotélicienne entre raisonnement théorique et raisonnement pratique. C’est dans ce contexte qu’elle analyse la différence entre le jugement et la volonté, le vrai et le bien.
Dans Le Savant et le Politique, Weber propose de distinguer l’attitude du savant de l’attitude de l’homme politique, engagé dans l’action et nécessairement confronté à son caractère contingent. C’est dans ce cadre qu’il envisage une éthique de la responsabilité qui serait le propre de l’homme politique, attentif aux circonstances et aux conséquences de son action.
Par suite de certains développements de notre pouvoir […] l’agir humain s’est transformé , affirme Jonas dans Le Principe responsabilité. Dans la mesure où l’éthique a affaire à l’agir, n’est- il pas nécessaire de reconnaître de nouvelles obligations éthiques envers l’humanité et la nature ?