Le film retrace la vie du physicien J. Robert Oppenheimer, surnommé le 'père de la bombe atomique' pour son rôle central dans le projet Manhattan durant la Seconde Guerre mondiale. Ce projet visait à développer la première arme nucléaire, aboutissant aux bombardements d'Hiroshima et Nagasaki en 1945. Le film met en lumière les dilemmes éthiques et moraux auxquels Oppenheimer et les scientifiques ont été confrontés face à cette nouvelle technologie destructrice d'une puissance inégalée.
Et si la plus grande réussite technique de l'homme devait en être sa pire création ? C'est le questionnement tragique auquel fut confronté le physicien J. Robert Oppenheimer, père de la bombe atomique, dont l'histoire est retracée dans le film de Christopher Nolan. Passant de l'euphorie d'une révolution scientifique à l'horreur des conséquences dévastatrices de son invention, Oppenheimer incarne les dilemmes moraux posés par la technique moderne à l'humanité. Son parcours illustre avec force la nécessité d'une réflexion profonde sur les implications de nos innovations technologiques et sur la responsabilité qui incombe aux scientifiques et ingénieurs de nos sociétés contemporaines
La technique est-elle un moyen d'émancipation et de maîtrise de notre environnement, ou représente-t-elle un risque de déshumanisation et de perte de contrôle sur notre propre création ?
Si la technique peut être un formidable outil d'émancipation et d'amélioration de la condition humaine, elle n'est pas exempte de risques et de dérives. Il est donc essentiel de l'aborder avec prudence et discernement, en tenant compte des implications morales, sociales et environnementales qu'elle entraîne. Le philosophe Hans Jonas appelle dans son livre 'Le Principe Responsabilité' à un nouveau type d'éthique adapté à l'ère technologique moderne, où les capacités d'intervention de l'homme sur la nature et sur la vie elle-même se sont considérablement accrues. Il souligne que les avancées scientifiques et techniques, bien qu'ayant des potentiels bénéfiques ou se disant neutres, comportent aussi des risques importants et des conséquences imprévisibles à long terme pour l'humanité et la planète.
Selon Jonas, la responsabilité des scientifiques et des ingénieurs ne doit plus se limiter au seul développement de la connaissance et des technologies, mais doit prendre en compte leurs implications éthiques et leurs impacts sur le monde présent et futur. Il prône ainsi un 'principe responsabilité' exigeant de considérer les effets lointains de nos actions techniques sur l'environnement et les générations futures. Le cas de la bombe atomique illustre les enjeux soulevés par Jonas. Cette innovation technologique a ouvert la voie à un risque existentiel pour l'humanité, mais aussi à des interrogations sur la responsabilité morale des scientifiques vis-à-vis de leurs créations.
Le Prométhée définitivement déchaîné auquel la science confère des forces jamais encore connues et l'économie son impulsion effrénée, réclame une éthique qui [..] empêche le pouvoir de l'homme de devenir une malédiction pour lui.
Hans Jonas
Hans Jonas
«Le Prométhée définitivement déchaîné auquel la science confère des forces jamais encore connues et l'économie son impulsion effrénée, réclame une éthique qui, par des entraves librement consenties, empêche le pouvoir de l'homme de devenir une malédiction pour lui. La thèse liminaire de ce livre est que la promesse de la technique moderne s'est inversée en menace, ou bien que celle-ci s'est indissolublement alliée à celle-là. Elle va au-delà du constat d'une menace physique. La soumission de la nature destinée au bonheur humain a entraîné par la démesure de son succès, qui s'étend maintenant également à la nature de l'homme lui-même, le plus grand défi pour l'être humain que son faire ait jamais entraîné. Tout en lui est inédit, sans comparaison possible avec ce qui précède, tant du point de vue de la modalité que du point de vue de l'ordre de grandeur : ce que l'homme peut faire aujourd'hui et ce que par la suite il sera contraint de continuer à faire, dans l'exercice irrésistible de ce pouvoir, n'a pas son équivalent dans l'expérience passée.
Toute sagesse héritée, relative au comportement juste, était taillée en vue de cette expérience. Nulle éthique traditionnelle ne nous instruit donc sur les normes du « bien » et du « mal » auxquelles doivent être soumises les modalités entièrement nouvelles du pouvoir et de ses créations possibles. La terre nouvelle de la pratique collective, dans laquelle nous sommes entrés avec la technologie de pointe, est encore une terre vierge de la théorie éthique. Dans ce vide (qui est en même temps le vide de l'actuel relativisme des valeurs) s'établit la recherche présentée ici. Qu'est-ce qui peut servir de boussole? L'anticipation de la menace elle-même! C'est seulement dans les premières lueurs de son orage qui nous vient du futur, dans l'aurore de son ampleur planétaire et dans la profondeur de ses enjeux humains, que peuvent être découverts les principes éthiques, desquels se laissent déduire les nouvelles obligations correspondant au pouvoir nouveau. Cela je l'appelle « heuristique de la peur ».
Seule la prévision de la déformation de l'homme nous fournit le concept de l'homme qui permet de nous en prémunir. Nous savons seulement ce qui est en jeu, dès lors que nous savons que c'est en jeu. Mais comme l'enjeu ne concerne pas seulement le sort de l'homme, mais également l'image de l'homme, non seulement la survie physique, mais aussi l'intégrité de son essence, l'éthique qui doit garder l'un et l'autre doit être non seulement une éthique de la sagacité, mais aussi une éthique du respect.»