Références philosophiques

🎉
700+ références

Toutes les références de notre base de données.

Trier par
Platon

L’art est l’imitation d’une imitation

art
Kant

L’artiste est défini par son génie, c’est-à-dire par une disposition innée et naturelle par laquelle il peut inventer de nouvelles règles

art
Freud

L’activité créatrice de l’artiste est un moyen pour lui de sublimer ses pulsions

art
Hegel

L’essence de l’art ne tient pas dans une reproduction du réel, puisque rien ne servirait d’avoir une reproduction si nous avons déjà l’original. Elle tient plutôt dans une objectivation de notre vie intérieure dans l’élément de l’apparence sensible, qui nous permet de prendre conscience de nous-même.

art
Nietzsche

Le génie n’est qu’un long travail incorporé ; nous croyons au génie inné parce que cette croyance nous est utile, mais cela ne signifie pas qu’elle soit vraie

art
Calliclès

La vie heureuse est la vie déréglée

Platon

Un homme ayant une vie déréglée ressemblerait au tonneau percé des danaïdes : il tenterait sans cesse de se remplir, en vain. En fait, pour être heureux il importe plutôt de travailler sur soi pour réussir à se satisfaire de ce qu’on a.

Épicure

La recherche du bonheur implique la recherche de la sagesse : c’est le bon usage de notre raison qui nous rend heureux

Rousseau

« Malheur à celui qui n’a rien à désirer ! » Le désir est important en lui-même, c’est lui qui donne du sens et de la valeur à nos vies.

Pascal

Nous cherchons par tous les moyens des divertissements, pour ne pas penser à notre condition misérable

Heidegger

Notre finitude n’est pas quelque chose qui rend l’existence absurde. Au contraire, c’est le fait de se projeter vers notre mort qui nous permet d’avoir un rapport authentique à notre existence et qui lui donne son sens. C’est cette distinction entre l’authenticité et l’inauthenticité qui est décisive, non celle entre la foi et l’incroyance.

Descartes

Mon existence en tant que conscience est la seule vérité absolue

Nietzsche

Le « je pense » n’est aucunement une substance. Descartes a été pris au piège de la grammaire, qui lui a fait conclure que le « je » avait une consistance propre, absolument séparée du corps.

Kant

C’est la conscience de soi qui fait de l’homme autre chose qu’une simple chose : une personne

Bentham

Ce n’est pas la conscience de soi qui détermine la valeur morale d’un être, mais sa capacité à sentir – en particulier à ressentir du plaisir ou de la peine. Les animaux ne sont certes pas des personnes, mais cela ne les empêche pas d’être un objet de respect.

Sartre

Être conscient, c’est être libre

Marx

La liberté et la conscience ne sont pas de simples phénomènes subjectifs. Les contenus de la conscience sont déterminés par les conditions matérielles dans lesquelles vit l’individu ; la liberté, elle-même, n’est pas qu’un fait psychologique individuel, mais est l’objet d’une lutte collective d’essence politique.

Kant

Le devoir moral est essentiellement supérieur à tous les autres devoirs : c’est le seul qui soit absolu

Hegel

La morale n’est pas déterminée par sa simple forme logique (son universalité). Au contraire, la morale consiste bien plutôt à faire vivre les règles particulières de la communauté historique à laquelle on appartient, enracinées dans la coutume et la tradition.

Arendt

Le mal vient d’abord de l’incapacité de certains à penser leurs propres actions

Milgram

On peut étudier de façon expérimentale la soumission à l’autorité. Plus de 60 % des individus peuvent infliger des chocs électriques mortels à un homme sous la pression d’une autorité reconnue comme légitime. (Expérience de Milgram)

Mill

Un seul principe doit régler la morale individuelle et l’action politique : il faut maximiser le plaisir du plus grand nombre d’individus

Kant

La morale ne peut pas reposer sur le plaisir, sinon elle n’aurait plus rien d’absolu. Une action peut produire plus de plaisir que de douleur, et en même temps être absolument immorale, si elle porte atteinte à la dignité humaine.

Hobbes

Nous obéissons à l’État parce que c’est la condition de notre survie

Rousseau

Aucun contrat ne saurait me demander de sacrifier ma liberté individuelle. si l’obéissance à l’État est légitime, c’est dans la mesure où celle-ci n’est pas incompatible avec le fait d’être libre. l’État légitime est donc celui qui gouverne d’après des lois qui expriment la volonté générale, une volonté purement rationnelle qui est en chacun.

Marx

L’État est une superstructure qui protège les intérêts de la bourgeoisie

Simone Weil

Marx pense que c’est par l’obéissance au parti qu’on arrivera à faire progresser l’humanité. Mais le parti, comme toute structure de pouvoir, a pour effet premier d’écraser l’individu qu’il domine, et donc de maintenir le problème qu’il promettait de résoudre. Il faut être plus radical, et refuser tout pouvoir, même celui du parti : il faut être anarchiste.

Tocqueville

L’État n’est jamais aussi dangereux que lorsqu’il prétend nous rendre heureux

Mill

La seule raison légitime pour laquelle l’État peut user de la force contre un citoyen, c’est pour l’empêcher de nuire à autrui. A chaque fois que l’État contraint un individu pour son propre bien, il outrepasse ses prérogatives.

Nietzsche

La conscience n’est qu’un phénomène superficiel

Nietzsche

L’art n’est pas qu’une création de la raison et de l’intelligence humaine. Il implique toujours une dimension de folie, de laisser-aller, de débauche : une perte de contrôle qui permet précisément aux puissances du corps d’émerger dans ce qu’elles ont de créatif et de chaotique.

Freud

L’inconscient est constitué de représentations refoulées

Erickson

Les « symptômes névrotiques » devraient plutôt être considérés comme des apprentissages devenus inutiles. L’inconscient est d’abord un système de construction d’automatismes. C’est sur ses ressources infinies qu’il faut se reposer pour changer nos comportements, non sur le processus intellectuel de compréhension, qui laisse encore trop de place à la pensée consciente.

Bourdieu

Nos façons de penser et d’agir sont profondément structurées par notre milieu social

Bourdieu

Nous ne sommes pas condamnés à avoir un rapport purement passif à notre habitus. La connaissance sociologique a pour effet de dévoiler la réalité des rapports sociaux ; elle permet de mieux saisir ce que la société a fait de nous, et éventuellement d’imaginer d’autres possibles.

Sophocle

La justice positive est inférieure à la justice divine

Kant

Rien ne nous force à supposer que la loi morale est fondée sur l’existence des dieux. Elle est bien plutôt un effet de notre nature d’êtres doués de raison.

Hobbes

La justice n’est rien d’autre que la fidélité à nos contrats

Rawls

Le contrat social ne doit pas être vu comme un pur acte de nécessité, mais déjà comme un acte éthique, qui engage certaines valeurs. A l’intérieur même de notre engagement pour vivre ensemble se pose déjà la question de savoir comment répartir les différents biens sociaux, indépendamment de nos caractéristiques particulières. De ce point de vue, l’idéal de justice n’est aucunement postérieur au contrat social, mais le constitue.

Thoreau

La désobéissance à l’institution judiciaire est légitime quand elle est publique et assumée

Marx

La désobéissance civile reste une contestation partielle et locale, qui préserve les structures fondamentales du pouvoir. C’est pourtant ces structures-là qu’il s’agit de transformer en profondeur : l’action politique efficace ne peut être que révolutionnaire.

Descartes

Le langage est le signe de la pensée

Hegel

Le langage conditionne la pensée

Klemperer

Si le langage conditionne la pensée, c’est d’abord dans la mesure où le langage implique certains usages, certaines formules légitimées par leur circulation sociale. Si une façon de parler s’impose, c’est une certaine façon de penser qui s’impose avec elle. Klemperer étudie en particulier le cas de la langue du IIIe Reich.

Bergson

Les mots sont des étiquettes grossières qui nous masquent la réalité

Mallarmé

Il faut distinguer deux usages du langage : le premier est utilitaire, le mot rend possible notre coexistence avec les autres. Le second est essentiel, et c’est cet usage qu’on retrouve dans la poésie : le mot est une idéalisation de son objet, par laquelle peut surgir la beauté purifiée de toutes les caractéristiques concrètes indésirables.

Calliclès

Pour vivre libre et heureux, il faut vivre de façon déréglée

Kant

Se soumettre à son désir, c’est se soumettre à quelque chose d’extérieur à ma volonté (mon désir est pathologique, je le subis passivement comme constituant mon identité) : j’agis donc de façon hétéronome. La véritable liberté est autonomie : je dois me soumettre non à mon désir, mais à ma raison.

Descartes

La liberté consiste à pouvoir agir de façon contingente

Nietzsche

Le libre arbitre est un « tour de passe-passe théologique », qui exprime le besoin qu’ont les faibles à punir et à juger.

Spinoza

Le libre arbitre est une illusion, la liberté est la connaissance des causes qui nous déterminent

Kant

Le débat concernant l’existence du libre arbitre est en lui-même insoluble. Une « solution » est cependant possible si l’on distingue le plan du phénomène et le plan du noumène : nous ne pouvons connaître que des phénomènes, et donc la liberté elle-même (en tant qu’objet d’intuition intellectuelle) ne saurait être l’objet de la raison théorique. Son existence peut cependant être justifiée d’un point de vue pratique.

De Beauvoir

Il n’existe pas de « nature féminine »

Descartes

L’homme doit devenir comme maître et possesseur de la nature

Jonas

La technique moderne constitue un danger majeur pour l’existence humaine

Sève

Bernard Sève refuse l’idée de Jonas selon laquelle la seule façon de pousser l’humanité à la responsabilité, ce serait « l’heuristique de la peur ». La peur paralyse, et est politiquement dangereuse dans la mesure où elle pousse les peureux à se soumettre au premier Guide venu.

Aristote

La logique repose sur quelques principes fondamentaux

Nietzsche

Il faut prendre garde à ne pas confondre les exigences subjectives de notre raison et la réalité des choses. Ce n’est pas parce que nous avons besoin du principe de non-contradiction pour penser que le réel lui-même n’est pas contradictoire. La pensée logique ne reflète pas la forme du réel : elle lui impose celle-ci.

Descartes

Il vaut mieux ne jamais chercher la vérité que de le faire sans méthode

Descartes

Cette recherche d’une méthode absolument sûre et rationnelle est une nécessité quand il s’agit de chercher des vérités théoriques, mais elle n’est pas acceptable si l’on veut chercher des vérités en morale – parce qu’il faut bien vivre. Le temps de trouver celles-ci, il faut donc se contenter d’une « morale par provision » qui consiste à respecter les mœurs de son temps.

Kant

Il faut avoir le courage de se servir de son propre entendement

Habermas

On peut décrire l’ensemble des conditions qui permettent aux hommes d’échanger pacifiquement leurs opinions : ces principes éthiques constituent « l’éthique de la discussion », qui fonde la possibilité d’une action politique commune des hommes.

Averroès

La foi et la raison sont nécessairement compatibles

Averroès

Non seulement la foi et la raison sont compatibles, mais si l’exercice de la raison nous permet de mieux comprendre Dieu, il faut le considérer comme obligatoire pour un croyant... A condition que celui-ci soit effectivement capable de raisonner par lui-même sans s’y perdre !

Pascal

Nous avons toutes les raisons de parier sur l’existence de Dieu

Pascal

Une telle croyance rationnelle serait cependant inutile pour le salut. Par ailleurs, comment se forcer à croire ? Il faut faire comme on fait les autres croyants, se mettre à genoux et prier : c’est ainsi qu’on pourra « s’abêtir » et se rapporter à Dieu autrement qu’avec notre raison.

Freud

La religion est une névrose collective

Marx

La religion ne doit pas être comprise comme un phénomène psychique individuel, mais comme enracinée dans la réalité sociale. La religion est une création de la souffrance du peuple, qui justifie celle-ci par la promesse du bonheur dans une vie future : elle est « l’opium du peuple ».

Hume

Les théories générales ne peuvent jamais être légitimées par les faits eux-mêmes

Popper

Certes, mais un seul contre-exemple peut réfuter une théorie de façon définitive. C’est ainsi que procèdent les sciences : elles font tout leur possible pour falsifier les théories. Par suite, une théorie qui n’est aucunement falsifiable ne saurait être considérée comme scientifique.

Kuhn

L’histoire des sciences n’est pas cumulative, mais est marquée par des ruptures révolutionnaires

Popper

Le schéma de Kuhn implique qu’un cadre scientifique n’est jamais définitif, et qu’il pourra toujours être renversé par un nouveau paradigme plus puissant. Mais alors, on ne peut jamais être assuré du fait que nos théories sont vraies. Popper propose de remplacer l’idée de vérité scientifique par celle de vérisimilitude : une théorie vérisimilaire résiste robustement à la contradiction, et elle tient sa force des tentatives ratées de falsification.

Descartes

Le progrès des sciences est utile au bonheur humain

Rousseau

En favorisant un raffinement artificiel et superficiel, le progrès scientifique éloigne les hommes de la vertu. Ses divertissements détournent les hommes de leur véritable bien et font ainsi le jeu des tyrans. Le savoir ne saurait être une valeur en soi ; il faut lui privilégier une ignorance et une simplicité vertueuses.

Protagoras

En compensant la débilité naturelle de nos corps, la technique nous permet de survivre

Bergson

D’un point de vue évolutionniste, l’homme se définit d’abord non comme un homo sapiens (intelligent), mais plus spécifiquement comme un homo faber (fabriquant). L’intelligence humaine est d’abord une capacité à fabriquer des outils et à en varier indéfiniment la fabrication.

Heidegger

L’essence de la technique n’est rien de technique

Kant

Le déploiement de la technique moderne n’est donc pas sans poser des problèmes moraux. Kant rappelle en effet que l’impératif moral fondamental, c’est de toujours considérer l’être humain en même temps comme une fin, et jamais seulement comme un moyen. Le respect de la personne humaine doit limiter le pouvoir de l’État sur le citoyen ou du patron sur le travailleur, dans leur usage des techniques de contrôle et de surveillance.

Nietzsche

Le corps est cet ensemble de puissances ; il dépasse de très loin les puissances superficielles de la conscience. En particulier, le geste de l’artiste touche à l’inconscience – mais il faut voir que cette inconscience apparemment sans efforts est le résultat d’un travail et d’une attention constants.

Ricoeur

C’est précisément parce qu’il a une subjectivité que l’historien peut connaître le passé

Marx

On ne saurait s’appuyer prioritairement sur les sentiments et les valeurs individuels pour expliquer l’histoire. Les éléments subjectifs ne sont eux-mêmes que les reflets des rapports économiques qui déterminent l’existence des individus.

Pascal

L’homme ne peut pas être heureux, parce qu’il ne sait pas vivre dans le présent

Pascal

La seule façon pour les hommes de connaître le bonheur véritable, c’est précisément de sortir de notre expérience commune du temps. C’est en s’unissant à Dieu par la foi que le bonheur nous devient accessible, sous la forme d’une félicité éternelle.

Jonas

Nous sommes responsables de l’avenir de l’humanité

Jonas

Les individus ne sont pas toujours prêts à limiter leurs actions présentes au nom de bienfaits futurs très hypothétiques. L’éthique de la responsabilité de Jonas, pour être politiquement possible, peut nécessiter une dictature écologique, s’appuyant sur la science et visant les intérêts profonds de l’humanité.

Arendt

Pour les Grecs de l’Antiquité, le travail était une nécessité honteuse

Arendt

Au contraire, l’époque moderne survalorise le travail et déprécie la contemplation et l’action politique. Cela rend plus difficile la construction d’un « monde commun ».

Hegel

C’est dans l’expérience du travail que nous pouvons nous approprier nos puissances de penser et d’agir

Marx

Le travail industriel moderne aliène le travailleur

Nietzsche

Le travail moderne abrutit le travailleur en le privant de sa liberté et de son individualité. Il l’empêche ainsi de nuire aux autres, et en ce sens constitue la meilleure des polices. C’est parce que le travail a cette fonction de contrôle social qu’il est autant encensé par nos sociétés.

Platon

Nous sommes spontanément plongés dans une ignorance radicale qui nous empêche même de reconnaître la vérité quand nous la voyons

Platon

Il n’y a rien de plus confortable que l’ignorance. La sortie de l’ignorance s’exerce donc toujours comme une violence ; par ses questions et son exigence constante de vérité, Socrate dérangeait les Athéniens, qui ont fini par le condamner à mort pour trouble à l’ordre social.

Kant

Le mensonge n’est jamais acceptable, parce qu’il n’est pas universalisable sans contradiction

Constant

Si un brigand vient frapper à ma porte parce qu’il cherche un homme que j’ai caché chez moi quelques minutes auparavant, suis-je vraiment tenu de dire la vérité ? Pour Kant, je ne peux jamais justifier moralement mon action par ses conséquences, parce que celles-ci sont toujours incertaines.

Heidegger

L’œuvre d’art nous donne le monde dans sa vérité

Arendt

L'œuvre est une création qui perdure. Les œuvres d'art sont les seules choses qui paraissent échapper au pouvoir « destructeur » de la société de consommation. Elles permettent à l'homme de créer un monde culturel capable de perdurer.

art
Goodman

Un objet devient une oeuvre quand il fonctionne comme symbole. L art contemporain est parfois déconcertant. Pour mieux se repérer dans le monde de l art et appréhender ce qui le caractérise, Goodman suggère de remplacer la question qu est-ce que l art ? par celle-ci, désormais peut-être plus pertinente : quand y a-t-il art ? .

art
Benjamin

Les œuvres d'art avaient autrefois un caractère unique et comportaient une dimension religieuse ou magique. Désormais, avec la possibilité technique de les reproduire, de les échanger et de les diffuser (par la photographie ou l'enregistrement sonore par exemple), les œuvres tendent à perdre leur dimension sacrée, leur « aura ».

art
Hume

Pour Hume, même si le goût est subjectif, tous les jugements de goût ne se valent pas.

art
Kant

La beauté ne se réduit pas à la satisfaction liée aux sens, toujours particulière et subjective ; dire c est beau , c est aspirer à partager avec les autres le plaisir ressenti devant une oeuvre. C est le jugement esthétique qui permet de dépasser le cadre de la sensation et d accéder à une dimension universelle.

art
Kant

Le génie se caractérise par l acte de création. Kant s efforce de mettre au jour, par un certain nombre de critères, ce qui fait le mystère du génie artistique.

art
Nietzsche

Pour Nietzsche, les oeuvres de génie ne sont pas le résultat d un phénomène mystérieux ou surnaturel.

art
Alain

Alain cherche à établir ce qui distingue l artisan de l artiste. Alors que le premier se définit par son habileté à appliquer des règles déjà existantes, le deuxième se révèle dans et par son activité créatrice. Ainsi c est l oeuvre qui commande au génie.

art
Hegel

Quel rapport l art entretient-il avec la morale ? Si Hegel admet que l art n est pas étranger à toute forme de morale, dans la mesure où il contribue à adoucir les moeurs, il met toutefois en garde contre ceux qui voudraient instrumentaliser l art pour le mettre au service d un but qui n est pas le sien.

art
Bergson

Loin de produire des apparences trompeuses qui masquent la réalité, l artiste est celui qui parvient à faire voir ce que nous n aurions peut-être jamais vu sans lui.

art
Nietzsche

Selon Nietzsche, l artiste a tendance à méconnaître sa véritable nature et à se mésestimer car il éprouve un sentiment d infériorité, notamment par rapport aux hommes d action qui se définissent par leur rôle efficace et utile dans la société. Par un renversement radical, Nietzsche tente ici de montrer l infinie supériorité des artistes dans le rôle qu ils peuvent avoir au sein même de la société.

art
Maldiney

Il n existe pas de discontinuité entre la peinture abstraite et la peinture figurative. Dans les deux cas, le peintre cherche à accéder aux sources de l expérience du monde.

art
Jankélévitch

L art peut naître quand les mots ne sont pas suffisants pour exprimer ce que l on voudrait dire. Cela ne signifie pas pour autant que l art laisserait muet et couperait court à toute forme de parole, bien au contraire.

art
Épicure

Une vie dirigée par la recherche du plaisir est-elle nécessairement une vie déréglée ? Non, répond l épicurisme, mais à condition de distinguer les différentes sortes de désirs.

Bentham

L utilitarisme, dont Bentham fut le fondateur, est une doctrine qui définit l action bonne comme celle dont les conséquences maximisent le bien-être collectif. La morale n y est plus dissociable de la politique. Dans ce texte, Bentham définit le principe d utilité .

Mill

Le bonheur est-il la même chose que la satisfaction des désirs ? N existe-t-il pas un état de bonheur supérieur qui suppose au contraire une certaine forme d insatisfaction ? Mieux vaut être Socrate insatisfait qu un imbécile satisfait.

Scheler

L accroissement du bonheur par la maximisation des plaisirs, promis par les utilitaristes, est une entreprise vouée à l échec, selon Max Scheler ; elle relève en effet d une conception superficielle du bonheur (réduite à sa mesure sensorielle), qui ignore les couches les plus profondes de la personne, où se joue pourtant la véritable béatitude.

Malebranche

Nous n aimons pas tant notre être que notre bien-être. Nous ne pouvons pas ne pas vouloir être heureux. Selon Malebranche, ce désir de bonheur est logé si profondément en nous que nous y sommes plus attachés encore qu à notre propre existence.

Platon

Dans Le Banquet, Platon prête au comique Aristophane un mythe expliquant que la quête inlassable d amour chez les hommes vient d une séparation originelle : l amour serait alors la guérison de la nature humaine.

Aristote

Le bonheur est indissociable d une perspective d accomplissement ou de réalisation de soi. Mais encore faut-il se demander ce qu est l homme et quelle est sa tâche en cette vie. L homme peut passer à côté du bonheur s il renonce à accomplir la tâche pour laquelle il est fait, par excellence, à savoir de mener une vie conforme à la raison.

Kant

Ne pas chercher à être heureux mais à se rendre digne du bonheur : Le devoir moral est désintéressé, et donne donc à l homme une fin qui ne peut être confondue avec la recherche du bonheur. Plutôt que de vouloir le bonheur à tout prix, l homme qui honore en lui la loi morale doit seulement chercher à en être digne.

Pascal

La condition humaine est misérable et rien ne peut nous en consoler. Aussi le seul bonheur de l homme se trouve-t-il dans le divertissement, qui nous empêche au moins d y penser.

Rousseau

Malheur à qui n a plus rien à désirer ! Le désir est illusoire parce qu il nous fait imaginer une réalité conforme à nos passions. Soit ! dit Julie à Saint-Preux dans cet extrait du roman La Nouvelle Héloïse ; dans ce cas c est dans le plaisir de désirer plus encore que dans le plaisir de posséder que se trouve le bonheur de l homme.

Schopenhauer

Le bonheur est d essence négative. Le bonheur n est jamais senti positivement, en lui-même, mais toujours relativement à un désir ou une souffrance qui l a précédé, et qu il apaise temporairement.

Châtelet

Pour être heureux, il faut être susceptible d illusion. Et si l un des secrets du bonheur résidait dans un certain plaisir pris à l illusion ?

Rosset

Pour Clément Rosset, disciple de Nietzsche, plutôt que de chercher à tout prix le bonheur en fuyant le malheur, l homme doit rechercher la joie, qui est une approbation de l existence toute entière.

Descartes

Descartes s appuie sur l expérience du doute radical (la supposition que tout ce au sujet de quoi nous pouvons imaginer le moindre doute est faux), pour établir l existence de sa propre pensée consciente. Le fait même de douter de tout établit cette existence : Je ne peux douter de mon existence comme être pensant.

Hume

Nous n avons aucune impression du moi. Critiquant implicitement Descartes, Hume montre que la conscience intime du moi est une fausse évidence. Quelque effort que nous fassions pour rentrer en nous-mêmes, nous ne trouvons jamais que des perceptions particulières à chaque fois différentes, nous ne rencontrons jamais le moi .

Nietzsche

Dire Je Pense est une affirmation téméraire ! Loin d être une certitude immédiate, l énoncé qui dit Je Pense est lourd de présuppositions injustifiées.

Husserl

La conscience me révèle un monde. Husserl s attache à décrire le phénomène de la conscience tel que nous le vivons dans l attitude naturelle : la conscience nous rend présent un monde d êtres et d objets dont l horizon déborde du contenu de notre perception immédiate.

Sartre

La conscience n a pas de dedans . Se faisant ici le disciple de Husserl, Jean-Paul Sartre caractérise la conscience par son intentionnalité , le fait d être toujours dirigée vers un objet.

James

William James introduit sa conception du courant de conscience . La pensée n est pas une suite discontinue d états mentaux mais un flux continu dont l écoulement est rythmé par des haltes et des envolées.

Bergson

La conscience est mémoire en ceci qu elle incorpore dans son présent et retient en elle-même toute la durée de l expérience passée.

Nagel

Dans le cours d un argument destiné à montrer que l expérience consciente a un caractère subjectif qui ne peut pas être ramené aux propriétés objectives du cerveau ou du comportement, Thomas Nagel explique que nous ne pouvons pas nous représenter la conscience d une chauve-souris, l effet que cela fait intérieurement de percevoir le monde comme cet animal le fait.

Kant

La conscience nous élève au-dessus des bêtes. C est par sa capacité à se concevoir lui-même comme sujet de sa pensée que l homme acquiert sa dignité d homme, et devient ce que nulle bête ne peut être : une personne .

Pascal

L homme, roseau pensant : Pascal met en évidence le paradoxe de l existence humaine, entre grandeur et misère. L homme n est rien au regard de l univers des choses non-pensantes qui le déborde de toute part, et pourtant, en s élevant par la pensée à la conscience de lui-même et de sa propre misère , il se révèle porteur d une grandeur et d une dignité que rien dans la nature non-pensante ne peut égaler.

Locke

Ayant défini la conscience comme le sentiment intérieur que nous avons de nos propres pensées et de nos propres actions, Locke montre que la personne , le sujet de la responsabilité morale et juridique, se définit essentiellement par la conscience. On ne peut imputer une faute à une personne que si celle-ci est capable, grâce à la conscience, de reconnaître les actes passés comme siens : ainsi la conscience nous rend responsables.

Rousseau

La conscience est notre guide moral. Rousseau donne la parole au vicaire savoyard , un ancien curé de campagne. L homme est, selon lui, doué d un instinct moral, la conscience.

Nagarjuna

N?g?rjuna recommande d exercer son esprit à adhérer à des thèses qui l amèneront aux vertus de bienveillance, d amitié, de tempérance et de tolérance.

Marc-Aurèle

Pour suivre la nature, je dois suivre ma nature d homme. Marc Aurèle se livre à un exercice spirituel reposant sur un dialogue intérieur. Il développe le thème de l appropriation (oikeiosis), pensée selon laquelle chaque être de la nature doit vivre selon sa nature propre afin d être en accord avec l ordre nécessaire du monde. Le devoir d un être doué de raison comme l homme, c est d agir au sein de la société, et non de rester couché !

Lévinas

Le visage d autrui exprime mon devoir. Le visage est à la fois vulnérable (car il est fait de chair) et inaltérable (car un être qui m échappe, autrui, s y donne à voir). Sa rencontre, d emblée éthique, me bouleverse en défiant paradoxalement mon pouvoir de tuer. Il exprime en moi, à travers son dénuement sensible, l infinie résistance qui énonce mon devoir.

Rousseau

L homme social doit tout à la société. Mon existence n est pas solitaire, mais sociale, et de ce fait morale. Je ne dois donc pas seulement prendre conscience des vices engendrés par certains de mes rapports sociaux, je dois aussi avoir une attitude éthique envers le corps social dans son ensemble, et reconnaître la dette que j ai envers la société.

Durkheim

La conscience morale n est rien d autre que la voix de la société. Le devoir se fait entendre en nous comme une voix mystérieuse, souvent attribuée à des divinités imaginaires, mais qui est en fait celle d un être supérieur réel : la société. La sociologie pourrait ainsi détenir la clé de notre existence morale.

Rousseau

La moralité s enracine dans le sentiment naturel de pitié. L homme est naturellement affecté par la souffrance de ses semblables. C est sur ce fonds sentimental, bien plus que sur la rationalité, que peut s établir le devoir moral de l individu, condition de la survie de l espèce.

Kant

La raison énonce la loi morale sous trois formulations. Dire que le devoir existe, c est dire que le sujet est obligé dès qu il se représente la loi morale, grâce à la raison, sous une de ses trois formes : 1. Un acte moral doit pouvoir être universalisable, l universalité étant la forme même de la loi. 2. Un être raisonnable, une personne, doit toujours traiter une personne comme une fin et non seulement comme un moyen. 3. La volonté autonome d un être raisonnable est d être uni avec tout autre être raisonnable sous une loi universelle.

Smith

Chez l homme en société, certaines vertus servent l égoïsme, d autres l altruisme, et s y ajoute la capacité de se projeter à la place d autrui. Pour harmoniser cet ensemble, un homme doit écouter le spectateur impartial qui est en lui.

Poincaré

Poincaré soutient la thèse déjà énoncée par Hume en 1740, dans le Traité de la nature humaine : les moralistes ont tort de vouloir conclure de l être au devoir-être. Ainsi toute théorie du devoir est vouée à l échec.

Durkheim

Le devoir n’est qu’une des deux faces de notre rapport à la société. Respect du devoir et amour du bien restent deux types distincts, mais complémentaires, de relation au réel social.

Cicéron

Le devoir change selon les circonstances. Il faut apprécier les circonstances et les conséquences d’une action pour savoir où est notre devoir. En effet, une conception trop formaliste du devoir ne peut conduire qu’à des tragédies.

Kant

Le devoir est absolument invariable. Pour Constant, ne pas mentir n’est qu’un impératif hypothétique (relatif aux conditions et aux conséquences) et un devoir est toujours l’envers d’un droit. Pour Kant, l’impératif d’un devoir est au contraire catégorique (indépendant des conditions et des conséquences) et le devoir ne répond pas au droit d’autrui mais d’abord à la dignité morale de l’humanité. Peu importe quand l’on ment, ou à qui l’on ment, mentir ne peut jamais être moral.

Habermas

L’impératif catégorique ne peut rester formel et absolu. Il faut corriger l’approche kantienne de l’impératif catégorique pour pouvoir faire face aux conflits de normes. On pourra maintenir ainsi une morale du devoir et assurer la validité de son application aux situations réelles.

de Beauvoir

Je m’engage envers l’autre lorsque je le contrains moralement. Que faire lorsque l’autre se détourne de sa liberté, veut se nuire ou se tuer ? Loin d’appliquer une règle universelle, je choisirai d’être présent auprès de lui. Le soin que je prends d’un malade, d’un faible ou d’un désespéré ne m’ouvre pas des droits sur lui, mais des devoirs.

Jonas

Nos nouveaux pouvoirs appellent de nouveaux devoirs. Le développement des techniques et leur impact sur l’homme et l’environnement nous amènent à nous doter de nouveaux principes moraux, et à prendre nos responsabilités pour les générations futures.

Ricoeur

Le devoir de mémoire rend justice à l’autre. Notre devoir moral peut aussi s’étendre aux hommes du passé. Il prend alors la forme d’un devoir de mémoire animé d’un esprit de justice envers les victimes, devoir qui doit rester altruiste, lucide et désintéressé, et ne pas être confondu avec le travail des historiens.

Aristote

L homme est par nature un animal politique. La cité – polis en grec – est naturelle à l homme selon Aristote, dans le sens où elle seule permet l accomplissement de sa nature propre. En effet, c est au sein de la cité que les hommes dialoguent ensemble afin d élaborer une communauté politique juste.

Hobbes

L État assure la sécurité. Hobbes analyse les raisons pour lesquelles les hommes en viennent à s associer afin de créer l État.

Rousseau

Selon Rousseau, il n est pas pensable de renoncer à sa liberté en se soumettant à l État. Il faut donc concevoir nn pacte social pour se protéger et être libre.

Weber

L État détient le monopole de la violence légitime. Weber définit l État contemporain comme un rapport de domination de l homme sur l homme par le monopole de la violence légitime.

Spinoza

L État oeuvre pour la liberté. Pour Spinoza, l État ne peut avoir d autre fin, c est-à-dire d autre but, que la liberté. C est là le sens même de son institution.

Montesquieu

La séparation des pouvoirs, pour un État libre. Comment s assurer que l État aura bien pour fin la liberté ? La théorie de la séparation des pouvoirs, ou plus précisément de leur distribution, doit apporter les garanties nécessaires pour les citoyens.

Tocqueville

Le doux despotisme tient les individus en servitude. Tocqueville, parti en Amérique afin d observer le fonctionnement d une démocratie naissante, nous met en garde contre les risques de doux despotisme pouvant menacer tout régime démocratique.

Arendt

L État totalitaire destructeur de toutes libertés. Hannah Arendt distingue l État totalitaire – qui absorbe la totalité de la société civile – des autres formes politiques antérieures.

Platon

La politique doit reposer sur la connaissance du Bien et de la Justice. C est en ce sens qu elle constitue l objet d une véritable science. En toute logique, les véritables savants, que Platon nomme les philosophes-rois, seront les mieux placés pour gouverner : Le philosophe-roi doit gouverner

Machiavel

La politique c est l art de gouverner. L enjeu pour l homme politique dans l exercice du pouvoir est l action. Ainsi le Prince doit-il, de manière pragmatique, savoir composer avec la fortune (Fortuna), c est-à-dire les circonstances extérieures particulières.

Rancière

La démocratie est fondée sur le tirage au sort. Confier le pouvoir et l État à des experts et refuser par principe le tirage au sort, qui était essentiel à Athènes, n est-ce pas fondamentalement congédier la dimension populaire de la démocratie ? N est-ce pas une manière de se débarrasser du dèmos ?

Machiavel

S affranchir des devoirs de la morale. Pour Machiavel, le réalisme politique suppose de s affranchir des devoirs de la morale. Agir moralement est une chose, gagner et conserver le pouvoir politique en est une autre.

Weber

L éthique de conviction et l éthique de responsabilité. Weber distingue deux éthiques, l éthique de la conviction et l éthique de responsabilité. Selon lui, l éthique propre au politique est celle de la responsabilité.

Mill

Ne pas intervenir dans la vie privée des individus. Mill affirme dans ce texte l entière souveraineté de l individu sur lui-même. L État n a pas à intervenir dans la vie privée des gens, sauf en cas d actions pouvant nuire à autrui. Il ne doit pas chercher à nous rendre meilleurs.

Leibniz

Il est impossible d avoir une claire conscience de toutes les perceptions que nous avons en permanence. Les petites perceptions sont donc inconscientes, et pourtant elles produisent des effets en nous.

Freud

Selon Freud, le psychisme – c est-à-dire l ensemble de notre intériorité – ne coïncide pas avec la conscience. Nous vivons dans l illusion d une complète transparence à nous-mêmes, alors que nous sommes traversés de représentations et de pulsions inconscientes.

Droit & Sperber

Les sciences cognitives – qui étudient le fonctionnement et les compétences du cerveau – font l hypothèse d un inconscient cognitif : nous n avons pas – ou très peu – conscience de tous les apprentissages complexes que notre cerveau élabore et active en permanence. Le sujet n a qu une vision partielle de lui-même.

Durkheim

La vie psychique ne se réduit pas à la conscience. Le sujet n a pas toujours conscience des raisons pour lesquelles il ressent certains affects ou pense certaines idées. Une partie de son activité psychique est inconsciente et pourtant agit sur lui.

Freud

L hypothèse de l inconscient est nécessaire. L inconscient est une hypothèse nécessaire qui s inscrit dans une démarche résolument scientifique.

Sartre

L hypothèse de l inconscient est contradictoire. Sartre conteste absolument l hypothèse freudienne de l inconscient, qui est, selon lui, contradictoire : si c est la conscience qui effectue le refoulement, elle sait ce qu elle refoule. Il n y a donc pas d inconscient en l homme ; Sartre lui substitue le concept de mauvaise foi exprimant le mensonge que la conscience se fait à elle-même : lorsqu elle choisit sciemment d ignorer ce qui la dérange.

Popper

L hypothèse de l inconscient n est pas scientifique. La psychanalyse ne peut pas prétendre au rang de science car elle esquive par avance toute expérience qui la remettrait en cause. Or dans l optique de la psychanalyse, l expérience vient toujours vérifier la théorie : il est donc impossible de la contredire.

Freud

La nécessité de la morale contre les pulsions inconscientes. Selon Freud, l homme est naturellement un être agressif, en conflit avec ses congénères. Le rôle essentiel et difficile de la civilisation consiste à contenir cette agressivité primaire, notamment par des interdits moraux.

Alain

L idée d inconscient déresponsabilise le sujet. Pour Alain, l hypothèse de l inconscient est inutile : le recours à la complexité du corps, des instincts, suffit amplement à expliquer l obscurité que la conscience éprouve souvent. Elle est de plus nuisible d un point de vue moral parce qu elle tend à déresponsabiliser le sujet.

Lévi-Strauss

L inconscient symbolique, créateur des mythes fondateurs : Toutes les formes de socialisation dépendent d une structure universelle inconsciente à partir de laquelle s élaborent les grands mythes et les symboliques propres à chaque culture. Le subconscient est défini ici comme la manière propre à chaque individu de s approprier ces mythes et ces symboles.

Alquié

L artiste et l inconscient créateur. Ferdinand Alquié expose le projet du poète surréaliste André Breton sur l écriture automatique. Elle est l expression de l homme dans sa totalité, elle en révèle la vérité.

Aristote

Aristote définit la justice comme ce qui est conforme à la loi et à l égalité. En ce sens, l égalité se ramène à une proportion, c est-à-dire à une égalité entre des rapports. Il faut alors distinguer deux formes de proportion, correspondant à deux sortes de justice.

Kant

Si la justice corrective suit un principe d égalité, comment le traduire dans la punition des crimes ? La sanction doit-elle être équivalente à la faute ? Dans ce texte, Kant affirme ce principe en faisant référence à la loi du talion, tout en apportant des conditions permettant de le distinguer de la vengeance : Kant indique alors qu il faut infliger un châtiment égal à la faute.

Leibniz

La justice peut être définie par une manière adéquate de juger. C est alors le point de vue qui importe, avant le contenu de la décision. Dans ce texte, Leibniz définit ainsi la justice par une forme de réciprocité : son principe est de se mettre à la place d autrui.

Rawls

Rawls pense la justice à partir d une forme particulière de réciprocité : l équité. Cette dernière est au fondement de la détermination des principes de justice : ce qui est juste, c est ce que les hommes ont rationnellement choisi à partir d une situation équitable.

Alain

La justice et la force sont des concepts distincts. Mais Alain précise l opposition : la force qui prétend se justifier est l incarnation de l injustice.

Rousseau

Pour Rousseau, non seulement force et droit se distinguent, mais la force ne peut fonder le droit. Ces deux concepts relèvent de catégories fondamentalement différentes : aucune obligation ne saurait être justifiée par la supériorité physique : la force ne fait pas le droit.

Pascal

La justice paraît s opposer absolument à la force. Mais si l on reconnaît la relativité de la justice et si l on s intéresse à son efficacité, les choses deviennent différentes. C est ainsi que Pascal montre que toute justice stable procède de la force. La justice sans la force est impuissante.

Hobbes

Il n existe pas de justice en dehors de la loi. Selon Hobbes, l état de nature, défini par l absence d état et de lois, est un état de guerre de chacun contre tous. Dans cette situation, il n y a pas de justice, mais seulement des rapports de pouvoir.

Pascal

S inspirant des sceptiques, et de Montaigne en particulier, Pascal met en avant la relativité de la justice. Non seulement les lois varient suivant les lieux et le temps, mais aucune ne se retrouve dans tous les systèmes juridiques.

Malebranche

S’opposant aux théoriciens du contrat social et aux sceptiques, Malebranche affirme que, loin d’être une convention relative, la justice est un ordre absolu renvoyant à Dieu : il existe une justice absolue.

Hobbes

Les particuliers ne sont pas juges des lois. Être rationnel, l’homme peut être tenté d’évaluer les lois et de n’obéir qu’à celles qu’il pense justes ou conformes à ses convictions. Pour Hobbes, une telle attitude serait dangereuse et oublierait que, en vivant dans une société politique, chacun a par avance accepté de conformer ses actions à la loi.

Aristote

Appliquer la loi avec souplesse. Le respect de la loi est, avec l’égalité, l’une des manières de caractériser la justice selon Aristote. Mais cela n’implique pas que la loi soit un principe absolu. Au contraire, la loi ne pouvant préciser les conditions particulières de son application, il faut lui associer un correctif, l’équité.

Thoreau

Premier théoricien de la désobéissance civile, Thoreau considère que l’individu ne peut pas renoncer à son droit de regard sur les lois. Au contraire, à partir du moment où l’État agit aussi en son nom, le citoyen doit veiller à ne pas devenir lui-même l’instrument de l’injustice qu’il condamne : il ne faut donc pas consentir aux lois injustes.

Montaigne

La communication n est pas le propre de l homme. La communication animale est universelle et naturelle. Les humains eux-mêmes peuvent avoir toutes sortes d échanges sans recourir au langage verbal, qui n est qu un type particulier de langage, nécessitant pour sa part une éducation.

Descartes

Un véritable langage doit témoigner de la pensée. La communication animale, qu elle soit naturelle ou résultat d un dressage, n est pas vraiment un langage, car elle n exprime que des états du corps et des passions, et non un rapport réfléchi de la pensée à elle-même. Si les animaux ne parlent pas, c est que, n ayant pas d âme, ils ne pensent pas.

Leroi-Gourhan

Langage et technique vont de pair. Créer et utiliser des symboles, créer et utiliser des outils, cela repose sur une seule et même aptitude, acquise par l espèce humaine du fait de son développement cérébral. Ce lien entre langage et technique permet de mesurer la proximité et surtout la distance de l homme avec les autres primates, et des primates avec d autres animaux.

Popper

Des fonctions supérieures font le langage humain. Les hommes ne font pas que communiquer, ils échangent des connaissances et des arguments. Ce sont ces fonctions supérieures qui font la spécificité du langage humain et nous ouvrent le monde de la culture, distinct de ceux de la nature et du sentiment.

Saussure

Le signe unit arbitrairement deux éléments psychiques. La langue n est pas liaison directe entre les mots et les choses. Elle consiste en signes, chaque signe unissant un concept abstrait (le signifié) et une sensation acoustique (le signifiant). Le signe n est pas imposé par la nature des choses ; il est arbitraire, institué par une convention différente selon les cultures.

Occam

Les langues ne renvoient aux choses que par l intermédiaire d un langage mental. Les termes écrits et parlés d une langue ne font que symboliser par convention les termes d un langage mental universel, langage de la pensée dont les concepts sont signes naturels des choses. Il est inutile d accorder à ces concepts, aux idées générales, d autre existence que mentale : seules les choses singulières existent en dehors de l esprit.

Rousseau

Le nom commun, à l origine du concept. À l origine des langues, il est peu probable que les noms aient été associés à des concepts déjà prêts dans l esprit humain. On doit supposer que les premiers noms ont été des noms propres, et que c est l usage du langage qui a permis la formation des idées générales.

Locke

La parole extériorise la pensée. Seuls les mots permettent à l homme d exprimer ses pensées hors de son for intérieur. La pensée du locuteur précède donc nécessairement sa parole, qui ne renvoie directement à rien d autre qu aux idées qu il souhaite communiquer publiquement.

Condillac

La pensée naît de l échange langagier. Seuls les signes arbitraires permettent de développer la pensée. De tels signes ne peuvent être employés que lorsque l homme a compris ce que c est qu un signe, par l usage des signes accidentels et naturels dans la communication sociale. La pensée ne peut donc précéder le langage.

Hegel

C est dans le mot que nous pensons. Seul le mot donne à la pensée une existence effective, en unissant intériorité et extériorité. Ce que l on ne peut exprimer n est pas, ou pas encore, une pensée.

Wittgenstein

Le langage ne saurait exprimer une pure intériorité. Le fait que tout le monde parle de son expérience privée ne garantit en rien qu on parle de la même chose, ni même qu on parle de quelque chose.

Wittgenstein

Les jeux de langage : le sens, c est l usage. Si penser n est rien d autre qu utiliser les signes du langage, les signes eux-mêmes trouvent leur sens dans leur usage. Mais pour chaque mot, pour chaque situation, il y a un jeu différent à jouer. Loin d être un tout uniforme, notre langage quotidien serait une famille de jeux de langage plus ou moins complexes. Les plus simples valent d être examinés, ils nous libèrent d anciens préjugés sur le langage et la pensée.

Merleau-Ponty

La pensée n existe pas en dehors des mots. Ce qui est intérieur et préexiste au langage, ce n est pas la pensée, c est encore le langage. Chaque nouvelle expression combine de façon originale le matériau linguistique dont nous sommes tissés. La pensée est ainsi le sens, le mouvement de la parole, et non son intention préalable. Le langage est lui-même un être, et non un moyen de communication.

Berkeley

Le langage ne sert pas seulement à nous communiquer des idées à propos des choses. Il peut également servir à nous manipuler dès lors que nous sommes habitués à réagir à ses mots, même quand ils ne renvoient à rien de précis ni de réel. Le même mécanisme est à l oeuvre dans l argument d autorité.

Bergson

Les étiquettes du langage masquent la réalité. Dans son usage utilitaire, intéressé, le langage commun, prosaïque, laisse échapper ce que les choses, aussi bien que nos sentiments, ont d unique, de singulier.

Cournot

Une langue ne peut refléter parfaitement la diversité du monde et des sentiments. Mais l art de l écrivain, comme l expressivité du langage oral, compense ce défaut. Ainsi la langue parfaite existe, c est celle que l on parle

Bacon

Nous devons rester maîtres des mots. Le langage ordinaire, fixé au fil des siècles par la culture et les échanges, est marqué en profondeur par les erreurs du passé ; il oppose donc au progrès du savoir une extraordinaire résistance. Pour la surmonter, nous devons pouvoir réformer la langue de façon volontariste.

Leibniz

Leibniz définit et distingue liberté de droit et liberté de fait, liberté de faire et liberté de vouloir.

Arendt

La liberté est d abord politique. Hannah Arendt montre que la liberté politique, celle qui s exerce dans l espace public commun, est une condition nécessaire pour que l homme prenne conscience de sa liberté intérieure.

Calliclès

L homme libre est celui qui satisfait tous ses désirs. Calliclès, disciple du sophiste Gorgias, expose à Socrate sa conception de ce qui est bon selon la nature : être libre, c est donner libre cours à ses désirs et ses passions. Les conventions morales et sociales qui brident la liberté sont une invention des faibles.

Maïmonide

L homme fait librement le bien et le mal. Le libre arbitre a été donné aux hommes par Dieu comme un aspect essentiel de leur constitution. C est parce que les hommes sont libres qu ils se voient soumis aux lois divines et peuvent être tenus pour responsables de leurs actes.

Kant

La reconnaissance de la force de l impératif moral (comme celui qui nous interdit de porter un faux témoignage) nous révèle le pouvoir que nous avons de résister à tous nos penchants, y compris le désir de vivre que nous concevons comme supérieur à tous les autres : tu dois donc tu peux.

Rousseau

L indépendance, le pouvoir de faire ce qui nous plaît, n est pas une vraie liberté. Dans l état de nature comme dans l état de société, il n y a pas de liberté sans lois. Il n y a donc pas de liberté sans lois.

Descartes

La liberté de la volonté (le libre arbitre) est ce qui nous distingue des machines et des automates. Nous n avons pas besoin de la prouver car nous en faisons une expérience immédiate et évidente.

Spinoza

Les hommes ont conscience de leurs désirs mais le plus souvent sont ignorants des causes qui les déterminent. La liberté ne consiste pas dans la faculté de décider de manière arbitraire mais dans une libre nécessité , une nécessité comprise et assumée de l intérieur. L homme est ainsi d autant plus libre qu il comprend les déterminations dont il est l objet. Nous ignorons les causes qui nous déterminent.

Nietzsche

Nietzsche présente le libre arbitre comme une invention des théologiens pour rendre les hommes coupables devant Dieu, et punissables par ceux qui se réclament de son autorité, les prêtres .

Alain

Le fatalisme est une superstition naturelle, qui n est ni rationnelle, ni raisonnable, au lieu qu une juste compréhension des déterminismes — c est-à-dire de l enchaînement des causes et des effets — permet aux hommes de prédire et d agir.

Épictète

Pour le sage stoïcien, il ne sert à rien de se révolter contre le destin, qui attribue à chacun son lot. Ce serait là la marque d un esprit faible, qui conçoit mal ce qui est réellement en son pouvoir et ce qui ne dépend pas de lui. Notre liberté consiste en l exercice de notre pouvoir sur ce qui dépend réellement de nous. On ne peut changer sa destinée.

Locke

Nous voyons le meilleur et nous faisons le pire. Comme le montre l exemple de l ivrogne, incapable de résister à son désir de boisson, ce n est pas le fait de savoir ce qu est le plus grand bien qui nous détermine à agir, mais l état d inquiétude et de manque créé par le désir et l habitude.

Murdoch

La liberté, une tâche minuscule et continue. Notre liberté ne réside pas dans les moments de délibération et de choix, mais dans le processus continu et imperceptible par lequel nous apprenons à mieux voir les êtres et les situations qui nous entourent.

Sartre

Être libre, c est choisir qui l on est. Choisir, c est toujours se choisir. La liberté signifie qu il est toujours possible de se faire autre, de se choisir autre que l on est. C est en cela qu elle nous confronte à une forme d angoisse fondamentale.

Aristote

Aristote définit la nature comme principe d engendrement. Elle produit les êtres naturels , qui ont en eux-mêmes leur principe constitutif, contrairement aux produits techniques qui sont façonnés de l extérieur par l homme.

Descartes

En opposition à Aristote, Descartes ne pose aucune différence fondamentale entre les objets naturels et techniques : tous sont constitués de la même matière et obéissent aux mêmes lois : Les choses artificielles sont elles aussi naturelles.

Kant

Les corps vivants présentent une organisation qui dépasse le simple mécanisme. Kant cherche ici à caractériser la spécificité des corps vivants. Cela le conduit à repérer une finalité particulière propre aux organismes, qui marque la différence avec les objets techniques.

Descartes

L existence de lois universelles du mouvement caractérise l ordre naturel.

Galilée

Pour Galilée, il faut étudier la nature à partir d elle-même et de son langage mathématique, et non dans les traités antiques ou dans la Bible : La nature est écrite en langage mathématique.

Fontenelle

Fontenelle propose de voir la nature comme une sorte de théâtre de machines produisant des effets parfois étonnants à partir de rouages cachés à nos regards.

Diderot

Relativisant la portée des modèles mécaniques, Diderot associe un modèle chimique à l atomisme ancien. Selon lui, la nature se constitue de petites parties élémentaires aux propriétés différentes, en nombre infini et dotées d une énergie propre.

Aristote

La nature animée est régie par des fins : chaque être naturel est organisé d une manière optimale jusque dans ses moindres parties. Cela rend la nature d autant plus admirable et belle.

Lucrèce

Penseur atomiste, Lucrèce récuse les causes finales : la nature agit sans dessein. Il propose ainsi de concevoir la production des espèces comme une suite d essais fortuits, détruits ou conservés par des causes aveugles : la nature agit sans plan ni but préalable.

Darwin

La théorie de l évolution, qui articule la modification aléatoire et la sélection naturelle, permet d expliquer les phénomènes biologiques sans recourir à l idée de finalité. Grâce à elle, Darwin relativise et explique aussi par des causes efficientes deux faits : la beauté naturelle et l apparente perfection des êtres vivants.

Lévi-Strauss

Comment articuler les phénomènes culturels et naturels ? L anthropologue et philosophe Claude Lévi-Strauss s intéresse à la manière dont la culture prend le relais de la sélection naturelle pour constituer un niveau spécifique de détermination.

Descola

L idée occidentale de nature est la chose du monde la moins bien partagée. L anthropologue Philippe Descola critique le partage entre nature et culture. L idée d une nature définie par distinction avec l humain n est ni évidente ni universelle.

Kant

Le devoir est toujours un devoir de l homme envers lui-même. La philosophie pratique de Kant pose que seules les personnes, c est-à-dire les sujets doués de raison, sont dignes de respect, car elles sont les seules à être des fins en soi. La nature se présente alors comme un objet de connaissance et comme un ensemble de moyens dont les hommes peuvent disposer à leur guise.

Jonas

La plupart des modèles moraux traditionnels de l Occident sont anthropocentrés et se concentrent sur les devoirs des humains envers les autres humains. Hans Jonas propose un déplacement profond de l éthique en l étendant à un ensemble plus vaste, celui des êtres vivants partageant la nature.

Malebranche

Il y a une raison universelle pour tous les hommes. Malebranche soutient ici que les hommes participent tous à une même raison universelle, qui explique que certaines vérités leur soient communes.

Montaigne

L homme est-il le seul être vivant doué de raison, ou bien est-ce une marque de sa présomption que de se croire tel ?

Descartes

Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée. Tous les hommes possèdent à égalité la faculté de distinguer le vrai d avec le faux, mais ils se distinguent par la manière dont ils conduisent leur pensée.

Hobbes

Hobbes montre que ce n est pas parce que l homme a en lui la capacité de raisonner qu il s en sert effectivement au cours de sa vie.

Schopenhauer

La raison forme des concepts. Selon Schopenhauer, les manifestations de la raison dans la conduite humaine sont variées, mais elles dérivent toutes d un même acte premier, qui est de former des idées abstraites.

Aristote

Nos raisonnements se fondent sur certains principes communs, c est-à-dire sur certaines propositions qu il nous faut poser au préalable, comme les fondations d un édifice. Le premier principe est le principe de non-contradiction : c est le principe du raisonnement.

Blanché

La logique garantit la validité de notre raisonnement. Mais il ne faut pas confondre validité et vérité.

Descartes

Pour Descartes, le bon usage de notre raison passe par le fait de suivre une méthode. Il distingue quatre règles principales.

Leibniz

Selon Leibniz, c est un principe fondamental de notre raison que de supposer que tout a une raison d être.

Waismann

Peut-on réussir à expliquer la raison pour laquelle un homme a agi de telle ou telle manière ? Selon le mathématicien et physicien Friedrich Waismann, l interrogation sur les raisons ou motifs qui nous ont fait agir peut faire l objet d un approfondissement infini.

Pascal

La raison ne peut pas juger de tout. Selon Pascal, il existe en l homme certaines certitudes qui relèvent non de la raison, mais du coeur.

Kant

Notre raison a-t-elle certaines limites au-delà desquelles elle ne doit pas s aventurer ?

Condorcet

Les Lumières est un mouvement philosophique né au XVIIIe siècle qui considère que le progrès de la raison doit conduire à une amélioration générale de la condition humaine.

Kant

Kant définit l idéal des Lumières comme un état d autonomie de l entendement humain, qui s accompagne d un programme d affranchissement de l humanité à l égard de son état de tutelle.

Weber

Le progrès du rationalisme dans la société moderne nous fait-il mieux comprendre le monde que nous habitons ? Ne conduit-il pas au contraire à nous le faire de moins en moins comprendre ?

Eliade

L une des caractéristiques essentielles de toute expérience religieuse est la démarcation entre le sacré et le profane. Le sacré renvoie à une dimension autre que la réalité naturelle – la transcendance – mais c est dans cette réalité naturelle que le sacré se manifeste.

Durkheim

Durkheim analyse l expérience religieuse comme un fait social. L expérience religieuse, faite de croyances et de pratiques, s inscrit nécessairement dans un phénomène collectif.

Rousseau

La religion naturelle consiste à trouver le sens singulier et personnel de la croyance en se fondant sur les facultés naturelles que sont le coeur et la raison. Pour Rousseau, les religions instituées sont autant de manières de nous éloigner d une expérience de la foi authentique. L homme est capable de saisir le divin en lui-même.

Freud

Les idées religieuses ont selon Freud une origine psychologique : la détresse et la vulnérabilité de la condition humaine rendent compte essentiellement du besoin de croyance religieuse.

Spinoza

Spinoza veut montrer qu un certain usage de la croyance religieuse, sur le mode de la superstition, est aussi bien contraire à la raison qu à la véritable foi : la superstition est une croyance irrationnelle.

Averroès

Pour Averroès, l homme, créé par Dieu, est un être doué de raison : il serait donc illogique que la religion nous demande de renoncer à notre faculté de penser. Dans cette perspective, la foi et la raison ne sauraient s opposer. Il n y a aucune concurrence entre la raison et la foi

Russell

Russel pose une distinction d essence radicale entre les croyances religieuses et les théories scientifiques. Tandis que les premières prétendent à l absolu et l éternel, les secondes au contraire ont un caractère provisoire et dynamique.

Bergson

Bergson montre que la religion détermine toujours une perspective morale, mais aussi que religion et morale peuvent avoir deux sources radicalement différentes. La première source réside dans la nécessité de ressouder les sociétés humaines fragilisées par les consciences individuelles. La seconde source réside dans une impulsion émotionnelle et originelle, qui se laisse inspirer par des figures exemplaires et qui oeuvre pour l humanité tout entière.

Shaftesbury

Shaftesbury nous met en garde contre l idée que tout homme pieux et religieux serait nécessairement irréprochable moralement. Selon lui, il faut distinguer soigneusement la morale et la religion.

Sartre

Sartre développe une philosophie athée. La conséquence en est simple et radicale : les valeurs morales ne peuvent provenir que de l homme lui-même.

Marx

La religion empêche toute révolte. Pour Marx, la religion a une fonction éminemment politique : elle empêche le peuple de prendre conscience des injustices du monde réel. En promettant le bonheur après la mort, elle empêche toute révolte.

Lévinas

Pour Lévinas, il n est pas certain que l intolérance religieuse soit un phénomène appartenant au passé. En effet, toute religion n est-elle pas par essence persuadée de détenir la vérité à l exclusion de tout autre ? N y a-t-il pas là le germe de l intolérance, de l exclusion, voire de la violence ?

Locke

Locke distingue deux sphères d autorité – celle de la religion et celle de l État – en posant clairement leurs limites respectives.

Ricoeur

Selon Ricoeur, il est essentiel de distinguer deux sens au concept de laïcité, celui de l État et celui de la société civile.

Aristote

Aristote s attache à définir l objet propre de la science : non pas les faits individuels que nous percevons par la sensation, mais les propriétés universelles, qui s appliquent à tous les cas d un même genre ou d une même espèce, et permettent d en faire voir la cause. Il n y a de science que de l universel

Comte

La science établit les lois des phénomènes. Il faut distinguer la science de l érudition. L objet propre de la science consiste dans l établissement de lois (c est-à-dire les relations invariables entre les phénomènes), non dans le recueil des faits et des observations.

Jacob

La science décrit l évolution de systèmes organisés. François Jacob adopte une perspective large sur l objet des sciences – les sciences de la nature, qu elles soient physiques, chimiques ou biologiques, s intéressent à des organisations , plutôt qu à des faits ou des entités simples, et elles en étudient l évolution.

Eddington

Les descriptions de la science présentent le monde sous un jour qui n est pas familier et qui semble même contre-intuitif. L image manifeste, sensorielle, et l image scientifique d une table sont si différentes l une de l autre qu on est enclin à penser qu elles décrivent deux objets distincts.

Planck

À mesure que la science progresse, la conviction se renforce chez le savant que l image qu elle produit est celle d une réalité ultime, distincte du monde de la sensation : La science postule nécessairement la réalité absolue du monde.

Bacon

Bacon montre l importance que revêt l expérience lorsqu elle est raisonnée. Il compare le travail de la science au butinage : il s agit non pas de recueillir des faits bruts, ni d élaborer des théories purement intellectuelles, mais de s approprier et transformer les contenus de l expérience en les assimilant à la raison.

Kant

Dans la préface de la Critique de la raison pure, Kant tire une leçon fondamentale de l exemple des grandes découvertes scientifiques : c est seulement lorsque la raison prend les devants sur l expérience qu elle parvient à dégager les lois de la nature. La science, c est forcer la nature à répondre à nos questions.

Bernard

La méthode expérimentale est faite d allers-retours entre l observation et l expérimentation. Cette dernière a une dimension théorique forte car elle s appuie sur des hypothèses, des anticipations rationnelles.

Popper

Les énoncés scientifiques doivent pouvoir s exposer à la réfutation empirique. Popper cherche le critère qui permet de dire quand un énoncé portant sur des faits d expérience est un énoncé scientifique. Ce critère est la réfutabilité : le fait pour un énoncé, non pas d être réfuté par une expérience, mais de pouvoir l être.

Duhem

L expérience ne prend sens que dans un cadre théorique. Nos expériences sont toujours chargées de théorie. La description qu en donnent les physiciens est une interprétation, parce qu elle utilise des concepts qui ont déjà fait l objet d une élaboration théorique.

Renan

Ce n est pas seulement par ses résultats pratiques et ses applications techniques qu il faut juger de la valeur de la science, mais aussi et avant tout par sa capacité à éclairer l homme sur le monde.

Arendt

La science en tant que telle se désintéresse de la dimension humaine. Ce n est donc pas comme savants mais comme citoyens que les scientifiques défendent des valeurs humanistes.

Mill

Les phénomènes sociaux ne sont pas prédictibles. Les sciences sociales ne peuvent pas devenir des sciences prédictives. Bien que les phénomènes sociaux soient soumis à des lois exactes, les données et les circonstances qui influent sur le développement d une société sont trop nombreuses.

Jaspers

Par sa nature même, la connaissance scientifique reste inévitablement en-deçà de certaines limites, que la pensée philosophique peut transcender. Elle laisse de côté la connaissance de l être, celle des fins de l existence humaine, et celle du sens de la science elle-même.

Freud

Freud défend le caractère scientifique de la psychanalyse et son droit à prendre pour objet d étude l âme humaine. Pour cela, il rappelle que la science a vocation à décrire tous les domaines de l activité humaine.

Protagoras

La technique, un auxiliaire au dénuement naturel de l homme. Platon donne la parole à Protagoras, sophiste grec, pour raconter le mythe de Prométhée, récit fictif qui confère à l homme une place particulière parmi les animaux.

Aristote

Contrairement à ce qu affirme Protagoras dans sa version du mythe de Prométhée rapportée par Platon, Aristote montre que l homme n est pas le moins bien loti des animaux, bien au contraire : l intelligence humaine permet de développer les fonctions de la main, premier de tous nos outils.

Bergson

On pense généralement que l intelligence humaine trouve dans les sciences son expression la plus rigoureuse. Pour Bergson, cette forme d intelligence en suppose une autre, l habileté technique tournée vers la fabrication d outils. Ainsi, grâce au perfectionnement des techniques, l homme se modifie lui-même et modifie son rapport au monde.

Mauss

Pour Mauss, nos comportements physiques relèvent de techniques du corps dont la source est à la fois biologique et sociale. Elles sont une sorte d habitus, un ensemble de comportements acquis par l éducation et les normes sociales qui structurent et organisent notre manière de nous rapporter au monde et aux autres.

Vial

Les objets produits par la technique humaine, et a fortiori les appareils numériques, ne sont pas des objets anodins ; ils contribuent à des modifications très profondes en l homme qui ne concernent pas simplement son mode de vie.

Kant

La technique se distingue de la nature et de la science. Kant définit l art en général , c est-à-dire le savoir-faire technique, en le distinguant de la nature et de la science. Ce sens correspond à ce que les Anciens appelaient technè en grec ou ars en latin.

Descartes

À l opposé d une pensée purement théorique, Descartes veut promouvoir les connaissances pratiques, c est-à-dire utiles à la vie . Et c est par le développement des sciences physiques qu il espère l essor d applications concrètes, techniques et médicales notamment.

Heidegger

Selon Heidegger, les techniques traditionnelles s’inséraient sans les modifier dans des processus naturels, alors que les techniques modernes marquent une rupture. Elles remodèlent la nature afin de la soumettre aux intérêts humains et d’accumuler la plus grande quantité possible d énergie et de matières premières.

Simondon

Simondon conteste ici la définition classique de la technique comme artifice. L objet technique évolué a un mode d existence qui le rapproche de la nature.

Platon

Toute invention technique est-elle nécessairement un progrès ? Dans le Phèdre, Platon évoque le mythe de Theuth, une divinité à laquelle les Égyptiens attribuaient l invention de l écriture. C est en utilisant lui-même l écriture que Platon dégage l ambivalence de cette technique : il la présente comme un pharmakon, terme qui désigne, en grec, à la fois un remède et un poison.

Bacon

Les inventions techniques ont changé la face du monde. Alliées à la science, elles donnent à l homme un pouvoir inégalé sur l univers et sur lui-même.

Marx

Réfléchissant aux conséquences de la révolution industrielle sur le sort des travailleurs en usine, Marx met au jour une distinction centrale entre l outil et la machine : le premier exige du travailleur des compétences et un savoir-faire, la seconde ne requiert qu une force de travail mise à son service. Le machinisme rend le travail industriel aliénant : l ouvrier est asservi et dépossédé du produit de son travail.

Rosa

Nous pourrions penser que les technologies modernes favorisent la rapidité d exécution de certaines tâches. Mais force est de constater que les individus semblent souffrir d un manque de temps chronique.

Séris

Certains problèmes techniques (Comment effectuer une fécondation in vitro ? Comment prélever ou greffer un foie ou un coeur ?…) conduisent à des problèmes d ordre juridique, mais aussi d ordre moral. Les médecins, et finalement la société tout entière, se trouvent placés devant des responsabilités inédites. La notion de problème n a dès lors pas le même sens s il s agit de technique ou d éthique.

Augustin

Rien ne semble plus évident que l existence du temps. Et pourtant, pouvons-nous concevoir clairement ce qu il est ? Ne nous échappe-t-il pas à chaque fois que nous cherchons à le comprendre ? Seul le présent existe

Kant

Le temps n existe pas en soi, mais en nous. Le temps n existe pas au même titre que les choses perceptibles ou les phénomènes ; il n est d ailleurs ni une chose ni un phénomène, mais une condition nécessaire de leur appréhension.

Newton

Dans les Principes mathématiques de la philosophie naturelle, Newton offre ses définitions du temps et de l espace, distinguant temps et espace absolu et temps et espaces relatifs. Cette distinction permet de définir le cadre spatio-temporel de la physique classique, cadre remis en cause au XXe siècle avec la découverte de la relativité restreinte.

Hawking

La théorie de la relativité établie par Einstein au début du XXe siècle affirme qu il n existe aucun système de référence universel par rapport auquel on puisse mesurer un mouvement et que le temps est relatif à la position des observateurs. Alors que la physique classique pense le temps comme un invariant, la science actuelle l envisage comme un devenir ouvert et irréversible.

Locke

Notre existence peut être appelée durée. Dans l Essai sur l entendement humain, Locke cherche à montrer que le temps n est pas une notion mystérieuse. Notre idée de la durée est tirée de la réflexion que nous faisons sur la succession de nos propres idées.

Bergson

La durée est le temps vécu par la conscience. La durée est, selon Bergson, une dimension de la conscience irréductible à toute mesure quantitative et à toute forme de spatialisation.

Bachelard

Pour Bachelard, le temps de la conscience est une succession d instants mémorables.

Montaigne

Dans le dernier livre des Essais, Montaigne s emploie à réfléchir au temps qui passe et au temps qu il lui reste à vivre. Il se demande s il est bien raisonnable de le laisser passer . Passer le temps c est le perdre.

Pascal

Il est difficile de vivre au présent. Pascal fait un constat paradoxal : nous avons du mal à vivre au présent. Il essaie ici de comprendre pourquoi nous avons souvent tendance à nous réfugier dans le passé ou l avenir.

Épicure

La mort n est rien pour nous. Si notre vie ne dure qu un temps, il ne faut toutefois pas avoir peur de la mort.

Rosa

La vie moderne subit une accélération inédite dont l effet est un changement radical dans notre rapport au temps social, et surtout au présent.

Pascal

Le temps s inscrit dans le sens du progrè. Contrairement au temps de la nature qui semble correspondre à un éternel retour à l identique, le temps humain manifeste un progrès qui est celui de connaissance.

Leibniz

À observer le cours général de l histoire, il semble parfois difficile d y trouver un ordre, une logique et davantage encore un sens, tant les guerres sont nombreuses et les catastrophes fréquentes. Pour autant, ces désastres, tant physiques que moraux, sont-ils incompatibles avec toute forme de progrès ?

Lévi-Strauss

Il est faux de dire que certaines civilisations sont moins avancées que d autres.

Aristote

Le travail altère les dispositions de l homme libre. Dans le cadre d une réflexion sur l éducation et la politique, Aristote compare les différents arts (métiers) pour évaluer leur valeur formatrice. Or les arts utiles peuvent, par leur côté laborieux, atrophier les dispositions corporelles et intellectuelles de l homme libre, surtout lorsqu il s agit de travailler pour d autres.

Marx

L homme se construit par le travail. Le travail transforme la nature mais, selon Marx, il transforme aussi l homme lui-même. En travaillant, l homme actualise ses dispositions, y compris celles qui lui sont propres et concernent la conscience et l esprit. C est donc par le travail que l humanité se construit.

Weil

L homme se construit par le travail. Le travail transforme la nature mais, selon Marx, il transforme aussi l homme lui-même. En travaillant, l homme actualise ses dispositions, y compris celles qui lui sont propres et concernent la conscience et l esprit. C est donc par le travail que l humanité se construit.

Rousseau

La division du travail constitue une des origines de l inégalité. Le travail, sous la forme d arts spécialisés, a eu un rôle dans la genèse de l inégalité sociale et politique en rendant les hommes dépendants et en introduisant une première différence de statuts.

Hegel

L homme s élève à une liberté nouvelle par le travail. Dans la dialectique du maître et du serviteur, Hegel examine la transformation d une première soumission en liberté positive. Par son travail, le serviteur obéit certes à son maître, mais il se constitue comme acteur en dépassant son désir immédiat. Par là, le serviteur s élève à une liberté nouvelle, celle du sujet prenant conscience de lui-même à travers ses oeuvres.

Marx

La production capitaliste transforme l ouvrier en objet. Si l homme se construit par le travail, l ouvrier, dans le contexte de l usine, se perd dans son travail. Pour Marx, l économie moderne conduit l ouvrier à s aliéner dans l acte même de production : en produisant une marchandise abstraite, qui ne lui appartient pas, l ouvrier se trouve dépossédé de sa propre réalité.

Weil

Pour être libre, un mode de production doit faire en sorte que le travailleur mette en oeuvre son intelligence en cherchant par lui-même des solutions à des problèmes.

Locke

Le travail justifie l appropriation des ressources naturelles.

Proudhon

Le travail ne justifie pas la propriété privée.

Kant

Le travail répond à d autres besoins que la survie : il constitue une occupation saine qui évite à l homme de sombrer dans l ennui.

Kierkegaard

L oisiveté est un idéal à viser.

Nietzsche

Le travail est une une manière d affaiblir l individu.

Krisis

Non seulement il est possible de ne plus travailler, mais c est la seule manière de redonner sens aux activités humaines.

Arendt

La modernité a généralisé et valorisé le travail, de sorte que ne plus travailler reviendrait à détruire le socle des sociétés actuelles.

Platon

La vérité n est pas l opinion de chacun.

Platon

La vérité ne doit pas être recherchée du côté des apparences que nous offrent les objets des sens, mais du côté de leurs modèles intelligibles.

Zhuangzi

Le vrai est naturel, et non conventionnel.

Augustin

Contrairement à l erreur, le mensonge est une duplicité.

Anscombe

C est en fonction de l intention présente qu un mensonge est un mensonge.

Nietzsche

C est la vie en société qui entraîne la fixation d une vérité commune et la condamnation du mensonge, non parce qu il est mauvais, mais à cause de ses conséquences.

Spinoza

L ensemble de notre savoir doit prendre pour modèle les mathématiques, où les théorèmes s enchaînent déductivement sur la base d affirmations initiales dont on ne peut douter.

Hume

Pour établir des vérités de fait, il faut avoir recours à l expérience.

Kant

Il n y a pas de critère universel de vérité.

James

Il faut redéfinir la vérité par le succès.

Diderot

Nous devons donner notre assentiment aux affirmations rationnellement acceptables, et à elles seules.

Kant

Une conviction vraie doit pouvoir être partagée.

Putnam

La vérité ne peut se réduire à l accord des esprits.

Foucault

La vérité est un fait de culture.

Bouveresse

On ne peut pas mettre en cause la vérité sous prétexte que tout pouvoir tend à faire passer pour vraies les croyances qui peuvent le renforcer.

Aristote

La tragédie est l’imitation d’une action achevée et complète en art.

art
Plotin

Dans les oeuvres d’art, les dispositifs matériels constituent des moyens par lesquels un contenu spirituel – une forme – peut être exprimé.

art
Alberti

Il y a une propriété commune à tous les objets, naturels ou artificiels : l’harmonie.

art
Montaigne

L’inspiration est l'effet de la chance.

art
Hume

L’habitude et la répétition façonnent nos catégories mentales et nos comportements.

art
Diderot

L'artiste ne se limite pas à sélectionner des traits qu’il juge beaux dans la nature observée.

art
Kant

Le goût se distingue de la connaissance et de la morale.

art
Kant

L’art est produit par un être qui se représente l’effet qu’il va produire.

art
Hegel

L’art n'est pas un simple divertissement ou une pure illusion.

art
Schopenhauer

L’art est le lieu de manifestation de l'essence de la vie.

art
Nietzsche

Nous sommes habitués, en face de toute chose parfaite, à ne pas poser le problème de sa formation.

art
Nietzsche

L'art est le culte du non-vrai.

art
Proust

La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent pleinement vécue, c’est la littérature.

art
Bergson

Création signifie, avant tout, émotion.

art
Benjamin

Les nouveaux modes de diffusion des oeuvres d’art fragilisent une de leurs propriétés essentielles : leur autorité, leur aura.

art
Merleau-Ponty

L'expérience artistique redessine la centralité du corps dans nos vies car l’oeuvre d’art s’inscrit dans un support matériel qui, lui aussi, est corps.

art
Merleau-Ponty

Le monde naît de l’ambiguïté de la perception.

art
Simondon

La pensée technique résulte d’un déphasage d’un mode unique, central et originel d’être au monde, le mode magique.

art
Murdoch

L'art est ce qui casse l’emprise de notre propre fantaisie bornée et nous tire vers l’effort d’une vraie vision.

art
Goodman

Avant de répondre à une question, il est possible de la reformuler, de la déplacer, voire de la récuser.

art
Zhuangzi

Le malheur de l’homme vient souvent de la tension excessive de sa volonté, qui peut l’empêcher d’obtenir la fin voulue.

Épicure

Trier ses désirs permet d'être heureux.

Lucrèce

Le malheur naît d’un espoir vain de posséder, et non pas du plaisir charnel en tant que tel.

Épictète

Le sage doit à la fois être indifférent aux biens extérieurs et ne pas être impassible à la manière d’une statue.

Bruno

Un bonheur sans tourment et sans douleur, limité à la satisfaction immédiate, n'existe pas.

Descartes

Même si je m'écarte de toute morale, quand j'agis je postule une morale provisoire.

Hobbes

Le désir est l'inquiétude d’acquérir puissance après puissance.

Spinoza

Il ne faut pas condamner absolument tout usages des plaisirs.

Diderot

La passion est l'heureuse expression de soi.

Rousseau

L’éducation donnée par les hommes est contraire à celle prodiguée par la nature.

Bentham

Tous les actes qui sont à juste titre objets de l’éthique ne relèvent pas toujours de la législation.

Schopenhauer

Si les tourments de la volonté nous condamnent au malheur, tout bonheur est impossible

Mill

Si l’expérience est un guide fiable pour se repérer dans les plaisirs, l’estimation de leur valeur respective est nécessairement collégiale.

Nietzsche

Un degré d’oubli est nécessaire à la vie et au bonheur.

Freud

La vie psychique inconsciente est dominée par la recherche du plaisir.

Russell

Une des sources de la misère morale, de la fatigue et de la tension nerveuse est l’incapacité de s’intéresser à tout ce qui n’est pas d’une importance pratique dans la vie.

Jankélévitch

L’existence, à l’intersection de l’aventure, de l’ennui et du sérieux, rend compte de l'exigeance du bonheur.

Plotin

Une conscience trop présente provoquerait l’excès de savoir et de réflexivité.

Avicenne

L’esprit est indépendant du corps.

Descartes

Il existe des vérités qui échappent au doute.

Descartes

La pensée, distincte de l’imagination, est un attribut qui m’appartient , qui seule ne peut être détachée de moi.

Locke

Si une personne est sujette à de nombreux changements physiques et psychiques au cours du temps, il semble acquis qu’elle reste une seule et même personne. Quel est donc le fondement de son identité ? Serait-ce la continuité de la conscience de soi ?

Malebranche

À la fin du livre III de De la recherche de la vérité, Malebranche distingue différentes manières de voir les choses , c est-à-dire de les connaître. La théorie de la vision en Dieu , dont le présupposé est théologique, implique, sur le plan philosophique, qu il serait possible de connaître de façon certaine des vérités mathématiques, physiques et morales par idées claires et distinctes. De ce genre de connaissance, Malebranche distingue ici la connaissance par conscience, ou par sentiment intérieur.

Hume

Mettant à l’épreuve la méthode introspective, par laquelle le sujet pourrait se contempler lui-même, Hume pose les jalons d’une critique radicale de la compréhension du moi comme substance homogène. Questionnant l’idée que nous avons du moi, le philosophe se demande si cette idée correspond bien à une perception d’un moi unique et uniforme.

Smith

Après avoir montré l’importance morale de la capacité à reproduire, en imagination, les sentiments et la situation d’autrui – ce que l’on appelle sympathie –, Smith explique, dans la troisième partie de la Théorie des sentiments moraux, comment le sujet peut se prendre lui-même pour objet d’évaluation morale. Il recourt à la notion de spectateur impartial , véritable personnification de la conscience morale.

Rousseau

Quelle est l’origine de l’attachement fragile des hommes au bien et à la moralité ? Rousseau, dans le livre IV de l’Émile, soutient qu’ il est donc au fond des âmes un principe inné de justice et de vertu, sur lequel, malgré nos propres maximes, nous jugeons nos actions et celles d’autrui comme bonnes ou mauvaises : la conscience.

Kant

Dans ses Remarques générales sur l’Esthétique transcendantale , Kant souligne que l’intuition ne nous fait connaître que des rapports entre des phénomènes et non la chose en soi, qui serait la chose vue indépendamment de la manière dont elle nous apparaît. Il en tire alors les conséquences en ce qui concerne l’intuition interne .

Hegel

Le retour réflexif sur soi, l’introspection, est une façon de développer la conscience de soi. Mais il est une autre voie, dont l’importance est généralement sous- estimée : la pratique, qui suppose une relation à ce qui est hors de soi. Comment peut- on prendre conscience de soi- même par l’extériorité ?

Comte

Comte s’intéresse à la constitution d’une psychologie scientifique, d’une véritable science de l’esprit humain. C’est dans ce contexte qu’il interroge les prétentions de l’esprit à donner une véritable connaissance de soi.

Nietzsche

Toutes nos actions sont au fond incomparablement personnelles, singulières […] mais lorsque nous les traduisons en conscience, elles ne semblent plus l’être , remarque Nietzsche dans Le Gai Savoir (§ 354). Approfondissant ce paradoxe, le Solitaire de Sils-Maria remonte à l’origine d’une conscience que nous croyons souvent innée et essentielle à l’homme.

Bergson

La conscience de soi est temporelle de part en part : réfléchissant à la notion de durée, Bergson pose la question d’une supposée menace d’hétérogénéité qui pèserait sur le moi.

James

James, au début du huitième chapitre des Essais d’empirisme radical, indique : je voudrais vous communiquer quelques doutes qui me sont venus au sujet de la notion de conscience qui règne dans tous nos traités de psychologie .

Husserl

En 1905, constituant une phénoménologie de la conscience intime du temps, Husserl médite la métaphore – promise à une fortune certaine au xx e siècle – du flux de la conscience. Est-ce une métaphore seulement ?

Sartre

Distinguant le mode d’être des choses et le mode d’être de la conscience, Sartre avance que le garçon de café ne peut être immédiatement garçon de café, au sens où cet encrier est encrier . Sartre développe alors une description de l’attitude et des gestes de ce garçon de café et pose le problème du jeu de la conscience.

Jankélévitch

Depuis Cicéron dans les Tusculanes (II, 64), la métaphore du théâtre intérieur a permis de qualifier la conscience, conjointement dans ses dimensions représentative et morale. Jankélévitch reprend et discute cette tradition.

Aristote

Pour Aristote, dans l’Éthique à Nicomaque, la question morale n’est pas, ou pas seulement, que dois-je faire ? , mais qui suis- je, qui fais ce que je fais ? . Dès lors, la morale s’entend comme un équilibre entre des excès et des défauts, équilibre qui relève autant de la règle en elle- même que du caractère de la personne. Comment caractériser cet équilibre ?

Cicéron

Parmi toutes les actions qui constituent les pratiques humaines, une discrimination fine doit être opérée. Certes, le bien, dans la tradition stoïcienne, se résume à l’action vertueuse, c’est-à- dire harmonieuse. Mais cette caractérisation du bien nous dispense- t-elle de faire la part entre des actions qui sont préférables, que Cicéron nomme offices , et des actions non préférables, dont il faut se prémunir ?

Hume

Après avoir défini la raison comme la découverte du vrai et du faux et le vrai et le faux comme un accord des idées entre elles ou avec les faits, Hume se demande si les énoncés moraux sont susceptibles de cet accord. S’ils ne le sont pas, peuvent-ils être des objets de raison ?

Kant

Dans la troisième antinomie de la Critique de la raison pure, Kant tente d’éviter la contradiction entre la nécessité absolue et la liberté. Il soutient qu’il est possible de considérer tout acte selon deux points de vue : celui de la causalité déterministe, par laquelle on remonte la chaîne des causes qui ont produit l’acte, et celui de la causalité par liberté. L’acte peut alors être imputé à un agent autonome, qui se détermine lui-même par rapport à ce que lui dicte sa raison.

Kant

D’après Kant, la loi morale est un fait de la raison qui prescrit formellement ce que nous devons faire. Objectivement, elle se présente donc comme un principe contraignant nos inclinations. Est-ce à dire que subjectivement, agir par devoir ne procure qu’un sentiment de peine et de soumission ?

Kant

On accomplit son devoir, selon Kant, lorsqu’on agit avec l’intention de respecter la loi morale, formulée sous la forme d’un impératif catégorique : Agis uniquement d’après une maxime telle que tu puisses vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle . Dans le chapitre iii de la Critique de la raison pratique, Kant prend soin de distinguer cette action accomplie par devoir d’un fanatisme moral, qui menace la vie éthique.

Bentham

Bentham, dès les années 1770, se montre soucieux de refondre les principes du droit et de développer sa codification. Dans l’Introduction aux principes de morale et de législation, il discute le principe d’utilité, défini comme le principe qui approuve ou désapprouve toute action, quelle qu’elle soit, selon la tendance qu’elle semble avoir à augmenter ou à diminuer le bonheur de la partie dont l’intérêt est en jeu .

Hegel

L’évaluation morale d’une action porte aussi bien sur ses conséquences objectives que sur les intentions subjectives qui la gouvernent. C’est dire que l’exercice ne va pas de soi. Et il se complique encore si l’on considère la possibilité de conséquences involontaires. Dans quelle mesure sommes-nous moralement responsables des suites imprévues, et parfois imprévisibles, de nos actions ?

Mill

Dans L’Utilitarisme, Mill répond aux objections adressées à une philosophie morale fondée sur la maximisation de l’utilité au plus grand nombre. Entre autres critiques, on objecte à l’utilitarisme son incapacité à fonder des principes moraux, tel le devoir de véracité qui semble prescrire certaines actions contre l’utilité, qu’elle soit personnelle ou collective.

Nietzsche

Dans ce livre on trouve au travail un être “souterrain”, de ceux qui forent, qui sapent, qui minent , annonce Nietzsche en ouverture d’Aurore. Loin de célébrer l’élévation morale de l’homme, Nietzsche interroge l’origine historique, psychologique et sociale de la moralité.

Freud

Dans Le Malaise dans la culture, Freud fait l’hypothèse que le penchant à l’agression est une prédisposition originelle et autonome de l’homme . La culture peut-elle limiter les effets de ce penchant à l’agression ?

Weil

Les premières pages de L’Enracinement cherchent à délimiter les contours d’un concept fort d’obligation. Simone Weil propose une critique sociale radicale, à l’aune d’une exigence éthique absolue.

Anscombe

Dans L’Intention, Elizabeth Anscombe critique la conception ordinaire de l’intention comme état mental interne antérieur à l’action et cause de l’action. Son argumentation réactualise la distinction aristotélicienne entre raisonnement théorique et raisonnement pratique. C’est dans ce contexte qu’elle analyse la différence entre le jugement et la volonté, le vrai et le bien.

Weber

Dans Le Savant et le Politique, Weber propose de distinguer l’attitude du savant de l’attitude de l’homme politique, engagé dans l’action et nécessairement confronté à son caractère contingent. C’est dans ce cadre qu’il envisage une éthique de la responsabilité qui serait le propre de l’homme politique, attentif aux circonstances et aux conséquences de son action.

Jonas

Par suite de certains développements de notre pouvoir […] l’agir humain s’est transformé , affirme Jonas dans Le Principe responsabilité. Dans la mesure où l’éthique a affaire à l’agir, n’est- il pas nécessaire de reconnaître de nouvelles obligations éthiques envers l’humanité et la nature ?

Lévinas

L’altérité, sous la forme d’autrui, de Dieu ou du temps, précéderait l’individu, selon Levinas. Dès lors, autrui et son visage viennent inquiéter le moi et l’ appeler à sa responsabilité : injonction et appel qui précèdent tout devoir et le fondent.

Platon

Après avoir esquissé les contours d’une cité idéale, modèle qui permet de distinguer le juste de l’injuste, Socrate en vient à l’examen critique de constitutions politiques déterminées, et notamment de la démocratie. La constitution de cette dernière n’est- elle pas insaisissable ?

Aristote

Dès l’Antiquité, on débat pour savoir si la vie commune a une origine naturelle ou conventionnelle. Les sophistes voient dans l’association politique le résultat d’un contrat. Aristote s’oppose à cette conception en argumentant en faveur de la naturalité de la cité.

Machiavel

Un seigneur avisé ne peut tenir sa parole quand cela se retournerait contre lui , soutient Machiavel au chapitre xviii du Prince. Si la tâche propre du Prince est de conserver ses États, quelles vertus doit- il cultiver ?

Machiavel

Dans les Discours, Machiavel cherche à identifier les conditions sous lesquelles les républiques peuvent se maintenir. Il propose une analogie entre la cité et le corps, s’inspirant de la théorie médicale de Galien, pour qui la santé consiste dans l’équilibre dynamique des humeurs du corps. Comment donc retrouver cet équilibre, toujours en péril ?

Hobbes

Selon Hobbes, l’individu, dans l’état de nature, se trouve dans une situation de crainte permanente, puisque rien n’empêche autrui de se servir de sa puissance comme il le souhaite. Si cette condition complique l’institution d’un État, elle rend aussi nécessaires des conventions mutuelles, par lesquelles les individus renoncent à leur droit naturel de s’administrer eux-mêmes.

Spinoza

Au début du chapitre xvi du Traité théologico- politique, Spinoza affirme que le Droit Naturel de chaque homme se définit non par la saine raison, mais par le désir et la puissance . Dès lors, l’obéissance raisonnée à un souverain, fût- ce dans un État démocratique, ne serait- elle pas contraire à la liberté ?

Locke

Exilé à Amsterdam, fuyant les persécutions menées par Charles II contre les Whigs, qui soutenaient l’importance du parlement face à l’absolutisme royal, Locke rédige la Lettre sur la tolérance, dans laquelle il entreprend de séparer ce qui regarde le gouvernement et ce qui appartient à la religion .

Locke

Au paragraphe 159 du Second Traité du gouvernement, Locke indique qu’il y a bien des choses auxquelles les lois ne sauraient pourvoir par aucun moyen ; il faut donc abandonner [ces choses] à la discrétion de celui qui a en mains le pouvoir exécutif . Mais comment conjurer le risque d’un tel abandon ?

Hume

Dans l’Enquête sur l’entendement humain, Hume définit une convention comme un certain sens de l’intérêt commun, dont chacun éprouve l’existence en soi et qu’il reconnaît chez autrui . En quoi ce sens partagé participe- t-il de l’harmonie politique et sociale ? C’est ce qu’analyse Hume dans une page du Traité de la nature humaine.

Locke

En 1689, dans Le Second Traité du gouvernement, Locke avait établi une distinction entre pouvoir législatif et pouvoir d’exécution des lois. En 1748, Montesquieu, lecteur de Locke, précise et affine cette répartition des pouvoirs.

Rousseau

Le contrat social que décrit Rousseau passe par l’aliénation par chacun de son droit naturel, l’individu subordonnant sa personne et sa puissance sous la suprême direction de la volonté générale . Mais, paradoxalement, cette aliénation primordiale est la garantie de nos libertés.

Kant

Le cosmopolitisme, redéfini par Kant au xviiie siècle, exige de concevoir la sagesse politique non plus comme une question interne, mais dans la perspective internationale des relations d’État à État. Comment s’articulent alors droit et morale ?

Tocqueville

En 1831, une mission parlementaire sur le système pénitentiaire en vigueur aux États- Unis fournit à Tocqueville l’occasion d’étudier une démocratie qui lui semble apaisée. J’avoue que dans l’Amérique j’ai vu plus que l’Amérique ; j’y ai cherché une image de la démocratie elle- même, de ses penchants, de son caractère, de ses préjugés, de ses passions , précise- t-il pour présenter son oeuvre.

Weber

Partout le développement de l’État moderne a pris pour point de départ la volonté du prince d’exproprier les puissances “privées” indépendantes , énonce Weber lors d’une conférence sur le métier et la vocation d’homme politique, en 1919. Afin de dégager l’éthique propre à l’activité politique, le sociologue interroge alors la spécificité de l’organisation sociale qu’est l’État.

Alain

Dès l’Antiquité, le régime de la foule – l’ochlocratie – est distingué du régime du peuple – la démocratie. L’ochlocratie serait une dégénérescence de la démo cratie. L’émergence de l’État moderne, au xviie siècle, modifie les enjeux de cette dis- tinction. L’État est- il garant de la raison contre l’éventuelle violence d’une foule ? Jusqu’à quel point ?

Marx

Dans l’avant-propos de la Critique de l’économie politique, Marx décrit le processus par lequel des formes d’organisations sociales hier encore formes de développement des forces productives […] se changent en de lourdes entraves . Alors commence une ère de révolution sociale , ajoute le philosophe qui inspire l’analyse que Simone Weil propose ici du phénomène révolutionnaire.

Arendt

Selon Hannah Arendt, nous ne sommes plus en mesure de savoir ce que l’autorité est réellement . Pour en ressaisir la définition, la philosophe procède à une analyse historique de l’autorité, en étudiant ses transformations, comprises comme une progressive dissolution.

Foucault

De façon constante, Foucault refuse de réduire le pouvoir à un ensemble d’institutions et d’appareils qui garantissent la sujétion d’un individu dans un État donné . Le pouvoir n’est-il pas, en effet, moins lisible que les institutions qui en émergent ?

Leibniz

Dialogue entre Philalèthe et Théophile, les Nouveaux Essais, rédigés par Leibniz en 1704, sont une réponse directe à l’Essai sur l’entendement humain publié par Locke, en 1689. C’est l’occasion pour Leibniz d’exposer une théorie des connaissances infimes qui, par effet de seuil, échappent à la pleine conscience.

Kant

Le début de l’Anthropologie du point de vue pragmatique est consacré à l’examen de la conscience de soi, qui élève infiniment l’homme . En étudiant le retour réflexif de l’homme sur lui- même, Kant doit se confronter à la possibilité de représentations inconscientes.

Schopenhauer

Pas plus qu’un corps ne peut entrer en mouvement sans cause, une pensée ne saurait entrer dans la conscience sans une occasion qui l’amène , énonce Schopenhauer au début du quatorzième supplément du Monde comme volonté et comme représentation. Comment expliquer alors les pensées qui nous semblent dépourvues de raison ?

Nietzsche

Le paragraphe 119 du deuxième livre d’Aurore est intitulé Vivre et imaginer . Nietzsche, analysant la vie des rêves, y esquisse une théorie de l’inconscient où notre corps jouerait le premier rôle.

Freud

Dans L’Interprétation du rêve, Freud s’élève contre ceux qui considèrent les récits de rêve comme des improvisations arbitraires concoctées dans l’embarras et propose de les envisager en tant que textes sacrés , c’est-à- dire des objets signifiants et doués d’une logique propre. Mais pourquoi cette logique n’apparaît-elle pas explicitement ?

Freud

Compression , déplacement , condensation : les métaphores mécaniques ou physiques abondent sous la plume freudienne pour caractériser, à partir de l’analyse du rêve, mais sans s’y réduire, le fonctionnement d’une pensée que Freud comprend comme inconsciente. Ainsi, la condensation serait déterminante dans la vie de l’esprit. La pluralité des interprétations n’en est-elle pas la conséquence nécessaire ?

Freud

Comment parvenir à la connaissance de l’inconscient ? : si connaître suppose d’avoir conscience de ce qu’on connaît, alors il semble impossible d’établir quelque chose comme un inconscient . Revenant en 1915 sur quelques malentendus suscités par son hypothèse de l’inconscient, Freud montre que celle-ci se justifie avant tout par le caractère lacunaire de la conscience.

Russell

Il y a un mystère du rêve. Relève- t-il d’une conscience atténuée ou d’un inconscient véritable ? Est- ce son aspect fragmentaire et discontinu qui lui confère sa part de mystère ? Dans le cadre d’une réflexion sur les croyances vraies et les croyances fausses, Russell précise ici la nature du problème théorique posé par l’étrangeté de l’expérience du rêve.

Bergson

Dans Matière et mémoire, Bergson critique la réduction de l’esprit à ce qui se présente à la conscience , en soulignant que cette présence peut comprendre des degrés. Cette thèse est prolongée, dans L’Énergie spirituelle, par l’étude des souvenirs que notre attention à l’action présente nous porte à négliger et qui ressurgissent à l’occasion du rêve.

Wittgenstein

Le travail critique de la notion de représentation, élaboré par Wittgenstein pendant les années 1930, conjoint à la distinction entre cause et raison, lui permet, lors de leçons données à Cambridge, de requalifier l’hypothèse freudienne, avec laquelle il discute de façon critique.

Sartre

Dans L’Être et le Néant, Sartre développe la notion de mauvaise foi : il s’agit d’une manière consciente de faire comme si l’on n’était pas conscient de quelque chose. Sartre propose alors de requalifier en mauvaise foi le refoulement tel qu’il était conçu par Freud, que Sartre estime impossible.

Simondon

La première relation de l’homme à la technique est pratique et non pas théorique. L’homme y développe des habiletés qui sont en grande partie soustraites à ses capacités de représentation, de verbalisation et de théorisation. Dès lors, ne faut- il pas étendre l’usage des termes inconscient et subconscient ?

Popper

Conjectures et réfutations est un ouvrage polémique qui se fonde sur la distinction entre théorie et pratique. Popper y rappelle, contre certains engouements, politiques ou intellectuels, que l’éventuelle valeur d’une pratique ne saurait suffire à fonder ses prétentions théoriques. Ainsi, la psychanalyse ne confère à ses théories aucune immunité contre la critique.

Bourdieu

Dans les Méditations pascaliennes, Bourdieu essaie de mettre au jour les présupposés propres aux pratiques des professeurs et des intellectuels. Une telle enquête se fonde sur l’hypothèse que la raison savante cache les révélations les plus inattendues sur ce que nous voulons le moins savoir de ce que nous sommes .

Aristote

Aristote distingue, dans le livre V de l’Éthique à Nicomaque, différents types de justice : les justices distributive, corrective, rétributive, et la justice comme vertu. S’y ajoute la différence entre le juste, selon la nature, et le juste, selon la loi. Si chacune de ces espèces de justice a sa norme, il reste que, parfois, la recherche du juste consiste à ne pas appliquer strictement la règle, pour en préserver l’esprit.

Hobbes

D’après Hobbes, le souverain, qu’il s’agisse d’un individu ou d’une assemblée, ne se contente pas de représenter le peuple, mais l’institue en procurant la paix à une multitude, autrement en guerre permanente. Les lois de cette puissance hors norme et à l’origine des normes peuvent- elles être injustes ?

Pascal

La nature est illisible : elle ne saurait fonder la légitimité du droit. Sous cette thèse anodine se dissimule une critique : les grandeurs d’établissement, c’est-à- dire les hiérarchies bénéficiant d’une large reconnaissance sociale, ne tirent leur légitimité que d’un ordre politique contingent et relatif. Faut- il en déduire que les grandeurs d’établissement sont illégitimes ?

Spinoza

Dans le Traité politique, publié après sa mort par ses amis, Spinoza montre que la concorde et la paix ne s’établissent que dans la mesure où gouvernants et gouvernés – qu’ils agissent de bon ou de mauvais gré – n’en mettent pas moins leur conduite au service du salut général . Au chapitre vii, Spinoza pose la question d’une indépendance de la justice face à l’éventuel arbitraire du pouvoir politique.

Montesquieu

Le positivisme juridique consiste à soutenir que la légitimité se réduit à la légalité. À une telle conception, Montesquieu oppose un argument construit à partir d’une compréhension, propre à De l’esprit des lois, de la loi comme relation. Dans quelle mesure y a-t-il une équité antérieure aux lois instituées par les hommes ?

Rousseau

Pour Rousseau, l’ordre social est un droit sacré, qui sert de base à tous les autres. Cependant ce droit ne vient pas de la nature ; il est donc fondé sur des conventions . Afin de souligner le caractère artificiel du droit et de chercher le critère de sa légitimité, Rousseau montre l’absurdité d’un droit fondé sur la force.

Beccaria

Beccaria définit la justice comme le lien nécessaire des individus , sans lequel ces derniers retourneraient dans l’insociabilité ; il considère que tout châtiment qui excède la nécessité de conserver ce lien est injuste . Dès lors, comment apprécier l’intensité des peines ?

Bentham

L’opération juridique, propre au magistrat et, dans une moindre mesure, à l’avocat, est un acte de qualification : il s’agit, pour des faits donnés, de sélectionner, parmi différentes catégories juridiques, celle sous laquelle ces faits tombent, afin d’en tirer des effets de droit. La valeur de ces catégories est-elle absolue ?

Condorcet

Engagé dans la Révolution française, Condorcet souligne la tension qui peut exister entre la nécessité de donner aux lois une stabilité qu’exige le maintien de la paix et l’intégration, dans la société, de nouveaux citoyens qui n’ont pas consenti, dans le passé, aux lois de la majorité.

Tocqueville

Tocqueville s’efforce, à la fin de De la démocratie en Amérique, d’identifier les institutions susceptibles de protéger, voire de renforcer, les libertés individuelles. Après avoir insisté sur l’importance des corps intermédiaires et de la liberté de la presse, ne convient-il pas d’examiner la valeur de la règle de droit ?

Mill

Il y a autant de différences d’opinion et autant de discussions sur ce qui est juste que sur ce qui est utile à la société , remarque Mill dans L’Utilitarisme. Ainsi, plusieurs thèses distinctes concernant le fondement et les limites du droit de punir sont admissibles, tout en demeurant mutuellement incompatibles. Comment trancher ?

Weil

Obligation n’est pas contrainte : alors que la contrainte exprime une violence, l’obligation, étymologiquement, désigne un lien renforcé par une parole donnée. Ainsi l’obligation se détache- t-elle de la force, pour instaurer un ordre de droit. Ne peut- on pas aller plus loin ? La notion d’obligation ne précède- t-elle pas le droit ?

Rawls

Dans la Théorie de la justice, Rawls souligne que la conception de la justice formelle, l’application régulière et impartiale des règles publiques constituent l’État de droit quand elles sont appliquées au système légal . En découle une réflexion sur les conditions de la légitimité des lois et des institutions.

Ricoeur

Polémiquant contre Hobbes, qui cherche à expliquer l’existence des institutions judiciaires par le gain de sécurité qu’elles procurent, mais aussi contre Locke, qui tend à gommer la distinction entre l’état de nature et l’état civil, et enfin contre Rousseau pour qui la seule cessation de l’état de nature est le symptôme d’un échec de l’humanité, Ricoeur promeut le concept de reconnaissance mutuelle comme enjeu principal et positif de l’instauration de la justice.

Platon

Un mythe égyptien fait de Theuth l’inventeur du nombre, du calcul, de la géométrie et, surtout, de l’écriture : de la science et de la mémoire le remède a été trouvé , lui fait dire Platon dans le Phèdre. Mais Ammon, roi solaire et père des dieux, n’approuve pas cette invention. Le mythe de Theuth permet d’interroger les effets de l’invention de l’écriture sur les savoirs et les âmes.

Aristote

Dans la Rhétorique, Aristote distingue trois modes de persuasion : par le vrai et la démonstration (logos), par l’excellence du caractère du locuteur (ethos) et par l’éveil des passions de l’auditeur (pathos). Aristote traite des aspects de la persuasion par les passions : celui de la puissance de la voix, de l’intonation et du geste, les trois composantes de l’action oratoire.

Occam

Si la structure de la Somme de logique reproduit celle de l’Organon d’Aristote, Occam ne se contente pas de répéter la pensée du Philosophe . Ainsi propose-t-il une nouvelle conception des relations entre les mots, les concepts et les choses.

Leibniz

Leibniz porte au signe, dans toute son oeuvre, un intérêt spéculatif et pratique : la perspective d’une combinatoire de signes pourrait constituer une économie de pensée qui en développerait la puissance. Dans quelle mesure est-il possible de perfectionner les opérations intellectuelles en prêtant attention aux signes, à leur fonction et à leur nature ?

Berkeley

Berkeley discute la thèse selon laquelle la faculté de former des idées abstraites, exprimées par des mots généraux, serait la propriété distinctive de l’intelligence humaine. Les idées abstraites étant difficiles à concevoir – comme l’idée de la couleur, à laquelle n’est attachée aucune couleur particulière –, est-il possible d’analyser la signification des mots généraux sans postuler l’existence de telles idées ?

Condillac

Critiquant une tradition cartésienne qui attribue à l’être humain des idées innées, Condillac propose une démarche génétique qui vise à éclairer les modalités de formation de nos connaissances. Dans cette perspective, le langage est autant un instrument qu’un obstacle, dont il convient de mesurer l’importance.

Mill

Les noms sont- ils, à proprement parler, les noms des choses ou les noms des idées que nous avons des choses ? : telle est la question qui commande le début du Système de logique. Il est en effet indispensable de connaître la valeur des mots pour connaître la valeur des propositions, et celle des propositions pour connaître la valeur des arguments et des raisonnements. C’est dans ce contexte que Mill distingue la dénotation des noms, leur sens littéral, de leur signification.

Cournot

L’oeuvre de Cournot constitue une réflexion critique sur les outils de la connaissance scientifique et la manière dont la science ordonne ses connaissances. Le langage ne serait- il pas, par nature, cause d’une inadéquation de la pensée à son objet ?

Nietzsche

La vérité s’énonce, ce qui implique un rapport nécessaire de la vérité au langage. Mais le langage et les mots sont- ils des matériaux adaptés pour l’homme de la vérité, le chercheur, le philosophe ?

Bergson

Dès l’Essai sur les données immédiates de la conscience, Bergson soutient que la pensée demeure incommensurable avec le langage dans la mesure où le langage, général, ne saurait décrire la vie de la conscience, toujours singulière. Dans Le Rire, Bergson prolonge cette analyse en dérivant la généralité du langage des caractéristiques de la vie pratique, de la manière dont nous agissons au quotidien et en société, indifférents à la texture singulière des choses.

Freud

Dans Métapsychologie, Freud compare l’inconscient à une écriture hiéroglyphique, faite d’images et de symboles énigmatiques, qu’il s’agit, pour l’analyste, de traduire en langage clair. Mais le modèle de la traduction, avertit Freud dans L’Interprétation du rêve, trouve ses limites dans la mesure où le symbole n’est qu’une présentation indirecte du contenu qu’il transmet.

Merleau-Ponty

Objet d’étude privilégié des sciences du langage, la notion d’expression pose problème. Merleau- Ponty en propose une analyse, qui renvoie au lien problématique entre la parole et la pensée : la langue que je parle n’est- elle pas simultanément comprise par tous, et pourtant inventive, y compris pour moi, en chacune de ses occurrences ?

Zambrano

L’oeuvre de María Zambrano est traversée par une attention à la raison poétique , la capacité qu’a le langage poétique de nous rapprocher d’un rapport créateur au monde. Remontant à l’origine de la culture, la philosophe dégage les caractéristiques d’un langage rythmé et puissant, qui se distingue du bavardage moderne.

Benveniste

L’oeuvre de Benveniste a posé des jalons essentiels dans la constitution des sciences du langage, en reformulant et en proposant des solutions à des difficultés identifiées de façon ancienne. Pour la relation du langage à la réalité, Benveniste postule une primauté de la parole sur le réel.

Foucault

L’Ordre du discours est la leçon inaugurale de Foucault au Collège de France. Il y énonce l’hypothèse qui animera ses recherches et ses cours. En l’occurrence, il se propose d’identifier les procédures de contrôle et de restriction par lesquelles une société limite ce qui est dicible.

Lévi-Strauss

Dans les quatre volumes des Mythologiques, puis dans La Potière jalouse, Lévi-Strauss réfléchit à la signification des mythes, tout en interrogeant la nature de la signification : est-elle interne au mythe ou au mot, ou est-elle relative à la situation du mythe ou du mot au sein du système dans lequel il s’inscrit ?

Ricoeur

On oppose spontanément le dire et le faire, le discours et l’action. Ricoeur entend montrer ici les limites de cette opposition en distinguant le discours de la langue et du langage.

Ricoeur

Ricoeur a consacré une grande partie de son oeuvre à une réflexion sur la notion de texte : de l’interprétation des symboles bibliques à l’analyse de la métaphore et de la structure du récit, le philosophe donne une importance décisive au texte comme manière de structurer notre monde. Dans ce passage, il s’appuie sur l’expérience de la lecture afin de mettre en évidence la spécificité du texte écrit.

Aristote

C’est au moment où s’effondre la polis (cité) grecque sous la pression des grands royaumes macédoniens qu’Aristote écrit Les Politiques. Pour le philosophe, la cité offre les conditions idéales d’une vie autarcique , indépendante du besoin. Mais son organisation pose la question de la place du pouvoir et de sa distribution : le pouvoir est- il compatible avec l’exercice, par chaque citoyen, de la liberté ?

Aristote

La distinction entre le volontaire et l’involontaire est fondamentale pour la réflexion éthique. D’elle dépendent en effet la sévérité de nos blâmes et la force de nos éloges. Mais est- elle toujours simple à opérer ?

Épictète

Le Manuel d’Épictète a été compilé par un de ses disciples, Arrien, et constitue un guide pour l’apprenti qui progresse vers la sagesse. Celle- ci consiste à la fois dans une connaissance adéquate du monde et dans une manière de vivre vertueuse et libre. Comment faut- il donc concevoir le monde pour devenir libre ?

Boétie

Cherchons donc à comprendre, si c’est possible, comment cette opiniâtre volonté de servir s’est enracinée si profond qu’on croirait que l’amour de la liberté n’est pas si naturel . Ainsi s’étonne La Boétie de la tendance humaine à la servitude.

Descartes

Il n’y a que la seule volonté, que j’expérimente en moi être si grande, que je ne conçois point l’idée d’aucune autre plus ample et plus étendue , soutient Descartes dans la quatrième des six Méditations métaphysiques. Ce pouvoir de la volonté signifie- t-il que se déterminer sans être influencé est la forme la plus haute de liberté ?

Spinoza

Dans l’introduction de la troisième partie de l’Éthique, Spinoza critique ceux qui conçoivent l’homme dans la nature comme un empire dans un empire . Son maître ouvrage n’a été publié qu’en 1677, l’année de sa mort. Mais les contemporains de Spinoza ont pu l’interroger de son vivant sur sa conception de la liberté.

Leibniz

Il faut que le terme du sujet enferme toujours celui du prédicat , énonce Leibniz dans la huitième proposition du Discours de métaphysique. Ainsi les propriétés du triangle se déduisent- elles de la définition du triangle et les propriétés d’un corps de sa nature. Cette proposition logique implique-t-elle en dernier lieu une négation de la liberté ?

Locke

Ceux qui veillent soigneusement sur leurs idées et dirigent leur pensée d’après l’évidence des choses plus que d’après le son des mots évitent bien des disputes, indique Locke au début du chapitre xxi du deuxième livre de l’Essai sur l’entendement humain. Les disputes sur la liberté sont- elles de ces questions vaines qui agitent un esprit incapable de s’arrêter quand il est arrivé en bout de laisse ?

Rousseau

Pourquoi l’homme seul est- il sujet à devenir imbécile ? , demande Rousseau dans le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes. Les traits distinctifs de notre espèce révèlent- ils nos imperfections ou prouvent- ils notre liberté ?

Rousseau

L’homme est né libre et partout il est dans les fers. Tel se croit le maître des autres qui ne laisse pas d’être plus esclave qu’eux , affirme Rousseau au chapitre i du Contrat social. L’ouvrage est une défense du caractère inaliénable de la liberté, qui passe par une mise en question de la légitimité de tout acte de subordination.

Diderot

Dans Le Rêve de D’Alembert, à travers le dialogue entre Mlle de l’Espinasse, compagne de D’Alembert, et le docteur Bordeu, Diderot expose sa conception d’un monde matériel régi par la nécessité. Au détour d’un échange surgit la question de la liberté de nos actions.

Kant

Au septième paragraphe de la Critique de la raison pratique, Kant soutient que la loi fondamentale de la raison pratique est : agis de telle sorte que la maxime de ta volonté puisse en même temps toujours valoir comme principe d’une législation universelle . Ce pouvoir de se donner à soi- même ses propres lois trouve son prolongement dans la distinction entre autonomie et hétéronomie.

Tocqueville

Toute société démocratique est caractérisée par l’égalité de ses membres. Cette égalité aurait pour conséquence une indépendance croissante des individus les uns par rapport aux autres. Ce phénomène social n’engendre- t-il pas des conséquences politiques inquiétantes ?

Mill

Dans De la liberté, Mill soutient que la liberté ne saurait être garantie, dans une société politique, sans la délimitation d’une sphère privée ; cela devrait permettre à chacun de choisir, dans les limites du droit d’autrui, la manière dont il veut conduire sa vie et développer ses facultés individuelles.

Bergson

Méditation sur la relation du temps et de la subjectivité, l’Essai sur les données immédiates de la conscience est le premier ouvrage de Bergson. Au troisième chapitre, celui-ci aborde la question de l’acte libre. Comment décrire la liberté, en tenant compte de la temporalité essentielle à notre conscience ?

Sartre

Dans la quatrième partie de L’Être et le Néant, Sartre soutient que l’homme est libre parce qu’il n’est pas soi mais présence à soi. L’être qui est ce qu’il est ne saurait être libre. La liberté, c’est précisément le néant qui est au coeur de l’homme . Et le philosophe de tirer cette conclusion : l’homme est tout entier et toujours libre ou il n’est pas . Comment concevoir dans ce cadre les obstacles rencontrés par l’homme ?

Aristote

L’objet de la Physique est la nature (physis, en grec). Aristote cherche à déterminer des principes qui vaudraient pour tous les êtres naturels et qui distingueraient ces derniers des êtres artificiels. Mais n’y a- t-il pas une porosité entre ce qui est naturel et ce qui est artificiel ?

Lucrèce

Après avoir loué Épicure, pour son effort de dissipation des ténèbres de l’ignorance et de la superstition, Lucrèce affirme que seule une explication des phénomènes naturels permet de dissiper les vaines croyances. Cette approche de la nature suppose de récuser l’idée de création ex nihilo et de considérer l’existence de relations déterminées entre les causes et leurs produits.

Marc-Aurèle

Pour Marc Aurèle, la nature est ce qui nous entoure et ce à quoi il s’agit de se conformer. Elle est aussi comprise comme une providence, qui fait tout au mieux pour l’ensemble des créatures. Comment expliquer alors qu’elle soit également un flux, dans lequel toutes choses s’altèrent et disparaissent ?

Mirandole

À l’intersection de la tradition platonicienne et d’un récit biblique revisité, l'auteur Pic de la Mirandole, avec son livre 'De la dignité de l’homme', publie ce qui constitue un manifeste de la pensée humaniste de la Renaissance. La nature humaine ne saurait être réduite à une norme préétablie : n’est-elle pas une ébauche, dont l’achèvement nous revient ?

Montaigne

« La présomption est notre maladie naturelle et originelle », diagnostique Montaigne dans l’« Apologie de Raymond Sebond », réflexion consacrée en grande partie à la différence entre l’homme et les autres animaux. N’est-ce pas un amour de soi peut-être excessif qui incite l’homme à se considérer comme une exception au sein de l’ordre naturel et à s’en écarter ?

Bacon

Les sceptiques supposent les secrets de la nature impénétrables, les dogmatiques pensent y lire à livre ouvert. Récusant ces attitudes, Bacon promeut l’invention d’un nouvel instrument théorique, un Novum Organum, censé accroître notre empire sur la nature sans prétendre la commander. L’homme n’étend ses actions et ses connaissances qu’à mesure de ses observations ; il ne sait ni ne peut rien de plus.

Descartes

« Je ne veux pas différer plus longtemps », annonce Descartes dans Le Monde, au sixième paragraphe, « à vous dire, par quel moyen la Nature seule pourra démêler la confusion du Chaos dont j’ai parlé, et quelles sont les lois que Dieu lui a imposées ».

Condillac

On distingue souvent l’animal de l’homme à partir de la différence entre l’instinct et la raison. Condillac montre que l’instinct suppose « un commencement de connaissance ». Dès lors, les hommes n’agissent-ils pas souvent par instinct, eux qui ne sont rien sans leurs habitudes ?

Diderot

Nous croyons avoir une idée claire de ce qu’est un animal. Mais savons- nous définir ce que nous croyons savoir ? Définir, c’est délimiter ; c’est regrouper dans un même genre des individus différents et, ainsi, les distinguer de ceux qui appartiennent à un autre genre. La diversité profuse du monde animal autorise- t-elle une telle délimitation ?

Rousseau

Rousseau a consacré plusieurs moments de sa vie à l’étude de la botanique, pour laquelle il a posé les jalons d’un dictionnaire scientifique. Cette étude, dans son œuvre, est néanmoins irréductible à la seule quête de connaissance. Elle pose la question du sens de l’existence, sur le mode d’une déambulation libre et heureuse.

Kant

Le soixante- cinquième paragraphe de la Critique de la faculté de juger est intitulé : « Les choses en tant que fins naturelles sont des êtres organisés ». Kant y soutient que la nature s’organise « d’elle- même, et cela dans chaque espèce de ses produits organisés, selon un même exemplaire dans l’ensemble, mais cependant aussi avec des écarts convenables et exigés selon les circonstances pour l’auto-conservation de l’espèce ».

Hegel

L’esprit humain récolte, sur la nature, des connaissances prolifiques en observant ses différentes manifestations. La connaissance humaine doit-elle pour autant se limiter, dans son rapport à la nature, à ces savoirs particuliers, ou développer un savoir unifié, compréhensif, de l’être de la nature ?

Schopenhauer

On peut, selon Schopenhauer, considérer l’homme de deux points de vue : ou bien comme sujet qui se représente le monde par son entendement et le contemple pour le connaître ; ou bien comme organisme traversé par des pulsions et des forces qu’il nomme « volonté ». Face à une nature hostile, ces deux dimensions n’entrent-elles pas en conflit ? Que produit ce conflit ?

Darwin

« Supposer que l’œil, avec tous ses dispositifs inimitables », reconnaît Darwin dans L’Origine des espèces, « pourrait avoir été formé par sélection naturelle, semble, je l’avoue sans mal, absurde ». Les apparences, toutefois, sont trompeuses : n’est-ce pas une compréhension trop humaine de la nature qui nous empêche de reconnaître que les organes les plus complexes se forment graduellement ?

Lévi-Strauss

La parenté, la filiation ou les relations matrimoniales se situent à l’intersection – délicate à saisir – de la nature et de la société. Lévi-Strauss montre comment la prohibition de l’inceste bouscule les propriétés habituellement attribuées à la nature, d’une part, et à la règle, d’autre part.

Naess

« La nature humaine est telle que, si nous atteignons une maturité assez englobante, il nous est impossible de ne pas nous identifier avec tous les êtres vivants », soutient Naess dans La Réalisation de soi. Cette disposition espérée de notre nature ne recèlerait-elle pas la possibilité de modes de vie préférables aux nôtres ?

Platon

Dans le Phédon, Platon raconte – ou imagine – les derniers instants de Socrate. Dans quelle mesure la mort est- elle à redouter ? Socrate justifie son espoir d’une immortalité de l’âme en se fondant sur les rapports qui s’établissent entre le corps et l’âme, au cours de l’existence. L’acte de raisonner ne peut- il, dans ce contexte, être compris comme le processus par lequel l’âme s’émancipe du corps ?

Aristote

Dans le livre gamma de Métaphysique, Aristote se donne pour objet d’étude « l’être en tant qu’être » et non pas un genre d’êtres particuliers. Comme le philosophe ne sépare pas l’étude des principes premiers de l’être des principes fondamentaux de la pensée, il est amené à poser « le principe le plus sûr de tous », « le principe de tous les autres axiomes », celui qui serait au fondement, donc, de notre rationalité.

Épictète

Après une analyse consacrée au caractère illusoire du pouvoir tyrannique et à une description de l’attachement indu des hommes à de faux biens (Entretiens, I, xix), Épictète récapitule, dans le chapitre xx, le caractère réflexif de la raison humaine, source de toute sagesse.

Avicenne

Dans Le Livre de science, Avicenne examine les diverses facultés que sont la sensation, l’imagination et l’intellect. Si les deux premières sont communes aux hommes et aux animaux, la faculté intellectuelle est bien le propre de l’homme et consiste à considérer un objet de manière abstraite, indépendamment de ses particularités matérielles.

Thomas d\'Aquin

Suffit-il de bien raisonner pour bien agir ? Héritant de cette question posée par l’éthique d’Aristote, Thomas d’Aquin examine le pouvoir de la raison sur les passions. Pour bien agir, il est requis que non seulement la raison soit bien disposée par la manière d'être de la vertu intellectuelle, mais aussi que le désir humain le soit par la manière d'être de la vertu morale. Donc, de même que le désir humain se distingue de la raison, de même la vertu morale se distingue de la vertu intellectuelle.

Montaigne

L’« Apologie de Raymond Sebond » est l’occasion d’une mise à l’épreuve sceptique de la raison, que de nombreux philosophes tiennent pour la « contrôleuse générale de tout ce qui est au-dehors et au- dedans de la voûte céleste, qui embrasse tout et peut tout ». Que vaut cette prétention, face à l’irréductible différence et instabilité des choses qui composent notre monde, cette « branloire pérenne » ? Il n’y a aucune constante existence, ni de notre être, ni de celui des objets. Et nous, et notre jugement, et toutes choses mortelles vont coulant et roulant sans cesse. Ainsi il ne se peut établir rien de certain de l’un à l’autre, et le jugeant et le jugé étant en continuelle mutation et branle.

Descartes

Descartes écrit à Mersenne en 1639 que la raison est « un instinct » qui « est en nous en tant qu’hommes ». Cela implique- t-il toutefois que tous les hommes en fassent un égal usage ? La puissance de bien juger, et distinguer le vrai d’avec le faux, qui est proprement ce qu’on nomme le bon sens ou la raison, est naturellement égale en tous les hommes ; et ainsi la diversité de nos opinions ne vient pas de ce que les uns sont plus raisonnables que les autres, mais seulement de ce que nous conduisons nos pensées par diverses voies, et ne considérons pas les mêmes choses.

Pascal

« Deux excès. Exclure la raison, n’admettre que la raison. » Ce fragment des Pensées synthétise le rapport nuancé et critique de Pascal à la rationalité : sans renoncer à l’exercer, il en perçoit les limites et les expose. Il questionne la puissance – ou l’impuissance ? – de la raison face aux effets nombreux et vertigineux de l’imagination.

Malebranche

Malebranche définit l’attention comme une « prière naturelle » de l’esprit. Cette vigilance rationnelle s’exerce autant en direction du monde extérieur, dans les sciences, que vers une intériorité passée au crible par l’écoute de « la vérité intérieure, dans un plus grand silence des sens, de l’imagination et des passions ». Cette tension vers la raison suppose au préalable d’en dénoncer les mauvais usages.

Châtelet

Émilie du Châtelet a, par ses traductions, contribué à introduire la pensée de Newton en France. Lectrice de Leibniz et de Locke, elle récapitule, dans les premières pages de ses Institutions de physique, les principes fondamentaux sans lesquels aucune pensée rationnelle ni aucun discours cohérent ne pourraient se développer. Ainsi l’impossible est ce qui implique contradiction, et le possible ce qui ne l’implique point. Il faut bien prendre garde que cette définition ne nous induise pas à prendre des notions trompeuses pour des notions claires : car il arrive quelquefois que nous nous formons des idées trompeuses qui nous paraissent évidentes faute d’attention, et parce que nous avons une idée de chaque terme en particulier, quoiqu’il soit impossible d’en avoir aucune de la phrase qui naît de leur combinaison.

Hume

Contre une compréhension de la raison qui lui accorderait trop de pouvoir, Hume cherche à préciser la nature et la fonction de l’expérience, qui pallie, dans la vie théorique et pratique, les carences de la rationalité. Dans quelle mesure l’exercice de la pensée dépend-il des observations ? De causes qui paraissent semblables, nous attendons des effets semblables. Telle est la somme de toutes nos conclusions expérimentales (scientifiques). Or, il semble évident que si cette conclusion était formée par la raison uniquement, elle serait aussi parfaite. Mais le cas est bien différent. Rien de si semblable que des œufs ; cependant, personne n’attend, en raison de cette apparente ressemblance, le même goût et la même saveur pour chacun d’eux.

Kant

Après avoir montré qu’une volonté bonne est une volonté qui se soumet à l’impératif catégorique sans subir les contraintes de la sensibilité, Kant envisage, dans la troisième section des Fondements de la métaphysique des mœurs, le fondement de cette autonomie de la volonté : l’idée de la liberté, qui ne peut être attribuée qu’à un être raisonnable.

Kant

Selon Kant, le sens commun désigne « une faculté de juger qui dans sa réflexion tient compte, lorsqu’elle pense, du mode de représentation de tous les autres humains afin d’étayer son jugement, pour ainsi dire, de la raison humaine dans son entier ». Cette capacité d’anticiper le jugement virtuel d’autrui correspond à trois maximes, dont le respect définit l’autonomie intellectuelle.

Hegel

Si, comme il le note au paragraphe 447 de l’Encyclopédie des sciences philosophiques, un homme enfermé dans sa particularité se refuse à la « communauté de la rationalité », Hegel entend néanmoins montrer que de nombreuses réalités en apparence privées de rationalité – comme la sensation – n’en sont pas dépourvues.

Husserl

Rédigés à l’invitation d’une revue japonaise, les cinq articles réunis dans "Sur le renouveau" proposent une réflexion sur la faillite de la raison et de la culture européenne que fut la Première Guerre mondiale. Refusant deux solutions de facilité, l’irrationalisme et la simple reconduite de la tradition rationaliste, Husserl essaie de restaurer l’idéal originel de la rationalité.

Habermas

Une argumentation, une action, une personne peuvent être dites rationnelles. Qu’est-ce donc qui rend une forme de vie rationnelle ? L’œuvre de Jürgen Habermas se propose de répondre à cette question en rendant justice à l’importance de la communication dans la constitution de la rationalité. Ce qui est constitutif pour la rationalité de l’action, c’est le fait que l’acteur prévoit son action selon un plan qui implique la vérité d'une opinion, un plan en conséquence duquel l’objectif posé peut être réalisé dans des circonstances données.

Putnam

Dans le chapitre v de "Raison, vérité et histoire", Putnam discute une « conception critérielle » de la rationalité, qui identifie les conditions nécessaires et suffisantes de la rationalité. Toutefois, vouloir formaliser ce qui est rationnellement acceptable, n’est-ce pas méconnaître la dimension historique de la rationalité ?

Bouveresse

Si une attribution de la rationalité à un individu – « le » scientifique, par exemple – ou à un groupe – « les » scientifiques – est douteuse, faut-il pour autant en conclure que la rationalité n’est pas un concept fiable et qu’elle mériterait d’être rejetée ?

Platon

Euthyphron prétend connaître « ce qu’il en est du divin ». Interrogé par Socrate, le devin définit le pieux comme « ce que tous les dieux aiment » (9d). Mais faire des sentiments des dieux la norme de ce qui est pieux, n’est-ce pas promouvoir une conception arbitraire des principes religieux et de la morale ?

Lucrèce

Lucrèce se propose d’étudier l’origine de la religion romaine : celle-ci ne naît-elle pas d’un étonnement devant la régularité des phénomènes célestes ? N’est-elle pas la conséquence d’une ignorance des causes qui régissent la nature ?

Cicéron

Proposant d’abord une interprétation rationaliste et physique des noms de dieux, Cicéron, dans "De la nature des dieux", cherche ensuite à mettre en évidence l’absurdité des mythes et les excès de la superstition. Le véritable culte des dieux ne se caractérise-t-il pas par sa sobriété extérieure ?

Averroès

Le Discours décisif d’Averroès est une fatwâ, c’est-à- dire un avis juridique, qui soutient que l’interprétation du texte réputé sacré peut être une obligation pour qui en a la capacité rationnelle. Il s’agit donc de déterminer quelles sont les propositions du texte révélé dont l’interprétation est légalement obligatoire pour le philosophe.

Thomas d\'Aquin

Pour Thomas d’Aquin, la religion n’est pas une vertu « théologale » comme le sont l’espérance, la foi ou la charité. Celles-ci sont ordonnées à un objet qui dépasse la connaissance humaine. La religion, au contraire, est une vertu morale, en lien avec la justice et la vie sociale. C’est dans ce contexte que se pose la question de la possibilité d’un excès de religion.

Pascal

Les croyants, soutient Pascal dans les Pensées, ne peuvent « rendre raison de leur créance », mais « cela n’excuse pas ceux qui la reçoivent », dont on ne saurait exiger a priori qu’ils renoncent à toute raison. C’est donc dans la perspective d’une réception de la croyance qu’il convient d’examiner l’existence de Dieu.

Spinoza

Spinoza considère que les textes dits sacrés n’ont pas été écrits « pour les doctes, mais pour les hommes de tout âge et de toute condition ». Une telle position ouvre la possibilité d’une interprétation personnelle des dogmes religieux, dans le cadre d’une communauté politique.

Montesquieu

« Je n’examinerai donc les diverses religions du monde, que par rapport au bien que l’on en tire dans l’état civil », précise Montesquieu au début du chapitre de "De l’esprit des lois" consacré aux religions. C’est dans ce contexte politique, et non théologique, qu’il critique le jugement de Bayle sur les défauts respectifs de l’idolâtrie et de l’athéisme.

Feuerbach

Plutôt que d’affirmer, de suspendre ou de nier directement la croyance en Dieu, Feuerbach se propose de l’interpréter : quel est son objet véritable ? Par un mouvement dialectique, la notion de Dieu est ainsi à la fois reconnue et, parce que reconnue, récusée.

Kierkegaard

Pour l’intelligence, la foi ne peut prendre, selon Kierkegaard, que la figure du paradoxe. Si la croyance est motivée par une passion existentielle, l’intelligence demeure à jamais impuissante à la fonder. Dieu ne serait-il pas le lieu d’une différence infinie, différence pressentie mais à jamais inexplicable ?

Nietzsche

L’annonce retentissante du meurtre de Dieu est une provocation pour le croyant. Toutefois, ne s’agit-il pas autant, sous la plume de Nietzsche, de la mise en question d’un athéisme convenu, qui ne mesurerait pas à sa juste valeur le bouleversement qu’implique la fin proclamée d’une croyance collective majeure ?

Clifford

Dans un contexte où les avancées de la science mettent en question la rationalité de la foi, William Clifford promeut une éthique des croyances qui soumet leur légitimité aux éléments de preuve qui les fondent. Les croyances religieuses seraient-elles immorales ?

James

En 1876, Clifford, dans « l’Éthique de la croyance », avait soutenu que « si je m’abandonne à croire quoi que ce soit sur la base d’éléments de preuve insuffisants », alors « il est inévitable que je cause, en m’abandonnant à croire de cette façon, un grand tort à l’Homme, celui de m’être rendu crédule ». Vingt ans plus tard, dans « la Volonté de croire », James cherche à répondre à Clifford. La liberté de croire ne peut s’appliquer qu’à des options vivantes entre lesquelles l’intelligence de l’individu concerné ne peut trancher par elle?même ; et une option vivante ne paraît jamais absurde à celui qui l’envisage.

Durkheim

À partir de l’exemple du totémisme australien, Durkheim réfute l’idée que les premières conceptions religieuses trouvent leur origine dans « un sentiment de faiblesse et de dépendance, de crainte et d’angoisse ». Si la religion est irréductible à une illusion provoquée par l’angoisse devant l’inconnu, d’où lui vient donc sa force ? Par cela seul qu’elles ont pour fonction apparente de resserrer les liens qui attachent le fidèle à son dieu, du même coup elles resserrent réellement les liens qui unissent l’individu à la société dont il est membre, puisque le dieu n’est que l’expression figurée de la société.

Freud

« Les messages de notre fonds culturel qui pourraient avoir la plus grande signification pour nous » sont « ceux précisément dont l’accréditation est la plus faible de toutes », remarque Freud dans "L’Avenir d’une illusion". Et Freud s’interroge : comment expliquer le crédit des doctrines religieuses ?

Wittgenstein

Les convictions religieuses s’énoncent dans des discours. Mais quel est le sens des concepts, des propositions et des arguments qui y sont employés ? Wittgenstein, toujours sensible à la possibilité qu’une proposition soit dépourvue de sens, analyse le mode de signification des discours religieux afin de mettre au jour leur singularité.

Lévinas

Dans la prière se trouve, selon Levinas, un paradoxe qui prend l’allure d’un scandale. Quel est le sens de ce discours, prononcé depuis l’intimité vers une transcendance désirée ?

Platon

Quelle est la science la plus élevée ? Seraient-ce les mathématiques, en raison de la nécessité démontrée de leurs conclusions ? Si elles sont convoquées par Socrate, c’est pour déterminer la possibilité d’une science supérieure.

Aristote

Aristote, dans les Seconds Analytiques, analyse les notions fondamentales de contradiction, de contrariété, d’implication et de modalité. Cet effort de clarification permet de dégager des critères de scientificité d’une théorie, d’un raisonnement ou d’une proposition. À quelles conditions pouvons-nous disposer d’un savoir scientifique ?

Scot

Il est impossible de connaître, par l’expérience, tous les cas potentiels. Toutefois, la possibilité de la connaissance n’est pas défaite pour autant : si l’on postule l’uniformité et l’unité de la nature, ne peut-on, légitimement, tirer une proposition générale fiable des seuls cas connus ? Pour garantir cette fiabilité, il convient de saisir l’objet en sa cause.

Descartes

La première règle donnée par Descartes pour la direction de l’esprit est que « le but de toutes nos études doit être de former notre esprit, pour le rendre capable de porter des jugements solides et vrais sur tout ce qui se présente à lui ». Reste que la pluralité des objets étudiés peut poser problème : ne rend-elle pas opaque l’unité finale de l’étude ?

Malebranche

Dans "De la recherche de la vérité", Malebranche rend justice à la géométrie, connaissance certaine de rapports nécessaires et immuables entre des termes abstraits. Il promeut aussi l’utilité pratique et méthodique de cette science : école de l’attention, elle nous apprend à orienter notre imagination vers des idées claires et distinctes. Ceci posé, il importe de ne pas confondre les rapports entre les idéalités mathématiques et les relations naturelles entre les corps matériels.

Châtelet

Dans "les Institutions de physique", la marquise du Châtelet promeut une conception de la recherche fondée sur l’observation et l’expérience. Estimant que les disciples de Descartes ont abusé de l’utilisation des hypothèses, et que ceux de Newton sont tombés dans le défaut contraire, elle essaie d’en déterminer le bon usage.

Hume

L’étude des impressions que nous avons originellement senties et dont les idées sont des copies permet d’obtenir, selon Hume, « un nouveau microscope » pour les sciences morales. Or, placée sous ce microscope, l’idée de connexion nécessaire, qui fonde le projet d’une connaissance rationnelle des causes, des phénomènes et des lois qui régissent leurs rapports, se révèle problématique.

Cournot

Cournot, dans la deuxième partie de son Essai, discute, au chapitre xx, « le contraste de l’histoire et de la science ». Ne faut-il pas soutenir que « la description d’un phénomène dont toutes les phases se succèdent et s’enchaînent nécessairement selon des lois que font connaître le raisonnement ou l’expérience, est du domaine de la science et non de l’histoire » ? A contrario, comment caractériser la rationalité de l’histoire ?

Nietzsche

Si Nietzsche propose souvent une critique de certains idéaux scientifiques, il valorise en revanche, dans Humain, trop humain, « cette vertu d’abstention prudente » qui caractérise l’attitude de celui qui ne se rend à aucune conviction sans l’avoir patiemment mise à l’épreuve.

Durkheim

Conscient des réticences que suscitent les résultats des enquêtes sociologiques, Durkheim rappelle la distance qui sépare les théories scientifiques méthodiquement constituées des opinions du sens commun. Une distance d’autant plus difficile à percevoir lorsque la science a pour objet l’homme lui-même.

Duhem

Physicien français, Duhem se distingue par une épistémologie qui tient les théories scientifiques pour de stricts instruments, permettant de hiérarchiser les lois de la nature, mais sans certitude immédiate sur leur adéquation avec le réel. Faut-il, dès lors, renoncer à l’affirmation de leur vérité ?

Wittgenstein

La science décrit le monde. Reste que les outils de cette description – modèles, théories, instruments mathématiques – ne doivent pas être confondus avec leur objet : une carte n’est pas un territoire. Il existe différentes manières de construire une carte pour un même territoire. De même, la science se caractérise par une pluralité de possibilités de représentations, que sa puissance analytique tend, parfois, à faire oublier.

Bachelard

La pratique des sciences est une authentique culture, au sens littéral et exigeant d’une formation de l’esprit humain. Cette formation de l’esprit se fonde sur des vertus qu’elle permet de développer en retour : créativité théorique, prudence réflexive et exigence critique se combinent, au service d’une pensée qui se déleste constamment d’hypothèses inopérantes pour gagner en précision.

Bachelard

Eddington (1882-1944), astrophysicien britannique, a contribué à élaborer une théorie fondamentale susceptible d’unifier la théorie quantique et la théorie de la relativité d’Einstein. Sa compréhension novatrice de l’atome permet à Bachelard de préciser la nature du lien qui existe, dans les sciences, entre les apports de l’expérience et de la raison.

Canguilhem

Dans « Le Vivant et son milieu », Canguilhem montre que le rapport du vivant à son milieu ne peut être réduit à une relation de passivité, où le vivant subirait les influences du milieu : « le propre du vivant, c’est de se faire un milieu, de se composer un milieu ». Fort de cette analyse, Canguilhem peut poser la question de la relation de l’homme, en tant que sujet de la connaissance scientifique, à son milieu vital.

Levi-Strauss

Dans le premier chapitre de "La Pensée sauvage", consacré à la « science du concret », Lévi- Strauss, refusant de distinguer absolument pensée rationnelle et pensée dite « primitive », soutient que les classifications des espèces opérées par les peuples dits « primitifs » supposent les mêmes opérations mentales que celles de la science moderne. Quelle est alors la différence entre pensée primitive et pensée scientifique moderne ?

Popper

Si la scientificité d’une théorie se mesure à sa réfutabilité, comme le soutient Popper, le fait pour une théorie d’être irréfutable, de ne pouvoir souffrir aucune objection, peut-il encore garantir la vérité de cette théorie ?

Kuhn

Le progrès des sciences n’est, d’après Kuhn, ni linéaire, ni cumulatif. À des phases de perfectionnement succèdent des crises lors desquelles les découvertes scientifiques qui, pour un temps, ont fourni à une communauté de chercheurs des problèmes types et des solutions, sont radicalement remises en question. Quels sont les événements à l’origine de ces changements de « paradigme » ?

Aristote

Comment concevoir le rapport du corps humain aux dispositions techniques de l’homme ? Anaxagore, philosophe grec présocratique, n’a pas hésité à faire des mains l’origine de l’intelligence humaine. Aristote, qui raisonne à partir de la notion de finalité, propose une autre analyse. Anaxagore dit ainsi que c’est du fait qu’il a des mains que l’être humain est le plus intelligent des animaux, alors qu’il est rationnel que ce soit du fait qu’il est le plus intelligent qu’il soit pourvu de mains.

Bacon

Dans son œuvre, Bacon valorise les relations des objets techniques et des sciences. C’est par leur puissance d’altération de la nature et de constitution de notre monde que les objets techniques se révèlent à nous. Dès lors, question technique et interrogation éthique s’entrecroisent.

Pascal

Conscient des erreurs qui peuvent s’introduire dans le calcul arithmétique opéré par un être humain, Pascal propose une machine arithmétique « qui relève le défaut de la mémoire ». C’est l’occasion, pour le philosophe, de réfléchir aux rapports entre concepteur et exécutant, ainsi qu’entre théorie scientifique et application technique.

Comte

Dans son Cours de philosophie positive, Comte émet l’hypothèse d’une histoire de l’humanité caractérisée par des états successifs, peu à peu dépassés. Dans le contexte de développement technique et industriel propre au xixe siècle, la relation des « arts » – c’est-à-dire, sous la plume du penseur, des techniques – et des sciences devient un enjeu crucial.

Marx

La révolution industrielle se caractérise, au xixe siècle, par l’irruption de la machine-outil, qui rompt avec le travail artisanal. Marx, dans Le Capital, analyse cette irruption comme un moment stratégique, susceptible d’étayer son hypothèse d’une détermination de l’organisation du travail par un certain état des techniques.

Marx

Dans les Manuscrits de 1844, Marx caractérise l’aliénation de l’ouvrier, dans le monde industriel, par une triple privation : privation de la maîtrise de l’objet, privation des moyens de la production, privation de son propre corps. Dans Le Capital, en 1867, il reprend la question de la privation du corps, discutée à partir d’une distinction difficile à opérer entre organisme et mécanisme.

Bergson

Dans L’Évolution créatrice, Bergson cherche à distinguer l’intelligence de l’instinct. Le problème est qu’« intelligence et instinct, ayant commencé par s’interpénétrer, conservent quelque chose de leur origine commune ». C’est dans ce contexte théorique de distinction qu’une nécessaire revalorisation des arts mécaniques s’opère.

Bachelard

L’Essai sur la connaissance approchée est un éloge de l’approximation, entendue comme « objectivation prudente, féconde, [et] vraiment rationnelle puisqu’elle est à la fois consciente de son insuffisance et de son progrès ». L’ouvrage, issu de la thèse de doctorat de Bachelard, s’attache à revenir sur une assimilation trop rapide et fréquente entre sciences et techniques.

Weil

En 1934, Simone Weil entre comme manœuvre dans une usine ; il s’agit pour elle de faire l’expérience directe de la réalité concrète vécue par les ouvriers, afin de découvrir « les conditions réelles qui déterminent la liberté et la servitude des ouvriers ». L’une de ces conditions réelles, c’est la relation de l’ouvrier à la machine.

Canguilhem

Canguilhem, sensible à la singularité des phénomènes biologiques, entend, dans "La Connaissance de la vie", « inscrire le mécanique dans l’organique », « en considérant la technique comme un phénomène biologique universel ».

Lév-Strauss

Lévi-Strauss discute deux opinions : d’une part, les techniques caractérisant les sociétés réputées « premières » seraient qualitativement inférieures aux techniques des sociétés dites « avancées » ; d’autre part, l’accumulation heureuse d’un capital technique dans une société serait propre à une seule culture : la nôtre. Dans quelle mesure s’agit-il d’opinions préconçues ?

Heidegger

Pour Heidegger, « l’essence de la technique n’est rien de technique ». Il serait faux de réduire la technique à un simple instrument au service de l’homme : elle définit plutôt une certaine manière de se rapporter au monde, sur le mode de la « calculabilité ». En cela, la technique serait un mode du « dévoilement » de la nature.

Arendt

Dans "L’Humaine Condition," Hannah Arendt distingue « des articulations élémentaires de la condition humaine » : le travail, la fabrication, l’œuvre, l’action, la vie contemplative. La confusion de ces articulations serait « à l’origine de l’aliénation du monde moderne ». Ces concepts lui permettent ici de concevoir la spécificité du monde technologique dans lequel nous vivons.

Simondon

Évitant de réduire l’objet technique à sa fonction répétitive, et de faire de lui une simple application d’une théorie, Simondon propose de pénétrer à l’intérieur de l’objet, pour comprendre son fonctionnement interne et les causes de son évolution, qui procède « par convergence et adaptation à soi ».

Simondon

L’essence de l’objet technique implique la culture, dont il constitue un moment crucial et significatif ; ainsi, Simondon, refusant de ramener l’objet technique à son seul usage, l’inscrit dans une histoire qui permet d’en comprendre la nature.

Lév-Strauss

Le premier chapitre de "La Pensée sauvage" est intitulé « La science du concret ». Claude Lévi-Strauss repère, dans la pensée des sociétés dites primitives, parfois réduite à l’irrationalité, une méthode rationnelle de cartographie du monde, différente du raisonnement de la science moderne, mais non moins digne. Afin de saisir la distinction entre la science du concret et la science moderne, l’anthropologue propose une analogie entre la pensée sauvage et le bricolage.

Platon

Timée, en un long discours exposé à la demande de Socrate, cherche à expliciter comment « le devenir, c’est-à-dire notre univers », a été constitué et « pour quelle raison » (Timée, 29e). Dès lors, comment ne pas chercher, ne serait-ce que sur un mode mythique, à qualifier la nature du temps ?

Aristote

Le temps n’est pas le mouvement, puisque le mouvement peut être lent ou rapide, alors que le temps ne peut, semble-t-il, sans se contredire, comporter lui-même de vitesse. Mais le temps a quelque chose du mouvement, puisque l’existence même du temps ne va pas sans celle du mouvement. C’est cette primauté du mouvement sur le temps qu’Aristote discute au quatrième livre de la Physique.

Lucrèce

Dans quelle mesure le temps est-il le « milieu » dans lequel les événements se produisent ? Se référant à différents événements de la guerre entre Grecs et Troyens, chantée par Homère dans L’Iliade, Lucrèce soutient qu’il faut prendre garde à ne pas donner au temps une existence propre.

Sénèque

« La vie des hommes occupés est extrêmement courte », affirme Sénèque dans La Brièveté de la vie. Alors que le sage vit dans l’otium (le loisir) et sait se détacher du présent qui fuit, l’insensé, tourmenté par ce même présent, ne laisse-t-il pas échapper le temps qu’il veut saisir ?

Augustin

S’il est difficile de définir le temps, n’est-ce pas parce que nous ne savons pas vraiment ce qu’il est, alors même que nous croyons le connaître de façon intime ? Comment dire ce qu’est ce présent, qui paraît se réduire à la conversion de ce qui n’est pas en ce qui n’est plus ?

Augustin

Les commentateurs d’Aristote, à partir du livre IV de la Physique, avaient élaboré une compréhension cosmologique du temps comme « nombre du mouvement ». Une telle conception du temps suffit-elle à épuiser son essence ? Dialoguant de façon critique avec cette tradition, Augustin propose une définition alternative du temps.

Machiavel

Dans les Discours sur la première décade de Tite-Live, Machiavel s’étonne que les exemples du passé soient « plutôt admirés qu’imités » : alors que l’Antiquité fait l’objet d’un éloge presque unanime, peu nombreux sont ceux qui cherchent à en tirer profit pour un présent qu’ils méprisent souvent.

Pascal

Les Pensées de Pascal proposent une analyse du « divertissement ». Il ne faut pas entendre là un amusement occasionnel, mais la tendance constante des hommes à se détourner de la réalité présente. Cette nécessité de diversion ne nous conduit elle pas à errer dans des temps « qui ne sont point nôtres » ?

Kant

Le quatrième paragraphe de la Critique de la raison pure est une « exposition métaphysique du concept de temps ». Au deuxième paragraphe, Kant avait explicité sa démarche : « J’entends par exposition la représentation claire (quoique non détaillée) de ce qui appartient à un concept ».

Kierkegaard

Dans le Post-scriptum définitif et non philosophique aux Miettes philosophiques, Kierkegaard critique une manière « abstraite » d’interroger l’existence, qui en dépouillerait notamment le caractère temporel. Il soulève ainsi le paradoxe d’une pensée qui ne s’interroge pas sur ses propres conditions temporelles d’existence.

Husserl

Les "Leçons pour une phénoménologie de la conscience intime du temps" proposent une description minutieuse de notre expérience de la temporalité. Si les phénomènes nous apparaissent dans le temps, comment la temporalité de notre expérience se constitue-t-elle ?

Bergson

Le premier chapitre de "L’Évolution créatrice" analyse « l’évolution de la vie », en discutant les concepts de mécanisme et de finalité. Dans ce cadre, Bergson soutient que « quant à la vie psychologique, telle qu’elle se déroule sous les symboles qui la recouvrent, on s’aperçoit sans peine que le temps en est l’étoffe même ».

Russell

L’analyse peut découvrir des différences logiques importantes là où un seul fait est apparent. C’est ainsi que Russell, en distinguant deux sortes de souvenir, précise les rapports qu’il y a entre la mémoire des expériences passées et la question de l’identité personnelle dans le temps.

Bergson

Au début de La Pensée et le Mouvant, Bergson procède à une brève récapitulation de son itinéraire philosophique. Il rappelle la distinction entre la durée – temps de la conscience – et le temps spatial qu’étudie la science. Leur différence n’est-elle pas celle qui sépare un temps mouvant et un temps immobile ?

Merleau-Ponty

Merleau-Ponty considère que la métaphore qui rapproche le temps d’une rivière est « en réalité très confuse », car elle fait comme si le temps existait indépendamment d’un sujet qui le considère. Or, si cette métaphore garde un sens, c’est sans doute en raison de la continuité immanente au temps. Cette continuité pourrait-elle exister sans le sujet qui se projette et se remémore ?

Certeau

Michel de Certeau, spécialiste de l’histoire de la mystique à l’époque moderne, s’interroge, dans « L’Opération historique », sur ce que fait l’historien. Pratiquer les sciences historiques, c’est nécessairement entretenir un certain rapport à la mort, mais c’est aussi ouvrir une brèche dans le présent, par la représentation de ce qui ne s’y réduit pas.

Zhuangzi

Une anecdote de Tchouang-tseu évoque un nageur qui traverse avec aisance de dangereuses chutes d’eau : « J’ai grandi dans l’eau et je m’y suis accoutumé, voilà le naturel. Je m’y meus sans même m’en rendre compte, voilà la vie même », explique- t-il. De même, l’habitude qui mène au naturel, la familiarité avec l’objet travaillé n’assurent-elles pas l’efficacité et la virtuosité du travail ?

Aristote

Il importe de distinguer avec justesse les différentes sortes de pratiques humaines. C’est pourquoi Aristote définit l’activité productive (poiêsis) comme une pratique spécifique, sollicitant d’autres vertus intellectuelles et d’autres habiletés que la connaissance (theoria) et l’action (praxis).

Ficin

Une tradition de la Renaissance italienne insiste sur la dignité du travail (labor) et de la vie active. Si l’homme ne peut, comme Dieu, créer à partir de rien, par son travail, il « imite toutes les œuvres de la nature divine et exécute, corrige, perfectionne les ouvrages de la nature inférieure », selon Ficin. Les fabrications de l’âme humaine ne sont-elles pas les signes de la puissance presque divine de l’homme ?

Locke

Au début du cinquième chapitre du Second Traité du gouvernement, Locke explique qu’il s’efforcera de montrer « comment les hommes en viennent à acquérir une propriété sur certaines parties de ce que Dieu a donné en commun au genre humain, et cela sans aucun accord exprès de l’ensemble des copossesseurs ».

Diderot

La distinction entre arts mécaniques et arts libéraux oppose les activités dignes d’un homme libre à celles contraintes par la nécessité de satisfaire des besoins vitaux. Une telle dévaluation des activités productives et utilitaires ne tient- elle pas du préjugé ?

Rousseau

Dans la seconde partie du Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, Rousseau soutient que l’éloignement de l’état de nature a d’abord conduit à « un juste milieu entre l’indolence de l’état primitif et la pétulante activité de notre amour-propre », mais que « tous les progrès ultérieurs ont été en apparence autant de pas vers la perfection de l’individu, et en effet vers la décrépitude de l’espèce ».

Smith

Platon, dans La République, concevait la division du travail comme une répartition des tâches délibérément mise en œuvre par l’intelligence humaine. Smith propose d’y voir plutôt un phénomène immanent au processus de production. Quel est le principe de cette division, si ce n’est la recherche d’une manière optimale de satisfaire des besoins définis ? En quoi diviser le travail est-il avantageux ?

Smith

Selon Smith, la division du travail « n’est pas à l’origine l’effet de quelque sagesse humaine qui prévoit et veut l’opulence générale qu’elle suscite » ; elle est plutôt une conséquence « nécessaire », qui ne se fonde sur aucune bienveillance, mais sur l’intérêt particulier. Comment l’intérêt particulier en vient- il à engendrer un système qui apporte un bien général ?

Hegel

Qui travaille s’habitue, pour satisfaire ses besoins, à s’occuper d’un objet particulier. La division du travail en tâches de plus en plus simples, abstraites, ne tend-elle pas, dès lors, à isoler les individus dans leur particularité en restreignant le champ de leurs préoccupations ? Mais est- ce là son seul effet ?

Marx

Pour Marx, la fonction initiale du travail, lorsqu’il est « vraiment humain », est d’accomplir les caractéristiques de l’être humain, être à la fois biologique et social. Cependant, dans certaines conditions, et en particulier avec la révolution industrielle, le travail devient « aliénant ». Comment le travail peut- il donc devenir étranger à celui qui l’exécute ?

Marx

Transformant la compréhension aristotélicienne de l’homme comme « animal politique », Marx, en plaçant les mécanismes de production au centre des « différentes formes de connexion sociale », s’oppose à une conception romanesque de l’être humain qui négligerait l’importance de son inscription sociale.

Alain

Alain cherche à déterminer la notion de jeu en la distinguant de deux autres types d’activité : le travail et l’art. Il parvient ainsi à dégager certaines caractéristiques propres au travail : le travail n’est il pas une activité dominée par la nécessité ?

Freud

Si les « déplacements » d’énergie vitale (libido) sont un « gain de plaisir », avance Freud, dans Le Malaise dans la culture, toujours est- il que cette méthode « n’est accessible qu’à peu d’hommes » et qu’« elle fait d’ordinaire défaillance lorsque le corps propre devient la source de la souffrance ». À cette occasion, dans une note de bas de page de l’ouvrage, Freud précise les relations du travail humain et de la vie de l’âme.

Merleau-Ponty

Dans le troisième chapitre de La Structure du comportement, Merleau-Ponty interroge le passage de comportements vitaux propres aux animaux aux comportements spécifiquement humains. Que nous dit le travail sur la structure des comportements humains ?

Weil

En décembre 1934, Simone Weil entre comme « manœuvre sur la machine » dans une usine. Professeure agrégée, elle s’établit pour mieux connaître la réalité du travail ouvrier. C’est dans ce contexte qu’elle analyse les ressorts de l’obéissance du travailleur.

Simondon

La tradition marxiste définit le travail aliéné comme une privation de la propriété des moyens de la production, de la maîtrise du processus de production, et de la propriété de l’objet produit. Simondon discute cette définition. L’aliénation n’estelle pas d’abord culturelle et cognitive ? Les catégories du capital et du travail ne sont-elles pas « inessentielles par rapport à l’activité technique » ?

Platon

Il arrive que l’on agisse bien sans posséder de savoir fondé rationnellement, mais en suivant une croyance qui s’avère exacte et que Socrate nomme « opinion droite ». Si le savoir et l’opinion droite saisissent tous deux la vérité, comment les différencier ?

Platon

L’Étranger, personnage principal du Sophiste, redoute d’être « devenu une sorte de parricide », c’est-à- dire d’avoir tué le père de la pensée, Parménide, qui soutenait que « seul l’être est, le non- être n’est pas ». Car qui veut comprendre le magicien, l’expert en illusion qu’est le sophiste, doit pouvoir penser la réalité du faux.

Lucrèce

Dans le livre IV du De rerum natura (De la nature), Lucrèce, réfléchissant aux phénomènes trompeurs qui accompagnent souvent l’exercice des sens (reflets, illusions, mirages, échos, ombres, rêves, fantasmes), se demande s’il faut conclure à une tromperie irrémédiable des sens. « N’impute pas aux yeux les défauts de l’esprit », déclare le poète et disciple d’Épicure.

Augustin

Le paragraphe 40 du dialogue intitulé "Le Maître" d’Augustin est consacré à l’enseignement de ces « choses que nous contemplons par l’esprit, c’est-à- dire par l’intellect et la raison ». La considération des choses intelligibles, à la différence des choses sensibles, est au fondement d’une critique de la prétendue puissance démonstrative des mots.

Cues

Pour réduire l’ignorance, il faut être certain que ce qui est ignoré est proportionné à ce qui est connu. Sinon, la connaissance ne saurait progresser. Mais comment acquérir une telle certitude ? Y parvenir reviendrait à surmonter une contradiction logique insurmontable, où l’on saurait déjà ce qui reste encore à savoir. Ainsi, c’est la possibilité d’un accès absolument exact à la vérité qui est remise en cause par Nicolas de Cues dans La Docte Ignorance.

Descartes

Mersenne, correspondant de Descartes, lui avait envoyé l’ouvrage "De veritate" (« De la vérité »), d’Herbert de Cherbury. Le remerciant pour son envoi, Descartes lui répond que définir la vérité, c’est risquer d’en opacifier l’intelligence : l’évidence de la « lumière naturelle » qu’est notre raison doit suffire à en comprendre le sens.

Pascal

Dans "De l’esprit géométrique et de l’art de persuader", Pascal cherche à définir la manière de prouver une vérité que l’on possède. Prenant la géométrie comme modèle, il affirme que la « véritable méthode » consisterait « à définir tous les termes et à prouver toutes les propositions ». Mais cet idéal semble être impossible à appliquer dans la pratique.

Spinoza

L’entendement, pour être apte à la connaissance de la plus haute perfection à laquelle l’homme doit parvenir, doit être réformé. Se pose alors un problème de méthode, l’entendement étant à la fois ce qui est à réformer et ce qui va déterminer les voies de la réforme. La recherche de la vérité n’est-elle pas compromise ?

Leibniz

Descartes soutient dans son œuvre qu’un critère fiable de la vérité d’une proposition est son évidence, c’est-à- dire sa clarté et sa distinction intrinsèques. Ainsi pourraient être justifiées des propositions fondamentales, sur lesquelles d’autres propositions, moins évidentes, pourraient ensuite être étayées. Leibniz discute cette conception.

Hume

Dans l’Enquête sur l’entendement humain, Hume soutient que les vérités qui concernent les faits ne peuvent ni être démontrées par le raisonnement ni s’appuyer sur une évidence intuitive ; elles reposent sur des associations d’idées opérées par l’imagination humaine, sous l’effet de l’habitude. Est- ce à dire que ces vérités se réduisent à des fictions sans consistance ?

Rousseau

Dans la quatrième promenade des Rêveries du promeneur solitaire, Rousseau se livre à un examen de conscience : lui qui avait pour devise de consacrer sa vie à la vérité (« vitam impendere vero ») reconnaît s’être souvent livré à des « inventions », à des mensonges « de gaieté de cœur, sans nécessité, sans profit ». Que devons-nous à la vérité ?

Kant

La vérité est souvent définie comme l’adéquation de la connaissance avec son objet. Kant, concédant cette définition, pose une question plus difficile : comment reconnaître une connaissance vraie, une fois la vérité définie comme adéquation ?

Hegel

Les additions à l’Encyclopédie des sciences philosophiques sont issues des notes de cours des élèves de Hegel. S’y trouvent explicités, à des fins pédagogiques, des concepts centraux. Hegel propose une définition de la vérité qui ne subordonne pas la vérité d’une pensée à la réalité factuelle. La vérité serait alors l'accord d’un contenu avec lui?même.

Tocqueville

Pour Tocqueville, la démocratie ne se réduit pas à un ensemble d’institutions politiques ; c’est avant tout un état social caractérisé par une égalité des conditions. Un tel état social exerce une influence sur les mœurs et les habitudes intellectuelles des individus, pouvant encourager l’exercice individuel de la raison. Est-ce à dire que les autorités sociales censées dire la vérité deviennent inutiles ?

Nietzsche

Au lieu de se demander quels sont les critères de la vérité, Nietzsche s’interroge sur la « valeur de la vérité » pour la vie et sur l’origine de notre désir de connaissance. La perspective généalogique démasque alors, sous l’apparence d’une poursuite désintéressée de la vérité, une croyance qui dépasse le domaine restreint de la recherche scientifique.

James

Une tradition classique définit la vérité comme l’accord, ou l’adéquation, entre le réel et sa représentation. Cette définition a pu être discutée, voire récusée. James en accepte l’essentiel, mais en nuance le concept ; en effet, les modes d’acquisition de la vérité, c’est-à- dire le dynamisme de l’enquête, ne sont-ils pas cruciaux pour qui veut en saisir la notion ?

André Malraux

L’art est un anti-destin.

art
Hegel

La conscience de soi atteint sa satisfaction seulement dans une autre conscience de soi.

Aristote

Exercer librement son talent, voilà le vrai bonheur.

Socrate

Connais-toi toi-même.

Husserl

Toute conscience est conscience de quelque chose.

Descartes

La Nature m’enseigne que je ne suis pas seulement logé dans mon corps ainsi qu’un pilote en son navire mais que je compose comme un seul tout avec lui.

Marcel Proust

Les faits ne pénètrent pas dans le monde où habitent nos croyances.

Albert Einstein

On ne peut pas démontrer qu’il n’est pas bon de détruire l’humanité.

Schopenhauer

Le désir, la privation est la condition préliminaire de toute jouissance. Or, avec la satisfaction cesse le désir, et par conséquent la jouissance aussi.

Héraclite

On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve.

Kant

Agis toujours de telle sorte que la maxime de ton action puisse être tenue pour une loi universelle.

Nietzsche

Dieu est mort.

Rousseau

L’homme est né libre, et partout il est dans les fers.

Smith

On n’a jamais vu de chien faire, de propos délibéré, l’échange d’un os avec un autre chien.

Hobbes

Aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tienne tous en respect, ils sont dans cette condition qui se nomme guerre et cette guerre est guerre de chacun contre chacun.

Aristote

La philosophie est fille de l’étonnement.

Montaigne

Qui se connaît connaît aussi les autres car chaque homme porte la forme entière de l’humaine condition.

Sartre

L’existence précède l’essence.

Bernard

Le fait provoque l’idée, l’idée dirige l’expérience, l’expérience juge l’idée.

Marx

Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas de leur propre mouvement.

Leibniz

Il n’y a rien dans l’entendement qui n’ait d’abord été dans les sens, si ce n’est l’entendement lui-même.

Freud

Ce qui caractérise l’illusion, c’est d’être dérivée des désirs humains.

Pascal

Cette [l’imagination] maîtresse d’erreur et de fausseté, d’autant plus fourbe qu’elle ne l’est pas toujours.

Freud

Le moi n’est pas seulement maître dans sa propre maison.

Héraclite

Le dieu ne révèle ni ne cache mais signifie.

Pascal

Plaisante justice qu’une rivière borne ! Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà.

Bergson

Nous ne voyons pas les choses mêmes, nous nous bornons, le plus souvent, à lire des étiquettes collées sur elle.

Spinoza

Les hommes se trompent lorsqu’ils pensent être libres et cette opinion consiste en cela qu’ils sont conscients de leurs actions et ignorants des causes par lesquelles ils sont déterminés.

Platon

L’excès de liberté ne peut tourner qu’en un excès de servitude, pour un particulier aussi bien que pour un État.

Socrate

Nul n’est méchant volontairement.

Pythagore

Les nombres gouvernent le monde.

Berkeley

Il n’y a pas de matière.

Épicure

La mort n’est rien pour nous, puisque lorsque nous sommes, elle n’y est pas, et quand elle est là, nous n’y sommes plus.

Héraclite

La Nature aime à se cacher.

Descartes

Je pense, donc je suis.

Kant

Les sens ne trompent pas.

Hegel

La chouette de Minerve ne prend son vol qu’à la tombée de la nuit.

Descartes

Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée car chacun pense en être si bien pourvu que ceux mêmes qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose n’ont point coutume d’en désirer plus qu’ils n’en ont.

Pascal

Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas.

Marx

La religion est le soupir de la créature accablée par le malheur, elle est le cœur d’un monde sans cœur, comme elle est l’esprit d’une époque sans esprit ; elle est l’opium du peuple.

Aristote

Il n’y a de science que de l’universel.

Aristote

Celui qui ne peut pas vivre en société, ou qui n’a besoin de rien parce qu’il se suffit à lui-même, ne fait point partie de la cité ; c’est une brute ou un dieu.

Bacon

On ne commande à la Nature qu’en lui obéissant.

Augustin

Je crois savoir ce qu’il est quand on ne me le demande pas, mais dès que l’on me le demande, je ne sais plus.

Arendt

Ce que nous avons devant nous, c’est la perspective d’une société de travailleurs sans travail, c’est-à-dire privés de la seule activité qui leur reste.

Hobbes

Le vrai et le faux sont des attributs du langage, non des choses. Et là où il n’y a pas de langage, il n’y a ni vérité ni fausseté.

Kant

Un être organisé n’est pas simplement machine, car la machine possède uniquement une force motrice, tandis que l’être organisé possède en soi une force formatrice qu’il communique aux matériaux qui ne la possèdent pas.

Pascal

L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature ; mais c’est un roseau pensant.

Rousseau

Conscience ! Conscience ! Instinct divin, immortelle et céleste voix.

Marx

Ce n’est pas la conscience qui détermine la vie, mais la vie qui détermine la conscience.

Freud

Le rêve est le gardien du sommeil

Spinoza

Le désir est l’essence même de l’homme.

Descartes

Changer mes désirs plutôt que l’ordre du monde.

Rousseau

Malheur à qui n’a plus rien à désirer ! Il perd pour ainsi dire tout ce qu’il possède.

Freud

Nous ne savons renoncer à rien. Nous ne savons qu’échanger une chose contre une autre.

Platon

Ce que l’on n’a pas, ce que l’on n’est pas, ce dont on manque, voilà les objets du désir et de l’amour.

Hegel

Rien de grand ne s’est accompli dans le monde sans passion.

Aristote

Un ami est un autre soi-même.

Girard

Tout ce qui est commun, dans le désir (...) signifie non l’harmonie mais le conflit.

Lévinas

Le visage est (...) ce dont le sens consiste à dire :“Tu ne tueras point.”

Tocqueville

Le désir de l’égalité devient toujours plus insatiable à mesure que l’égalité est plus grande.

Sartre

L’enfer, c’est les Autres.

Pascal

Nous ne vivons jamais, mais espérons de vivre ; et, nous disposant toujours à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais.

Horace

Carpe diem.

Schopenhauer

Les hommes ayant placé toutes les douleurs, toutes les souffrances dans l’enfer, pour remplir le ciel, ils n’ont plus trouvé que l’ennui.

Pascal

Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie.

Camus

Il faut imaginer Sisyphe heureux.

Merleau-Ponty

La parole est l’existence extérieure du sens.

Bergson

Nous ne voyons pas les choses mêmes ; nous nous bornons, le plus souvent, à lire des étiquettes collées sur elles.

Austin

Dire, c’est faire.

Arendt

Le monde (...) devient humain (...) seulement lorsqu’il est devenu objet de dialogue.

Wittgenstein

Ce dont on ne peut parler, il faut le taire.

Descartes

Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée.

Pascal

Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point.

Platon

Ce que nous appelons apprendre est une réminiscence.

Nietzsche

La volonté de vérité pourrait être secrètement une volonté de mort.

Pyrrhon

Nous devons demeurer sans opinion, sans inclination, sans agitation.

Aristote

La nature ne fait rien en vain.

Hume

Le soleil ne se lèvera pas demain.

Popper

Toute “bonne” théorie scientifique consiste à (...) interdire à certains faits de se produire.

Heidegger

La science ne pense pas.

Russell

Les mathématiques peuvent être définies comme le domaine dans lequel on ne sait jamais de quoi l’on parle, ni si ce que l’on dit est vrai.

Épictète

Si tu veux devenir philosophe, prépare-toi à être (...) raillé par la foule

Aristote

C’est l’étonnement qui poussa, comme aujourd’hui, les premiers penseurs aux spéculations philosophiques.

Montaigne

Philosopher, c’est apprendre à mourir.

Spinoza

Ne pas railler, ne pas pleurer, ne pas haïr, mais comprendre.

Kierkegaard

Il ne peut y avoir un système de l’existence

Aristote

L’homme est par nature un animal politique.

Lévi-Strauss

Le barbare, c’est d’abord l’homme qui croit à la barbarie.

Freud

Le premier être humain à avoir décoché à son ennemi une insulte plutôt qu’une flèche est le fondateur de la civilisation.

Beauvoir

On ne naît pas femme : on le devient.

Kant

Nous sommes civilisés (...) mais nous sommes loin de pouvoir nous tenir pour déjà moralisés.

Spinoza

La volonté de Dieu, cet asile de l’ignorance.

Freud

La religion serait la névrose obsessionnelle universelle de l’humanité.

Nietzsche

Dieu est mort ! Et c’est nous qui l’avons tué !

Spinoza

Deus sive natura.

Leibniz

Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles.

Bergson

L’art n’a d’autre objet que d’écarter (...) tout ce qui nous masque la réalité, pour nous mettre face à la réalité elle-même.

art
Kant

Le beau est ce qui plaît universellement sans concept.

art
Nietzsche

L’art est le grand stimulant de la vie.

art
Kant

Le génie est la disposition innée de l’esprit par laquelle la nature donne ses règles à l’art.

art
Comte

Les vivants sont (...) gouvernés nécessairement par les morts : telle est la loi fondamentale du genre humain.

Marx

L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de luttes de classes.

Anaxagore

L’homme est le plus intelligent des animaux parce qu’il a des mains.

Descartes

Et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature.

Jonas

Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur terre.

Hume

Il n’est pas contraire à la raison de préférer la destruction du monde à une égratignure de mon doigt.

Marx

Les philosophes n’ont fait qu’interpréter diversement le monde, ce qui importe c’est de le transformer.

Kant

Agis uniquement d’après la maxime dont tu peux vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle.

Rousseau

La pitié est douce.

Socrate

Commettre l’injustice est pire que la subir.

Smith

Ce n’est pas de la bienveillance du boucher, du brasseur ou du boulanger qu’il faut espérer notre dîner, mais du souci de leur propre intérêt.

Kant

Deux choses remplissent le cœur d’une admiration et d’une vénération toujours nouvelles et toujours croissantes, à mesure que la réflexion s’y attache et s’y applique : le ciel étoilé au-dessus de moi et la loi morale en moi.

Rousseau

Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître, s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en devoir.

Locke

L’homme porte en lui-même la justification principale de la propriété.

Platon

Ce sont les faibles, la masse des gens, qui établissent les lois (...) en fonction de leur intérêt propre.

Jankélévitch

L’équité (...) donne de l’air à la justice.

Montesqieu

Il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir.

Hobbes

L’homme est un loup pour l’homme.

Machiavel

Les hommes doivent être caressés ou anéantis.

Marx

Les ouvriers n’ont pas de patrie

Tocqueville

Cette sorte de servitude réglée, douce et paisible (...) à l’ombre même de la souveraineté du peuple.

Spinoza

Ils conçoivent l’homme dans la Nature comme un empire dans un empire.

Épictète

L’éducation philosophique consiste à apprendre à vouloir chaque chose comme elle arrive.

Rousseau

L’homme est né libre et partout il est dans les fers.

Nietzsche

Si l’on a conçu des hommes libres, c’est afin qu’ils puissent devenir coupables

Rousseau

Il n’y a point de liberté sans lois

Sartre

L’homme est condamné à être libre.