Peut-on légitimement fonder le droit sur la force ou sur l'intérêt ?
I) Présentation du paradoxe et définitions :
Le sujet qui se pose est le suivant : Peut-on légitimement fonder le droit sur la force ou sur l'intérêt ? Si l'on suppose qu'effectivement le droit peut être fondé sur la force, cela implique que la légitimité juridique découle de la capacité d'un acteur à imposer sa volonté par la contrainte physique, même au mépris des valeurs morales et éthiques. En revanche, si l'on nie cette possibilité et que l'on soutient que le droit doit être fondé sur l'intérêt, alors cela a pour conséquence que la légitimité du droit serait déterminée par des considérations pragmatiques, économiques ou politiques, au risque de compromettre les notions de justice et d'équité dans la société.
II) Énonciation des alternatives et problématisation :
À première vue, il semble que l'on puisse légitimer le droit par la force, car l'histoire humaine est marquée par de nombreux exemples où des régimes autoritaires ont imposé leur volonté par la coercition, créant ainsi un ordre juridique de facto. Cette perspective, souvent associée au réalisme politique, semble donc présenter une réponse évidente à la question posée. Cependant, il est important de considérer que l'expérience montre également que l'utilisation de la force pour fonder le droit peut conduire à des violations massives des droits de l'homme, à l'oppression, et à l'injustice. Les régimes totalitaires du 20e siècle en sont des exemples flagrants, où les droits individuels ont été sacrifiés au nom de la stabilité et de la sécurité. Paradoxalement, on peut ainsi se demander si la force peut vraiment légitimer le droit dans un sens moral et éthique.
D'un autre côté, on peut soutenir que le droit doit être fondé sur l'intérêt, c'est-à-dire que les lois et les règles juridiques doivent être conçues pour servir le bien commun et répondre aux besoins de la société. Cette approche peut sembler rationnelle et pragmatique, car elle vise à maximiser le bien-être collectif. Cependant, elle soulève également des questions complexes. Par exemple, quel est l'intérêt général et qui le définit ? Les intérêts de certains groupes pourraient-ils prévaloir sur ceux d'autres groupes, créant ainsi des inégalités juridiques ? L'intérêt peut-il parfois entrer en conflit avec la justice et l'équité, remettant en question la légitimité du droit fondé sur l'intérêt ?
III) Problématique :
On pourra alors se demander : est-ce que le droit doit être légitimé par la force, où la capacité à imposer la volonté par la contrainte physique prévaut, ou bien doit-il être fondé sur l'intérêt, où les considérations pragmatiques et utilitaires guident la création et l'application du droit ? Cette problématique essentielle soulève des questions fondamentales sur la nature du droit, de la justice et de la légitimité dans une société civilisée.
IV) Annonce du plan :
Dans un premier moment, il s'agira d'explorer les arguments en faveur de la légitimation du droit par la force, en examinant les exemples historiques et contemporains où la contrainte physique a été utilisée pour établir et maintenir un ordre juridique. Puis, nous verrons que cette approche soulève des défis moraux et éthiques majeurs, en mettant en lumière les violations des droits de l'homme et les abus de pouvoir qui peuvent décou