Marcuse et Benjamin - répression et espoir dans une société technocratique

Marcuse et Benjamin : deux visions de la condition de l'homme dans la civilisation industrielle et technologique

Au XXe siècle, la société industrielle et technologique connaît un développement sans précédent. Cette évolution a des conséquences profondes sur la condition de l'homme. Deux philosophes, Herbert Marcuse et Walter Benjamin, ont analysé ces conséquences de manière critique.

Marcuse : l'homme aliéné par le principe de performance

Pour Marcuse, la société industrielle est une société de répression. L'homme est aliéné par le principe de performance, qui lui impose de se conformer à des normes de productivité et de consommation. Ce principe étouffe le principe de plaisir, qui est la source de l'épanouissement humain.

L'art comme utopie

Marcuse voit dans l'art une possibilité de se libérer de l'aliénation. L'art permet de rêver à un monde meilleur, où l'homme serait libre de se réaliser pleinement. L'art est donc une utopie, c'est-à-dire une vision d'un monde possible.

L'Éros comme force subversive

Marcuse voit également dans l'Éros une force subversive. L'Éros est la force de la vie, qui pousse l'homme à transgresser les normes sociales. L'Éros est donc une force de contestation de l'ordre établi.

Le « grand refus »

Enfin, Marcuse appelle à un « grand refus » de la société industrielle. Ce refus doit être un refus actif, qui vise à changer la société.

Benjamin : l'attente messianique

Benjamin a une vision plus pessimiste de la condition de l'homme dans la société industrielle. Il pense que l'émancipation de l'homme ne peut pas venir d'un processus historique nécessaire. Elle ne peut venir que d'un moment révolutionnaire, qui serait un moment d'émerveillement et de révélation.

L'art comme fonction révolutionnaire

Benjamin voit dans l'art une fonction révolutionnaire. L'art permet de briser l'habitude et de voir le monde sous un nouveau jour. L'art permet donc de préparer l'arrivée du moment révolutionnaire.

La reproductibilité technique

Benjamin pense que l'ère de la reproductibilité technique a des conséquences importantes pour l'art. En effet, l'œuvre d'art devient accessible à tous. Cela implique la perte de l'« aura » de l'œuvre d'art, c'est-à-dire de sa sacralité. L'œuvre d'art devient ainsi un objet de consommation, ce qui lui donne une nouvelle fonction révolutionnaire.

Conclusion

Marcuse et Benjamin ont apporté une vision critique de la condition de l'homme dans la civilisation industrielle et technologique. Leurs analyses sont toujours d'actualité, car elles nous invitent à réfléchir aux conséquences de la technologie sur notre humanité.

Quelques exemples

L'aliénation par le principe de performance est visible dans la pression sociale à réussir dans son travail, à avoir un corps parfait, à consommer toujours plus.
L'art comme utopie peut être illustré par des œuvres qui imaginent un monde meilleur, comme les romans de science-fiction ou les films d'animation.
L'Éros comme force subversive peut être vu dans les mouvements de libération sexuelle ou dans les revendications féministes.
Le « grand refus » peut être incarné par des mouvements de contestation sociale ou par des actes de désobéissance civile.
L'attente messianique peut être illustrée par la foi en un monde meilleur, qui est souvent présente dans les religions.
La reproductibilité technique a permis la diffusion de l'art à un large public, ce qui a contribué à la démocratisation de la culture.