Quine

Introduction

Au début du XXe siècle, un mouvement philosophique appelé le positivisme logique a émergé en Europe. Les positivistes logiques, tels que Rudolf Carnap et Bertrand Russell, ont défendu une forme d'empirisme radical qui rejetait la métaphysique et la théologie comme non scientifiques. Selon eux, la seule connaissance valide est celle qui est fondée sur l'expérience.

Critique de l'empirisme logique

Dans son article de 1951, "Deux dogmes de l'empirisme", le philosophe américain Willard Van Orman Quine a critiqué deux des dogmes centraux de l'empirisme logique :

La distinction entre énoncés analytiques et synthétiques

Les énoncés analytiques sont des énoncés dont la vérité est déterminée par leur signification, tandis que les énoncés synthétiques sont des énoncés dont la vérité est déterminée par les faits. Par exemple, l'énoncé "Tous les célibataires sont des personnes non mariées" est un énoncé analytique, car sa vérité est déterminée par la signification des mots "célibataire" et "non marié". L'énoncé "L'eau bout à 100 degrés Celsius" est un énoncé synthétique, car sa vérité est déterminée par les faits.

Quine a soutenu que la distinction entre énoncés analytiques et synthétiques est impossible à maintenir. Il a fait valoir que même les énoncés analytiques présupposent l'expérience, car nous devons avoir une compréhension du monde pour comprendre leur signification.

Le réductionnisme

Le réductionnisme est l'idée que les théories scientifiques peuvent être réduites à des propositions simples qui sont vérifiables empiriquement. Par exemple, la théorie de la relativité générale peut être réduite à des équations qui peuvent être testées en laboratoire.

Quine a soutenu que le réductionnisme est impossible à réaliser. Il a fait valoir que les théories scientifiques sont indissociables des expériences qui les justifient. Il n'est donc pas possible de comparer une seule hypothèse théorique isolée avec les faits.

Holisme

Quine a défendu une conception holistique de la connaissance. Selon lui, les énoncés de la science constituent un "champ de force" unitaire et systémique. L'acceptation ou le rejet d'un énoncé théorique donné dépend de la cohérence de cet énoncé avec l'ensemble du système de la science.

Exemples

Pour illustrer ses critiques, Quine propose plusieurs exemples.

L'énoncé "Tous les corbeaux sont noirs"

Quine soutient que cet énoncé n'est pas analytique, car il peut être faux. Par exemple, si nous découvrons un corbeau blanc, l'énoncé sera faux.

L'énoncé "L'eau est H2O"

Quine soutient que cet énoncé n'est pas réductible à des propositions simples, car il présuppose la théorie atomique de la matière.

Impact

Les critiques de Quine ont eu un impact profond sur la philosophie de la science. Elles ont conduit à un rejet de l'empirisme logique et à une redéfinition de la nature de la connaissance scientifique.

Conclusion

Les critiques de Quine sont encore discutées aujourd'hui. Elles ont suscité de nouveaux débats sur la nature de la connaissance, de la science et de la philosophie.