Kant explore la notion de contentement de soi-même, une satisfaction liée à l'existence et à la conscience de la vertu. il met en opposition le contentement intellectuel, résultant de la liberté et de l'indépendance par rapport aux penchants, avec le contentement sensible basé sur la satisfaction des désirs, qui est toujours insatisfaisant et éphémàùre.
(1724-1804) Consacre toute son œuvre philosophique à établir les limites dans lesquelles la raison est légitime. Il va lutter contre les doctrines métaphysiques et recentrer la raison sur des connaissances plus certaines (mathématiques, physiques etc.)
contingent/nécessaire
« N'a-t-on pas un mot qui désignerait, non une jouissance comme le mot bonheur, mais qui cependant indiquerait une satisfaction liée à notre existence, un analogue du bonheur qui doit nécessairement accompagner la conscience de la vertu ? Si ! ce mot existe, c'est contentement de soi-même, qui au sens propre ne désigne jamais qu'une satisfaction négative liée à l'existence, par laquelle on a conscience de n'avoir besoin de rien. La liberté et la conscience de la liberté, comme conscience d'un pouvoir que nous avons de suivre, avec une intention inébranlable, la loi morale, est l'indépendance à l'égard des penchants, du moins comme causes déterminantes (sinon comme causes affectives) de notre désir, et en tant que je suis conscient de cette indépendance dans l'exécution de mes maximes morales, elle est l'unique source d'un contentement immuable, nécessairement lié avec elle, ne reposant sur aucun sentiment particulier, et qui peut s'appeler intellectuel. Le contentement sensible (qui est ainsi appelé improprement) qui repose sur la satisfaction des penchants, si raffinés qu'on les imagine, ne peut jamais être adéquat à ce qu'on se représente. Car les penchants changent, croissent avec la satisfaction qu'on leur accorde et ils laissent toujours un vide plus grand encore que celui qu'on a cru remplir. »
Kant
[A] û Questions dÆanalyse
1) Comment Kant définit-il le "contentement de soi-même" par rapport au bonheur et à la satisfaction liée à notre existence ?
2) En quoi la liberté, selon Kant, est-elle liée à l'indépendance par rapport aux penchants ? Comment cette liberté influe-t-elle sur notre contentement ?
3) Pourquoi Kant affirme-t-il que le contentement sensible basé sur la satisfaction des penchants n'est jamais adéquat à ce que l'on se représente ? Quels sont les probl��mes inhérents à ce type de contentement ?
4) Comment la conscience de la liberté morale peut-elle être source d'un contentement immuable, selon Kant ? Quelle est la différence entre ce contentement intellectuel et le contentement sensible basé sur les penchants ?
[B] û Éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase suivante de Kant : "La liberté et la conscience de la liberté, comme conscience d'un pouvoir que nous avons de suivre, avec une intention inébranlable, la loi morale, est l'indépendance à l'égard des penchants." Comment cette indépendance influence-t-elle le contentement de soi-même ?
2) En résumant les points clés du texte de Kant, dégagez l'idée principale et les étapes de son argumentation concernant le contentement de soi-même et la liberté morale.
[C] û Commentaire
1) Dans quelle mesure le contentement de soi-même, tel que défini par Kant, est-il lié à la liberté individuelle ? Peut-on dire que l'individu pleinement conscient de sa liberté est également pleinement satisfait de lui-même ?
Voici un exemple de développement possible :
dans ce texte, kant s'interroge sur la notion de bonheur et sur la possibilité de trouver un terme qui exprime une satisfaction liée à notre existence, sans être fondée sur la jouissance sensible.
Il propose alors le concept de contentement de soi-même, qu'il définit et distingue du bonheur.
- il commence par poser une question rhétorique : "n'a-t-on pas un mot qui désignerait, non une jouissance comme le mot bonheur, mais qui cependant indiquerait une satisfaction liée à notre existence, un analogue du bonheur qui doit nécessairement accompagner la conscience de la vertu ?" il suggère ainsi qu'il existe un autre mode de satisfaction que le bonheur, qui est souvent associé à la jouissance des sens et qui dépend des circonstances extérieures.
Il cherche un terme qui exprimerait une satisfaction plus stable et plus profonde, liée à notre existence morale et à notre rapport à la loi.
Il introduit ainsi le thème de son texte, qui est de montrer en quoi le contentement de soi-même est supérieur au bonheur.
- il répond ensuite à sa question par l'affirmation : "si ! ce mot existe, c'est contentement de soi-même".
Il introduit ainsi le concept qu'il va développer et qu'il oppose au bonheur.
Il le définit ensuite comme "une satisfaction négative liée à l'existence, par laquelle on a conscience de n'avoir besoin de rien".
Il explique ainsi que le contentement de soi-même n'est pas une satisfaction positive, c'est-à-dire qu'il ne repose pas sur l'obtention d'un objet ou d'un état désiré, mais sur l'absence de besoin, c'est-à-dire sur l'autonomie et la liberté.
Le contentement de soi-même est donc une satisfaction qui ne dépend pas des conditions extérieures, mais de notre propre rapport à nous-mêmes.
- il poursuit en précisant la source du contentement de soi-même : "la liberté et la conscience de la liberté, comme conscience d'un pouvoir que nous avons de suivre, avec une intention inébranlable, la loi morale".
Il montre ainsi que le contentement de soi-même est fondé sur la capacité que nous avons d'agir selon notre raison et non selon nos penchants, c'est-à-dire selon des impulsions sensibles qui nous déterminent.
Le contentement de soi-même est donc lié à l'exercice de notre volonté morale, qui nous permet de nous conformer à la loi universelle que nous nous donnons à nous-mêmes.
Le contentement de soi-même est donc une satisfaction intellectuelle, qui repose sur le respect de notre dignité.
- il termine en opposant le contentement de soi-même au bonheur sensible : "le contentement sensible (qui est ainsi appelé improprement) qui repose sur la satisfaction des penchants, si raffinés qu'on les imagine, ne peut jamais être adéquat à ce qu'on se représente.
Car les penchants changent, croissent avec la satisfaction qu'on leur accorde et ils laissent toujours un vide plus grand encore que celui qu'on a cru remplir.
" il critique ainsi l'idée que le bonheur soit le but ultime de l'existence humaine, car il est illusoire et insatisfaisant.
Il montre que le bonheur sensible est contingent, variable et insatiable, car il dépend des circonstances et des désirs qui sont sans cesse renouvelés.
Il souligne donc l'infériorité du bonheur sensible par rapport au contentement de soi-même, qui est immuable, nécessaire et suffisant.
Ainsi, kant propose dans ce texte une conception du bonheur qui n'est pas fondée sur la jouissance sensible, mais sur le respect de la loi morale.
Il oppose le contentement de soi-même au bonheur sensible et montre en quoi le premier est supérieur au second.
Il invite donc le lecteur à rechercher une satisfaction intellectuelle plutôt qu'une satisfaction sensible.