Malebranche remet en question la fiabilité des sciences, soulignant le nombre infini d'erreurs qu'elles contiennent. il critique également les gros volumes composés sur des sujets particuliers qui sont mieux acceptés par le grand public, affirmant que l'approbation populaire est un signe certain de fausseté. cependant, il suggàùre qu'un individu isolé, doté d'un esprit vif et se consacrant sérieusement à la recherche de la vérité,
contingent/nécessaire
« Toutes les sciences, et principalement celles qui renferment des questions très difficiles à éclaircir, sont remplies d'un nombre infini d'erreurs ; et nous devons avoir pour suspects, tous ces gros volumes que l'on compose tous les jours sur la médecine, sur la physique, sur la morale, et principalement sur des questions particulières de ces sciences, qui sont beaucoup plus composées que les générales. On doit même juger que ces livres sont d'autant plus méprisables, qu'ils sont mieux reçus du commun des hommes ; j'entends de ceux qui sont peu capables d'application, et qui ne savent pas faire usage de leur esprit : parce que l'applaudissement du peuple à quelque opinion sur une matière difficile, est une marque infaillible qu'elle est fausse, et qu'elle n'est appuyée que sur les notions trompeuses des sens, ou sur quelques fausses lueurs de l'imagination. Néanmoins il n'est pas impossible, qu'un homme seul puisse découvrir un très grand nombre de vérités cachées aux siècles passés : supposé que cette personne ne manque pas d'esprit, et qu'étant dans la solitude, éloigné autant qu'il se peut de tout ce qui pourrait le distraire, il s'applique sérieusement à la recherche de la vérité. »
Malebranche
[A] - Questions d'analyse :
1) Quelles sont les sciences mentionnées dans le texte et pourquoi sont-elles sujettes à de nombreuses erreurs ?
2) Que signifie l'expression "gros volumes" utilisée dans le texte ?
3) Comment peut-on juger de la valeur d'un livre sur la médecine, la physique ou la morale ?
4) Quelle est la condition nécessaire pour qu'un homme puisse découvrir de nombreuses vérités cachées ?
[B] - Éléments de synth��se :
1) Expliquez en quoi le fait que les livres sur des questions particuli��res de sciences soient plus composés que les générales les rend méprisables.
2) En vous basant sur les éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.
Voici un possible développement de l'analyse du texte :
le texte de malebranche est un extrait de son ouvrage de la recherche de la vérité, publié en 1674.
Il s'agit d'un texte argumentatif qui vise à critiquer les sciences de son temps et à proposer une méthode pour accéder à la vérité.
L'auteur développe son idée en trois étapes :
- dans la première phrase, il affirme que toutes les sciences sont remplies d'erreurs, surtout celles qui traitent de questions difficiles à éclaircir.
Il s'agit d'une thèse générale qui repose sur une observation empirique : le nombre infini d'erreurs que l'on peut constater dans les livres scientifiques.
Il suggère ainsi que les sciences ne sont pas fondées sur des principes solides et qu'elles ne parviennent pas à résoudre les problèmes les plus importants.
Il introduit ainsi le sujet du texte : la recherche de la vérité.
- dans la deuxième phrase, il se concentre sur un type particulier de livres scientifiques : ceux qui portent sur des questions particulières et qui sont composés, c'est-à-dire qui mêlent plusieurs disciplines ou plusieurs opinions.
Il les juge suspects et méprisables, car ils sont bien reçus du commun des hommes, c'est-à-dire de ceux qui sont peu capables d'application et qui ne savent pas faire usage de leur esprit.
Il s'agit d'une thèse spécifique qui repose sur un raisonnement par l'absurde : si le peuple applaudit une opinion sur une matière difficile, c'est qu'elle est fausse et qu'elle n'est appuyée que sur les sens ou l'imagination, qui sont des sources d'erreur.
Il oppose ainsi la raison, qui est le critère de la vérité, à l'autorité, qui est le critère du préjugé.
- dans la troisième phrase, il admet qu'il n'est pas impossible qu'un homme seul puisse découvrir un grand nombre de vérités cachées aux siècles passés.
Il s'agit d'une concession qui repose sur une condition : que cet homme ne manque pas d'esprit et qu'il se retire dans la solitude pour se consacrer à la recherche de la vérité.
Il propose ainsi une méthode qui consiste à se détacher des opinions reçues et à se servir de son propre jugement.
Il s'inspire ici du modèle cartésien du doute méthodique et de la méditation solitaire.
On peut donc conclure que le texte de malebranche est un plaidoyer pour une réforme des sciences fondée sur la raison et la solitude, contre les erreurs et les préjugés propagés par les livres et le peuple.
Il invite le lecteur à suivre son exemple et à se mettre en quête de la vérité.