• Hegel
La menace comme fondement de la peine : une contradiction avec la liberté
liberté - justice



Le contexte :

Ce texte de hegel remet en question l'idée selon laquelle la peine doit être fondée sur la connaissance de la menace. il affirme que la menace va à  l'encontre de la liberté et de la dignité humaine, et que la justice ne peut être basée sur un état de non-liberté. ainsi, la menace ne peut être considérée comme un fondement légitime de la peine.

L' auteur :

Hegel

(1770-1831) Clôt le système de l'Idéalisme allemand de Kant, Fichte et Schelling en fondant un dernier système philosophique permettant d'expliquer rationnellement la Nature, l'Homme et l'Esprit. Il est à l'origine de la méthode dialectique.

Le repère :

en fait/en droit

Le texte :

« Certains fondent la peine sur la menace et pensent que si quelqu'un commet un crime malgré cette menace, la peine doit nécessairement 's'ensuivre, parce que le criminel en avait connaissance. S'ensuit-il toutefois que la menace soit conforme au droit ? La menace suppose que l'homme n'est pas un être libre et elle veut le contraindre par la représentation d'un mal. Mais le droit et la justice doivent avoir leur fondement dans la liberté et dans la volonté, et non dans un état de non-liberté, auquel la menace s'applique. Cette théorie fonde la peine à la manière d'un maître qui agite un bâton devant son chien et l'homme n'y est pas traité selon sa dignité et sa liberté, mais comme un chien. La menace qui, en réalité, peut révolter l'homme, au point qu'il prouve contre elle sa liberté, laisse entièrement de côté la justice. »
Hegel

Les questions :



[A] û Questions dÆanalyse
1) Comment le texte remet-il en question la légitimité de fonder la peine sur la menac�
2) Que sugg��re l'auteur sur la relation entre la menace et la liberté de l'homme dans le contexte de la pein�
3) Comment Hegel caractérise-t-il la théorie qui fonde la peine sur la menace, et en quoi cela s'écarte-t-il selon lui du fondement de la justic�
4) Quelle est la critique principale de Hegel envers l'idée de fonder la peine à travers la menac�

[B] û Éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase : "La menace suppose que l'homme n'est pas un être libre et elle veut le contraindre par la représentation d'un mal."
2) En vous basant sur les éléments précédents, dégagez lÆidée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.

[C] û Commentaire
1) Selon Hegel, la justice peut-elle véritablement coexister avec une approche de la peine basée sur la menac� Justifiez votre réponse.
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si la critique de Hegel sur la menace comme fondement de la peine est toujours pertinente dans les syst��mes juridiques contemporains.

L'analyse :

Voici une possible analyse du texte : le texte de hegel porte sur la question de la peine et de sa justification.

L'auteur critique une conception de la peine fondée sur la menace, qu'il juge contraire au droit et à la liberté humaine.

Il oppose ainsi deux conceptions de l'homme : l'une qui le réduit à un être non libre, soumis à la crainte d'un mal, et l'autre qui le respecte comme un être libre, digne et rationnel.

Dans la première phrase, hegel expose la thèse qu'il va réfuter : la peine serait fondée sur la menace, c'est-à-dire sur la représentation d'un mal futur qui doit dissuader le criminel de commettre son acte.

Cette thèse implique que la peine doit être nécessairement appliquée si le crime est commis, car le criminel en avait connaissance et a donc agi en connaissance de cause.

Hegel pose alors une question rhétorique : "s'ensuit-il toutefois que la menace soit conforme au droit ?" cette question annonce sa critique de la thèse exposée.

Dans la deuxième phrase, hegel développe sa critique en montrant que la menace repose sur une conception erronée de l'homme.

Il affirme que "la menace suppose que l'homme n'est pas un être libre et elle veut le contraindre par la représentation d'un mal".

Autrement dit, la menace nie la capacité de l'homme à agir selon sa raison et sa volonté, et le réduit à un être sensible, qui ne peut être motivé que par le plaisir ou la douleur.

Hegel oppose alors cette conception à celle qu'il défend : "mais le droit et la justice doivent avoir leur fondement dans la liberté et dans la volonté, et non dans un état de non-liberté, auquel la menace s'applique".

Pour hegel, le droit et la justice ne sont pas des contraintes extérieures qui s'imposent à l'homme, mais des expressions de sa liberté et de sa volonté rationnelle.

Le droit et la justice sont donc des normes que l'homme se donne à lui-même, et non des moyens de le forcer à obéir.

Dans la troisième phrase, hegel illustre sa critique par une comparaison : "cette théorie fonde la peine à la manière d'un maître qui agite un bâton devant son chien et l'homme n'y est pas traité selon sa dignité et sa liberté, mais comme un chien".

Cette comparaison vise à montrer l'absurdité et l'injustice de la théorie de la peine fondée sur la menace.

En effet, elle assimile l'homme à un animal irrationnel, qui ne peut être éduqué que par la crainte du châtiment.

Elle méconnaît donc la dignité et la liberté de l'homme, qui sont les principes du droit et de la justice.

Dans la dernière phrase, hegel conclut sa critique en soulignant que la menace peut avoir un effet inverse à celui recherché : "la menace qui, en réalité, peut révolter l'homme, au point qu'il prouve contre elle sa liberté, laisse entièrement de côté la justice".

Hegel montre ici que la menace peut provoquer chez l'homme un sentiment d'indignation et de révolte, qui le pousse à commettre le crime pour affirmer sa liberté contre l'autorité qui le menace.

La menace est donc inefficace pour prévenir le crime, et elle est surtout injuste, car elle ne respecte pas les droits de l'homme.

On peut donc dire que le texte de hegel présente une argumentation rigoureuse et cohérente pour réfuter une théorie de la peine fondée sur la menace.

Il oppose deux conceptions de l'homme : l'une qui le considère comme un être non libre, soumis à des motivations sensibles, et l'autre qui le reconnaît comme un être libre, capable de se donner des normes rationnelles.

Il défend ainsi une conception du droit et de la justice qui repose sur le respect de la liberté et de la dignité humaine.