• Aristote
L'équilibre entre pouvoir et humilité
liberté - état



Le contexte :

Aristote explore la relation entre la fortune excessive et la privation, montrant comment ces extrêmes conduisent à  des défauts dans la capacité de commander et d'obéir. il met en garde contre la création d'une société divisée entre maà®tres arrogants et esclaves soumis, soulignant l'importance de la modération pour cultiver une véritable communauté de citoyens égaux et semblables.

L' auteur :

Aristote

(-384--322) Est un des premiers philosophes à considérer scientifiquement et rationnellement le monde. Il a formalisé la logique et le calcul logique, il est à l'origine de la tendance scientifique à classer le monde en catégories.

Le repère :

genre/espèce/individu

Le texte :

« Ceux qui ont à l'excès les dons de la fortune - force, richesse, amis et autres avantages de ce genre - ne veulent ni ne savent obéir (et ce défaut, ils le tiennent, dès l'enfance, de leur famille : à cause d'une vie trop facile, ils n'ont pas pris, même à l'école, l'habitude d'obéir), tandis que ceux qui sont privés, d'une manière excessive, de ces avantages sont trop avilis. Le résultat, c'est que ces derniers ne savent pas commander, mais seulement obéir en esclaves à l'autorité, tandis que les autres ne savent obéir à aucune autorité mais seulement commander en maîtres. Ainsi donc, il se forme une cité d'esclaves et de maîtres, mais non d'hommes libres, les uns pleins d'envie, les autres de mépris, sentiments très éloignés de l'amitié et de la communauté de la cité car communauté implique amitié : avec ses ennemis, on ne veut même pas faire en commun un bout de chemin. La cité, elle, se veut composée le plus possible, d'égaux et de semblables, ce qui se rencontre surtout dans la classe moyenne. »
Aristote

Les questions :



[A] - Questions d'analyse :
1) Quels sont les dons de la fortune dont parle Aristote, et comment ces dons influencent-ils le comportement des individus ?
2) Quelle est la conséquence de l'exc��s de ces avantages de la fortune sur la capacité d'obéissance et de commandement des individus ?
3) Comment expliquez-vous la formation d'une cité composée d'esclaves et de maîtres selon Aristote ?
4) Quelle est la relation entre l'envie, le mépris et l'amitié dans le contexte de ce texte ?

[B] - Éléments de synth��se :
1) Expliquez la notion de "cité d'esclaves et de maîtres" selon Aristote.
2) En utilisant les éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte d'Aristote ainsi que les étapes de son argumentation.

[C] - Commentaire :
1) Selon vous, Aristote a-t-il une opinion favorable ou défavorable à l'égard des individus qui ont des avantages de la fortune ? Justifiez votre réponse.
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, réfléchissez à la pertinence de la vision d'Aristote sur la formation d'une cité d'hommes libres.

L'analyse :

Voici un exemple de développement possible : dans ce texte, aristote expose les conditions nécessaires à la formation d'une cité juste et harmonieuse, fondée sur la liberté et l'amitié entre les citoyens.

Il oppose deux types de régimes politiques qui sont contraires à cette idée : celui des maîtres et des esclaves, et celui des riches et des pauvres.

Il montre que ces régimes sont sources de déséquilibre, de conflit et de mépris, et qu'ils empêchent la réalisation du bien commun.

Il commence par critiquer le régime des maîtres et des esclaves, qui repose sur une inégalité excessive entre les hommes.

Il affirme que ceux qui ont trop de dons de la fortune, comme la force, la richesse ou les amis, ne savent pas obéir, car ils ont été habitués dès l'enfance à une vie trop facile.

Ils ne respectent pas l'autorité, ni les lois, ni les autres.

Ils ne savent que commander en tyrans, sans égard pour le bien d'autrui.

A l'inverse, ceux qui sont privés de ces dons sont trop avilis, c'est-à-dire humiliés et dégradés.

Ils ne savent pas commander, mais seulement obéir en esclaves, sans volonté ni dignité.

Ils subissent la domination des autres, sans pouvoir revendiquer leurs droits.

Aristote souligne que ce régime est contraire à la nature de la cité, qui est une communauté d'hommes libres.

Il explique que la liberté implique l'amitié, c'est-à-dire un sentiment de bienveillance réciproque entre les citoyens, qui partagent les mêmes intérêts et les mêmes valeurs.

Or, dans le régime des maîtres et des esclaves, il n'y a pas d'amitié, mais de l'envie et du mépris.

Les esclaves envient les maîtres, qui les oppriment et les exploitent.

Les maîtres méprisent les esclaves, qu'ils considèrent comme des êtres inférieurs et sans valeur.

Ces sentiments sont incompatibles avec la vie en commun, car ils engendrent la haine et la violence.

Aristote affirme que les ennemis ne veulent même pas faire un bout de chemin ensemble, ce qui signifie qu'ils ne peuvent pas coopérer ni dialoguer.

Il poursuit en critiquant le régime des riches et des pauvres, qui repose sur une autre forme d'inégalité excessive entre les hommes.

Il suggère que ce régime est semblable à celui des maîtres et des esclaves, car il produit les mêmes effets néfastes sur la cité.

Les riches sont comme les maîtres, qui ne savent pas obéir à aucune autorité ni respecter les autres.

Les pauvres sont comme les esclaves, qui ne savent pas commander mais seulement obéir en serviles.

Il n'y a pas non plus d'amitié entre eux, mais de l'envie et du mépris.

Les pauvres envient les riches, qui possèdent plus qu'ils n'ont besoin.

Les riches méprisent les pauvres, qui manquent du nécessaire.

Ces sentiments sont également contraires à la communauté de la cité, car ils empêchent la solidarité et la justice.

Il conclut en affirmant que la cité idéale se trouve dans la classe moyenne, qui est composée d'hommes égaux et semblables.

Il suppose que ces hommes ont un juste milieu entre les dons de la fortune et leur privation.

Ils savent obéir et commander selon les circonstances, sans excès ni défaut.

Ils respectent l'autorité, les lois et les autres.

Ils partagent le même bien commun, qui est le bonheur de tous.

Ils ont de l'amitié entre eux, qui est le fondement de la vie en commun.

Aristote soutient que cette classe moyenne est la plus favorable à la stabilité et à l'harmonie de la cité.