• Malebranche
Les limites de l'esprit humain et la propension à  l'erreur
raison - vérité



Le contexte :

Dans ce texte de malebranche, l'auteur explore la nature limitée de l'esprit humain et sa propension à  l'erreur. il souligne que même en étant maà®tre de ses idées, l'homme reste sujet à  l'erreur en raison de la multitude de rapports entre les choses qui nécessitent un esprit infini pour les comprendre. malebranche critique également le manque d'attention des hommes à  la faiblesse de leur esprit, les poussant ainsi à  préférer l'erreur à  la vérité par facilité et manque d'examen.

L' auteur :

Malebranche

Le repère :

subjectif/objectif/intersubjectif

Le texte :

« Mais quand nous supposerions l'homme maître absolu de son esprit et de ses idées, il serait encore nécessairement sujet à l'erreur par sa nature. Car l'esprit de l'homme est limité, et tout esprit limité est par sa nature sujet à l'erreur. La raison en est, que les moindres choses ont entre elles une infinité de rapports, et qu'il faut un esprit infini pour les comprendre. Ainsi un esprit limité ne pouvant embrasser ni comprendre tous ces rapports quelque effort qu'il fasse, il est porté à croire que ceux qu'il n'aperçoit pas n'existent point, principalement lorsqu'il ne fait pas d'attention à la faiblesse et à la limitation de son esprit, ce qui lui est fort ordinaire. Ainsi la limitation de l'esprit toute seule, emporte avec soi la capacité de tomber dans l'erreur. Toutefois si les hommes, dans l'état même où ils sont de faiblesse […], faisaient toujours bon usage de leur liberté, ils ne se tromperaient jamais. Et c'est pour cela que tout homme qui tombe dans l'erreur est blâmé avec justice, et mérite même d'être puni : car il suffit pour ne se point tromper de ne juger que de ce qu'on voit, et de ne faire jamais des jugements entiers, que des choses que l'on est assuré d'avoir examinées dans toutes leurs parties, ce que les hommes peuvent faire. Mais ils aiment mieux s'assujettir à l'erreur, que de s'assujettir à la règle de la vérité : ils veulent décider sans peine et sans examen. Ainsi il ne faut pas s'étonner, s'ils tombent dans un nombre infini d'erreurs, et s'ils font souvent des jugements assez incertains. »
Malebranche

Les questions :



[A] û Questions dÆanalyse
1) Quelle est la raison pour laquelle l'esprit de l'homme est sujet à l'erreur, selon l'auteur ?
2) Comment l'auteur explique-t-il que la limitation de l'esprit entraîne l'erreur ?
3) Pourquoi les hommes ont-ils tendance à croire que ce qu'ils ne perçoivent pas n'existe pas ?
4) Quelles seraient les conséquences si les hommes faisaient toujours bon usage de leur liberté selon l'auteur ?

[B] û Éléments de synth��se
1) Expliquez en quoi la limitation de l'esprit conduit à la capacité de tomber dans l'erreur.
2) En vous aidant des éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.

[C] û Commentaire
1) Selon vous, pourquoi les hommes ont-ils tendance à préférer l'erreur à la vérité ?

L'analyse :

Voici une possible analyse du texte de malebranche :

- le texte traite de la question de l'erreur et de ses causes chez l'homme.

L'auteur cherche à montrer que l'erreur est à la fois inévitable par la nature limitée de l'esprit humain, et évitable par le bon usage de la liberté.



- il commence par affirmer que même si l'homme était maître absolu de son esprit et de ses idées, il serait encore nécessairement sujet à l'erreur par sa nature.

Il explique cela par le fait que les choses ont une infinité de rapports entre elles, que seul un esprit infini peut comprendre.

Il en déduit que l'esprit limité de l'homme est porté à croire que les rapports qu'il n'aperçoit pas n'existent pas, surtout quand il ne fait pas attention à sa propre faiblesse.

Il conclut que la limitation de l'esprit entraîne la capacité de tomber dans l'erreur.

Il utilise ici un raisonnement hypothétique (si nous supposerions), une comparaison (entre l'esprit limité et l'esprit infini), et une généralisation (tout esprit limité est sujet à l'erreur).

Il veut ainsi montrer que l'erreur est une conséquence nécessaire de la condition humaine, qui ne peut pas tout connaître ni tout comprendre.



- il poursuit en affirmant que si les hommes faisaient toujours bon usage de leur liberté, ils ne se tromperaient jamais.

Il explique cela par le fait qu'il suffit pour ne pas se tromper de ne juger que de ce qu'on voit, et de ne faire des jugements entiers que sur des choses qu'on a examinées dans toutes leurs parties.

Il en déduit que tout homme qui tombe dans l'erreur est blâmé avec justice, et mérite même d'être puni.

Il utilise ici un raisonnement conditionnel (si les hommes faisaient), une règle (ne juger que de ce qu'on voit), et une conséquence morale (être blâmé ou puni).

Il veut ainsi montrer que l'erreur est une conséquence évitable de la volonté humaine, qui peut choisir de suivre ou non la règle de la vérité.



- il termine en affirmant que les hommes aiment mieux s'assujettir à l'erreur, que de s'assujettir à la règle de la vérité.

Il explique cela par le fait qu'ils veulent décider sans peine et sans examen.

Il en déduit qu'il ne faut pas s'étonner s'ils tombent dans un nombre infini d'erreurs, et s'ils font souvent des jugements assez incertains.

Il utilise ici une opposition (entre s'assujettir à l'erreur ou à la vérité), une cause (vouloir décider sans peine et sans examen), et une conséquence logique (tomber dans l'erreur).

Il veut ainsi montrer que l'erreur est une conséquence volontaire de la paresse humaine, qui préfère le facile au vrai.



- le texte présente donc une analyse complexe et nuancée de l'erreur, qui met en jeu à la fois la nature et la liberté humaines.

L'auteur cherche à faire comprendre au lecteur que l'erreur n'est pas une fatalité, mais qu'elle dépend du choix de chacun de se conformer ou non à la vérité.

Il invite ainsi le lecteur à réfléchir sur sa propre responsabilité dans ses jugements, et sur les moyens d'éviter l'erreur.