Dans ce texte extrait de son ouvrage "émile ou de l'éducation", rousseau remet en question la capacité des historiens à retranscrire les faits de maniàùre objective. il souligne que la subjectivité, l'ignorance et les préjugés de l'historien influencent la représentation des événements, remettant ainsi en question la véracité et l'utilité de l'histoire telle qu'elle est racontée.
(1712-1778) Repense les structures de la société et de l'éducation à son époque. Son effort philosophique vise à unifier sous une même pensée la relation qu'ont les hommes entre eux dans la société, l'effet de la société moderne sur ces derniers, et la source de cette relation.
objectif/subjectif/intersubjectif
« Il s'en faut bien que les faits décrits dans l'histoire soient la peinture exacte des mêmes faits tels qu'ils sont arrivés : ils changent de forme dans la tête de l'historien, ils se moulent sur ses intérêts, ils prennent la teinte de ses préjugés. Qui est-ce qui sait mettre exactement le lecteur au lieu de la scène pour voir un événement tel qu'il s'est passé ? L'ignorance ou la partialité déguise tout. Sans altérer même un trait historique, en étendant ou resserrant des circonstances qui s'y rapportent, que de faces différentes on peut lui donner ! Mettez un même objet à divers points de vue, à peine paraîtra-t-il le même, et pourtant rien n'aura changé que l'ūil du spectateur. Suffit-il, pour l'honneur de la vérité, de me dire un fait véritable en me le faisant voir tout autrement qu'il n'est arrivé ? Combien de fois un arbre de plus ou de moins, un rocher à droite ou à gauche, un tourbillon de poussière élevé par le vent ont décidé de l'événement d'un combat sans que personne s'en soit aperçu ! Cela empêche-t-il que l'historien ne vous dise la cause de la défaite ou de la victoire avec autant d'assurance que s'il eût été partout ? Or que m'importent les faits en eux-mêmes, quand la raison m'en reste inconnue ? et quelles leçons puis-je tirer d'un événement dont j'ignore la vraie cause ? L'historien m'en donne une, mais il la controuve ; et la critique elle-même, dont on fait tant de bruit, n'est qu'un art de conjecturer, l'art de choisir entre plusieurs mensonges celui qui ressemble le mieux à la vérité. »
Rousseau, Émile ou de L'Éducation
[a] - questions d'analyse
1) Quelle est la problématique soulevée par l'auteur concernant la relation entre les faits historiques et leur représentation ?
2) Comment l'auteur décrit-il la transformation des faits dans l'esprit de l'historien ?
3) Quels sont les éléments qui influencent la perception des faits par l'historien, selon l'auteur ?
4) Comment l'auteur remet-il en question l'objectivité de l'historien dans sa représentation des événements historiques ?
[b] - éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase : "Suffit-il, pour l'honneur de la vérité, de me dire un fait véritable en me le faisant voir tout autrement qu'il n'est arrivé ?"
2) En vous aidant des éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.
[c] - commentaire
1) Qu'est-ce que l'auteur met en avant concernant la vérité historique et la mani��re dont elle est présentée ? Justifiez votre réponse.
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si la subjectivité de l'historien peut être évitée dans la construction d'une représentation fid��le des événements historiques.
Voici un exemple de développement possible :
dans ce texte, rousseau remet en cause la valeur de l'histoire comme source de connaissance et de vérité.
Il montre que les faits historiques sont déformés par la subjectivité de l'historien, par les circonstances aléatoires qui échappent à son regard, et par les interprétations arbitraires qu'il leur donne.
Il commence par affirmer que les faits décrits dans l'histoire ne sont pas la peinture exacte des mêmes faits tels qu'ils sont arrivés.
Il utilise une comparaison avec la peinture pour souligner que l'histoire n'est pas une reproduction fidèle de la réalité, mais une représentation qui dépend du point de vue de l'artiste.
Il explique que les faits changent de forme dans la tête de l'historien, qu'ils se moulent sur ses intérêts, qu'ils prennent la teinte de ses préjugés.
Il emploie des verbes qui suggèrent une transformation, une adaptation, une coloration des faits selon la perspective de l'historien.
Il met ainsi en évidence le rôle de la subjectivité dans l'écriture de l'histoire.
Il poursuit en se demandant qui est capable de mettre exactement le lecteur au lieu de la scène pour voir un événement tel qu'il s'est passé.
Il pose une question rhétorique qui implique une réponse négative : personne n'est capable de restituer objectivement un événement historique.
Il ajoute que l'ignorance ou la partialité déguise tout.
Il oppose deux termes qui renvoient à deux défauts possibles de l'historien : soit il ne sait pas ce qui s'est réellement passé, soit il le sait mais il le cache ou le déforme volontairement.
Il emploie le verbe déguiser pour montrer que l'histoire est une fiction qui travestit la vérité.
Il continue en montrant que sans altérer même un trait historique, on peut lui donner des faces différentes en étendant ou resserrant des circonstances qui s'y rapportent.
Il utilise une expression qui signifie modifier légèrement, sans changer l'essentiel, pour indiquer que l'historien peut manipuler les faits en jouant sur les détails.
Il emploie le mot face pour souligner que les faits ont plusieurs aspects selon la manière dont on les présente.
Il donne l'exemple de mettre un même objet à divers points de vue, ce qui le fait paraître différent sans qu'il ait changé.
Il reprend la comparaison avec la peinture pour illustrer que l'histoire est une question de perspective et non de réalité.
Il enchaîne en se demandant si cela suffit pour l'honneur de la vérité, de dire un fait véritable en le faisant voir tout autrement qu'il n'est arrivé.
Il pose une nouvelle question rhétorique qui implique une réponse négative : cela ne suffit pas pour respecter la vérité, au contraire, cela revient à la trahir.
Il oppose deux termes qui renvoient à deux niveaux différents : le fait véritable, qui est ce qui s'est réellement passé, et le fait vu, qui est ce qui est rapporté par l'historien.
Il montre ainsi que l'histoire n'est pas la vérité des faits, mais leur apparence.
Il termine en donnant un autre exemple de la déformation des faits historiques : combien de fois un arbre, un rocher, un tourbillon de poussière ont décidé de l'événement d'un combat sans que personne s'en soit aperçu.
Il évoque des éléments naturels qui peuvent avoir une influence décisive sur le cours d'une bataille, mais qui échappent à l'observation de l'historien.
Il souligne ainsi le rôle du hasard et des circonstances dans l'histoire, qui rendent impossible une connaissance exacte des causes et des effets.
Il critique ensuite l'historien qui donne la cause de la défaite ou de la victoire avec assurance, alors qu'il n'a pas été partout.
Il met en évidence le contraste entre la prétention et l'ignorance de l'historien, qui se permet d'affirmer ce qu'il ne sait pas.
Il conclut en se demand.