Dans ce passage, rousseau exprime son désir que son enfant développe son sens de l'observation et sa capacité à représenter fidàùlement la réalité. il souligne l'importance de s'inspirer de la nature plutàït que de s'enfermer dans des imitations artificielles, afin d'acquérir une compréhension précise des objets et de préserver le goût des beautés naturelles.
(1712-1778) Repense les structures de la société et de l'éducation à son époque. Son effort philosophique vise à unifier sous une même pensée la relation qu'ont les hommes entre eux dans la société, l'effet de la société moderne sur ces derniers, et la source de cette relation.
analyse/synthèse
« Les enfants, grands imitateurs, essayent tous de dessiner : je voudrais que le mien cultivât cet art, non précisément pour l'art même, mais pour se rendre l'ūil juste et la main flexible ; et, en général, il importe fort peu qu'il sache tel ou tel exercice, pourvu qu'il acquière la perspicacité du sens et la bonne habitude du corps qu'on gagne par cet exercice. Je me garderai donc bien de lui donner un maître à dessiner, qui ne lui donnerait à imiter que des imitations, et ne le ferait dessiner que sur des dessins : je veux qu'il n'ait d'autre maître que la nature, ni d'autre modèle que les objets. Je veux qu'il ait sous les yeux l'original même et non pas le papier qui le représente, qu'il crayonne une maison sur une maison, un arbre sur un arbre, un homme sur un homme, afin qu'il s'accoutume à bien observer les corps et leurs apparences, et non pas à prendre des imitations fausses et conventionnelles pour de véritables imitations. Je le détournerai même de rien tracer de mémoire en l'absence des objets, jusqu'à ce que, par des observations fréquentes, leurs figures exactes s'impriment bien dans son imagination ; de peur que, substituant à la vérité des choses des figures bizarres et fantastiques, il ne perde la connaissance des proportions et le goût des beautés de la nature. »
Rousseau
[A] û Questions d'analyse
1) Quelle est l'intention de l'auteur en encourageant son enfant à dessiner ?
2) Pourquoi l'auteur pense-t-il que l'imitation de la nature est plus importante que l'imitation des dessins ?
3) Comment l'auteur veut-il que son enfant apprenne à dessiner ?
4) Quelle est la raison pour laquelle l'auteur veut éviter que son enfant dessine de mémoire en l'absence des objets ?
[B] û Éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase : "je veux qu'il ait sous les yeux l'original même et non pas le papier qui le représente".
2) En vous basant sur les éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.
[C] û Commentaire
1) Est-ce que vous êtes d'accord avec l'approche de l'auteur concernant l'apprentissage du dessin ? Justifiez votre réponse.
Voici une possible analyse du texte de rousseau :
- le texte présente la conception de rousseau sur l'éducation artistique des enfants, en particulier le dessin.
Il s'agit d'un extrait de son ouvrage emile ou de l'éducation, publié en 1762, dans lequel il expose sa vision d'une éducation naturelle et progressive, adaptée aux besoins et aux capacités de chaque enfant.
- l'auteur commence par affirmer que les enfants sont de grands imitateurs et qu'ils essaient tous de dessiner.
Il exprime son souhait que son élève, emile, cultive cet art, mais pas pour l'art lui-même, c'est-à-dire pas pour produire des £uvres esthétiques ou conformes à un modèle, mais pour se rendre l'£il juste et la main flexible.
Il s'agit donc d'un objectif pédagogique et non pas artistique : le dessin doit servir à développer les sens et les habiletés corporelles de l'enfant, qui sont essentiels pour sa connaissance du monde et son autonomie.
- l'auteur poursuit en expliquant comment il compte mettre en £uvre cette éducation artistique.
Il rejette l'idée de lui donner un maître à dessiner, qui ne lui donnerait à imiter que des imitations, et ne le ferait dessiner que sur des dessins.
Il critique ainsi la méthode traditionnelle qui consiste à apprendre le dessin en copiant des modèles préétablis, souvent éloignés de la réalité.
Il oppose à cette méthode une autre approche, fondée sur l'observation directe de la nature.
Il veut que son élève n'ait d'autre maître que la nature, ni d'autre modèle que les objets.
Il veut qu'il ait sous les yeux l'original même et non pas le papier qui le représente, qu'il crayonne une maison sur une maison, un arbre sur un arbre, un homme sur un homme.
Il s'agit donc de favoriser une imitation fidèle et spontanée des choses telles qu'elles sont, sans passer par le filtre des conventions ou des représentations artificielles.
- l'auteur termine en précisant les conditions et les effets de cette éducation artistique.
Il déconseille à son élève de rien tracer de mémoire en l'absence des objets, jusqu'à ce que, par des observations fréquentes, leurs figures exactes s'impriment bien dans son imagination.
Il craint en effet que, s'il se fie à sa mémoire sans avoir acquis une bonne connaissance des formes réelles, il ne substitue à la vérité des choses des figures bizarres et fantastiques.
Il veut donc éviter que son élève ne perde la connaissance des proportions et le go¹t des beautés de la nature.
Il s'agit donc de former un jugement s¹r et un sens esthétique fondé sur la nature.
- on peut conclure que ce texte illustre la pensée de rousseau sur l'éducation artistique, qui repose sur le principe de l'imitation de la nature comme moyen d'éveiller les sens et la raison de l'enfant.
Rousseau se distingue ainsi des courants pédagogiques qui privilégient l'apprentissage par les règles ou les modèles abstraits.
Il propose une éducation qui respecte le développement naturel et progressif de l'enfant, en accord avec sa devise : "tout est bien sortant des mains de l'auteur des choses ; tout dégénère entre les mains de l'homme".