(-384--322) Est un des premiers philosophes à considérer scientifiquement et rationnellement le monde. Il a formalisé la logique et le calcul logique, il est à l'origine de la tendance scientifique à classer le monde en catégories.
essentiel/accidentel
« Le fait que l'ami est autre que le flatteur semble montrer clairement que le plaisir n'est pas un bien, ou qu'il y a des plaisirs spécifiquement différents. L'ami, en effet, paraît rechercher notre compagnie pour notre bien, et le flatteur pour notre plaisir, et à ce dernier on adresse des reproches et à l'autre des éloges, en raison des fins différentes pour lesquelles ils nous fréquentent. En outre, nul homme ne choisirait de vivre en conservant durant toute son existence l'intelligence d'un petit enfant, même s'il continuait à jouir le plus possible des plaisirs de l'enfance ; nul ne choisirait non plus de ressentir du plaisir en accomplissant un acte particulièrement déshonorant, même s'il ne devait jamais en résulter pour lui de conséquence pénible. Et il y a aussi bien des avantages que nous mettrions tout notre empressement à obtenir, même s'ils ne nous apportaient aucun plaisir, comme voir, se souvenir, savoir, posséder les vertus. Qu'en fait des plaisirs accompagnent nécessairement ces avantages ne fait pour nous aucune différence, puisque nous les choisirions quand bien même ils ne seraient pour nous la source d'aucun plaisir. Qu'ainsi donc le plaisir ne soit pas le bien, ni que tout plaisir soit désirable, c'est là une chose, semble-t-il, bien évidente. »
Aristote, Éthique à Nicomaque
[A] û Questions dÆanalyse
1) Quelle distinction est faite entre l'ami et le flatteur dans le texte ?
2) Quelle conclusion peut-on tirer de la différence de motivations entre l'ami et le flatteur ?
3) En quoi la recherche du plaisir n'est pas considérée comme un bien selon le texte ?
4) Quels exemples sont donnés pour illustrer que tous les plaisirs ne sont pas souhaitables ?
[B] û Éléments de synth��se
1) Expliquez le sens de la phrase : "Le fait que l'ami est autre que le flatteur semble montrer clairement que le plaisir n'est pas un bien, ou qu'il y a des plaisirs spécifiquement différents."
2) En vous basant sur les éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.
[C] û Commentaire
1) Selon vous, pourquoi est-il important de distinguer entre l'ami et le flatteur dans cette réflexion sur le plaisir ?
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si le plaisir peut être considéré comme un crit��re de la valeur de quelque chose. Justifiez votre réponse.
Voici un possible développement de l'analyse du texte :
dans ce texte, aristote s'interroge sur la nature du bien et du plaisir, et cherche à montrer que le plaisir n'est pas le bien suprême, ni que tous les plaisirs sont désirables.
Il s'appuie pour cela sur plusieurs arguments et exemples qui visent à distinguer les différents types de plaisirs et à mettre en évidence les critères qui permettent de juger de la valeur d'une vie humaine.
Il commence par opposer l'ami et le flatteur, deux types de personnes qui recherchent notre compagnie pour des raisons différentes.
L'ami nous veut du bien, c'est-à-dire qu'il souhaite notre bonheur et notre vertu, tandis que le flatteur nous veut du plaisir, c'est-à-dire qu'il cherche à nous flatter et à nous séduire.
Aristote en déduit que le plaisir n'est pas un bien, ou du moins pas le seul ni le plus grand, puisque nous préférons l'ami au flatteur, et que nous louons le premier et blâmons le second.
Ce premier argument montre que le plaisir n'est pas suffisant pour fonder une relation authentique et durable, et qu'il faut y ajouter le respect, la bienveillance et la sincérité.
Il poursuit en proposant deux exemples qui illustrent des situations où nous ne choisirions pas le plaisir pour lui-même, mais où nous préférerions d'autres biens plus importants.
Le premier exemple est celui d'un homme qui garderait toute sa vie l'intelligence d'un enfant, mais qui jouirait des plaisirs de l'enfance.
Le second exemple est celui d'un homme qui accomplirait un acte honteux, mais qui n'en subirait aucune conséquence fâcheuse.
Aristote affirme que personne ne voudrait vivre ainsi, même si ces situations étaient sources de plaisir.
Ce second argument montre que le plaisir n'est pas suffisant pour définir une vie humaine digne de ce nom, et qu'il faut y ajouter la raison, la moralité et l'honneur.
Il termine en énumérant des biens que nous désirons pour eux-mêmes, même s'ils ne nous procurent pas de plaisir, comme voir, se souvenir, savoir, posséder les vertus.
Il reconnaît que ces biens sont souvent accompagnés de plaisirs, mais il affirme que cela ne change rien à notre choix, car nous les voudrions même s'ils étaient dépourvus de plaisir.
Ce troisième argument montre que le plaisir n'est pas suffisant pour rendre compte de la finalité de nos actions, et qu'il faut y ajouter la connaissance, la mémoire et la vertu.
Ainsi, aristote conclut que le plaisir n'est pas le bien, ni que tout plaisir est désirable.
Il remet en cause la conception hédoniste du bonheur, qui réduit le bien au plaisir.
Il propose une conception plus exigeante et plus complexe du bien, qui prend en compte les différentes facultés de l'homme et les différents niveaux de son activité.
Il invite à distinguer les plaisirs selon leur nature, leur origine et leur objet, et à les subordonner à des critères rationnels et moraux.