• Popper
L'importance de l'action directe dans la recherche du bien-être social
justice - bonheur



Le contexte :

Dans cet extrait de "conjectures et réfutations" de popper, il est souligné que pour améliorer la société, il est essentiel de se concentrer sur l'élimination des maux concrets plutàït que de chercher à  instaurer un bien abstrait. l'auteur met en avant l'importance de combattre directement les problàùmes tels que la pauvreté, les épidémies et l'analphabétisme, plutàït que de se fixer sur un idéal de société parfaite. il insiste sur

Le repère :

idéal/réel

Le texte :

« Il convient de travailler à l'élimination de maux concrets et non pour mettre en ūuvre un bien abstrait. Il ne faut pas chercher à instaurer le bonheur par des moyens politiques, mais au contraire à supprimer des maux réels. Ou encore, plus concrètement : il s'agit de combattre la pauvreté par des moyens directs, en s'assurant, par exemple, que tous disposent d'un minimum de revenus, de lutter contre les épidémies et la maladie en créant des hôpitaux et des facultés de médecine, de combattre l'analphabétisme comme on lutte contre la criminalité. L'essentiel est d'employer des moyens directs. Il suffit de déterminer quel est le mal qui affecte le plus gravement la société et de s'efforcer patiemment de montrer à autrui la possibilité de l'éliminer. Mais il ne faut pas chercher à réaliser ces objectifs par des voies indirectes en définissant l'idéal lointain d'une société entièrement bonne et en s'attachant à mettre celui-ci en ūuvre. Quelle que soit la force du sentiment d'obligation que cette vision […] nous inspire, il n'y a pas lieu de se sentir requis de lui donner corps ou de s'imaginer investi de la mission d'en faire découvrir à autrui toute la beauté. Il ne faut pas que cette vision imaginaire d'un monde merveilleux nous fasse négliger les revendications d'individus qui souffrent hic et nunc. Nos semblables sont fondés à attendre de nous un secours. Aucune génération ne doit être sacrifiée au nom des générations à venir et d'un idéal de bonheur qu'on risque de ne jamais atteindre. Je considère, en résumé, que l'allègement des maux dont souffrent les hommes est le problème qui se pose avec le plus d'acuité à une politique sociale rationnelle et que la question du bonheur est d'un autre ordre. Laissons au domaine privé cette recherche du bonheur. »
Popper, Conjectures et réfutations

Les questions :



[A] - Questions d'analyse
1) Quel est le conseil donné par l'auteur concernant l'approche de l'amélioration de la société ?
2) Comment l'auteur propose-t-il de combattre la pauvreté ?
3) Quelle est la différence entre l'approche de l'auteur et celle qui consiste à définir un idéal de société parfaite ?
4) Selon l'auteur, pourquoi est-il important de ne pas négliger les probl��mes concrets et immédiats de la société ?

[B] - Éléments de synth��se
1) Expliquez en quoi consiste l'approche de l'auteur pour améliorer la société.
2) En vous basant sur les informations précédentes, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les arguments de l'auteur.

[C] - Commentaire
1) Selon vous, pourquoi l'auteur insiste-t-il sur l'importance de traiter les probl��mes concrets plut��t que de rechercher un idéal abstrait ?
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si l'approche de l'auteur est réalisable dans la pratique.

L'analyse :

Voici un exemple de développement possible : dans ce texte, le philosophe karl popper défend l'idée que la politique ne doit pas viser à instaurer le bonheur, mais à éliminer les maux concrets qui affectent les hommes.

Il s'oppose ainsi à toute conception utopique de la société, qui se fonde sur un idéal abstrait et lointain, au détriment des besoins réels et immédiats des individus.

Pour soutenir sa thèse, popper commence par opposer deux types d'objectifs politiques : ceux qui visent à mettre en £uvre un bien abstrait, et ceux qui visent à supprimer des maux réels.

Il illustre cette opposition par des exemples concrets, comme la lutte contre la pauvreté, les épidémies, l'analphabétisme ou la criminalité.

Il affirme que l'essentiel est d'employer des moyens directs, c'est-à-dire des moyens qui agissent directement sur les causes des maux, sans passer par des intermédiaires ou des hypothèses incertaines.

Il s'agit donc d'une conception pragmatique et réaliste de la politique, qui se base sur l'observation des faits et l'évaluation des résultats.

Ensuite, popper critique la démarche inverse, qui consiste à chercher à réaliser un idéal lointain d'une société entièrement bonne, en s'attachant à sa vision imaginaire et en négligeant les revendications des individus qui souffrent ici et maintenant.

Il dénonce le caractère illusoire et dangereux de cette démarche, qui peut conduire à sacrifier les générations présentes au nom des générations futures et d'un bonheur hypothétique.

Il souligne que le sentiment d'obligation que peut inspirer cette vision n'est pas un critère suffisant pour la justifier ou la légitimer.

Il s'agit donc d'une conception utopique et irrationnelle de la politique, qui se fonde sur la spéculation et l'idéologie.

Enfin, popper conclut en résumant sa position : le problème le plus urgent pour une politique sociale rationnelle est l'allègement des maux dont souffrent les hommes, et non la question du bonheur, qui relève d'un autre ordre.

Il suggère ainsi que le bonheur est une affaire privée, qui dépend de la liberté et du choix de chacun, et non d'une contrainte ou d'une imposition collective.

Il s'agit donc d'une conception libérale et individualiste de la politique, qui respecte l'autonomie et la diversité des individus.