• Russell
La limite de la croyance vraie
vérité - vérité



Le contexte :

Russell explore la notion de connaissance en remettant en question l'idée que la croyance vraie suffit à  constituer la connaissance. il illustre cette idée en montrant que même si une croyance est vraie, elle ne devient pas automatiquement une connaissance si elle est basée sur des prémisses erronées ou déduites par un raisonnement incorrect. cette réflexion soulàùve des questions fondamentales sur la nature de la connaissance et de la vérité en philosophie.

Le repère :

croire/savoir

Le texte :

« On imaginerait facilement d'abord que la connaissance puisse se définir comme �oela croyance vraie”. Quand ce que nous croyons est vrai, on pourrait supposer que nous avons la connaissance de ce que nous croyons. Mais cela ne s'accorderait pas avec la manière dont le mot est employé communément. Pour prendra un exemple très vulgaire : si un homme croit que le nom du dernier Premier ministre commençait par un B, il croit ce qui est vrai, puisque le dernier Premier ministre était Sir Henry Campbell Bannerman. Mais s'il croit que M. Balfour était le dernier Premier ministre, il croira toujours que le nom du dernier Premier ministre commence par un B, et cependant cette croyance, quoique vraie, ne sera pas estimée constituer une connaissance. Si un journal, par une anticipation intelligente, annonce le résultat d'une bataille avant qu'ait été reçu aucun télégramme donnant le résultat, il peut par chance annoncer ce qui se trouve ensuite être le résultat juste, et produire une croyance chez quelques-uns de ses lecteurs les moins expérimentés. Mais bien que leur croyance soit vraie, on ne peut pas dire qu'ils aient une connaissance. Il est donc clair qu'une croyance vraie n'est pas une connaissance, quand elle est déduite d'une croyance fausse. De même, une croyance vraie ne peut pas être appelée une connaissance quand elle est déduite, par la voie d'un raisonnement faux, même de prémisses vraies. Si je sais que tous les Grecs sont des hommes et que Socrate était un homme, et que j'en infère que Socrate était un Grec, on ne peut pas dire que je sache que Socrate était un Grec, parce que, bien que mes prémisses et ma conclusion soient vraies, la conclusion ne suit pas des prémisses. »
Russell, Les Problèmes de la philosophie

Les questions :



[A] - Questions d'analyse
1) Comment pourrait-on définir la connaissance selon l'auteur ?
2) Pourquoi la définition de la connaissance comme "croyance vraie" ne correspond-elle pas à l'usage courant du terme ?
3) Quels exemples sont donnés pour illustrer le fait qu'une croyance vraie ne constitue pas nécessairement une connaissance ?
4) Pourquoi une croyance vraie déduite d'une croyance fausse ou d'un raisonnement faux ne peut-elle pas être considérée comme une connaissance ?

[B] - Éléments de synth��se
1) Expliquez en quoi la croyance vraie ne peut pas être considérée comme une connaissance selon l'auteur.

L'analyse :

Voici un possible développement de l'analyse du texte : l'auteur cherche à définir la notion de connaissance et à en distinguer les conditions nécessaires.

Il examine d'abord une définition possible : la connaissance serait "la croyance vraie".

Il s'agit donc de savoir si le fait de croire quelque chose qui se trouve être vrai suffit à constituer une connaissance.

Pour tester cette définition, il utilise la méthode de l'exemple, qui consiste à confronter la définition à des cas concrets pour voir si elle résiste ou non.

Il propose deux exemples où la croyance vraie ne peut pas être considérée comme une connaissance : le premier est celui d'un homme qui croit que le nom du dernier premier ministre commence par un b, mais qui se trompe sur son identité ; le second est celui d'un journal qui annonce par hasard le résultat d'une bataille avant qu'il ne soit officiellement connu.

Dans ces deux cas, la croyance est vraie, mais elle n'est pas fondée sur des raisons valables, elle repose sur une erreur ou sur une chance.

L'auteur en conclut que la croyance vraie n'est pas une connaissance quand elle est déduite d'une croyance fausse.

Il poursuit son examen critique de la définition en proposant un troisième exemple, où la croyance vraie n'est pas déduite d'une croyance fausse, mais d'un raisonnement faux.

Il s'agit du cas où l'on infère que socrate était un grec à partir de deux prémisses vraies : tous les grecs sont des hommes et socrate était un homme.

Ici, la croyance est vraie et les prémisses sont vraies, mais le raisonnement est invalide, car il commet un sophisme appelé "affirmation du conséquent".

L'auteur en déduit que la croyance vraie n'est pas une connaissance quand elle est déduite par la voie d'un raisonnement faux, même de prémisses vraies.

L'auteur a donc montré que la définition de la connaissance comme "croyance vraie" est insuffisante, car elle ne rend pas compte du fait que la connaissance implique aussi une justification rationnelle de la croyance.

Il a utilisé pour cela des exemples qui illustrent les différents types d'erreurs possibles dans la formation des croyances : erreur sur les faits, erreur sur les causes, erreur sur les conséquences.

Il a ainsi mis en évidence l'exigence de rigueur et de cohérence qui caractérise la connaissance.