• Nietzsche
La relativité de la morale et de l'intention
liberté - raison



Le contexte :

Nietzsche remet en question la distinction entre les actions morales et immorales, en soulignant que la volonté libre et la nécessité sont deux aspects indissociables de notre existence. il explique que les actions intentionnellement nuisibles sont justifiées par la conservation de soi-même ou de la société, et que chacun agit en fonction de son propre intérêt et de son niveau de raison.

L' auteur :

Nietzsche

(1844-1900) Répond aux attaques faites à l'encontre de la philosophie à son époque : elle serait inutile et incertaine, contrairement aux nouvelles sciences expérimentales et humaines. Toute sa philosophie vise à contredire cette invective.

Le repère :

intuitif/discursif

Le texte :

« Nous n'accusons pas la nature d'immoralité quand elle nous envoie un orage et nous trempe : pourquoi disons-nous donc immoral l'homme qui fait quelque mal ? Parce que nous supposons ici une volonté libre aux décrets arbitraires, là une nécessité. Mais cette distinction est une erreur. En outre, ce n'est même pas en toutes circonstances que nous appelons immorale une action intentionnellement nuisible ; on tue par exemple une mouche délibérément, mais sans le moindre scrupule, pour la pure et simple raison que son bourdonnement nous déplaît, on punit et fait intentionnellement souffrir le criminel afin de se protéger, soi et la société. Dans le premier cas, c'est l'individu qui, pour se conserver ou même pour s'éviter un déplaisir, cause intentionnellement un mal ; dans le second, c'est l'État. Toute morale admet les actes intentionnellement nuisibles en cas de légitime défense, c'est-à-dire quand il s'agit de conservation ! Mais ces deux points de vue suffisent à expliquer toutes les mauvaises actions exercées par des hommes sur les hommes : on veut son plaisir, on veut s'éviter le déplaisir ; en quelque sens que ce soit, il s'agit toujours de sa propre conservation. Socrate et Platon ont raison : quoi que l'homme fasse, il fait toujours le bien, c'est-à-dire ce qui lui semble bon (utile) suivant son degré d'intelligence, son niveau actuel de raison. »
Nietzsche, Humain, trop humain

Les questions :



[A] - Questions d'analyse
1) Quelle comparaison est faite entre la nature et l'homme dans ce texte ?
2) Comment l'auteur remet-il en question la distinction entre immoralité et nécessité ?
3) Pourquoi l'auteur mentionne-t-il l'exemple de tuer une mouche ?
4) Quels sont les deux points de vue qui expliquent les mauvaises actions exercées par les hommes sur les hommes ?

[B] - Éléments de synth��se
1) Expliquez en quoi consiste la légitime défense selon l'auteur.
2) En vous aidant des éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.

[C] - Commentaire
1) Selon vous, l'auteur remet-il en question la notion de responsabilité morale de l'homme ? Justifiez votre réponse.
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si l'homme peut réellement être considéré comme toujours faisant le bien.

L'analyse :

Voici un exemple de développement possible : dans ce texte, nietzsche remet en question la notion d'immoralité appliquée aux actions humaines.

Il cherche à montrer que les hommes ne font pas le mal volontairement, mais qu'ils agissent selon leur intérêt et leur raison.

Il commence par opposer deux situations où l'on juge différemment la cause d'un mal : la nature et l'homme.

Il s'interroge sur le fondement de cette distinction, qui repose sur l'idée d'une volonté libre chez l'homme, capable de choisir le mal, et d'une nécessité chez la nature, qui agit sans intention.

Il affirme que cette distinction est une erreur, sans toutefois expliciter pourquoi.

Il suggère ainsi que l'homme n'est pas plus libre que la nature, et que ses actions sont déterminées par des causes qui lui échappent.

Il poursuit en reconnaissant qu'il existe des cas où l'on n'accuse pas l'homme d'immoralité, même quand il fait intentionnellement du mal.

Il donne deux exemples : tuer une mouche et punir un criminel.

Il analyse ces exemples en montrant qu'ils ont un point commun : ils visent à la conservation de soi ou de la société.

Il en déduit que toute morale admet les actes nuisibles quand ils sont motivés par la légitime défense.

Il généralise ensuite cette idée en affirmant que toutes les mauvaises actions humaines s'expliquent par le désir de plaisir ou l'évitement du déplaisir, qui sont des formes de conservation de soi.

Il conclut en reprenant la thèse de socrate et platon selon laquelle l'homme fait toujours le bien, c'est-à-dire ce qui lui semble bon ou utile selon son degré d'intelligence et sa raison.

Il implique ainsi que le mal n'est qu'une apparence, une illusion, ou une erreur de jugement.

Par ce texte, nietzsche remet en cause la notion traditionnelle de moralité, qui suppose une liberté humaine et une responsabilité face au mal.

Il propose une vision naturaliste et relativiste des actions humaines, qui sont guidées par des instincts de conservation et de satisfaction.

Il invite à reconsidérer les critères d'évaluation des comportements humains, et à ne pas les condamner comme immoraux.