• Husserl
L'imperfection des sciences et des arts
science - art



Le contexte :

Ce texte de husserl remet en question la capacité des artistes et des scientifiques à  expliquer les principes de leur art ou de leur science. selon lui, leur création et leur évaluation reposent sur des impulsions et des intuitions, sans accéder aux fondements ultimes. ainsi, toutes les sciences et les arts sont imparfaits dans leur recherche des principes et des bases de leur activité.

Le repère :

intuitif/discursif

Le texte :

« En règle générale, ce n'est pas l'artiste exécutant qui peut donner une juste information sur les principes de son art. Il ne crée pas d'après des principes et n'évalue pas d'après des principes. En créant, il obéit à l'impulsion spontanée de ses facultés harmonieusement cultivées et, en jugeant, à la finesse de son intuition et de son sens artistiques. Or, il n'en est pas seulement ainsi dans le cas des beaux-arts, auxquels on a pu penser tout d'abord, mais pour tous les arts en général, en prenant ce mot dans son sens le plus large. Il en est, par conséquent, aussi de même pour les activités de la création scientifique et l'évaluation théorique de ses résultats, des fondations scientifiques de faits, de lois, de théories. Le mathématicien, le physicien, l'astronome eux-mêmes n'ont pas besoin, pour mener à bien leurs travaux scientifiques les plus importants, d'accéder à l'évidence intellectuelle des ultimes fondements de leur activité et, bien que les résultats obtenus possèdent, pour eux et pour d'autres, la force d'une conviction rationnelle, ils ne peuvent cependant pas élever la prétention d'avoir prouvé, pour tous les cas, les ultimes prémisses  de leurs conclusions, ni recherché les principes sur lesquels repose la validité de leurs méthodes. Or, c'est à cela que tient l'état d'imperfection de toutes les sciences. »
Husserl, Recherches logiques

Les questions :



[A] - Questions d'analyse :
1) Comment l'artiste crée-t-il ?
2) Pourquoi l'artiste ne peut-il pas donner une information juste sur les principes de son art ?
3) Pourquoi l'auteur dit-il que tous les arts sont concernés par cette absence de principes ?
4) Comment les mathématiciens, physiciens et astronomes m��nent-ils leurs travaux scientifiques les plus importants ?

[B] - Éléments de synth��se :
1) Que signifie l'expression "ultimes prémisses" ?
2) Quelle est l'idée principale du texte et quelles sont les étapes de son argumentation ?

[C] - Commentaire :
1) Pensez-vous que l'absence de principes dans la création artistique est un obstacle à la compréhension de l'art par le public ?

L'analyse :

Voici une possible analyse du texte de husserl :

- le texte traite de la question des principes qui fondent les différents arts, y compris la science, et de la capacité des artistes ou des scientifiques à les connaître et à les justifier.



- l'auteur commence par affirmer que, en règle générale, ce n'est pas l'artiste exécutant qui peut donner une juste information sur les principes de son art.

Il explique que l'artiste ne crée pas et ne juge pas d'après des principes, mais d'après son inspiration et son intuition, qui sont le fruit de ses facultés harmonieusement cultivées.

Il s'agit donc de montrer que l'artiste n'a pas besoin de théoriser son art, ni de le soumettre à des règles préétablies, mais qu'il se fie à son sens artistique, qui est le résultat d'un apprentissage et d'une pratique.



- l'auteur étend ensuite son propos à tous les arts en général, en prenant ce mot dans son sens le plus large.

Il inclut donc dans la catégorie des arts les activités de la création scientifique et de l'évaluation théorique de ses résultats.

Il affirme que le mathématicien, le physicien, l'astronome eux-mêmes n'ont pas besoin, pour mener à bien leurs travaux scientifiques les plus importants, d'accéder à l'évidence intellectuelle des ultimes fondements de leur activité.

Il s'agit donc de soutenir que la science n'est pas fondée sur des principes absolus et indubitables, mais sur des hypothèses, des faits, des lois, des théories, qui sont le produit d'une invention et d'une intuition rationnelles.



- l'auteur conclut en reconnaissant que cette situation implique un état d'imperfection de toutes les sciences.

Il suggère que les sciences ne peuvent pas prétendre avoir prouvé les ultimes prémisses de leurs conclusions, ni recherché les principes sur lesquels repose la validité de leurs méthodes.

Il s'agit donc d'admettre que les sciences sont toujours perfectibles et révisables, et qu'elles ne peuvent pas se passer d'une réflexion critique sur leurs fondements et leurs limites.



- le texte vise donc à remettre en question l'idée selon laquelle les arts et les sciences seraient régis par des principes universels et infaillibles, et à souligner le rôle de la créativité et de l'intuition dans ces domaines.

L'enjeu est de reconnaître la valeur propre de chaque art, sans les réduire à des normes communes, mais aussi de prendre conscience de la fragilité et de la relativité des connaissances scientifiques.