Dans cet extrait de "émile ou de l'éducation", rousseau expose sa conception de la félicité humaine. selon lui, le bonheur absolu est une chimàùre. l'homme peut seulement atteindre un état négatif de félicité en minimisant ses souffrances. la privation inhérente au désir est la source de notre malheur.
(1712-1778) Repense les structures de la société et de l'éducation à son époque. Son effort philosophique vise à unifier sous une même pensée la relation qu'ont les hommes entre eux dans la société, l'effet de la société moderne sur ces derniers, et la source de cette relation.
identité/égalité/différence
« Nous ne savons ce que c'est que bonheur ou malheur absolu. Tout est mêlé dans cette vie ; on n'y goûte aucun sentiment pur, on n'y reste pas deux moments dans le même état. Les affections de nos âmes, ainsi que les modifications de nos corps, sont dans un flux continuel. Le bien et le mal nous sont communs à tous, mais en différentes mesures. Le plus heureux est celui qui sent le moins de peines ; le plus misérable est celui qui sent le moins de plaisirs. Toujours plus de souffrances que de jouissances : Voilà la différence commune à tous. La félicité de l'homme ici-bas n'est donc qu'un état négatif ; on doit la mesurer par la moindre quantité de maux qu'il souffre. Tout sentiment de peine est inséparable du désir de s'en délivrer ; toute idée de plaisir est inséparable du désir d'en jouir ; tout désir suppose privation, et toutes les privations qu'on sent sont pénibles ; c'est donc dans la disproportion de nos désirs et de nos facultés que consiste notre misère. Un être sensible dont les facultés égaleraient les désirs serait un être absolument heureux. »
Rousseau, Émile ou de l'Éducation
[A] - Questions d'analyse :
1. Comment l'auteur décrit-il le bonheur et le malheur dans ce texte ?
2. Quel est le r��le des sentiments et des émotions dans la vie humaine selon Rousseau ?
3. Comment l'auteur définit-il la félicité de l'homme ici-bas ?
4. En quoi consiste la mis��re humaine selon Rousseau ?
[B] - Éléments de synth��se :
1. Que signifie la phrase "La félicité de l'homme ici-bas n'est donc qu'un état négatif" ?
2. Quelle est l'idée principale du texte et quelles sont les étapes de son argumentation ?
[C] - Commentaire :
1. Selon vous, Rousseau a-t-il une vision pessimiste ou réaliste de la vie humaine ? Justifiez votre réponse.
2. À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si la quête du bonheur est une illusion ou une réalité pour l'homme.
Voici une possible analyse du texte de rousseau :
- dans la première phrase, rousseau affirme que nous ne connaissons pas le bonheur ou le malheur absolu, c'est-à-dire un état de satisfaction ou d'insatisfaction totale et permanente.
Il s'agit d'une thèse qui va à l'encontre de l'idée d'un bonheur parfait ou d'un malheur irrémédiable, qui sont des notions idéales et abstraites.
- dans la deuxième phrase, il explique pourquoi nous ne connaissons pas ces états absolus : parce que tout est mêlé dans cette vie, c'est-à-dire que nous éprouvons des sentiments variés et changeants, qui ne sont jamais purs, c'est-à-dire exempts de toute nuance ou contradiction.
Il s'agit d'un argument fondé sur l'observation de la réalité humaine, qui est complexe et fluctuante.
- dans la troisième phrase, il précise que les affections de nos âmes et les modifications de nos corps sont dans un flux continuel, c'est-à-dire qu'elles sont soumises au mouvement et au temps, qui les altèrent sans cesse.
Il s'agit d'un exemple qui illustre son argument précédent, en montrant que notre condition est marquée par l'instabilité et la fragilité.
- dans la quatrième phrase, il reconnaît que le bien et le mal nous sont communs à tous, mais en différentes mesures, c'est-à-dire que nous partageons tous les mêmes sources de plaisir et de peine, mais que nous n'en bénéficions ni n'en souffrons de la même façon.
Il s'agit d'une concession qui nuance sa thèse initiale, en admettant qu'il existe des degrés de bonheur et de malheur relatifs, selon les circonstances et les individus.
- dans la cinquième phrase, il propose un critère pour évaluer le bonheur et le malheur relatifs : le plus heureux est celui qui sent le moins de peines ; le plus misérable est celui qui sent le moins de plaisirs.
Il s'agit d'une définition qui repose sur la sensibilité, c'est-à-dire la capacité à ressentir des émotions agréables ou désagréables.
- dans la sixième phrase, il constate que dans notre condition humaine, il y a toujours plus de souffrances que de jouissances, c'est-à-dire que le malheur l'emporte sur le bonheur.
Il s'agit d'un fait qui confirme sa thèse initiale, en montrant que nous sommes loin du bonheur absolu.
- dans la septième phrase, il en déduit que la félicité de l'homme ici-bas n'est donc qu'un état négatif, c'est-à-dire qu'elle consiste à éviter ou à réduire le plus possible les maux qu'on souffre.
Il s'agit d'une conséquence qui découle de son fait précédent, en présentant le bonheur comme une absence plutôt qu'une présence.
- dans la huitième phrase, il explique que tout sentiment de peine est inséparable du désir de s'en délivrer ; toute idée de plaisir est inséparable du désir d'en jouir.
Il s'agit d'un principe qui établit un lien nécessaire entre nos émotions et nos aspirations, qui sont les moteurs de notre action.
- dans la neuvième phrase, il affirme que tout désir suppose privation, et toutes les privations qu'on sent sont pénibles.
Il s'agit d'une généralisation qui étend son principe précédent à tous les cas possibles, en montrant que le désir est toujours source de frustration et de souffrance.
- dans la dernière phrase, il conclut que c'est donc dans la disproportion de nos désirs et de nos facultés que consiste notre misère.
Il s'agit d'une synthèse qui résume son raisonnement, en identifiant la cause principale de notre malheur : l'écart entre ce que nous voulons et ce que nous pouvons.
Il oppose ainsi deux termes : nos désirs, qui sont illimités et insatiables ; et nos facultés, qui sont limitées et imparfaites.
Il termine en opposant également.