Dans son ouvrage "éthique à nicomaque", aristote explore la notion de maà®trise de soi et d'amour de soi vertueux. selon lui, être maà®tre de soi consiste à laisser la raison dominer nos actions volontaires et rationnelles. ainsi, l'honnête homme, en aimant la partie rationnelle de lui-même, est capable de faire de belles actions et d'en tirer profit, tandis que le méchant, en cédant aux passions viles, se nuit à lui-même et aux autres.
(-384--322) Est un des premiers philosophes à considérer scientifiquement et rationnellement le monde. Il a formalisé la logique et le calcul logique, il est à l'origine de la tendance scientifique à classer le monde en catégories.
essentiel/accidentel
« On dit d'un homme qu'il est maître de soi, ou non, suivant que la raison domine ou ne domine pas en lui, ce qui implique que c'est là ce qui constitue proprement chacun de nous. Et les actions que nous faisons nous-même, et volontairement, sont spécialement celles qu'on accomplit rationnellement. Chacun est donc cette partie souveraine - ou il l'est principalement - et l'honnête homme l'aime par-dessus tout, cela est clair ; comme il est clair aussi que c'est de lui qu'on pourrait dire, par excellence, qu'il s'aime lui-même, mais d'une espèce d'amour de soi bien différente de l'égoïsme qu'on blâme. Elle en diffère, en effet, autant qu'une vie conforme à la raison diffère d'une vie assujettie aux passions, autant que le désir du beau diffère du désir de ce que l'on croit utile. Ainsi, tout le monde approuve et loue ceux qui se distinguent par leur ardeur à faire de belles actions ; et si tous les hommes rivalisaient en amour pour le beau, et s'efforçaient à faire les actions les plus belles, on verrait à la fois la communauté comblée de tout ce qu'il lui faut, et chacun en particulier assuré des biens les plus grands, puisque la vertu est précisément le plus grand bien. D'où il faut conclure que l'homme vertueux doit s'aimer lui-même (car en faisant de belles actions, il en tirera lui-même profit, et en procurera aux autres). Le méchant, au contraire, ne doit pas s'aimer lui-même (car en s'abandonnant à de viles passions, il se nuira infailliblement à lui-même et aux autres). Chez le méchant, donc, il y a dissonance entre ce qu'il fait et ce qu'il doit faire ; l'honnête homme, au contraire, ce qu'il doit faire, il le fait : car la raison choisit toujours ce qui est le meilleur pour elle ; et l'honnête homme obéit à la raison. »
Aristote, Éthique à Nicomaque
[A] û Questions dÆanalyse
1) Comment peut-on définir un homme maître de soi, selon le texte ?
2) Quelles sont les actions que nous accomplissons volontairement et de mani��re rationnelle, d'apr��s le texte ?
3) Quelle est la partie de nous qui est considérée comme souveraine, selon le texte ?
4) Pourquoi l'honnête homme aime-t-il cette partie souveraine en lui ?
[B] û Éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase : "Chacun est donc cette partie souveraine - ou il l'est principalement - et l'honnête homme l'aime par-dessus tout, cela est clair ; comme il est clair aussi que c'est de lui qu'on pourrait dire, par excellence, qu'il s'aime lui-même, mais d'une esp��ce d'amour de soi bien différente de l'égo��sme qu'on blâme."
2) En vous aidant des éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.
[C] û Commentaire
1) Est-il légitime de dire que l'homme vertueux doit s'aimer lui-même ? Justifiez votre réponse.
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si la raison peut toujours guider nos actions de mani��re rationnelle.
Voici une possible analyse du texte :
le texte d'aristote traite de la question de l'amour de soi, et cherche à montrer en quoi il est légitime pour l'homme vertueux, mais pas pour le méchant.
Pour cela, il s'appuie sur la distinction entre la raison et les passions, et sur la notion de bien.
- dans le premier paragraphe, aristote définit ce qui constitue proprement l'identité de l'homme : c'est la raison, qui doit dominer sur les passions.
Il en déduit que les actions volontaires sont celles qui sont guidées par la raison, et que c'est cette partie souveraine de nous-mêmes que nous devons aimer.
Il introduit ainsi la thèse qu'il va défendre : il y a un amour de soi qui est louable, et qui se distingue de l'égo´sme qu'on blâme.
- dans le deuxième paragraphe, aristote précise en quoi consiste cet amour de soi vertueux : c'est le désir du beau, qui se manifeste par la pratique de belles actions.
Il oppose ce désir à celui de ce que l'on croit utile, qui relève des passions.
Il montre ensuite les conséquences de cet amour de soi : il est bénéfique à la fois pour soi-même et pour la communauté, car il réalise le bien suprême, qui est la vertu.
Il affirme donc que l'homme vertueux doit s'aimer lui-même, car il agit selon sa nature rationnelle et son intérêt véritable.
- dans le troisième paragraphe, aristote contraste cette situation avec celle du méchant, qui ne doit pas s'aimer lui-même, car il se laisse dominer par ses passions, qui sont contraires à sa raison et à son bien.
Il souligne le conflit interne qui existe chez le méchant, qui fait ce qu'il ne doit pas faire, alors que l'honnête homme agit en accord avec sa raison, qui choisit toujours le meilleur pour elle.
Ainsi, aristote propose une conception de l'amour de soi qui repose sur la hiérarchie entre la raison et les passions, et sur l'idée que le bien est ce qui convient à la nature de l'homme.
Il distingue deux formes d'amour de soi : l'une noble et vertueuse, l'autre basse et égo´ste.
Il en déduit des règles de conduite pour l'homme, qui doit s'efforcer de faire les actions les plus belles, et non pas celles qui lui semblent utiles.