• Russell
La question du libre arbitre face au déterminisme
liberté - inconscient



Le contexte :

Dans ce texte, russell aborde la question du libre arbitre en confrontant l'idée que l'on peut former son caractàùre à  celle selon laquelle le comportement est influencé par des facteurs externes tels que l'alcool ou l'éducation. il met en lumiàùre le conflit entre le bon sens intuitif et la conclusion rationnelle qui découle de la théorie du libre arbitre.

Le repère :

contingent/nécessaire

Le texte :

« La question du libre arbitre demeure […]. Quelles que soient les considérations auxquelles on se livre sur le plan de la haute métaphysique, il est bien évident que personne n'y croit en pratique. On a toujours cru qu'il était possible de former le caractère ; on a toujours su que l'alcool ou l'opium ont quelque influence sur le comportement. Le défenseur du libre arbitre soutient qu'on peut à son gré éviter de s'enivrer, mais il ne soutient pas que lorsqu'on est ivre on puisse articuler les syllabes de la Constitution britannique de manière aussi claire qu'à jeun. Et quiconque a eu affaire à des enfants sait qu'une éducation convenable contribue davantage à les rendre sages que les plus éloquentes exhortations. La seule conséquence, en fait, de la théorie du libre arbitre, c'est qu'elle empêche de suivre les données du bon sens jusqu'à leur conclusion rationnelle. Quand un homme se conduit de façon brutale, nous le considérons intuitivement comme méchant, et nous refusons de regarder en face le fait que sa conduite résulte de causes antérieures, lesquelles, si l'on remontait assez loin, nous entraîneraient bien au-delà de sa naissance, donc jusqu'à des événements dont il ne saurait être tenu pour responsable, quelque effort d'imagination que nous fissions. »
Russell, Le Mariage et la morale

Les questions :



[A] û Questions dÆanalyse
1) Qu'est-ce que la question du libre arbitre selon l'auteur ?
2) Comment l'auteur explique-t-il que personne ne croit en pratique au libre arbitre ?
3) Quels exemples sont donnés par l'auteur pour illustrer l'influence sur le comportement de l'alcool et de l'opium ?
4) Que veut dire l'auteur lorsqu'il affirme que la théorie du libre arbitre empêche de suivre les données du bon sens jusqu'à leur conclusion rationnelle ?

[B] û Éléments de synth��se
1) Expliquez en vos propres mots la phrase : "La seule conséquence, en fait, de la théorie du libre arbitre, c'est qu'elle empêche de suivre les données du bon sens jusqu'à leur conclusion rationnelle."
2) En vous basant sur les éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.

[C] û Commentaire
1) D'apr��s l'auteur, pourquoi la théorie du libre arbitre empêche-t-elle de reconnaître les causes antérieures qui influencent le comportement d'une personne ?

L'analyse :

Voici une possible analyse du texte : l'auteur, russell, s'interroge sur la question du libre arbitre, c'est-à-dire la capacité de l'homme à choisir librement ses actions sans être déterminé par des causes extérieures.

Il adopte une position sceptique, voire critique, à l'égard de cette notion, qu'il juge incompatible avec la pratique et le bon sens.

Il développe son argumentation en trois temps :

- dans le premier paragraphe, il affirme que personne ne croit au libre arbitre en pratique, même si on peut le défendre sur le plan de la métaphysique.

Il illustre son propos par deux exemples : l'influence de l'alcool ou de l'opium sur le comportement, et l'effet de l'éducation sur le caractère.

Il montre ainsi que les actions humaines sont soumises à des facteurs qui échappent au contrôle de la volonté.

Il utilise des expressions comme "il est bien évident", "on a toujours cru", "on a toujours su" pour souligner le caractère commun et indiscutable de ces observations.



- dans le deuxième paragraphe, il expose la seule conséquence de la théorie du libre arbitre, selon lui : elle empêche de suivre les données du bon sens jusqu'à leur conclusion rationnelle.

Il suggère que le libre arbitre est une illusion qui nous empêche de reconnaître la causalité qui régit les actions humaines.

Il oppose ainsi le bon sens, qui se fonde sur l'expérience et la logique, à la théorie, qui repose sur des présupposés métaphysiques.



- dans le troisième paragraphe, il prend l'exemple d'un homme qui se conduit de façon brutale pour illustrer son propos.

Il affirme que nous le considérons intuitivement comme méchant, c'est-à-dire responsable de ses actes, et que nous refusons de regarder en face le fait que sa conduite résulte de causes antérieures, qui remontent bien au-delà de sa naissance.

Il met ainsi en évidence le préjugé moral qui sous-tend la notion de libre arbitre, et qui nous empêche d'adopter une vision scientifique et objective des phénomènes humains.

Il utilise des termes comme "intuitivement", "refusons", "regarder en face" pour souligner l'attitude irrationnelle et aveugle que nous adoptons face à la réalité.

En conclusion, russell remet en cause la notion de libre arbitre en montrant qu'elle est contredite par la pratique, le bon sens et la causalité.

Il dénonce le rôle néfaste de cette notion, qui nous empêche de comprendre les véritables causes des actions humaines et qui nous fait juger moralement les individus sans tenir compte de leur histoire.

Il invite ainsi à adopter une vision plus scientifique et moins moralisatrice des phénomènes humains.