L'analyse :
- dans ce texte, sénèque expose sa conception du bonheur, qui repose sur la maîtrise de soi et non sur la dépendance aux biens extérieurs.
Il oppose deux sources de joie : celle qui vient du dehors, liée à la fortune, et celle qui naît de soi, liée à l'âme.
Il montre que la première est fragile, éphémère et illusoire, tandis que la seconde est solide, durable et fidèle.
- pour appuyer son propos, il utilise plusieurs procédés rhétoriques, tels que l'interrogation rhétorique ("comment ? on ne peut pas en tirer utilité et plaisir ?"), qui sert à anticiper et réfuter une objection possible ; l'antithèse ("à condition que ce soient eux qui dépendent de nous et non le contraire"), qui souligne le contraste entre les deux situations ; l'anaphore ("celle qui naît de soi est fidèle et solide.
Elle croît sans cesse et nous escorte jusqu'à la fin"), qui renforce l'idée de la supériorité de la joie intérieure ; la métaphore ("tout ce qui relève de la fortune est profitable, agréable, à condition que le possesseur se possède aussi et ne soit pas asservi à ses biens"), qui illustre le rapport de domination ou de liberté que l'on peut avoir avec les biens matériels ; la comparaison ("l'âme, en effet, est plus puissante que la fortune"), qui exprime la primauté de l'âme sur le hasard ; la personnification ("la fortune qui nous attribue le bien ou le mal"), qui fait de la fortune un agent extérieur et capricieux.
- l'enjeu de ce texte est de nous inviter à réfléchir sur les conditions du bonheur véritable, qui ne dépend pas des circonstances extérieures, mais de notre attitude intérieure.
Sénèque nous invite à nous détacher des biens matériels, qui sont soumis aux aléas de la fortune, et à nous appuyer sur notre âme, qui est capable de se suffire à elle-même et de se maîtriser.
Il nous montre que le bonheur est une affaire personnelle, qui relève de notre responsabilité et de notre sagesse.
Il s'inscrit ainsi dans la tradition sto´cienne, qui prône une vie conforme à la raison et à la vertu.
