• Comte
La difficulté d'observer les phénomàùnes intellectuels de soi-même
conscience - état



Le contexte :

Auguste comte soulàùve ici la question de la capacité de l'esprit humain à  observer directement les phénomàùnes, à  l'exception de ceux qui lui sont propres. il met en évidence les limites de cette observation, notamment lorsqu'il s'agit des passions et des phénomàùnes intellectuels, pour lesquels il est difficile voire impossible de se distancer et de les observer de maniàùre objective.

Le repère :

objectif/subjectif/intersubjectif

Le texte :

« Il est sensible, en effet, que, par une nécessité invincible, l'esprit humain peut observer directement tous les phénomènes, excepté les siens propres. Car, par qui serait faite l'observation ? On conçoit, relativement aux phénomènes moraux, que l'homme puisse s'observer lui-même sous le rapport des passions qui l'animent, par cette raison, anatomique, que les organes qui en sont le siège sont distincts de ceux destinés aux fonctions observatrices. Encore même que chacun ait eu occasion de faire sur lui de telles remarques, elles ne sauraient évidemment avoir jamais une grande importance scientifique, et le meilleur moyen de connaître les passions sera-t-il toujours de les observer en dehors ; car tout état de passion très prononcé, c'est-à-dire précisément celui qu'il serait le plus essentiel d'examiner, est nécessairement incompatible avec l'état d'observation. Mais, quant à observer de la même manière les phénomènes intellectuels pendant qu'ils s'exécutent, il y a impossibilité manifeste. L'individu pensant ne saurait se partager en deux dont l'un raisonnerait, tandis que l'autre regarderait raisonner. L'organe observé et l'organe observateur étant, dans ce cas, identiques, comment l'observation pourrait-elle avoir lieu ? »
Comte, Cours de philosophie positive

Les questions :



[A] û Questions dÆanalyse
1) Quel est le sujet principal du texte de Comte ?
2) Que signifie l'expression "les phénom��nes moraux" dans le contexte du texte ?
3) Comment l'auteur explique-t-il la possibilité d'observer les phénom��nes moraux ?
4) Pourquoi l'observation des phénom��nes intellectuels pendant qu'ils s'exécutent est-elle considérée comme impossible selon l'auteur ?

[B] û Éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase : "L'individu pensant ne saurait se partager en deux dont l'un raisonnerait, tandis que l'autre regarderait raisonner."
2) En vous aidant des éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.

L'analyse :

Voici un exemple de commentaire linéaire du texte de comte : le texte de comte est un extrait du cours de philosophie positive, publié entre 1830 et 1842, qui expose les principes du positivisme, une doctrine qui vise à fonder la connaissance sur l'observation des faits et des lois naturelles.

Dans ce passage, comte s'interroge sur la possibilité d'observer les phénomènes de l'esprit humain, c'est-à-dire les phénomènes moraux et intellectuels.

Il soutient que ces phénomènes échappent à l'observation directe, soit parce qu'ils sont incompatibles avec l'état d'observation, soit parce qu'ils impliquent une identité entre l'observateur et l'observé.

Il oppose ainsi les phénomènes de l'esprit aux phénomènes extérieurs, qui peuvent être observés par l'esprit humain.

Le texte se compose de deux paragraphes, qui correspondent à deux arguments distincts.

Le premier paragraphe traite des phénomènes moraux, c'est-à-dire des passions qui animent l'homme.

Comte affirme que l'homme peut s'observer lui-même sous le rapport des passions, mais seulement de manière indirecte et limitée.

Il utilise pour cela une raison anatomique : les organes qui sont le siège des passions sont distincts de ceux qui sont destinés aux fonctions observatrices.

Il s'agit donc d'une observation réflexive, qui suppose un certain recul par rapport à soi-même.

Comte ajoute que cette observation n'a pas une grande importance scientifique, car elle ne peut pas saisir les passions dans leur intensité maximale.

Il oppose alors l'état de passion, qui est irrationnel et perturbateur, à l'état d'observation, qui est rationnel et calme.

Il en conclut que le meilleur moyen de connaître les passions est de les observer en dehors, c'est-à-dire chez les autres hommes ou dans les £uvres d'art.

Comte montre ainsi que les phénomènes moraux ne peuvent pas faire l'objet d'une science positive, fondée sur l'observation directe et rigoureuse des faits.

Le deuxième paragraphe traite des phénomènes intellectuels, c'est-à-dire du raisonnement.

Comte affirme que ces phénomènes sont impossibles à observer directement, car ils impliquent une identité entre l'observateur et l'observé.

Il pose une question rhétorique : "par qui serait faite l'observation ?" il réfute ensuite l'idée que l'individu pensant puisse se partager en deux, dont l'un raisonnerait, tandis que l'autre regarderait raisonner.

Il utilise pour cela une raison logique : l'organe observé et l'organe observateur étant identiques, il y a contradiction à supposer qu'ils puissent avoir des fonctions différentes.

Il s'agit donc d'une impossibilité manifeste, qui exclut toute observation directe des phénomènes intellectuels.

Comte montre ainsi que les phénomènes intellectuels ne peuvent pas faire l'objet d'une science positive, fondée sur l'observation directe et rigoureuse des faits.

Le texte de comte a pour enjeu de délimiter le domaine de la science positive, qui se restreint aux phénomènes extérieurs à l'esprit humain.

Il critique ainsi la prétention de la métaphysique et de la psychologie à établir des connaissances certaines sur la nature de l'esprit ou sur les lois du raisonnement.

Il affirme que ces disciplines ne reposent pas sur une observation rigoureuse et objective, mais sur une introspection subjective et illusoire.

Il propose donc une conception empiriste et naturaliste de la connaissance, qui exclut toute spéculation sur les causes premières ou les principes absolus.

Il invite ainsi le lecteur à adopter une attitude positive, qui consiste à se contenter de décrire les faits observables et d'en déduire les lois régulières.