(-384--322) Est un des premiers philosophes à considérer scientifiquement et rationnellement le monde. Il a formalisé la logique et le calcul logique, il est à l'origine de la tendance scientifique à classer le monde en catégories.
en acte/en puissance
« Ce n'est ni par nature, ni contrairement à la nature que naissent en nous les vertus, mais la nature nous a donné la capacité de les recevoir, et cette capacité est amenée à maturité par l'habitude. En outre, pour tout ce qui survient en nous par nature, nous le recevons d'abord à l'état de puissance, et c'est plus tard que nous le faisons passer à l'acte, comme cela est manifeste dans le cas des facultés sensibles (car ce n'est pas à la suite d'une multitude d'actes de vision ou d'une multitude d'actes d'audition que nous avons acquis les sens correspondants, mais c'est l'inverse : nous avions déjà les sens quand nous en avons fait usage, et ce n'est pas après en avoir fait usage que nous les avons eus). Pour les vertus, au contraire, leur possession suppose un exercice antérieur, comme c'est aussi le cas pour les autres arts. En effet, les choses qu'il faut avoir apprises pour les faire, c'est en les faisant que nous les apprenons : par exemple, c'est en construisant qu'on devient constructeur, et en jouant de la cithare qu'on devient cithariste ; ainsi encore, c'est en pratiquant les actions justes que nous devenons justes, les actions modérées que nous devenons modérés, et les actions courageuses que nous devenons courageux. Cette vérité est encore attestée par ce qui se passe dans les cités, où les législateurs rendent bons les citoyens en leur faisant contracter certaines habitudes : c'est même là le souhait de tout législateur, et s'il s'en acquitte mal, son ūuvre est manquée, et c'est en quoi une bonne constitution se distingue d'une mauvaise. »
Aristote, Éthique à Nicomaque
[A] û Questions dÆanalyse
1) Comment les vertus naissent-elles en nous selon Aristote ?
2) Que signifie l'expression "les choses qu'il faut avoir apprises pour les faire" ?
3) Comment la nature nous donne-t-elle la capacité de recevoir les vertus ?
4) Quel est le lien entre l'habitude et la maturation de la capacité de recevoir les vertus ?
[B] û Éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase : "Pour tout ce qui survient en nous par nature, nous le recevons d'abord à l'état de puissance, et c'est plus tard que nous le faisons passer à l'acte."
La vertu n'est ni naturelle ni contre-naturelle, mais elle dépend de la nature et de l'habitude
- quoi : aristote commence par affirmer que la vertu n'est pas innée ni contraire à notre nature, mais qu'elle résulte d'une capacité naturelle que nous avons à la recevoir et à la développer par l'habitude.
- comment : il appuie sa thèse sur une distinction entre les facultés sensibles, qui sont acquises dès la naissance et qui ne dépendent pas de l'exercice, et les vertus, qui sont acquises par l'exercice et qui ne dépendent pas de la naissance.
- pourquoi : il s'agit de montrer que la vertu n'est pas un don ou un privilège, mais une disposition que tout homme peut cultiver en s'habituant à agir conformément à la raison.
La vertu s'acquiert par la pratique des actions vertueuses, comme les arts
- quoi : aristote poursuit en affirmant que la vertu s'acquiert par la pratique des actions vertueuses, comme les arts s'acquièrent par la pratique des actions artistiques.
- comment : il illustre sa thèse par des exemples concrets : c'est en construisant qu'on devient constructeur, et en jouant de la cithare qu'on devient cithariste.
Il en déduit que c'est en pratiquant les actions justes, modérées et courageuses qu'on devient juste, modéré et courageux.
- pourquoi : il s'agit de montrer que la vertu n'est pas une simple connaissance théorique, mais une habileté pratique qui requiert un apprentissage et une répétition.
La vertu est l'objet de l'éducation politique, qui vise à rendre les citoyens bons
- quoi : aristote termine en affirmant que la vertu est l'objet de l'éducation politique, qui vise à rendre les citoyens bons en leur faisant contracter certaines habitudes.
- comment : il appuie sa thèse sur une observation empirique : ce qui se passe dans les cités, où les législateurs cherchent à former les m£urs des citoyens par des lois et des institutions.
- pourquoi : il s'agit de montrer que la vertu n'est pas une affaire privée, mais une affaire publique, qui concerne le bien commun et la qualité de la constitution.