• Berkeley
La vérité immuable des ràùgles morales
devoir - raison



Le contexte :

Dans ce texte, berkeley établit une analogie entre les ràùgles morales et les propositions en géométrie. selon lui, ces ràùgles sont universelles et constantes, indépendantes des circonstances et des accidents, et doivent être suivies sans exception, tout comme les ràùgles mathématiques. il souligne ainsi l'importance de l'obéissance passive envers le pouvoir suprême, qui ne doit pas être remise en question même en cas de changement de gouvernement.

L' auteur :

Berkeley

Le repère :

obligation/contrainte

Le texte :

« En morale, les règles éternelles d'action ont la même vérité immuable et universelle que les propositions en géométrie. Ni les unes ni les autres ne dépendent des circonstances, ni des accidents, car elles sont vraies en tout temps et en tout lieu, sans limitation ni exception. �oeTu ne dois pas résister au pouvoir civil suprême” est une règle qui n'est pas moins constante ni invariable pour tracer la conduite d'un sujet à l'égard du gouvernement, que �oemultiplie la hauteur par la moitié de la base” pour mesurer la surface d'un triangle. Et de même qu'on ne jugerait pas que cette règle mathématique perd de son universalité, parce qu'elle ne permet pas la mesure exacte d'un champ qui n'est pas exactement un triangle, de même on ne doit pas juger comme un argument contraire à l'universalité de la règle qui prescrit l'obéissance passive, le fait qu'elle ne touche pas la conduite d'un homme toutes les fois qu'un gouvernement est renversé ou que le pouvoir suprême est disputé. Il doit y avoir un triangle et vous devez vous servir de vos sens pour le connaître, avant qu'il y ait lieu d'appliquer votre règle mathématique. Et il doit y avoir un gouvernement civil, et vous devez savoir entre quelles mains il se trouve, avant qu'intervienne le précepte moral. Mais, quand nous savons où est certainement le pouvoir suprême, nous ne devons pas plus douter que nous devons nous y soumettre, que nous ne douterions du procédé pour mesurer une figure que nous savons être un triangle. »
Berkeley, De l'Obéissance passive

Les questions :



[A] - Questions d'analyse :
1. Quelle est la comparaison faite entre les r��gles d'action en morale et les propositions en géométrie ?
2. Comment peut-on caractériser les r��gles d'action en morale et les propositions en géométrie ?
3. De quelle mani��re l'auteur justifie-t-il l'universalité des r��gles d'action en morale ?
4. Comment l'auteur répond-il à l'argument selon lequel la r��gle d'obéissance passive n'est pas universelle du fait des changements de gouvernement ?

[B] - Éléments de synth��se :
1. Expliquez la phrase : "Il doit y avoir un gouvernement civil, et vous devez savoir entre quelles mains il se trouve, avant qu'intervienne le précepte moral."
2. En vous aidant des éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.

[C] - Commentaire :
1. Pensez-vous que les r��gles d'action en morale sont aussi universelles que les propositions en géométrie ? Justifiez votre réponse.
2. À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si l'obéissance passive est une r��gle morale universelle.

L'analyse :

Voici un exemple de développement possible : dans ce texte, berkeley défend l'idée que les règles morales sont aussi universelles et immuables que les propositions géométriques.

Il s'agit donc de montrer comment il établit cette thèse et quels en sont les enjeux.



- d'abord, il affirme que les règles morales et les propositions géométriques ont la même vérité immuable et universelle.

Il s'appuie sur le fait qu'elles ne dépendent pas des circonstances ni des accidents, c'est-à-dire qu'elles sont valables en tout temps et en tout lieu, sans limitation ni exception.

Il prend l'exemple de la règle qui interdit de résister au pouvoir civil suprême, qu'il compare à la règle qui permet de mesurer la surface d'un triangle.

Il s'agit donc de présenter les règles morales comme des principes rationnels et nécessaires, qui ne sont pas soumis aux variations historiques ou géographiques.



- ensuite, il reconnaît que les règles morales et les propositions géométriques ne s'appliquent pas toujours de la même manière à la réalité.

Il admet qu'il peut y avoir des cas où la forme d'un champ n'est pas exactement un triangle, ou où le gouvernement civil est renversé ou disputé.

Il s'agit donc de distinguer entre les règles abstraites et leur application concrète, qui dépend de la perception et de la connaissance des faits.

Il ne nie pas que la réalité puisse être complexe ou incertaine, mais il maintient que les règles restent valables en elles-mêmes.



- enfin, il conclut que, quand nous savons où est le pouvoir suprême, nous devons lui obéir sans douter, comme nous ne doutons pas du procédé pour mesurer un triangle.

Il s'agit donc de souligner l'impératif moral qui découle des règles universelles, et qui s'impose à notre volonté.

Il y a donc un enjeu politique à cette thèse, qui vise à justifier l'obéissance passive au gouvernement civil, quel qu'il soit.

Il y a aussi un enjeu épistémologique, qui vise à assimiler la morale à une science démonstrative, comme la géométrie.