(-384--322) Est un des premiers philosophes à considérer scientifiquement et rationnellement le monde. Il a formalisé la logique et le calcul logique, il est à l'origine de la tendance scientifique à classer le monde en catégories.
contingent/nécessaire
« De chaque objet que nous possédons, il y a deux usages différents, chacun de ces usages étant conforme à ce qu'est l'objet en lui-même, mais non de la même manière : l'un est l'usage propre de l'objet, l'autre ne l'est pas. Par exemple, il y a deux manières d'utiliser une chaussure : soit en la portant, soit en en faisant un objet d'échange. Il s'agit dans les deux cas d'un usage de la chaussure, car même celui qui échange une chaussure avec un acheteur qui en a besoin, contre de la monnaie ou de la nourriture, utilise la chaussure en tant que chaussure, quoiqu'il ne l'utilise pas selon son usage propre, car la chaussure n'a pas été faite pour être échangée. Il en va de même pour tous les autres objets en notre possession, car l'art d'échanger s'étend à tous. Cet art trouve sa première origine dans l'ordre naturel, en ce que les hommes ont les uns plus, les autre moins qu'il leur est nécessaire. En quoi il est évident que le commerce n'est pas, par nature, une partie de l'art d'acquérir des richesses, puisque c'est parce qu'ils ont été conduits par le besoin que les hommes ont pratiqué l'échange. »
Aristote, Politique (360 et 343 av. J.C.)
[A] - Questions d'analyse:
1) Quels sont les deux usages différents dont parle l'auteur dans le texte ?
2) Que signifie "l'usage propre de l'objet" selon Aristote ?
3) Comment l'auteur explique-t-il que l'échange d'objets est également un usage de l'objet ?
4) Quelle est l'origine de l'art d'échanger selon Aristote ?
[B] - Éléments de synth��se:
Voici une possible analyse du texte d'aristote :
- dans la première phrase, aristote introduit sa distinction entre deux usages différents de chaque objet que nous possédons : l'un conforme à ce qu'est l'objet en lui-même, l'autre non.
Il s'agit de montrer que les objets ont une fonction propre, qui correspond à leur nature, mais qu'ils peuvent aussi être détournés de cette fonction pour servir à autre chose.
Par exemple, une chaussure est faite pour être portée, mais elle peut aussi être échangée contre autre chose.
- dans la deuxième phrase, aristote précise que ces deux usages sont tous les deux des usages de l'objet, mais pas de la même manière.
Il s'agit de nuancer sa distinction en reconnaissant que l'usage impropre n'est pas totalement étranger à l'objet, mais qu'il ne respecte pas sa finalité.
Par exemple, celui qui échange une chaussure utilise la chaussure en tant que chaussure, mais pas selon son usage propre, car la chaussure n'a pas été faite pour être échangée.
- dans la troisième phrase, aristote généralise sa distinction à tous les objets en notre possession, et affirme que l'art d'échanger s'étend à tous.
Il s'agit de souligner l'universalité de son propos et de mettre en évidence le rôle de l'échange dans la vie humaine.
Par exemple, tous les objets peuvent être échangés contre de la monnaie ou de la nourriture.
- dans la quatrième phrase, aristote explique l'origine de l'art d'échanger dans l'ordre naturel, en ce que les hommes ont les uns plus, les autres moins qu'il leur est nécessaire.
Il s'agit de donner une justification à l'existence de l'échange et de montrer qu'il répond à un besoin naturel des hommes.
Par exemple, celui qui a trop de chaussures peut les échanger avec celui qui en a besoin.
- dans la dernière phrase, aristote tire une conséquence de son analyse : le commerce n'est pas, par nature, une partie de l'art d'acquérir des richesses, puisque c'est parce qu'ils ont été conduits par le besoin que les hommes ont pratiqué l'échange.
Il s'agit de remettre en question la valeur du commerce et de distinguer l'art d'échanger, qui vise à satisfaire un besoin naturel, de l'art d'acquérir des richesses, qui vise à accumuler plus que le nécessaire.
Par exemple, celui qui échange une chaussure pour se nourrir n'a pas le même but que celui qui échange une chaussure pour s'enrichir.
En résumé, aristote propose dans ce texte une réflexion sur la nature et la fonction des objets que nous possédons, et sur le sens et la valeur de l'échange.
Il distingue deux usages différents des objets : l'un conforme à leur finalité propre, l'autre non.
Il explique que l'échange répond à un besoin naturel des hommes, mais qu'il ne fait pas partie de l'art d'acquérir des richesses.
Il remet ainsi en cause la légitimité du commerce comme activité humaine.