Aristote explore le lien entre l'action, l'intention et la qualification du délit. il souligne que les définitions différentiées du vol, de l'outrage, de l'adultàùre, etc. sont nécessaires pour clarifier le point de droit et déterminer si l'action est injuste et malhonnête. selon lui, c'est l'intention qui fait la méchanceté et rend l'acte injuste.
(-384--322) Est un des premiers philosophes à considérer scientifiquement et rationnellement le monde. Il a formalisé la logique et le calcul logique, il est à l'origine de la tendance scientifique à classer le monde en catégories.
en fait/en droit
« Comme il arrive souvent que le prévenu reconnaisse l'acte, mais non la qualification qui lui est donnée ou le délit qu'implique cette qualification, qu'il avoue, par exemple, avoir pris, mais non volé ; frappé le premier, mais non outragé ; avoir eu commerce avec une femme, mais non commis un adultère ; être l'auteur d'un vol, mais non d'un vol sacrilège (car l'objet volé n'appartenait pas à un dieu) ; avoir empiété sur une terre, mais non sur un domaine public ; avoir conféré avec les ennemis, mais non trahi - il faut, pour toutes ces raisons, donner des définitions différentiées du vol, de l'outrage, de l'adultère, afin de pouvoir, quand nous voulons montrer que le délit existe ou n'existe pas, élucider le point de droit. Or, dans tous ces cas, la discussion porte sur ceci : l'action est-elle injuste et malhonnête, ou n'est-elle pas injuste ? C'est, en effet, l'intention qui fait la méchanceté et l'acte injuste. Or, en même temps que l'acte, les dénominations de ce genre signifient l'intention ; par exemple : les dénominations d'outrage et de vol. Car outrager n'est pas dans tous les cas frapper, mais frapper pour une fin déterminée, par exemple, le déshonneur de celui qu'on frappe ou sa propre jouissance. Prendre en secret n'est pas toujours voler ; il faut vouloir porter préjudice à celui à qui l'on a pris et s'approprier l'objet. »
Aristote, Rhétorique (IVe siècle av. J.-C.)
- dans ce texte, aristote s'intéresse à la question de la définition des délits dans le cadre d'un discours judiciaire.
Il veut montrer comment le rhéteur peut utiliser les définitions pour prouver ou réfuter l'existence d'un délit.
- pour cela, il commence par énumérer des cas où le prévenu reconnaît l'acte, mais conteste la qualification juridique ou morale qui lui est attribuée.
Il donne des exemples de délits tels que le vol, l'outrage, l'adultère, le vol sacrilège, l'empiètement sur un domaine public ou la trahison.
Il souligne ainsi la difficulté à établir la nature et la gravité d'un acte selon les circonstances et les intentions du prévenu.
- ensuite, il affirme qu'il faut donner des définitions différentiées de ces délits, c'est-à-dire des définitions qui permettent de distinguer ce qui relève ou non du délit en question.
Il explique que le but de ces définitions est d'élucider le point de droit, c'est-à-dire la règle juridique applicable au cas particulier.
Il indique que la discussion porte sur le caractère injuste et malhonnête de l'action, qui dépend de l'intention du prévenu.
- enfin, il illustre son propos en prenant les exemples de l'outrage et du vol.
Il montre que ces termes ne désignent pas simplement des actions, mais aussi des intentions.
Ainsi, outrager n'est pas seulement frapper, mais frapper avec une certaine fin, comme le déshonneur ou la jouissance.
De même, prendre en secret n'est pas toujours voler, il faut vouloir nuire à celui à qui on prend et s'approprier l'objet.
- ce texte présente donc un intérêt pour la notion de justice, car il montre comment le rhéteur peut utiliser les définitions pour argumenter sur la culpabilité ou l'innocence d'un prévenu.
Il met en évidence le rôle de l'intention dans la qualification des actes et la nécessité de distinguer les cas particuliers selon les circonstances.
Il illustre ainsi la complexité du raisonnement juridique et moral.