Dans ce texte extrait de la "doctrine de la vertu", kant évoque la présence incontournable d'une conscience morale chez chaque individu. cette conscience, telle un tribunal intérieur, observe, menace et maintient l'homme dans le respect des lois morales. même si l'homme peut tenter de l'ignorer par des plaisirs et des distractions, il ne peut échapper à cette voix qui le rappelle à lui-même.
(1724-1804) Consacre toute son œuvre philosophique à établir les limites dans lesquelles la raison est légitime. Il va lutter contre les doctrines métaphysiques et recentrer la raison sur des connaissances plus certaines (mathématiques, physiques etc.)
objectif/subjectif/intersubjectif
« Le sentiment d'un tribunal intérieur inscrit en l'homme (�oedevant lequel ses pensées s'accusent ou se disculpent l'une l'autre”) correspond à la conscience morale. Tout homme a une telle conscience et se trouve observé, menacé et, en général, tenu en respect (un respect lié à la crainte) par un juge intérieur, et cette puissance qui, en lui, veille sur les lois n'est pas quelque chose qu'il se forge lui-même (arbitrairement), mais elle est incorporée dans son être. Elle le suit comme son ombre s'il songe à lui échapper. Il peut certes par des plaisirs et des distractions se rendre insensible ou s'endormir, mais il ne peut éviter par la suite de revenir à soi-même ou de se réveiller dès qu'il perçoit la voix terrible de cette conscience. Au demeurant peut-il en arriver à l'extrême infamie où il ne se préoccupe plus du tout de cette voix, mais il ne peut du moins éviter de l'entendre. »
Kant, Doctrine de la vertu (1795)
[A] û Questions dÆanalyse
1) Quel est le lien entre le tribunal intérieur et la conscience morale selon Kant ?
2) Comment est décrit le tribunal intérieur dans le texte ?
3) Quelle est la fonction du tribunal intérieur dans la vie de l'homme selon le texte ?
4) Comment l'homme peut-il tenter d'échapper à la voix de sa conscience morale selon Kant ?
[B] û Éléments de synth��se
1) Expliquez en vos propres mots la notion de tribunal intérieur dans le texte.
2) En vous basant sur les éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les points clés de l'argumentation de Kant.
Voici une possible analyse du texte de kant :
- dans la première phrase, kant définit le sentiment d'un tribunal intérieur comme la conscience morale, c'est-à-dire la faculté de se juger soi-même selon des principes moraux.
Il affirme que tout homme possède cette conscience, qui lui permet de distinguer le bien du mal, le juste de l'injuste, le devoir du désir.
Il utilise des termes juridiques comme "accuser", "disculper", "tribunal", "juge" pour souligner la dimension normative et impérative de la conscience morale, qui impose à l'homme des règles de conduite et le sanctionne s'il les transgresse.
- dans la deuxième phrase, kant insiste sur le caractère universel et inaliénable de la conscience morale, qui n'est pas une création arbitraire de l'homme, mais une partie intégrante de son être.
Il compare la conscience morale à une ombre qui suit l'homme partout où il va, même s'il essaie de lui échapper.
Il suggère ainsi que la conscience morale est indépendante de la volonté humaine et qu'elle exerce sur elle une contrainte permanente.
Il emploie des mots comme "observé", "menacé", "tenu en respect" pour exprimer l'idée que la conscience morale est une puissance supérieure à l'homme, qui le surveille et le réprime.
- dans la troisième phrase, kant reconnaît que l'homme peut tenter de se soustraire à la voix de sa conscience morale en se livrant à des plaisirs ou des distractions qui l'insensibilisent ou l'endorment.
Il admet donc que la conscience morale n'est pas toujours efficace pour orienter l'action humaine vers le bien.
Il montre cependant que cette fuite est temporaire et illusoire, car tôt ou tard, l'homme doit revenir à lui-même ou se réveiller, et alors il doit affronter le jugement sévère de sa conscience morale.
Il qualifie cette voix de "terrible" pour indiquer qu'elle provoque chez l'homme un sentiment de culpabilité ou de remords lorsqu'il a agi contre son devoir.
- dans la dernière phrase, kant envisage le cas extrême où l'homme deviendrait si corrompu qu'il ne se soucierait plus du tout de sa conscience morale.
Il s'agit d'une situation d'infamie, c'est-à-dire de déchéance morale et sociale.
Kant ne nie pas la possibilité d'un tel état, mais il affirme que même dans ce cas, l'homme ne peut pas échapper à l'audition de sa conscience morale.
Il ne peut pas ne pas l'entendre, même s'il n'y prête pas attention ou s'il la rejette.
Il implique ainsi que la conscience morale est une réalité incontournable et irréductible pour tout être humain.
- par ce texte, kant veut montrer que la conscience morale est une faculté universelle et nécessaire, qui constitue la dignité et la responsabilité de l'homme.
Il veut aussi souligner que la conscience morale n'est pas une simple opinion ou un sentiment subjectif, mais une loi rationnelle et objective, qui s'impose à tous les hommes indépendamment de leurs inclinations ou de leurs circonstances.
Il veut enfin mettre en évidence le conflit entre la conscience morale et les passions humaines, qui peut conduire à des situations de malheur ou d'immoralité.