• Popper
Forger le sens dans le chaos : l'impératif décisionnel
liberté - raison



Le contexte :

Karl popper souligne la responsabilité humaine de conférer sens et buts à  la nature et à  l'histoire. face à  l'absence d'injonctions naturelles, il affirme que nous devons délibérément introduire des objectifs, lutter pour l'égalité, rationaliser les institutions, et forger un sens dans notre existence. popper pose ainsi le dualisme fondamental entre les faits dénués de sens et notre capacité décisionnelle à  leur conférer un dessein.

Le repère :

objectif/subjectif/intersubjectif

Le texte :

« Ni la nature ni l'histoire ne peuvent nous dire ce que nous devons faire. Les faits, qu'ils soient naturels ou historiques, ne peuvent pas prendre de décisions à notre place, ils ne peuvent pas déterminer les buts que nous allons choisir. C'est à nous qu'il revient d'introduire buts et sens dans la nature et dans l'histoire. Les hommes ne sont pas égaux entre eux ; mais nous pouvons décider de lutter pour l'égalité des droits. Les institutions humaines, comme par exemple l’État, ne sont pas rationnelles ; mais nous pouvons décider de lutter pour les rendre plus rationnelles. Nous-mêmes, avec notre langage, sommes grosso modo plus émotionnels que rationnels, et nous pouvons essayer de nous montrer un peu plus rationnels, et nous pouvons nous exercer à employer notre langage non comme un moyen d'expression, […] mais comme moyen de communication rationnelle. L'histoire elle-même, j'entends bien sûr ici histoire de l'hégémonie  et non celle, inexistante, du développement de l'humanité, n'a ni but ni sens ; mais nous pouvons décider de les lui conférer tous les deux. Nous pouvons en faire une lutte pour la société ouverte  et contre ses ennemis, et nous pouvons l'interpréter en conséquence. En fin de compte, on peut en dire de même du �oesens de la vie”. C'est à nous qu'il incombe de décider du but de notre vie et de déterminer nos objectifs. Je considère ce dualisme des faits et des décisions comme fondamental. Les faits n'ont pas de sens en soi ; seules nos décisions peuvent leur en conférer un. »
Popper �oele sens et l'écriture de l'histoire”, dans Toute vie est résolution de problèmes (1962)

Les questions :



[A] - Questions d'analyse
1) Quelle est la distinction entre les faits et les décisions selon l'auteur ?
2) Comment l'auteur explique-t-il le r��le de l'homme dans l'introduction de buts et de sens dans la nature et l'histoire ?
3) Qu'est-ce que l'auteur veut dire par "lutter pour l'égalité des droits" et "lutter pour rendre les institutions plus rationnelles" ?
4) Selon l'auteur, pourquoi est-il important d'exercer notre langage comme moyen de communication rationnelle plut��t que comme moyen d'expression ?

L'analyse :

Voici une possible analyse du texte de popper :

- le texte est un extrait d'un essai philosophique qui porte sur le sens et l'écriture de l'histoire.

L'auteur, karl popper, est un philosophe du xxe siècle qui défend le rationalisme critique et la société ouverte.

Il s'oppose aux doctrines qui prétendent détenir la vérité absolue ou la loi de l'histoire, comme le marxisme ou le fascisme.



- le texte se présente comme une thèse argumentée, qui affirme que ni la nature ni l'histoire ne peuvent nous dire ce que nous devons faire, et que c'est à nous de choisir nos buts et de leur donner un sens.

L'auteur développe son idée en trois étapes :

- il commence par énoncer sa thèse principale, qui est un dualisme entre les faits et les décisions.

Il soutient que les faits, qu'ils soient naturels ou historiques, ne peuvent pas prendre de décisions à notre place, ni déterminer les buts que nous allons choisir.

Il oppose ainsi le domaine du réel, qui est celui de l'observation et de la description, au domaine du normatif, qui est celui de la volonté et de la prescription.

Il rejette donc toute forme de déterminisme ou de fatalisme, qui voudrait que notre destin soit fixé par la nature ou par l'histoire.

Il affirme au contraire que nous sommes libres et responsables de nos choix.



- il poursuit en donnant des exemples concrets de ce dualisme, en montrant comment nous pouvons décider de lutter pour des valeurs ou des idéaux qui ne sont pas donnés par les faits, mais qui sont le fruit de notre raison et de notre éthique.

Il cite ainsi la lutte pour l'égalité des droits, pour la rationalisation des institutions humaines, pour l'usage rationnel du langage.

Il souligne que ces luttes ne sont pas faciles, car elles impliquent de remettre en question l'état actuel des choses, qui est souvent marqué par l'inégalité, l'irrationalité ou l'émotion.

Il montre ainsi que nous sommes capables de progresser vers un idéal de justice et de vérité, en utilisant notre esprit critique et notre dialogue.



- il termine en appliquant son dualisme au domaine de l'histoire elle-même, qu'il considère comme une interprétation des faits passés à la lumière de nos buts présents.

Il affirme que l'histoire n'a ni but ni sens en soi, mais que nous pouvons décider de les lui conférer, en fonction de notre vision du monde et de notre projet de société.

Il se réfère à sa propre conception de la société ouverte, qui est une société pluraliste, démocratique et tolérante, qui respecte la liberté et la dignité des individus.

Il s'oppose ainsi aux sociétés fermées, qui sont des sociétés autoritaires, dogmatiques et intolérantes, qui imposent une vision unique et totalitaire de l'histoire.

Il invite donc à faire de l'histoire une lutte pour la société ouverte et contre ses ennemis.



- le texte se conclut par une généralisation du dualisme au sens de la vie, qui est également le résultat de nos décisions personnelles et non d'une quelconque nécessité extérieure.

L'auteur réaffirme ainsi le primat de la liberté humaine sur les faits bruts, et le rôle essentiel du sens que nous donnons à notre existence.



- le texte présente donc une réflexion philosophique sur le rapport entre les faits et les valeurs, entre le réel et le normatif, entre l'histoire et le sens.

L'auteur défend une position rationaliste et humaniste, qui valorise la liberté humaine, la responsabilité éthique et le progrès social.

Il s'inscrit dans une perspective critique et dialogique, qui refuse toute forme d'autorité ou d'absolutisme.

Il propose ainsi une conception dynamique et ouverte de l'histoire, qui est le reflet de nos choix et de nos luttes.