• Montesquieu
La vertu et la décadence dans la politique grecque
liberté - devoir



Le contexte :

Montesquieu met en lumière le contraste entre les politiques grecs d'autrefois, qui valorisaient la vertu comme soutien du gouvernement populaire, et les politiques contemporains qui se concentrent davantage sur les aspects économiques. selon lui, lorsque la vertu décline, l'ambition et l'avarice prennent place dans les cÂoeurs, altérant les désirs et les valeurs de la société. la république en devient alors une dépouille, soumise au pouvoir de quelques individus et à  la licence de tous.

L' auteur :

Montesquieu

Le repère :

essentiel/accidentel

Le texte :

« Les politiques grecs qui vivaient dans le gouvernement populaire ne reconnaissaient d'autre force qui pût le soutenir que celle de la vertu. Ceux d'aujourd'hui ne nous parlent que de manufactures, de commerce, de finances, de richesses, et de luxe même. Lorsque cette vertu cesse, l'ambition entre dans les cūurs qui peuvent la recevoir, et l'avarice entre dans tous. Les désirs changent d'objets ; ce qu'on aimait on ne l'aime plus ; on était libre avec les lois, on veut être libre contre elles ; chaque citoyen est comme un esclave échappé de la maison de son maître ; ce qui était maxime, on l'appelle rigueur ; ce qui était règle, on l'appelle gêne ; ce qui était attention, on l'appelle crainte. C'est la frugalité qui est l'avarice, et non pas le désir d'avoir. Autrefois le bien des particuliers faisait le trésor public ; mais pour lors le trésor public devient le patrimoine des particuliers. La république est une dépouille ; et sa force n'est plus que le pouvoir de quelques citoyens et la licence de tous. »
Montesquieu

Les questions :



[A] - Questions d'analyse
1) Comment les politiques grecs du gouvernement populaire soutenaient-ils ce dernier ?
2) Quels sont les sujets de préoccupation des politiques d'aujourd'hui par rapport à ceux d'autrefois ?
3) Quelles sont les conséquences lorsque la vertu cesse dans un gouvernement populaire selon Montesquieu ?
4) Comment Montesquieu définit-il l'avarice dans ce texte ? Quelle est la différence entre l'avarice et le désir d'avoir ?

[B] - Éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase : "La république est une dépouille ; et sa force n'est plus que le pouvoir de quelques citoyens et la licence de tous."
2) En vous appuyant sur les éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de l'argumentation de Montesquieu.

[C] - Commentaire
1) Selon Montesquieu, comment les désirs des individus changent-ils lorsque la vertu disparaît dans un gouvernement populaire ? Justifiez votre réponse.

L'analyse :

Voici une possible analyse du texte de montesquieu :

- le texte oppose deux conceptions de la politique : celle des anciens grecs, fondée sur la vertu, et celle des modernes, fondée sur les intérêts économiques.

L'auteur cherche à montrer que la vertu est la condition nécessaire du gouvernement populaire, et que son déclin entraîne la corruption et la tyrannie.



- il commence par énoncer la thèse des politiques grecs, qui ne reconnaissaient d'autre force qui p¹t le soutenir que celle de la vertu.

Il s'agit de la capacité des citoyens à se conformer aux lois, à sacrifier leurs intérêts particuliers au bien commun, et à participer activement à la vie publique.

L'auteur utilise le terme de force pour souligner que la vertu est une exigence morale, mais aussi une garantie de stabilité et d'efficacité du régime.



- il oppose ensuite la thèse des politiques modernes, qui ne nous parlent que de manufactures, de commerce, de finances, de richesses, et de luxe même.

Il s'agit des moyens matériels qui assurent le développement économique, mais aussi le confort et le plaisir des individus.

L'auteur utilise le terme de parler pour souligner que ces politiques sont guidés par des discours pragmatiques ou flatteurs, mais qu'ils négligent les principes et les valeurs.



- il décrit ensuite les conséquences du passage de la vertu à l'intérêt : lorsque cette vertu cesse, l'ambition entre dans les c£urs qui peuvent la recevoir, et l'avarice entre dans tous.

Il s'agit d'un changement de motivation des citoyens, qui ne cherchent plus à servir la république, mais à s'enrichir ou à dominer.

L'auteur utilise le terme de c£ur pour souligner que ce changement est affectif, et qu'il touche tous les hommes, qu'ils soient capables ou non d'ambition.



- il poursuit en montrant que ce changement entraîne une transformation des désirs et des comportements : ce qu'on aimait on ne l'aime plus ; on était libre avec les lois, on veut être libre contre elles ; chaque citoyen est comme un esclave échappé de la maison de son maître ; ce qui était maxime, on l'appelle rigueur ; ce qui était règle, on l'appelle gêne ; ce qui était attention, on l'appelle crainte.

Il s'agit d'une inversion des valeurs et des normes, qui fait que les citoyens rejettent ce qui faisait leur bonheur et leur liberté : l'amour de la patrie, le respect des lois, l'obéissance aux magistrats.

L'auteur utilise le terme de comme pour souligner que cette liberté n'est qu'une apparence, et qu'elle cache en réalité une servitude.



- il termine en exposant les effets de cette transformation sur le trésor public et la république : c'est la frugalité qui est l'avarice, et non pas le désir d'avoir.

Autrefois le bien des particuliers faisait le trésor public ; mais pour lors le trésor public devient le patrimoine des particuliers.

La république est une dépouille ; et sa force n'est plus que le pouvoir de quelques citoyens et la licence de tous.

Il s'agit d'une perversion du rapport entre les biens privés et les biens publics, qui fait que les citoyens ne contribuent plus au financement de l'etat, mais qu'ils se partagent ses richesses.

L'auteur utilise le terme de dépouille pour souligner que la république est pillée et ruinée par ses propres membres.

Il conclut en affirmant que sa force n'est plus que le pouvoir de quelques citoyens et la licence de tous, c'est-à-dire que le gouvernement populaire a dégénéré en oligarchie ou en anarchie.



- le texte a donc pour enjeu de dénoncer les dangers du relâchement de la vertu dans les régimes démocratiques, et d'appeler à un retour aux principes moraux qui fondent la liberté politique.

L'auteur utilise pour cela un raisonnement par contraste entre les anciens et les modernes, et une argumentation par exemples historiques.