• Hume
La préférence pour les faits insolites et miraculeux
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Le contexte :

Dans cet extrait de son "enquête sur l'entendement humain", hume remet en question la tendance de l'esprit humain à  admettre plus facilement des faits absurdes et miraculeux, malgré le rejet rapide des faits insolites dans la vie quotidienne. il souligne l'influence de la passion de surprise et d'émerveillement dans la propension à  croire en de t

L' auteur :

Hume

(1711 - 1776) David Hume, philosophe écossais du XVIIIe siècle, remet en question les fondements de la connaissance humaine. Il soutient que toute notre compréhension repose sur l'expérience sensorielle et nie l'existence de concepts innés. Son œuvre majeure explore la nature de la croyance, de la causalité et de la moralité.

Le repère :

croire/savoir

Le texte :

« La règle par où nous nous conduisons communément en nos raisonnements, est que les objets dont nous n’avons pas l’expérience ressemblent à ceux dont nous l’avons ; que ce que nous avons vu être le plus ordinaire est toujours le plus probable ; et que, lorsqu’il y a opposition des arguments, nous devons donner la préférence à ceux qui se fondent sur le plus grand nombre d’observations passées. Mais quoique, en procédant selon cette règle, nous rejetions promptement tout fait insolite et incroyable à un degré ordinaire, pourtant, en avançant davantage, l’esprit n’observe pas toujours la même règle : lorsque quelque chose est affirmé de suprêmement absurde et miraculeux, il admet d’autant plus promptement un tel fait, en raison de la circonstance même qui devrait en détruire l’autorité. La passion de surprise et d’émerveillement qui produit des miracles, étant une agréable émotion, produit une tendance sensible à croire aux événements d’où elle dérive »
Hume, Enquête sur l’entendement humain (1748)

Les questions :



[a] - Questions d'Analyse:
1) Quelle est la r��gle commune que nous utilisons dans nos raisonnements selon le text�
2) Que signifie l'expression "les objets dont nous nÆavons pas lÆexpérience ressemblent à ceux dont nous lÆavons" ?
3) Comment l'esprit réagit-il face à des faits insolites et incroyables selon le text�
4) Quelle est la circonstance qui rend l'esprit plus prompt à croire en des faits absurdes et miraculeux?

[b] - Éléments de Synth��se:
1) Expliquez en vos mots la phrase "la passion de surprise et dÆémerveillement qui produit des miracles, étant une agréable émotion, produit une tendance sensible à croire aux événements dÆo�� elle dérive."
2) À partir des informations précédentes, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.

[c] - Commentaire:
1) Pourquoi est-ce que l'esprit admet plus facilement des faits suprêmement absurdes et miraculeux malgré leur manque de vraisemblance selon vous?
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si la passion de surprise et d'émerveillement affecte toujours notre capacité de jugement de mani��re négative.

L'analyse :

Voici un exemple de développement possible : dans ce texte, hume expose sa critique de la croyance aux miracles, qu'il définit comme des faits suprêmement absurdes et contraires à l'expérience.

Il distingue deux règles que l'esprit humain suit dans ses raisonnements : la première, fondée sur l'expérience et la probabilité, qui nous fait rejeter les faits insolites et incroyables ; la seconde, fondée sur la passion et l'émerveillement, qui nous fait admettre les faits miraculeux.

Il montre ainsi le paradoxe et la faiblesse de la croyance aux miracles.



- il commence par présenter la première règle, qui est celle de la raison : "la règle par où nous nous conduisons communément en nos raisonnements, est que les objets dont nous næavons pas læexpérience ressemblent à ceux dont nous læavons ; que ce que nous avons vu être le plus ordinaire est toujours le plus probable ; et que, lorsquæil y a opposition des arguments, nous devons donner la préférence à ceux qui se fondent sur le plus grand nombre dæobservations passées.

" il s'agit d'une règle inductive, qui consiste à généraliser à partir de cas observés et à évaluer la force des arguments selon leur degré de confirmation empirique.

Cette règle est conforme au principe de causalité, qui suppose que les mêmes causes produisent les mêmes effets.

Elle permet de rejeter les faits qui contredisent l'expérience commune et régulière : "en procédant selon cette règle, nous rejetions promptement tout fait insolite et incroyable à un degré ordinaire".

Hume affirme ainsi que la raison nous conduit à nier l'existence des miracles, qui sont par définition des violations des lois de la nature.



- il poursuit en exposant la seconde règle, qui est celle de l'imagination : "mais quoique, en procédant selon cette règle, nous rejetions promptement tout fait insolite et incroyable à un degré ordinaire, pourtant, en avançant davantage, læesprit næobserve pas toujours la même règle : lorsque quelque chose est affirmé de suprêmement absurde et miraculeux, il admet dæautant plus promptement un tel fait, en raison de la circonstance même qui devrait en détruire læautorité.

" il s'agit d'une règle paradoxale, qui consiste à croire aux faits les plus invraisemblables et les plus contraires à l'expérience.

Cette règle est motivée par la passion et non par la raison : "la passion de surprise et dæémerveillement qui produit des miracles, étant une agréable émotion, produit une tendance sensible à croire aux événements dæoù elle dérive".

Hume explique ainsi que la croyance aux miracles repose sur un sentiment plaisant, qui nous fait préférer le merveilleux au vraisemblable.

Il souligne le caractère irrationnel et illusoire de cette croyance.



- il conclut en opposant les deux règles : "la passion de surprise et dæémerveillement qui produit des miracles, étant une agréable émotion, produit une tendance sensible à croire aux événements dæoù elle dérive".

Il montre que la première règle est celle de la philosophie naturelle, qui cherche à expliquer les phénomènes par des causes naturelles ; tandis que la seconde règle est celle de la religion, qui attribue les phénomènes à des causes surnaturelles.

Il met en évidence le conflit entre la raison et la foi, entre la science et la religion.

Il suggère que la croyance aux miracles est une illusion dangereuse, qui peut conduire à l'erreur et au fanatisme.

Il invite donc le lecteur à se méfier des témoignages et des récits miraculeux, et à se conformer à l'expérience et à la probabilité.