• Schopenhauer
Le duel entre l'intellect et la volonté
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Le contexte :

Dans cet extrait de "le monde comme volonté et comme représentation", schopenhauer analyse la relation complexe entre l'intellect et la volonté. il souligne que lorsque la volonté entre en jeu, notre personne tout entiàùre est impliquée, tandis que l'intellect seul peut sembler détaché. il met en lumiàùre l'exaspération que l'on ressent lorsqu'on réalise que notre adversaire refuse de comprendre par volonté et non par manque d'intellect.

L' auteur :

Schopenhauer

(1788-1860) Philosophe allemand influent, célèbre pour sa vision pessimiste de la vie. Il a développé une métaphysique basée sur la volonté et la représentation, affirmant que la souffrance est inévitable. Il a également exploré les notions de la volonté de vivre et la recherche du bonheur à travers la philosophie de l'art.

Le repère :

intuitif/discursif

Le texte :

« L'intellect, simple instrument de la volonte?, en diffe?re autant que le marteau diffe?re du forgeron. Une conversation ou? l’intellect seul participe reste froide. Il semble presque que nous-me?mes n’y soyons pas. Elle ne nous compromet pas non plus, tout au plus risquons-nous de nous ridiculiser. Mais de?s que la volonte? entre en jeu, notre personne tout entie?re se trouve inte?resse?e : nous nous e?chauffons, quelquefois me?me au-dela? de toute mesure. C’est toujours a? la volonte? que l’on attribue l’ardeur et la flamme ; on dit au contraire la froide raison, ou encore examiner froidement une chose, ce qui signifie penser sans le secours de la volonte?. Essayer de renverser les termes de ce rapport et conside?rer la volonte? comme l’instrument de l’intellect, c’est vouloir faire du forgeron l’instrument du marteau. Quand dans une discussion avec un adversaire nous ne croyons avoir affaire qu’a? son intellect, que nous lui opposons raisons et arguments en nombre et nous donnons toute la peine imaginable pour le convaincre, rien n’est aussi exaspe?rant que de reconnai?tre, a? bout de patience, qu’il ne veut pas comprendre, qu’on avait eu affaire a? sa volonte?, que cette volonte?, se retranchant derrie?re une pre?tendue impossibilite? pour sa propre raison de voir clair dans les arguments de la no?tre, s’e?tait syste?matiquement ferme?e a? la ve?rite?. »
Schopenhauer, Le monde comme volonte? et comme repre?sentation (1819)

Les questions :



[A] û Questions dÆanalyse
1) Quel est le r��le de la volonté par rapport à l'intellect selon l'auteur?
2) Expliquez en quoi une conversation o�� seule l'intellect participe diff��re d'une conversation impliquant la volonté, selon le texte.
3) Comment l'auteur décrit-il la réaction émotionnelle qui résulte de l'implication de la volonté dans une discussion?
4) De quelle mani��re l'auteur illustre-t-il l'importance de la volonté par rapport à la raison dans le processus de compréhension?

[B] û Éléments de synth��se
1) Expliquez l'idée que l'auteur présente en comparant la volonté à l'intellect à travers l'analogie du forgeron et du marteau.
2) En vous basant sur les éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.

[C] û Commentaire
1) Selon vous, en quoi l'implication de la volonté dans la compréhension d'une discussion peut-elle influencer la qualité du débat? Justifiez votre réponse.
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si la distinction faite par l'auteur entre la volonté et l'intellect peut s'appliquer à d'autres domaines de la vie humaine, en dehors des discussions intellectuelles.

L'analyse :

Voici une possible analyse du texte de schopenhauer :

- le texte se présente comme une argumentation visant à montrer la différence et la supériorité de la volonté sur l'intellect, ainsi que les difficultés de la communication rationnelle face à la résistance de la volonté.



- dans la première phrase, l'auteur établit une comparaison entre l'intellect et le marteau, et entre la volonté et le forgeron.

Il s'agit d'une analogie qui illustre le rapport de subordination et d'instrumentalisation de l'intellect par la volonté.

L'intellect n'est qu'un outil au service de la volonté, qui est le véritable agent et moteur de l'action.

Cette comparaison permet à l'auteur de souligner le caractère secondaire et dépendant de l'intellect, qui n'a pas de valeur propre ni de finalité en soi.



- dans la deuxième phrase, l'auteur oppose deux types de conversation : celle où l'intellect seul participe, et celle où la volonté entre en jeu.

Il montre que la première est froide, impersonnelle et sans risque, tandis que la seconde est chaude, engagée et passionnée.

Il s'agit d'une opposition qui met en évidence le contraste entre la raison et le sentiment, entre le calcul et l'implication.

L'auteur suggère que la conversation intellectuelle est insatisfaisante et stérile, car elle ne touche pas à l'essence de l'être humain, qui est sa volonté.



- dans la troisième phrase, l'auteur renforce cette opposition en utilisant des expressions consacrées qui associent la volonté à l'ardeur et à la flamme, et la raison à la froideur.

Il s'agit d'une argumentation par l'autorité qui fait appel au sens commun et à la langue pour confirmer sa thèse.

L'auteur insiste sur le fait que penser sans le secours de la volonté est une aberration, qui revient à inverser les termes du rapport entre le forgeron et le marteau.

Il s'agit d'une réfutation par l'absurde qui vise à montrer l'impossibilité logique et pratique de considérer la volonté comme l'instrument de l'intellect.



- dans la dernière phrase, l'auteur expose un exemple concret tiré de son expérience personnelle : celui d'une discussion avec un adversaire qui refuse de se laisser convaincre par les raisons et les arguments.

Il s'agit d'une illustration qui permet à l'auteur de dénoncer les limites de la communication rationnelle face à la puissance de la volonté, qui se ferme à la vérité et se réfugie derrière une prétendue impossibilité de comprendre.

L'auteur exprime son exaspération et sa frustration face à cette situation, qui témoigne du caractère irréductible et obstiné de la volonté.



- en conclusion, on peut dire que le texte de schopenhauer est une argumentation efficace et persuasive, qui repose sur des procédés variés : comparaison, opposition, autorité, absurdité, illustration.

L'auteur cherche à démontrer que la volonté est le principe fondamental de l'existence humaine, qui domine et utilise l'intellect comme un simple moyen.

Il critique ainsi la prétention de la raison à accéder à la vérité et à convaincre autrui, en montrant qu'elle se heurte toujours à la résistance de la volonté.

Il invite donc le lecteur à reconnaître le rôle primordial de la volonté dans sa propre vie et dans ses rapports avec les autres.