• Kant
L'obéissance au droit et la quête du bonheur
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Le contexte :

Dans ce texte, kant aborde la question de la rébellion d'un peuple face à  une législation qui menace son bonheur. il soutient que l'obéissance est nécessaire, car le droit doit être préservé pour tous, mais que chacun a la liberté de rechercher son bonheur tant que cela n'empiàùte pas sur les droits des autres.

L' auteur :

Kant

(1724-1804) Consacre toute son œuvre philosophique à établir les limites dans lesquelles la raison est légitime. Il va lutter contre les doctrines métaphysiques et recentrer la raison sur des connaissances plus certaines (mathématiques, physiques etc.)

Le repère :

légal/légitime

Le texte :

« Si un peuple devait estimer perdre tre?s vraisemblablement son bonheur sous une certaine le?gislation pre?sentement effective, qu’a-t-il a? faire ? Doit-il ne pas se rebeller ? La re?ponse ne peut e?tre que : il n’a rien d’autre a? faire que d’obe?ir. Car il n’est pas ici question du bonheur qui est a? attendre pour le sujet d’une institution ou d’une administration de la communaute?, mais uniquement du droit qui doit, par la?, e?tre assure? pour chacun : ce qui constitue le principe supre?me dont doivent provenir toutes les maximes qui touchent une communaute? et qui ne peut e?tre limite? par aucun autre principe. En ce qui concerne le premier point (le bonheur), on ne peut donner pour loi absolument aucun principe universellement valable. Car les circonstances temporelles aussi bien que les chime?res , extre?mement contradictoires d’un individu a? l’autre et qui plus est toujours changeantes, ou? chacun place son bonheur (mais personne ne peut lui prescrire ou? il doit le placer) rendent tout principe solide impossible et par sa seule nature impropre a? e?tre le fondement de la le?gislation. La proposition : le salut public est la loi civile supre?me, conserve intacts sa valeur et son cre?dit ; mais le bien public qui doit d’abord e?tre pris en conside?ration est justement cette constitution le?gale qui, par des lois, assure a? chacun sa liberte? : en quoi il lui reste toute possibilite? de chercher son bonheur par les voies qui lui paraissent les meilleures, de?s lors qu’il ne porte pas pre?judice a? cette liberte? le?gale universelle et par suite au droit des autres co-sujets. »
Kant, Sur le lieu commun : il se peut que ce soit juste en the?orie, mais, en pratique, cela ne vaut point (1793)

Les questions :



[A] - Questions d'analyse
1) Quel est le sujet principal du texte de Kant et quel est le probl��me qu'il soul��ve ?
2) Quelle est la différence entre le bonheur individuel et le droit assuré pour chacun selon Kant ?
3) Comment Kant justifie-t-il le fait que le peuple ne devrait pas se rebeller même s'il pense perdre son bonheur sous une certaine législation ?
4) Quelles sont les circonstances temporaires et les chim��res dont parle Kant et qui empêchent la formulation de principes universellement valables pour le bonheur individuel ?

[B] - Éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase "le salut public est la loi civile suprême" selon Kant.
2) En vous basant sur les éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte et les étapes de l'argumentation de Kant.

[C] - Commentaire
1) Selon vous, Kant a-t-il raison de soutenir que le peuple ne devrait pas se rebeller même s'il pense perdre son bonheur sous une certaine législation ? Justifiez votre réponse.
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si la liberté individuelle peut être préservée tout en assurant le droit de chacun.

L'analyse :

Voici un exemple de développement possible : dans ce texte, kant s'interroge sur le droit de rébellion des peuples face à une législation qui menacerait leur bonheur.

Il soutient que ce droit n'existe pas, car il faut distinguer le bonheur du droit, et que seul ce dernier peut fonder une législation universelle et juste.

Il oppose ainsi deux principes : le bonheur public et le salut public.



- il commence par poser la question de savoir si un peuple qui craint de perdre son bonheur sous une certaine législation doit se rebeller ou non.

Il répond par la négative, en affirmant qu'il n'a rien d'autre à faire qu'obéir.

Il justifie cette réponse en invoquant le principe du droit, qui doit être le seul critère pour évaluer une législation, et non le bonheur.

Il s'agit donc d'une thèse qui défend l'obéissance au droit comme un devoir absolu, indépendant des conséquences sur le bonheur.



- il poursuit en expliquant pourquoi le bonheur ne peut pas être un principe universel pour la législation.

Il avance deux arguments : d'une part, le bonheur est relatif aux circonstances temporelles, qui sont variables et imprévisibles ; d'autre part, le bonheur est subjectif, car il dépend des chimères, c'est-à-dire des illusions ou des fantasmes, de chaque individu, qui sont contradictoires et changeants.

Il en conclut que le bonheur est impossible à définir et à prescrire de manière générale et objective, et qu'il ne peut donc pas servir de fondement à la législation.

Il s'agit donc d'une antithèse qui réfute l'idée d'un droit au bonheur comme un critère légitime pour la rébellion.



- il termine en affirmant la valeur de la proposition : "le salut public est la loi civile suprême".

Il précise que le salut public ne doit pas être confondu avec le bonheur public, mais qu'il désigne la constitution légale qui assure à chacun sa liberté.

Il s'agit donc d'une synthèse qui réconcilie les deux principes précédents, en montrant que le droit garantit la liberté de chacun de chercher son bonheur, sans porter atteinte à la liberté et au droit des autres.

Il s'agit donc d'une conception du droit comme condition du bonheur, mais non comme son garant.