Dans ce texte, bergson met en évidence la différence fondamentale entre les lois physiques, qui sont des constatations des faits observés, et les lois morales, qui sont des idéaux auxquels la réalité devrait se conformer. alors que les lois physiques sont nécessaires et ne peuvent être contournées, les lois morales sont des obligations qui peuvent être transgressées.
(1859-1941) Remet en question la vision selon laquelle l'histoire viserait un progrès dans les sciences. Il propose une nouvelle philosophie permettant d'analyser le contenu conscient de l'expérience immédiate.
nécessaire/contingent
« L'obligation n'est pas la nécessité. Quand j'abandonne une pierre à elle-même, elle tombe et ne peut pas faire autrement, et quand j'énonce cette loi générale, les corps sont attirés vers le centre de la terre, j'énonce une loi nécessaire en ce sens que les faits qu'elle embrasse ne sauraient en aucune manière s'y soustraire et cela tient à une raison fort simple. Les lois de la physique qui sont nécessaires ne sont guère que la constatation de ce qui se passe. Le physicien observe, expérimente et exprime par une formule générale le résultat de ses observations. Il est donc impossible que les faits se dérobent à la loi puisque la loi exprime les fats. Si un jour un phénomène ou un objet échappait à son influence, cela prouverait qu'elle est fausse, qu'elle n'est pas la vraie. Il faudrait en chercher une autre à laquelle obéissaient même les phénomènes nécessaires. Une loi nécessaire est donc une loi postérieure au événements qu'elle régit. Elle en est l'expression, la formule et les événements ne peuvent s'y soustraire par la raison très simple qu'elle se borne à les traduire. Il n'en est pas ainsi pour la loi morale. Les lois de la morale sont antérieures aux événements qu'elles prétendent régir et c'est par là qu'elles se distinguent des lois physiques. Cette loi, il ne faut pas voler, n'est pas l'expression abrégée, l'expression générale de ce qui se passe. Il y a des vols et des voleurs ; elle n'indique pas ce qui est mais ce qui devrait être. ce n'es point un abrégé de la réalité, c'est un idéal qui précède la réalité et auquel la réalité devrait se conformer. De là vient qu'à l'opposé des lois physiques, ces lois de la morale admettent des exceptions. On peut se soustraire à leur influence ; on ne le devrait pas, mais on le pourrait. Et c'est en quoi l'obligation se distingue de la nécessité. »
Bergson, Leçons de Clermont-Ferrand (1883)
[A] - Questions d'analyse :
1. Comment les lois de la physique diff��rent-elles des lois de la morale ?
2. Pourquoi les lois de la morale admettent-elles des exceptions ?
3. Comment la loi morale "Il ne faut pas voler" se distingue-t-elle des lois physiques ?
4. Pourquoi la loi morale est-elle antérieure aux événements qu'elle prétend régir ?
[B] - Éléments de synth��se :
1. Expliquez la différence entre obligation et nécessité.
2. Quelle est l'idée principale du texte et quelles sont les étapes de son argumentation ?
[C] - Commentaire :
1. Pensez-vous que les lois de la morale sont plus importantes que les lois physiques ? Justifiez votre réponse.
2. À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, commentez la phrase "Il n'y a pas de liberté sans obligation".
Voici un exemple de développement possible :
dans ce texte, bergson oppose l'obligation à la nécessité en prenant l'exemple des lois de la physique et des lois de la morale.
Il cherche à montrer que les premières sont descriptives et les secondes prescriptives, c'est-à-dire qu'elles ne se rapportent pas à la même réalité.
Il commence par définir la nécessité comme le caractère de ce qui ne peut pas faire autrement, comme la chute d'une pierre qui suit une loi générale de la physique.
Il explique que cette loi est nécessaire parce qu'elle exprime ce qui se passe réellement, sans exception possible.
Il montre que le physicien se contente d'observer, d'expérimenter et de formuler ce qu'il constate.
Il en déduit que les lois de la physique sont postérieures aux faits qu'elles embrassent, qu'elles en sont l'expression et la traduction.
Il souligne que si un fait échappait à une loi physique, cela signifierait que cette loi est fausse et qu'il faudrait en chercher une autre plus vraie.
Il passe ensuite à l'obligation, qu'il définit comme le caractère de ce qui devrait être fait, comme le respect d'une loi morale qui interdit de voler.
Il explique que cette loi n'est pas nécessaire parce qu'elle n'exprime pas ce qui se passe réellement, mais ce qui devrait se passer idéalement.
Il montre que le moraliste ne se contente pas d'observer, mais qu'il prescrit ce qu'il faut faire ou ne pas faire.
Il en déduit que les lois de la morale sont antérieures aux faits qu'elles prétendent régir, qu'elles en sont l'idéal et la norme.
Il souligne que si un fait contredit une loi morale, cela ne signifie pas que cette loi est fausse, mais qu'elle a été transgressée.
Il conclut en affirmant que l'obligation se distingue de la nécessité par le fait qu'elle admet des exceptions, qu'elle peut être soustraite à son influence, alors que la nécessité s'impose sans faille.
Il oppose ainsi deux types de lois, les unes descriptives et les autres prescriptives, les unes réelles et les autres idéales, les unes postérieures et les autres antérieures aux faits.