Dans ce texte, freud remet en question l'idée selon laquelle une science doit être construite sur des concepts fondamentaux clairs et nettement définis. selon lui, toute activité scientifique commence par la description des phénomàùnes, qui sont ensuite ordonnés et insérés dans des relations. les concepts fondamentaux de la science émergent progressivement de cette élaboration, et ne peuvent être clairement définis qu'apràùs un examen approfondi des ph
(1859-1939) Avance l'idée que la conscience n'est pas, comme le pensait Descartes, une machine à enregistrer toutes les informations. Au contraire, elle va refouler dans une partie plus profonde et hors de l'aperception d'elle-même des souvenirs.
concept/image/métaphore
« Nous avons souvent entendu formuler l’exigence suivante : une science doit être construite sur des concepts fondamentaux clairs et nettement définis. En réalité, aucune science, même la plus exacte, ne commence par de telles définitions. Le véritable commencement de toute activité scientifique consiste plutôt dans la description des phénomènes, qui sont ensuite rassemblés, ordonnés et insérés dans des relations. Dans la description déjà, on ne peut éviter d’appliquer au matériel certaines idées abstraites que l’on puise ici ou là, et certainement pas dans la seule expérience actuelle. De telles idées qui deviendront les concepts fondamentaux de la science sont dans l’élaboration ultérieure des matériaux encore plus indispensables. Elles comportent d’abord nécessairement un certain degré d’indétermination ; il ne peut être question de cerner clairement leur contenu. Aussi longtemps qu’elles sont dans cet état, on se met d’accord sur leur signification en multipliant les références au matériel de l’expérience, auquel elles semblent être empruntées mais qui, en réalité, leur est soumis. Elles ont donc, en toute rigueur, le caractère de conventions, encore que tout dépende du fait qu’elles ne soient pas choisies arbitrairement mais déterminées par leurs importantes relations aux matériaux empiriques ; ces relations, on croit les avoir devinées avant même de pouvoir en avoir connaissance et en fournir la preuve. Ce n’est qu’après un examen plus approfondi du domaine de phénomènes considérés que l’on peut saisir plus précisément les concepts scientifiques fondamentaux qu’ils requièrent et les modifier progressivement pour les rendre largement utilisables ainsi que libres de toute contradiction. C’est alors qu’il peut être temps de les enfermer dans des définitions. »
Freud, Métapsychologie (1915-1917)
[A] - Questions d'analyse :
1) Quelle est l'exigence souvent formulée concernant la construction d'une science ?
2) Pourquoi aucune science ne commence par des définitions claires et nettes ?
3) Comment débute réellement toute activité scientifique ?
4) Quel est le r��le des idées abstraites dans la description des phénom��nes et dans l'élaboration ultérieure des matériaux empiriques ?
[B] - Éléments de synth��se :
1) Expliquez la phrase : "Dans la description déjà, on ne peut éviter dÆappliquer au matériel certaines idées abstraites que lÆon puise ici ou là, et certainement pas dans la seule expérience actuelle."
2) En vous aidant des éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.
[C] - Commentaire :
1) Selon vous, pourquoi les concepts scientifiques fondamentaux doivent-ils être modifiés progressivement pour être largement utilisables et libres de toute contradiction ?
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si les concepts fondamentaux de la science sont déterminés uniquement par les matériaux empiriques.
Voici une possible analyse du texte :
dans ce texte, freud défend l'idée que les concepts fondamentaux d'une science ne sont pas donnés au départ, mais se construisent progressivement à partir de la description et de l'organisation des phénomènes observés.
Il s'oppose ainsi à l'exigence d'une clarté et d'une netteté préalables des concepts, qu'il juge irréaliste et inadaptée à la démarche scientifique.
Il commence par affirmer que "aucune science, même la plus exacte, ne commence par de telles définitions" (lignes 1-2).
Il oppose ainsi la réalité de la pratique scientifique à l'idéal de rigueur logique qui voudrait que les concepts soient définis avant toute investigation.
Il montre que le véritable point de départ d'une science est la "description des phénomènes" (ligne 3), c'est-à-dire l'observation attentive et détaillée des faits empiriques.
Il s'agit ensuite de "rassembler, ordonner et insérer dans des relations" (ligne 4) ces phénomènes, c'est-à-dire de les classer, de les hiérarchiser et de les mettre en rapport les uns avec les autres.
Il s'agit donc d'un travail d'organisation et de structuration des données de l'expérience, qui vise à en dégager des lois ou des principes.
Il reconnaît cependant que ce travail ne peut se faire sans "appliquer au matériel certaines idées abstraites" (ligne 5), qui sont empruntées à diverses sources, et pas seulement à "la seule expérience actuelle" (ligne 6).
Ces idées sont les prémisses ou les hypothèses qui orientent l'interprétation des faits, et qui deviendront par la suite les "concepts fondamentaux de la science" (ligne 7).
Il souligne que ces idées sont indispensables pour élaborer le matériel empirique, mais qu'elles sont aussi nécessairement imprécises et indéterminées au départ.
Il n'est donc pas possible de les "cerner clairement" (ligne 9) ni de les définir rigoureusement.
Il faut plutôt s'accorder sur leur signification en les confrontant au "matériel de l'expérience" (ligne 10), qui semble être leur source mais qui est en réalité soumis à leur influence.
Il affirme ainsi que ces idées ont "le caractère de conventions" (ligne 12), c'est-à-dire qu'elles sont le résultat d'un choix ou d'un accord entre les chercheurs, et non pas d'une évidence ou d'une nécessité.
Il nuance toutefois cette affirmation en précisant que ces conventions ne sont pas arbitraires, mais qu'elles sont déterminées par leurs "relations aux matériaux empiriques" (ligne 13), qui doivent être vérifiées et prouvées.
Il poursuit en expliquant que ce n'est qu'après un "examen plus approfondi du domaine de phénomènes considérés" (ligne 15) que l'on peut préciser et modifier les concepts scientifiques fondamentaux, en les rendant plus généraux, plus cohérents et plus opérationnels.
Il s'agit donc d'un processus de rectification et d'amélioration des idées initiales, qui s'adapte aux exigences du réel et aux progrès de la connaissance.
C'est seulement à ce stade que l'on peut envisager de "les enfermer dans des définitions" (ligne 17), c'est-à-dire de les fixer dans un langage rigoureux et univoque.
On peut donc conclure que freud défend une conception dynamique et pragmatique des concepts scientifiques, qui se forgent progressivement à partir de l'expérience, mais qui ne sont jamais définitifs ni absolus.
Il s'oppose ainsi à une conception statique et dogmatique des concepts, qui seraient imposés a priori à la réalité, sans tenir compte de sa complexité et de sa diversité.