• Kant
Le bonheur comme moyen et comme devoir
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Le contexte :

Dans ce passage extrait de la doctrine de la vertu, kant aborde la question du bonheur et de la moralité. il souligne que l'aisance et la prospérité peuvent être considérées comme des fins en soi, mais uniquement dans la mesure oàû elles favorisent notre propre bonheur et contribuent à  notre moralité. le bonheur devient ainsi un moyen légitime pour surmonter les obstacles et prévenir les vices, tout en préservant notre intégrité morale.

L' auteur :

Kant

(1724-1804) Consacre toute son œuvre philosophique à établir les limites dans lesquelles la raison est légitime. Il va lutter contre les doctrines métaphysiques et recentrer la raison sur des connaissances plus certaines (mathématiques, physiques etc.)

Le repère :

obligation/contrainte

Le texte :

« L'adversite?, la souffrance et la pauvrete? constituent de grandes tentations de transgresser son devoir. L’aisance, la force, la sante? et la prospe?rite? en ge?ne?ral, qui s’opposent a? cette influence, peuvent donc aussi, a? ce qu’il semble, e?tre conside?re?es comme des fins qui sont en me?me temps des devoirs, a? savoir le devoir de favoriser son propre bonheur et de ne pas orienter le bonheur uniquement vers autrui. Mais dans ces conditions ce n’est pas le bonheur qui est la fin : c’est la moralite? du sujet, et le bonheur constitue uniquement le moyen le?gitime d’e?carter les obstacles qu’il pourrait rencontrer ‫ cela dans la mesure ou? personne ne dispose d’un droit d’exiger de moi un sacrifice de mes fins quand elles ne sont pas immorales. Rechercher pour elle-me?me l’aisance, ce n’est pas directement un devoir, mais ce peut parfaitement en e?tre un indirectement, a? savoir celui d’e?carter la mise?re en tant qu’elle constitue une grande incitation a? s’abandonner aux vices. Reste que, dans ce cas, ce n’est pas de mon bonheur, mais de ma moralite? que je me fais une fin et en me?me temps un devoir de les conserver dans leur inte?grite?. »
Kant, Doctrine de la vertu (1797)

Les questions :



[a] û questions dÆanalyse
1) En quoi l'adversité, la souffrance et la pauvreté peuvent-elles être perçues comme des tentations de transgresser son devoir ?
2) Quels éléments s'opposent à cette influence de l'adversité, de la souffrance et de la pauvreté ?
3) Comment l'auteur définit-il l'aisance, la force, la santé et la prospérité ?
4) Quelle est la relation entre le bonheur et la moralité selon l'auteur ?

[b] û éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase : « rechercher pour elle-même l'aisance, ce n'est pas directement un devoir, mais ce peut parfaitement en être un indirectement ?.
2) En vous aidant des éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.

[c] û commentaire
1) Est-ce justifié de considérer l'aisance, la force, la santé et la prospérité comme des fins qui sont en même temps des devoirs ?
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si le bonheur est vraiment le moyen légitime d'écarter les obstacles pour atteindre la moralité.

L'analyse :



- dans ce texte, kant s'interroge sur le rapport entre le bonheur et la moralité, et sur la possibilité de faire du bonheur une fin et un devoir.

Il distingue deux situations : celle où l'on est confronté à l'adversité, la souffrance et la pauvreté, et celle où l'on jouit de l'aisance, la force, la santé et la prospérité.

Il examine les effets de ces situations sur la conduite morale du sujet.



- il commence par reconnaître que l'adversité, la souffrance et la pauvreté sont des sources de tentation de transgresser son devoir, c'est-à-dire les principes universels et rationnels qui régissent l'action morale selon kant.

Il suggère donc que l'aisance, la force, la santé et la prospérité, qui sont des conditions favorables au bonheur, peuvent être considérées comme des fins qui sont en même temps des devoirs, c'est-à-dire des obligations morales.

Il semble ainsi admettre que le bonheur a une valeur morale et qu'il faut le rechercher pour soi-même et pour autrui.



- mais il nuance aussitôt cette idée en précisant que ce n'est pas le bonheur qui est la fin ultime de l'action morale, mais la moralité du sujet, c'est-à-dire sa conformité au devoir.

Le bonheur n'est qu'un moyen légitime d'écarter les obstacles qui pourraient entraver l'exercice de la raison et de la volonté.

Il affirme ainsi que personne n'a le droit d'exiger de lui un sacrifice de ses fins quand elles ne sont pas immorales, c'est-à-dire quand elles ne contredisent pas le devoir.

Il réaffirme ainsi le primat de la loi morale sur le bonheur.



- il conclut en disant que rechercher l'aisance pour elle-même n'est pas directement un devoir, mais que cela peut en être un indirectement, c'est-à-dire en tant que moyen d'éviter la misère qui est une cause de vice.

Il souligne que dans ce cas, ce n'est pas son bonheur qu'il se fait une fin, mais sa moralité qu'il se fait un devoir de préserver dans son intégrité.



- ce texte illustre donc la conception kantienne de la moralité comme autonomie du sujet qui se donne à lui-même sa propre loi, indépendamment du bonheur.

Kant montre que le bonheur n'est pas une fin en soi, mais un moyen subordonné à la fin suprême qui est la moralité.

Il reconnaît néanmoins que le bonheur peut avoir une valeur instrumentale pour favoriser ou préserver la conduite morale du sujet.

Il établit ainsi une distinction entre le devoir direct et le devoir indirect, et entre la fin proprement morale et la fin conditionnellement morale.