• Descartes
La différence entre l'homme et l'animal : le langage comme signe de la pensée
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Le contexte :

Descartes souligne l'absence de langage chez les animaux pour argumenter qu'ils ne possàùdent pas de pensée. selon lui, le langage est le seul signe certain d'une pensée latente dans le corps, et c'est cette capacité qui différencie les hommes des animaux.

L' auteur :

Descartes

(1596-1650) Est considéré comme le premier philosophe Moderne. Critique du contenu de l'enseignement de son temps, il décide de n'accepter que les vérités qui viennent de lui-même et rejeter toutes les croyances qui lui ont été enseignées.

Le repère :

identité/égalité/différence

Le texte :

« De tous les arguments qui nous persuadent que les be?tes sont de?nue?es de pense?e, le principal, a? mon avis, est que bien que les unes soient plus parfaites que les autres dans une me?me espe?ce, tout de me?me  que chez les hommes, comme on peut voir chez les chevaux et chez les chiens, dont les uns apprennent beaucoup plus aise?ment que d’autres ce qu’on leur enseigne ; et bien que toutes nous signifient tre?s facilement leurs impulsions naturelles, telles que la cole?re, la crainte, la faim, ou autres �tats semblables, par la voix ou par d’autres mouvements du corps, jamais cependant jusqu’a? ce jour on n’a pu observer qu’aucun animal en soit venu a? ce point de perfection d’user d’un ve?ritable langage, c’est-a?-dire d’exprimer soit par la voix, soit par les gestes quelque chose qui puisse se rapporter a? la seule pense?e et non a? l’impulsion naturelle. Ce langage est en effet le seul signe certain d’une pense?e latente  dans le corps ; tous les hommes en usent, me?me ceux qui sont stupides ou prive?s d’esprit, ceux auxquels manquent la langue et les organes de la voix, mais aucune be?te ne peut en user ; c’est pourquoi il est permis de prendre le langage pour la vraie diffe?rence entre les hommes et les be?tes. Les autres arguments qui retirent la pense?e aux be?tes, je les passe sous silence, pour e?tre bref. Je voudrais cependant indiquer que je parle de la pense?e, non de la vie ou de la sensibilite? : je ne refuse la vie a? aucun animal, car je crois qu’elle consiste dans la seule chaleur du cūur ; je ne lui refuse me?me pas la sensibilite?, dans la mesure ou? elle de?pend d’un organe corporel. »
Descartes, Lettre a? Morus (1649)

Les questions :



[A] û Questions dÆanalyse
1) Quel est l'argument principal de l'auteur pour soutenir que les animaux sont dépourvus de pensée ?
2) Quelles sont les différences entre les animaux et les hommes en ce qui concerne l'apprentissage ?
3) Comment les animaux expriment-ils leurs impulsions naturelles ?
4) Quelle est la différence entre le langage des hommes et celui des animaux selon l'auteur ?

[B] û Éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase : "Ce langage est en effet le seul signe certain dÆune pensée latente dans le corps".
2) En vous aidant des éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.

[C] û Commentaire
1) Pourquoi l'auteur consid��re-t-il que le langage est la véritable différence entre les hommes et les animaux ? Justifiez votre réponse.
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si les animaux sont véritablement dépourvus de pensée.

L'analyse :

Voici un exemple de commentaire possible du texte : dans ce texte, descartes expose son argument principal pour montrer que les animaux sont dépourvus de pensée, et qu'il y a donc une différence radicale entre les hommes et les bêtes.

Il s'agit du langage, qu'il définit comme l'expression de la seule pensée et non des impulsions naturelles.

Il distingue ainsi le langage de la simple communication, qui peut être observée chez les animaux, mais qui ne témoigne pas d'une réflexion ou d'un raisonnement.

Pour développer son argument, descartes procède par étapes :

- il commence par reconnaître que les animaux peuvent avoir des degrés de perfection différents au sein d'une même espèce, et qu'ils peuvent manifester leurs émotions ou leurs besoins par la voix ou par le corps.

Il concède donc aux animaux une certaine intelligence pratique et une sensibilité.

Il utilise des exemples concrets, comme les chevaux ou les chiens, pour illustrer son propos.



- il oppose ensuite cette capacité à celle des hommes, qui sont capables d'user d'un véritable langage, c'est-à-dire d'exprimer quelque chose qui puisse se rapporter à la seule pensée et non à l'impulsion naturelle.

Il définit ainsi le langage comme le signe distinctif de la pensée, et non comme un simple moyen de communication.

Il souligne que tous les hommes en usent, même ceux qui sont privés de parole ou d'esprit, ce qui implique que le langage n'est pas lié à un organe corporel, mais à une faculté immatérielle.



- il conclut en affirmant que le langage est la vraie différence entre les hommes et les bêtes, et qu'il permet donc de retirer la pensée aux animaux.

Il précise qu'il ne leur refuse pas la vie ni la sensibilité, qu'il considère comme des phénomènes physiques dépendant du c£ur ou d'un organe.

Il écarte ainsi les autres arguments possibles, qu'il juge moins décisifs.

Par ce texte, descartes cherche à établir une hiérarchie entre les êtres vivants, fondée sur la présence ou l'absence de pensée.

Il s'inscrit dans une tradition rationaliste, qui valorise la raison comme la faculté suprême de l'homme.

Il s'oppose aussi à l'idée d'une continuité entre l'homme et l'animal, qui serait fondée sur une origine commune ou une parenté naturelle.

Il affirme ainsi la spécificité et la dignité de l'homme, qui se distingue des autres créatures par son usage du langage.