Dans ce passage extrait de la "doctrine de la vertu" de kant, l'auteur affirme que les traitements violents et cruels envers les animaux vont à l'encontre du devoir de l'homme envers lui-même. selon kant, la sympathie envers les souffrances des animaux est une disposition naturelle qui renforce la moralité dans les relations avec les autres humains. reconnaà®tre et respecter les animaux, même indirectement, est donc un devoir moral envers soi-même.
(1724-1804) Consacre toute son œuvre philosophique à établir les limites dans lesquelles la raison est légitime. Il va lutter contre les doctrines métaphysiques et recentrer la raison sur des connaissances plus certaines (mathématiques, physiques etc.)
obligation/contrainte
« Concernant la partie des cre?atures qui est vivante, bien que de?pourvue de raison, un traitement violent et en me?me temps cruel des animaux est […] intimement oppose? au devoir de l’homme envers lui-me?me, parce qu’ainsi la sympathie a? l’e?gard de leurs souffrances se trouve e?mousse?e en l’homme et que cela affaiblit et peu a? peu ane?antit une disposition naturelle tre?s profitable a? la moralite? dans la relation avec les autres hommes quand bien me?me, dans ce qui est permis a? l’homme, s’inscrit le fait de tuer rapidement (d’une manie?re qui e?vite de les torturer) les animaux, ou encore de les astreindre a? un travail (ce a? quoi, il est vrai, les hommes eux aussi doivent se soumettre), a? condition simplement qu’il n’exce?de pas leurs forces ; a? l’inverse, il faut avoir en horreur les expe?riences physiques qui les martyrisent pour le simple be?ne?fice de la spe?culation, alors que, me?me sans elles, le but pourrait e?tre atteint. Me?me la reconnaissance pour les services longtemps rendus par un vieux cheval ou un vieux chien (comme s’ils �taient des personnes de la maison) appartient indirectement aux devoirs de l’homme, a? savoir au devoir conc?u en conside?ration de ces animaux, mais cette reconnaissance, envisage?e directement, n’est jamais qu’un devoir de l’homme envers lui-me?me. »
Kant, Doctrine de la vertu (1797)
NB : les termes �oeindirectement”, �oeconsidération” et �oedirectement” sont en italiques
[A] - Questions d'analyse
1) Quelle est la position de l'auteur concernant le traitement des animaux ?
2) Comment l'auteur explique-t-il que le traitement violent des animaux est opposé au devoir de l'homme envers lui-même ?
3) En quoi le traitement violent des animaux peut-il affaiblir la disposition naturelle à la moralité dans la relation avec les autres hommes ?
4) Quels sont les exemples donnés par l'auteur pour illustrer les limites du traitement des animaux autorisé pour l'homme ?
[B] - Éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase : "Concernant la partie des créatures qui est vivante, bien que dépourvue de raison, un traitement violent et en même temps cruel des animaux est intimement opposé au devoir de l'homme envers lui-même"
2) En vous aidant des éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.
[C] - Commentaire
1) Pensez-vous que le traitement des animaux a un impact sur la moralité des relations humaines ? Justifiez votre réponse.
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si la reconnaissance pour les services rendus par les animaux est un devoir moral pour l'homme.
Voici un exemple de développement possible :
dans ce texte, kant s'interroge sur la relation morale que l'homme doit entretenir avec les animaux, qui sont des êtres vivants mais dépourvus de raison.
Il distingue deux types de devoirs : les devoirs directs, qui sont fondés sur le respect de la dignité humaine, et les devoirs indirects, qui sont fondés sur le respect de la sensibilité animale.
Il cherche à montrer que si l'homme a des devoirs envers les animaux, c'est en réalité pour son propre intérêt moral.
Il commence par affirmer que le traitement violent et cruel des animaux est contraire au devoir de l'homme envers lui-même.
Il explique que la cruauté envers les animaux émousse la sympathie que l'homme peut éprouver pour les souffrances d'autrui, et qu'elle affaiblit et anéantit une disposition naturelle très profitable à la moralité dans la relation avec les autres hommes.
Il s'agit donc d'un argument fondé sur les conséquences néfastes que la violence envers les animaux peut avoir sur le caractère moral de l'homme.
Kant reconnaît cependant que l'homme a le droit de tuer rapidement les animaux, ou de les faire travailler, à condition de ne pas les torturer ni de les soumettre à des efforts excessifs.
Il s'agit donc d'un argument fondé sur la nécessité pratique et économique de se servir des animaux comme des moyens.
Il poursuit en condamnant les expériences physiques qui martyrisent les animaux pour le simple bénéfice de la spéculation.
Il s'agit d'un argument fondé sur la disproportion entre la fin et les moyens.
Kant estime que le but scientifique peut être atteint sans recourir à la souffrance animale, et que celle-ci n'est donc pas justifiée.
Il s'agit donc d'un argument fondé sur le respect de la sensibilité animale, qui est une valeur en soi.
Il termine en reconnaissant que la gratitude envers les services rendus par un vieux cheval ou un vieux chien appartient aux devoirs indirects de l'homme.
Il s'agit d'un argument fondé sur la reconnaissance du mérite et de la fidélité des animaux, qui sont des qualités morales.
Kant précise cependant que cette gratitude n'est pas un devoir direct, mais un devoir de l'homme envers lui-même.
Il s'agit donc d'un argument fondé sur l'idée que l'homme doit cultiver en lui des sentiments nobles et généreux, qui sont favorables à sa propre moralité.
On peut donc conclure que kant défend une conception modérée du rapport entre l'homme et l'animal, qui repose sur le respect mutuel de la vie et de la sensibilité, mais qui ne confond pas l'animal avec une personne.
Il montre que l'homme a des devoirs indirects envers les animaux, non pas pour leur bien propre, mais pour son propre perfectionnement moral.