• Alain
La guerre, une vérité construite par les opinions
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Le contexte :

Dans cet extrait de "mars ou la guerre jugée" d'alain, l'auteur souligne que la guerre est un phénomàùne purement humain, dont les causes reposent sur des opinions. il critique particuliàùrement l'opinion dangereuse selon laquelle la guerre est inévitable, soulignant que sa véracité dépend du nombre de personnes qui y adhàùrent. alain invite à  juger plutàït qu'à  attendre des preuves, soulignant que la vérité dans les affaires humaines est construite plutàït que constatée.

L' auteur :

Alain

(1868-1951) Il effectue un mouvement de retour au Cartésianisme en niant l'inconscient Freudien, selon lui ce dernier doit être réduit aux pulsions du corps opposées à la rationalité de l'Esprit.

Le repère :

croire/savoir

Le texte :

« La guerre est un fait humain, purement humain, dont toutes les causes sont desopinions. Et observons que l’opinion la plus dangereuse ici est justement celle qui faitcroire que la guerre est imminente et inévitable. Sans qu’on puisse dire pourtantqu’elle soit jamais vraie, car si beaucoup d’hommes l’abandonnaient, elle cesseraitd’être vraie. Considérez bien ce rapport singulier, que l’intelligence paresseuse neveut jamais saisir. Voilà une opinion assurément nuisible, et qui peut-être se trouveravraie, seulement parce que beaucoup d’hommes l’auront eue. C’est dire que, dansles choses humaines qui sont un tissu d’opinions, la vérité n’est pas constatée, maisfaite. Ainsi il n’y a point seulement à connaître, mais à juger, en prenant ce beau motdans toute sa force. Pour ou contre la guerre. Il s’agit de juger ; j’entends de décider au lieud’attendre les preuves. Situation singulière ; si tu décides pour la guerre, les preuvesabondent, et ta propre décision en ajoute encore une ; jusqu’à l’effet, qui te rendraenfin glorieux comme un docteur en politique. �oeJe l’avais bien prévu.” Eh oui. Vous étiez milliers à l’avoir bien prévu ; et c’est parce que vous l’avez prévu que c’estarrivé. »
Alain, Mars ou la guerre jugée (1921)

Les questions :



[A] - Questions d'analyse
1) Quelle est l'opinion la plus dangereuse selon l'auteur ?
2) Pourquoi l'auteur affirme-t-il que la guerre est un fait purement humain ?
3) Comment l'auteur définit-il la vérité dans les choses humaines ?
4) Quel est le rapport entre l'opinion et la vérité selon l'auteur ?

[B] - Éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase : "La vérité n'est pas constatée, mais faite."
2) En vous aidant des éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.

[C] - Commentaire
1) Selon vous, pourquoi l'auteur insiste-t-il sur le fait que la guerre est un fait purement humain ?
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si la vérité peut être déterminée uniquement par des opinions.

L'analyse :

Voici une possible analyse du texte : l'auteur, alain, s'interroge sur la nature et les causes de la guerre, qui est un phénomène humain lié aux opinions.

Il expose sa thèse dans la première phrase : la guerre est un fait humain, purement humain, dont toutes les causes sont des opinions.

Il affirme ainsi que la guerre n'est pas une fatalité, ni une nécessité, mais le résultat de choix et de jugements des hommes.

Il illustre ensuite son propos par un exemple : l'opinion la plus dangereuse ici est justement celle qui fait croire que la guerre est imminente et inévitable.

Il montre que cette opinion a un effet performatif : elle crée la réalité qu'elle annonce, en entraînant une spirale de méfiance et de violence.

Il souligne le caractère contingent et réversible de cette opinion : sans qu'on puisse dire pourtant qu'elle soit jamais vraie, car si beaucoup d'hommes l'abandonnaient, elle cesserait d'être vraie.

Il invite donc à remettre en question les opinions qui semblent évidentes ou naturelles.

Il développe alors sa réflexion sur le rapport entre l'opinion et la vérité dans les choses humaines : considérez bien ce rapport singulier, que l'intelligence paresseuse ne veut jamais saisir.

Voilà une opinion assurément nuisible, et qui peut-être se trouvera vraie, seulement parce que beaucoup d'hommes l'auront eue.

C'est dire que, dans les choses humaines qui sont un tissu d'opinions, la vérité n'est pas constatée, mais faite.

Il met en évidence le pouvoir des opinions collectives, qui peuvent créer des faits sociaux ou historiques, indépendamment de leur valeur ou de leur fondement.

Il suggère que la vérité dans les choses humaines n'est pas objective ni universelle, mais relative et variable.

Il conclut en appelant à la responsabilité des hommes face à la guerre : ainsi il n'y a point seulement à connaître, mais à juger, en prenant ce beau mot dans toute sa force.

Pour ou contre la guerre.

Il s'agit de juger ; j'entends de décider au lieu d'attendre les preuves.

Situation singulière ; si tu décides pour la guerre, les preuves abondent, et ta propre décision en ajoute encore une ; jusqu'à l'effet, qui te rendra enfin glorieux comme un docteur en politique.

"je l'avais bien prévu.

" eh oui.

Vous étiez milliers à l'avoir bien prévu ; et c'est parce que vous l'avez prévu que c'est arrivé.

Il oppose deux attitudes possibles : celle qui consiste à se soumettre aux opinions dominantes et à se croire lucide ou savant en prédisant la guerre, et celle qui consiste à exercer son esprit critique et à s'engager pour la paix.

Il dénonce l'hypocrisie et la complicité de ceux qui se contentent de constater la guerre au lieu de la prévenir ou de la combattre.

Il affirme que le jugement est un acte moral et politique, qui implique de prendre position et d'assumer les conséquences de ses choix.

Le texte d'alain vise donc à démontrer que la guerre n'est pas une fatalité, mais le produit des opinions humaines, qui peuvent être remises en cause par le jugement critique et responsable.