• Hobbes
Les limites de la connaissance empirique
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Le contexte :

Dans "éléments de loi" de hobbes, l'auteur remet en question la notion de sagesse basée sur l'observation empirique. il soutient que les signes tirés de l'expérience ne sont que des conjectures, incapables de fournir une compréhension universelle, et il souligne la précarité de la connaissance basée sur de tels signes.

L' auteur :

Hobbes

(1588-1679) Philosophe Contractualiste comme Locke et Rousseau ; selon eux le pouvoir politique serait issu d'un accord passé librement entre les hommes : un contrat social. Hobbes pense ce contrat à l'aune de ce qu'il y avait avant, « l'état de Nature ».

Le repère :

contingent/nécessaire

Le texte :

« Lorsqu’un homme a si souvent observe? les me?mes ante?ce?dents suivis des me?mes conse?quents, qu’a? chaque fois qu’il voit l’ante?ce?dent, il pre?voit le conse?quent, ou qu’a? chaque fois qu’il voit le conse?quent, il compte qu’il y a eu le me?me ante?ce?dent, alors, il dit de l’ante?ce?dent et du conse?quent, qu’ils sont SIGNES l’un de l’autre, comme les nuages sont signes de pluie a? venir, et la pluie, signe de nuages passe?s. Cette collecte de signes a? partir de l’expe?rience est ce en quoi les hommes pensent ordinairement que se situe la diffe?rence entre les hommes en matie?re de sagesse, par quoi ils entendent ge?ne?ralement la comple?te aptitude, ou pouvoir, de connai?tre. Mais c’est une erreur, car ces signes ne sont que conjecturaux, et selon qu’ils aient plus ou moins e?choue?, ils sont plus ou moins su?rs, mais ne sont jamais suffisants et e?vidents. En effet, quoiqu’on ait toujours vu le jour et la nuit se suivre, jusqu’ici, on ne peut cependant en conclure qu’il en sera ainsi, ou qu’il en a �t� ainsi, e?ternellement. L’expe?rience ne conclut rien universellement. Si les signes tombent juste vingt fois, pour manquer une fois, un homme peut parier a? vingt contre un sur l’e?ve?nement, mais ne pourra conclure a? sa ve?rite?. »
Hobbes, E?le?ments de loi (1640)

Les questions :



[A] û Questions dÆanalyse
1) Comment l'auteur définit-il les signes dans ce texte ?
2) Quelle est la différence entre les signes et la compl��te aptitude à connaître selon l'auteur ?
3) Pourquoi l'auteur affirme-t-il que les signes ne sont jamais suffisants et évidents ?
4) Quelle est la limite de l'expérience selon l'auteur ?

[B] û Éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase : "Si les signes tombent juste vingt fois, pour manquer une fois, un homme peut parier à vingt contre un sur l'événement, mais ne pourra conclure à sa vérité."
2) En vous aidant des éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.

[C] û Commentaire
1) Selon vous, pourquoi l'auteur affirme-t-il que les signes ne sont que conjecturaux ?
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si les signes sont vraiment insuffisants pour connaître la vérité.

L'analyse :

Voici un exemple de développement possible : l'auteur du texte, hobbes, cherche à définir ce qu'est un signe, c'est-à-dire un rapport entre deux phénomènes qui permet de prévoir ou d'expliquer l'un par l'autre.

Il s'appuie sur l'observation empirique, c'est-à-dire l'expérience sensible, pour établir les signes.

Il donne l'exemple des nuages et de la pluie, qui sont souvent liés dans le temps et dans l'espace.

Il affirme que la capacité à collecter des signes à partir de l'expérience est ce qui distingue les hommes en matière de sagesse, c'est-à-dire de connaissance.

Mais il remet en cause cette affirmation en montrant que les signes ne sont que des conjectures, c'est-à-dire des hypothèses fondées sur la probabilité, et non sur la certitude.

Il utilise le raisonnement par l'absurde pour illustrer son propos : il imagine qu'on puisse inférer de l'alternance du jour et de la nuit une loi universelle et éternelle, alors qu'il n'en est rien.

Il souligne que l'expérience ne peut jamais garantir la vérité d'une proposition générale, car elle est toujours limitée et susceptible d'être contredite par un cas particulier.

Il conclut que le pari sur l'événement n'est pas une preuve de sa vérité.

L'enjeu du texte est donc de critiquer la prétention à connaître par les signes empiriques, et de montrer les limites de l'induction, c'est-à-dire le passage du particulier à l'universel.

Hobbes invite ainsi à distinguer la sagesse pratique, qui repose sur la prudence et le calcul des probabilités, de la sagesse théorique, qui exige des démonstrations rigoureuses et évidentes.

Il pose ainsi le problème épistémologique de la valeur et de la portée de l'expérience dans la connaissance.