(1724-1804) Consacre toute son œuvre philosophique à établir les limites dans lesquelles la raison est légitime. Il va lutter contre les doctrines métaphysiques et recentrer la raison sur des connaissances plus certaines (mathématiques, physiques etc.)
objectif/subjectif/intersubjectif
« Il suffit par exemple qu’un malheureux nous aborde pour que nous ressentions de la compassion pour lui et lui venions en aide, ce qui toutefois ne se serait pas produit s’il nous avait implore?s par e?crit. De me?me un voyageur de passage qui aperc?oit des mise?reux e?tendus sur son chemin et leur porte secours, n’est pas pousse? a? agir ainsi pour en retirer des honneurs ou un avantage personnel, car bient�t il aura quitte? ces lieux, mais parce que cette action est bonne en elle-me?me. Il y a donc dans notre cūur quelque chose de moralement pur, bien que sa force d’impulsion ne suffise pas comple?tement pour faire contrepoids a? nos impulsions sensibles. Mais le jugement sur la purete? morale attire a? lui, par association, de nombreux motifs de purete?, aiguillonnant ainsi nos actions, jusqu’au point ou? cela devient chez nous une habitude. On ne doit donc pas persister a? chercher les taches et les faiblesses chez les hommes, ou dans la vie d’un Socrate par exemple, car cela n’est d’aucune utilite?, plus encore, c’est la? une pratique nuisible. En accumulant ainsi les exemples d’imperfection morale, on finit par se flatter soi-me?me de sa propre imperfection. Cette avidite? a? trouver des de?fauts chez les autres trahit une forme de me?chancete?, mais aussi d’envie devant la moralite? que l’on voit briller chez autrui, et dont on est soi-me?me de?pourvu. Le principe que nous tirons de la faiblesse de la nature humaine est le suivant : les lois morales ne doivent jamais s’ajuster aux faiblesses de l’homme, mais doivent e?tre pre?sente?es dans leur saintete? et dans leur purete? parfaites, quelle que soit la constitution de la nature humaine. »
Kant, Lec?ons d’e?thique (1780)
Voici un exemple de commentaire linéaire du texte de kant :
le texte de kant est un extrait de ses lec?ons dæe?thique, qui exposent sa conception de la morale rationnelle et universelle.
Dans ce passage, kant s'interroge sur la source et la valeur de la compassion, qui est un sentiment naturel qui nous pousse à aider les malheureux.
Il cherche à montrer que la compassion n'est pas suffisante pour fonder la moralité, mais qu'elle peut être renforcée par le jugement sur la pureté morale, qui est le critère de l'action bonne en elle-même.
Il critique ensuite l'attitude qui consiste à chercher les défauts chez les autres, au lieu de s'efforcer de respecter les lois morales dans leur sainteté et leur pureté.
Le texte se compose de trois parties :
- dans la première partie (lignes 1 à 6), kant donne deux exemples de compassion spontanée : celui d'un malheureux qui nous aborde et celui d'un voyageur qui secourt des miséreux.
Il affirme que ces actions sont bonnes en elles-mêmes, sans chercher de récompense ou d'intérêt personnel.
Il reconnaît ainsi que la compassion est une disposition naturelle du c£ur humain, qui nous fait agir par sympathie pour la souffrance d'autrui.
Il s'oppose ainsi à une vision égo´ste ou utilitariste de la morale, qui réduirait l'action à un calcul des plaisirs et des peines.
- dans la deuxième partie (lignes 6 à 11), kant nuance son propos en affirmant que la compassion n'est pas suffisante pour fonder la moralité, car elle est trop faible face aux impulsions sensibles.
Il faut donc y ajouter le jugement sur la pureté morale, qui est le respect du devoir sans mélange d'autre motif.
Ce jugement nous permet de distinguer les actions conformes au devoir des actions faites par devoir, qui sont les seules véritablement morales.
Le jugement sur la pureté morale a aussi une fonction éducative, car il nous incite à multiplier les actions bonnes par habitude, en nous faisant prendre conscience de leur valeur intrinsèque.
Kant défend ainsi une vision rationaliste et universaliste de la morale, qui repose sur le principe de l'impératif catégorique : agir toujours selon une maxime que l'on peut vouloir comme loi universelle.
- dans la troisième partie (lignes 11 à 16), kant critique l'attitude qui consiste à chercher les taches et les faiblesses chez les hommes, au lieu de s'inspirer des exemples de vertu, comme celui de socrate.
Il dénonce cette attitude comme étant nuisible, car elle conduit à se flatter de sa propre imperfection et à envier la moralité des autres.
Il affirme que les lois morales ne doivent jamais s'adapter aux faiblesses humaines, mais qu'elles doivent être présentées dans leur sainteté et leur pureté parfaites, c'est-à-dire comme des exigences absolues et inconditionnelles.
Il s'agit donc de ne pas relâcher le niveau d'exigence morale, mais au contraire de viser l'idéal du sage, qui est celui qui agit toujours par respect du devoir.
En conclusion, le texte de kant présente sa conception de la morale comme étant fondée sur la raison et non sur les sentiments.
Il reconnaît cependant que la compassion peut être un point de départ pour l'action morale, à condition qu'elle soit guidée par le jugement sur la pureté morale.
Il invite donc les hommes à ne pas se contenter de leurs inclinations naturelles, mais à se conformer aux lois morales dans leur perfection.