• Épictète
La raison, seule capable de se connaà®tre
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Le contexte :

épictàùte soulàùve la question de la connaissance de soi et des limites des savoir-faire. aucune discipline, telle que la grammaire ou la musique, ne peut se prendre elle-même pour objet d'étude. seule l'activité de la raison est capable de prendre conscience d'elle-même, de sa nature, de son pouvoir et de la valeur qu'elle apporte à  notre existence, ainsi que de prendre conscience des autres activités humaines.

L' auteur :

Épictète

(50-130) Philosophe Stoïcien qui n'a jamais rien écrit de sa propre main, cependant de nombreux disciples ont écrit à son sujet et ont transmis ses propos à la postérité. En tant que Stoïciens, il s'efforce de vivre selon la Nature c'est-à-dire conformément à la Raison

Le repère :

intuitif/discursif

Le texte :

« Parmi les savoir-faire, vous n'en trouverez aucun qui soit capable de se prendre lui- me?me pour objet d'e?tude ; aucun, par conse?quent, qui soit apte a? porter sur soi un jugement d'approbation ou de de?sapprobation. La grammaire, jusqu'ou? s'e?tend sa capacite? the?orique ? Jusqu'a? la connaissance des lettres. Et la musique ? Jusqu'a? la connaissance de la me?lodie. L'une ou l'autre se prend-elle elle-me?me pour objet d'e?tude ? Nullement. Mais si tu e?cris a? un ami, le fait que tu dois choisir ces lettres-ci, la grammaire te le dira. Quant a? savoir s'il faut e?crire ou non a? cet ami, la grammaire ne te le dira pas. Ainsi pour les me?lodies, la musique. Mais faut-il chanter maintenant et jouer de la cithare, ou ne faut- il ni chanter, ni jouer de la cithare, la musique ne te le dira pas. Qui donc le dira ? L’activite? qui se prend elle-me?me aussi bien que tout le reste pour objet d'e?tude. Quelle est-elle ? L’activite? de la raison. Seule en effet, de celles que nous avons rec?ues, elle est capable de prendre conscience d'elle-me?me, de sa nature, de son pouvoir, de la valeur qu'elle apporte en venant en nous ‫ et de prendre conscience e?galement des autres activite?s. »
Épictète, Entretiens (Ier sie?cle)

Les questions :



[A] û Questions d'analyse
1) Quel est le sujet principal du texte d'Épict��te et quel point de vue l'auteur exprime-t-il à son sujet ?
2) Comment l'auteur définit-il la portée de la grammaire et de la musique en tant que savoir-faire ?
3) En quoi l'activité de la raison se distingue-t-elle des autres savoir-faire mentionnés dans le texte ?
4) Quelles sont les implications de la capacité de l'activité de la raison à se prendre elle-même pour objet d'étude selon l'auteur ?

[B] û Éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase : "LÆactivité qui se prend elle-même aussi bien que tout le reste pour objet d'étude."
2) En vous aidant des éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.

[C] û Commentaire
1) Pourquoi Épict��te affirme-t-il que l'activité de la raison est la seule capable de se prendre elle-même pour objet d'étude, et quelle est la signification philosophique de cette affirmation ? Justifiez votre réponse.
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si l'auteur sugg��re que la raison est la faculté la plus importante pour la prise de décisions éthiques et morales. Argumentez votre réponse.

L'analyse :

Voici un exemple de commentaire linéaire du texte : le texte proposé est un extrait des entretiens d'épictète, un philosophe sto´cien du ier siècle.

Il s'agit d'un dialogue entre le maître et son disciple, dans lequel épictète expose sa conception de la raison comme activité supérieure, capable de se prendre elle-même pour objet d'étude et de juger de la valeur des actions humaines.

Le texte se compose de trois parties : la première (lignes 1 à 3) pose la thèse générale selon laquelle aucun savoir-faire ne peut se juger lui-même ; la deuxième (lignes 4 à 9) illustre cette thèse par deux exemples, la grammaire et la musique ; la troisième (lignes 10 à 14) oppose à ces savoir-faire limités l'activité de la raison, qui se caractérise par sa capacité réflexive et critique.

Dans la première partie, épictète affirme que les savoir-faire, c'est-à-dire les compétences techniques ou artistiques, ne peuvent pas se prendre eux-mêmes pour objet d'étude.

Il utilise pour cela une formulation négative répétée ("vous n'en trouverez aucun", "aucun, par conséquent"), qui souligne l'absence totale de cette capacité chez les savoir-faire.

Il en déduit que les savoir-faire ne peuvent pas porter sur eux-mêmes un jugement d'approbation ou de désapprobation, c'est-à-dire qu'ils ne peuvent pas évaluer leur propre valeur ou leur opportunité.

L'enjeu de cette affirmation est de montrer que les savoir-faire sont insuffisants pour guider l'action humaine, car ils ne prennent pas en compte les circonstances, les fins ou les conséquences de leurs applications.

Dans la deuxième partie, épictète illustre sa thèse par deux exemples concrets : la grammaire et la musique.

Il s'agit de deux disciplines qui relèvent du domaine culturel et qui ont une dimension normative, c'est-à-dire qu'elles prescrivent des règles à suivre pour bien écrire ou bien jouer.

épictète montre que ces disciplines ont une capacité théorique limitée à leur objet propre : la connaissance des lettres pour la grammaire, la connaissance de la mélodie pour la musique.

Il utilise pour cela des questions rhétoriques ("jusqu'où s'étend sa capacité théorique ?", "l'une ou l'autre se prend-elle elle-même pour objet d'étude ?"), qui suggèrent que la réponse est évidente et négative.

Il oppose ensuite à ces questions des situations pratiques, dans lesquelles il faut choisir d'écrire ou non à un ami, ou de chanter ou non.

Il montre que ni la grammaire ni la musique ne peuvent fournir de réponse à ces questions, car elles ne prennent pas en compte le contexte, les motivations ou les effets de l'action.

Il utilise pour cela des expressions négatives ("la grammaire ne te le dira pas", "la musique ne te le dira pas"), qui renforcent l'idée d'impuissance des savoir-faire face aux problèmes moraux.

Dans la troisième partie, épictète oppose à ces savoir-faire limités l'activité de la raison, qu'il présente comme supérieure et distinctive de l'homme.

Il définit la raison comme l'activité qui se prend elle-même aussi bien que tout le reste pour objet d'étude.

Il utilise pour cela une formulation positive ("qui donc le dira ?", "quelle est-elle ?"), qui annonce une réponse affirmative et valorisante.

Il souligne ensuite que la raison est la seule activité capable de prendre conscience d'elle-même, de sa nature, de son pouvoir, de la valeur qu'elle apporte en venant en nous, et également des autres activités.

Il utilise pour cela une série d'expressions qui mettent en évidence les différentes facettes de la raison : sa réflexivité ("prendre conscience d'elle-même"), son essence ("sa nature"), sa puissance ("son pouvoir"), sa dignité ("la valeur qu'elle apporte"), sa universalité ("prendre conscience également des autres activités").

L'enjeu de cette définition est de montrer que la raison est le seul guide fiable et légitime pour l'action humaine, car.