• Bergson
Le machinisme et ses conséquences sur l'ouvrier
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Le contexte :

Dans cet extrait, bergson aborde la question du machinisme et de ses effets sur l'ouvrier. il remet en cause les critiques qui lui sont faites, en soulignant que la machine peut offrir davantage de temps libre à  l'ouvrier, qui peut alors l'utiliser pour développer son intelligence et ses intérêts personnels. il met également en avant la possibilité d'une plus grande diversité intellectuelle grà¢ce à  l'économie de temps et de travail réalisée par l'ensemble de la nation.

L' auteur :

Bergson

(1859-1941) Remet en question la vision selon laquelle l'histoire viserait un progrès dans les sciences. Il propose une nouvelle philosophie permettant d'analyser le contenu conscient de l'expérience immédiate.

Le repère :

intuitif/discursif

Le texte :

« On accuse le machinisme  d’abord de re?duire l’ouvrier a? l’e?tat de machine, ensuite d’aboutir a? une uniformite? de production qui choque le sens artistique. Mais si la machine procure a? l’ouvrier un plus grand nombre d’heures de repos, et si l’ouvrier emploie ce supple?ment de loisir a? autre chose qu’aux pre?tendus amusements, qu’un industrialisme  mal dirige? a mis a? la porte?e de tous, il donnera a? son intelligence le de?veloppement qu’il aura choisi, au lieu de s’en tenir a? celui que lui imposerait, dans des limites toujours restreintes, le retour (d’ailleurs impossible) a? l’outil, apre?s suppression de la machine. Pour ce qui est de l’uniformite? du produit, l’inconve?nient en serait ne?gligeable si l’e?conomie de temps et de travail, re?alise?e ainsi par l’ensemble de la nation, permettait de pousser plus loin la culture intellectuelle et de de?velopper les vraies originalite?s. »
Bergson, Les Deux sources de la morale et de la religion (1932)

Les questions :



[A] - Questions d'analyse:
1) Quelles sont les critiques généralement formulées à l'encontre du machinism�
2) Quel est l'impact du machinisme sur les ouvriers selon l'auteur?
3) Comment l'ouvrier peut-il tirer avantage du temps libre supplémentaire que lui procure la machin�
4) Quelle est la conséquence de l'uniformité de production engendrée par la machine selon l'auteur?

[B] - Éléments de synth��se:
1) Expliquez le lien entre le machinisme et la réduction de l'ouvrier à l'état de machine.
2) En vous basant sur les informations précédentes, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de l'argumentation.

[C] - Commentaire:
1) Selon vous, l'auteur défend-il ou critique-t-il l'utilisation de la machin� Justifiez votre réponse.
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si le machinisme a un impact positif ou négatif sur la culture intellectuelle et les originalités.

L'analyse :

Voici un exemple de commentaire linéaire du texte : le texte est un extrait de l'ouvrage les deux sources de la morale et de la religion, publié en 1932 par le philosophe français henri bergson.

Il s'agit d'une réflexion sur les conséquences du progrès technique sur la condition humaine, en particulier sur le travail et la culture.

L'auteur défend l'idée que le machinisme, loin de déshumaniser l'ouvrier, peut au contraire lui offrir des opportunités de développement intellectuel et artistique, à condition qu'il sache utiliser son temps libre de manière éclairée.

Il s'oppose ainsi aux critiques du machinisme qui dénoncent son effet aliénant et uniformisant.

Dans un premier temps, bergson expose les deux reproches principaux faits au machinisme : il réduirait l'ouvrier à l'état de machine, et il aboutirait à une uniformité de production qui choquerait le sens artistique.

Il utilise pour cela une construction parallèle qui met en évidence la symétrie des arguments : "on accuse le machinisme d'abord de.

, ensuite d'.

Il emploie également le verbe "choquer" qui exprime une réaction émotionnelle négative face à la perte de la diversité et de la beauté des produits artisanaux.

Dans un deuxième temps, bergson réfute ces deux critiques en montrant qu'elles reposent sur des présupposés erronés ou des visions pessimistes.

Il utilise pour cela des connecteurs logiques qui marquent l'opposition ("mais") et la condition ("si").

Il affirme que le machinisme peut procurer à l'ouvrier un plus grand nombre d'heures de repos, qui peuvent être consacrées à des activités culturelles ou artistiques, selon le choix libre de l'ouvrier.

Il oppose ainsi le loisir éclairé aux "prétendus amusements" que propose un "industrialisme mal dirigé", qui sont des formes de divertissement passif ou aliénant.

Il soutient également que le retour à l'outil, après suppression de la machine, est impossible et indésirable, car il limiterait le développement intellectuel de l'ouvrier à un domaine restreint.

Dans un troisième temps, bergson envisage les avantages du machinisme pour la nation tout entière, en termes d'économie de temps et de travail, qui permettraient de pousser plus loin la culture intellectuelle et de développer les vraies originalités.

Il minimise ainsi l'inconvénient de l'uniformité du produit, qu'il juge négligeable, et il valorise la diversité des expressions individuelles.

Il utilise pour cela des verbes au conditionnel qui expriment un idéal ou une possibilité ("permettrait", "développer").

Il termine son texte par un point final qui marque la conclusion de son raisonnement.

On peut donc dire que bergson défend une conception optimiste et humaniste du progrès technique, qui repose sur l'idée que la machine n'est pas une menace pour l'homme, mais un moyen de libérer son potentiel créatif et culturel.

Il invite ainsi l'ouvrier à prendre conscience de sa liberté et de sa responsabilité face au machinisme, et à ne pas se laisser enfermer dans une routine mécanique ou dans des loisirs abrutissants.

Il propose également une vision collective du progrès, qui doit profiter à l'ensemble de la nation et favoriser l'épanouissement des individualités.