• Locke
Le soin des à¢mes : une responsabilité individuelle
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Le contexte :

Dans cette lettre, locke aborde la question du soin des à¢mes, affirmant que cette responsabilité ne peut pas être déléguée à  l'état. selon lui, chacun doit être libre de prendre soin de son propre bien-être spirituel, tout comme il est libre de prendre soin de sa santé et de ses affaires domestiques. les lois peuvent protéger les biens et la santé des individus, mais ne peuvent contraindre personne à  prendre soin de son à¢me.

L' auteur :

Locke

(1632-1704) Philosophe du mouvement de l'empirisme anglais, qui stipule que toute connaissance dérive par nature de l'expérience. Toute sa philosophie fait découler des implications pratiques à partir de ce constat.

Le repère :

obligation/contrainte

Le texte :

« […] Le soin des âmes n’appartient pas au magistrat ; je veux parler, si l’on peut ainsi dire, de ce soin autoritaire qui s’exerce en commandant par des lois et en contraignant par des sanctions ; mais on ne peut refuser à personne ce soin charitable qui consiste, au contraire, à aider les autres en les enseignant ou en les avertissant, en les persuadant. Ainsi le soin de sa propre âme est entre les mains de chacun, et il faut le laisser à chacun. Mais, direz-vous, si quelqu’un néglige le soin de son âme ? Je répondrai : et s’il néglige sa santé ? et s’il néglige ses affaires domestiques, qui dépendent cependant plus directement du pouvoir du magistrat ? Faudra-t-il que le magistrat prenne garde, par un édit  dûment publié, qu’il ne devienne ni pauvre, ni malade ? Autant que faire se peut, les lois s’efforcent de protéger les biens et la santé des sujets contre la violence étrangère ou la fraude, mais non contre l’incurie  ou contre la dissipation de ceux qui en jouissent. Nul ne peut être forcé contre sa volonté à se bien porter ou à s’enrichir. »
Locke, Lettre sur la tolérance (1689)

Les questions :



[A] - Questions d'analyse :
1. Quel est le soin dont parle l'auteur ?
2. Quelle est la différence entre le soin autoritaire et le soin charitable ?
3. Pourquoi l'auteur pense-t-il que le soin des âmes ne doit pas être confié au magistrat ?
4. Comment l'auteur justifie-t-il son argumentation ?

[B] - Éléments de synth��se :
1. Que signifie l'expression "le soin des âmes" ?
2. En vous basant sur les réponses précédentes, quelle est l'idée principale de ce texte et quelles sont les étapes de son argumentation ?

[C] - Commentaire :
1. Selon vous, pourquoi l'auteur insiste-t-il sur la différence entre le soin autoritaire et le soin charitable ?
2. À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si le soin des âmes doit être confié à l'État. Justifiez votre réponse.

L'analyse :

Voici une possible analyse du texte de locke :

- le texte traite de la question de la tolérance religieuse et du rôle du magistrat dans le soin des âmes.

Locke défend l'idée que le magistrat n'a pas à intervenir dans les affaires spirituelles des individus, mais qu'il doit se contenter de garantir leur sécurité civile et leur liberté de conscience.



- dans le premier paragraphe, locke distingue deux types de soin des âmes : le soin autoritaire et le soin charitable.

Le soin autoritaire est celui qui s'impose par la force et la contrainte, en légiférant sur les croyances et en punissant les dissidents.

Le soin charitable est celui qui se propose par la bienveillance et la persuasion, en instruisant et en conseillant les autres.

Locke affirme que le soin autoritaire n'appartient pas au magistrat, car il viole la liberté de conscience des individus, qui sont les seuls maîtres de leur âme.

Il reconnaît en revanche le droit à chacun d'exercer le soin charitable, à condition de respecter la volonté d'autrui.



- dans le deuxième paragraphe, locke répond à une objection possible : que faire si quelqu'un néglige le soin de son âme ? il oppose alors deux exemples : celui de la santé et celui des affaires domestiques.

Il montre que le magistrat n'a pas à se mêler de ces domaines, qui relèvent de la responsabilité personnelle de chacun.

Il n'a pas à imposer par un édit une manière de vivre ou de gérer ses biens, mais il doit seulement protéger les sujets contre les agressions ou les fraudes extérieures.

Il en conclut que le magistrat ne peut pas non plus forcer quelqu'un à se soucier de son salut ou à adopter une religion.



- le texte de locke vise à défendre la tolérance religieuse comme un principe fondamental du gouvernement civil.

Il s'oppose à toute forme d'intolérance ou de fanatisme, qui menace la paix sociale et la dignité humaine.

Il affirme que la religion relève du domaine privé et que l'état n'a pas à s'immiscer dans les convictions intimes des citoyens.

Il soutient que le seul rôle du magistrat est d'assurer l'ordre public et le respect des droits naturels de chacun.

Il promeut ainsi une conception libérale et rationnelle de la politique, fondée sur le respect mutuel et la séparation des pouvoirs.