Le texte :
« […] Souvent la passion nous fait croire certaines choses beaucoup meilleures et plus de?sirables qu’elles ne sont ; puis, quand nous avons pris bien de la peine a? les acque?rir, et perdu cependant l’occasion de posse?der d’autres biens plus ve?ritables, la jouissance nous en fait connai?tre les de?fauts, et de la? viennent les de?dains, les regrets et les repentirs. C’est pourquoi le vrai office ; (2) de la raison est d’examiner la juste valeur de tous les biens dont l’acquisition semble de?pendre en quelque fac?on de notre conduite, afin que nous ne manquions jamais d’employer tous nos soins a? ta?cher de nous procurer ceux qui sont, en effet, les plus de?sirables ; en quoi, si la fortune s’oppose a? nos desseins, et les empe?che de re?ussir, nous aurons au moins la satisfaction de n’avoir rien perdu par notre faute, et ne laisserons pas de jouir de toute la be?atitude naturelle dont l’acquisition aura �t� en notre pouvoir. »
Descartes, Lettres a? E?lisabeth, 1er septembre 1645